
ment de la nature de ceux qui. font au nord, il
eft naturel que cela influe fur la conftitution des
brebis qui relient dans quelques endroits , fans
dégénération, avec la queue longue ôc une bonne
quantité de graille aux feffes Ôc au croupion ,
fans cependant atteindre cette monftrueufe maffe
<le grailfe, par laquelle les brebis des Calmouques
font remarquables ; 6c comme ces brebis changent
fouvent de maîtres , ôc font menées d’un pâturage
du nord du Cap à un autre à l’eft , ou même dans
le voifînage de la ville, ôc que les différentes races
fe mêlent enfemble, il s’enfuit que les brebis du
Cap ont plus ou moins confervé la longueur de
leur queue. Dans notre trajet du Cap de Bonne-
Efpérance à la nouvelle Zélande., en 1772. ôc 1773 ,
nous trouvâmes que ces brebis du Cap ne peuvent
guères être tranlportées vivantes dans des climats
très-éloignés ; car elles n’aiment pas à manger de
l’orge ni du bled, n’y étant pas accoutumées, ni
meme du foin qui n’eft pas de bonne qualité au
Cap ; par conféquent ces animaux dépériffoient de
jour en jour ; ils furent attaqués du fcorbut, leurs
dents n’étoient plus fixes ôc ne pouvoient plus
broyer la nourriture ; deux béliers ôc quatre brebis
moururent, ôc il n’échappa que trois moutons du
troupeau que nous avions embarqués. Après notre
arrivée à la nouvelle Zélandeon leur offrit_taute
forte de verdure, mais ils la refusèrent., ÔC ce ne
fut qu’après deux ou trois jours que je propofai
d’examiner leurs dents ; je confeillai de les fixer
avec du vinaigré , ôc de les nourrir de farine ôc de
Ion trempé d’eau chaude. On préferva de cette
maniéré les trois moutons qu’on amena à Taïti,
où l’on en fit préfent au Roi ; ils reprirent leur
graille dans ce nouveau climat en moins de fept à
huit mois. Pendant leur abftinence dans la traverfée
du Cap à la nouvejle Zélande, leur queue s’étoit
non feulement dégraiffée , mais décharnée ôc
comme defféchée,ainfi que le croupion ôc lesfeffes».
On a dans fîle de Bourbon une race de ces
brebis du Cap de Bonne - Efpérance , qu’on a
mêlée avec des brebis venues de Surate, qui ont
de grandes oreilles ôc la queue très-courte ; cette
dernière race s’eft auffi mêlée avec' celle des brebis
à grande queue du fud de Madagafcar, dont la
laine n’efl que foiblement ondée.
On voit dans les îles de l’Archipel, ôc principalement
dans file de Candie , une race de brebis
domefliques, que Belon appelle flrepfickerôs , ôc
qui ne diffère de nos brebis ordinaires que par les ■
cornes qu’elle a droites ôc canelées en fpirale.
En Syrie les brebis ont la toifon d’une beauté
parfaite, ôc la brebis d*Angora, de même que le
chat ôc la chèvre de la même contrée , femble être
vêtue de foie plutôt que de laine ou de poil.
Tavernier nous parle de ces belles laines du Levant.
«La plus grande partie de ces laines fi belles
Ôc fi fines, dit-il, fe trouve dans la province de
Kerman , qui eft l’ancienne Caramanie ; la meilleure
fe prend dans les-montagnes yoifines de la
ville qui porte le même nom de la province; les
moutons de ces quartiers-là ont cela de particulier
3 que lorfqu’ils ont mangé de l’herbe nouvelle,
depuis janvier jufqu’en mai , la toifon entière
s’enlève comme d’elle-même, ôc laiffe la bête auffi
nue ôc avec la peau auffi unie que celle d’un cochon
de lait qu’on a pelé dans l’eau chaude ; de forte
qu’on n’a pas befoin de les tondre comme on fait en
France ; ayant ainfi levé la laine de leurs moutons,
ils la battent, Ôc le gros s’en' allant, il ne refte que
le fin de la toifon.......On ne teint point ces laines,
naturellement elles font prefque toutes d’un brun
clair ou d’un gris cendré , ÔC il s’en trouve fort
peu de blanche ».
Olearius de fon côté décrit les precieufes toi-
fons de certaines brebis tartares en ces termes :
« Les moutons des Tartares Usbeks ôc de Befchac
font chargés d’une laine grisâtre ôc longue , frifée
au bout en petites boucles blanches ôc ferrées en
forme de perles , ce qui fait un très - bel effet ;
c’eft pourquoi l’on eftime bien plus la toifon que
la chair , cette forte, de fourrure étant la plus
précieufe de toutes celles dont on fe fert en
Perfe , après la zibeline ; on les nourrit avec grand
foin ôc le plus fouvent à l’ombre ; ôc quand on eft
obligé de les mener à l’air, on les couvre comme
les chevaux ; ces moutons ont la queue petite
comme les nôtres ».
Il y a , dit-on, en Moldavie, trois efpèces de
brebis, celle de montagne3 celle de plaine 3 Ôc celle de
bois 3 cette troifième brebis de Moldavie , ou brebis
de bois, nous paroît être le même animal que le
fa-ïga des Tartares. ( Voye£ ce mot.) Celles de plaine
font beaucoup plus grandes que celles des montagnes
; mais, elles multiplient beaucoup moins :
ces deux efpèces de brebis font préférées à toutes
les autres , à caufe du bon goût ôc de la délicateffe
de leur chair.
Il y a une race de brebis à grande taille, que
l’on connoît fous le nom de grandes brebis de
Flandre 3 Ôc qui produifent communément quatre
agneaux chaque année. Cette race vient originairement
des Indes orientales, ôc l’on a remarqué
qu’en 'général les animaux ruminans qu’on a amenés
des Indes en Europe , ont plus de fécondité
que les races européennes.
Enfin dans les contrées les plus chaudes de
l’Afrique ôc des Indes , on trouve une race de
grandes brebis à poil rude, à cornes courtes, à
oreilles pendantes avec une efpèée de fanon Ôc des
pendansTous le cou. Les naturalîftes la connoiffent
fous le nom d'adimain 3 de bélier du Sénégal 3 bélier
de Guinée 3 brebis d’Angola 3 &c. C’eft de toutes les
brebis domefliques celle qui approche le plus de
l’état de nature : elle eft plus grande, plus forte ,
plus légère, ôc par conféquent plus capable qu’aucune
autre de fubfifter par elle-même ; néanmoins,
comme on ne la trouve que dans les pays les plus
chauds, qu’elle ne peut fouffrir le froid , ôc que dans
fon propre climat elle n’exifte pas par elle-même
comme animal fauvage , qu’au contraire elle ne I
fubfifte que par le foin de l’homme , Ôc dans l’état
de domefticité , on ne peut pas la regarder
comme la fouche première ou la race primitive , de
laquelle toutes les autres auroient tiré leur origine.
En confidérant donc dans l’ordre des climats , les
brebis qui font purement domefliques, nous avons
i° . la brebis du Nord, à plufieurs cornes , dont la
laine eft rude ÔC fort groffière ; 2®. notre brebis
dont la lainé eft très-belle Ôc très-fine dans les climats
doux de l’Efpagne ôc de la Perfe; mais qui,
dans les pays très-chauds, fe change en un poil
affez rude ; 30. la brebis à groffe queue , dont la
laine eft aufiî fort belle dans les pâys tempérés ,
maïs qui, dans des climats plus chauds , fe change
en un poil plus ou moins rude ; 40. la brebis flrepfl-
cheros, ou mouton de Crête, qui ne diffère des nôtres
que par les cornes, qui font droites ôc canelées en
vis ; 30. Vadimain , ou grande brebis du Sénégal
& des Indes , qüi nulle part n’eft couverte de laine,
ôc porte au contraire un poil plus ou moins court,
plus ou moins rude , fuivant la chaleur du climat.
Toutes ces brebis ne font que des variétés d’une
feule Ôc même efpèce , entièrement dépendantes de
la différence du climat, du traitement ôc de la nourriture
; mais aucune de ces races ne paroît être la
fouche primitive Ôc commune des autres ; toutes
doivent être regardées comme des races dégénérées
, formées par la main de l’homme , ôc par lui
propagées pour fon utilité. Nous croyons recon-
noître ôc retrouver l’efpèce primitive de la brebis ,
la brebis de la nature , dans l’efpèce fubfiftante en-
•core dans les montagnes de la Grèce, de la Sar-^
daigne, ôcc. ôc connue fous le nom de mouflon.
( Voye^ ce mot. ) Et pour le refte de ce qui concerne
l’efpèce de la brebis domeftique, voye^ les articles
A g n e a u ôc B é l ie r .
Brehaigne , eft, dans le langage des chaffeurs,
une vieille biche qui ne porte plus de faons.
Brisées , en terme de chaffe , font les petites
branches que le valet de limier caffe , en obfervant
de les tourner du côté que va l ’animal qu’il détourne.
.
Brocard , nom que l’on donne aü chevreuil à
fa première, tête, c’eft-à-dire, au premier bois qu’il
pouffe.
Brùnir , terme de vénerie, relatif à l’entière
formation de la tête (bois) du cerf. On d it, tel
cerf a bruni fa tête. Voyeç C e r f .
BREHIS, Voyei l’articlè L i c o r n e .
B R E S S D I v R , efpèce d’ours de Norwège.
Voye^ Ours.
BUBALE, (le ) animal qui nous paroît faire une
efpèce moyenne entre celle du boeuf Ô£ celle du
.cerf. Il a quatre pieds de hauteur, ôc il eft en tout
de la grandeur du cerf d’Europe; mais il eft d’une
forme mois élégante , étant plus élevé fur le train
de devant que fur celui de derrière ; fes dents font
larges, tronquées ôc égales, la lèvre inférieure eft
poire, ôc porte un pçtit faifceau de poils poirs de
chaque côté ; il y a fur le menton, & le long du
chanfrain, une bande noire terminée fur le front par
une touffe de poil plantée en devant des cornes ;
des bandes de même couleur font placées de chaque
côté de la tête, ôc fur les cuiffes ôc les jambes. La
tête eft affez longue , mais étroite ; les yeux font
fitùés fort haut, ils font grands ôc vifs : leur couleur
eft d’un noir qui tire un peii fur le bleu, u a
des larmiers au-deffous ; les cornes font permanentes,
noires , fortes, épaiffes, Ôc chargées de gros anneaux.
Elles prennent naiffance fort près 1 une de
l’autre , ôc s’éloignent beaucoup a leur extrémité ,
elles font recourbées en arrière , ÔC torfes comme
une vis dont les. pas feroient ufes au-devant. La
queue eft longue à-peu-près d’un pied, ôc garnie
à fon extrémité d’un bouquet de crins. Les oreilles
font femblables à celles de l’antilope. Le pelage
eft d’un rouge brun fur le dos , mais qui s éclaircit
fur les côtés ; le ventre , la croupe , ôcl intérieur
des cuiffes ôc des jambes font blancs. La femelle n a
que deux mamelles, ôc pour l’ordinaire, elle ne
fait qu’un petit à la fois ; elle met bas en leptembre
ôc quelquefois en avril. Elle eft plus petite que le
mâle , elle a les cornes moins groffes ôc moins
longues ; à l’exception de la raie noire fur le mufeau,
elle eft uniformément rouffe fur tout le corps.
Le bubale eft affez commun en Barbarie Ôc dans
toutes -les parties feptentrionales de 1 Afrique. On
retrouve ces animaux dans l’intérieur des terres du
Cap , où on les voit courir en grandes- troupes ÔC
avec une vîteffe qui furpaffe celle de tous les autres
animaux. Il paroît qu’ils n’habitent que les plaines.
Leur cri, difent les voyageurs , eft une efpèce d e-
ternuement; leur chair eït d’un très-bon goût; les
payfans qui font éloignés du Cap la coupent par
tranches minces , qu’ils font fécher au folèil, ÔC
qu’ils mangent avec d’autres viandes au lieu de pain.
Le bubale eft défigné chez les anciens fous le nom
de bubalus, ôc dans plufieurs auteurs , fous celui de
bucula cervina. il -
MM. de l’Académie ont décrit le bubale fous le
nom de vache de Barbarie 3 ôc nous croyons devoir
ajouter ici la defcription exaéte qu’ils en ont faite.
j? L’habitude du corps, les jambes ôc 1 encolure
de cet animal le faifoient mieux reffembler a un cerf
qu’à une vache, dont il n’avoit que les cornes ,
lefquelles étoient encore différentes' de celles des
vaches en beaucoup de chofes : elles prenoient leur
naiffance fort proche l’une de l’autre, parce que la
tête étoit extraordinairement étroite en cet endroit-
là ; tout au contraire des vaches , qui ont le front
fort large, fuivant la remarque d Homère. Elles
étoient longues d’un pied, fort groffes , recourbées
en arrière , noires , torfes comme une v is, ôc ufées
en devant ôc en deffus , en forte que les côtés élevés
qui formoient la v is , étoient là entièrement
effacés ; la queue n’étoit longue que de treize
pouces , en comprenant un bouquet de crins longs
de trois pouces, qu’elle avoit à fon extrémité ; les
oreilles étoient femblables à celles de la gazelle *