
temps ; aînfi, prétendre ramener l’homme
à une méthode, vouloir le ranger fous fes
divifions, c’eft peut-être à force de chercher
l’ordre, fubftituer la pédanterie à la
fcience ; cl aller les quadrupèdes, eft peut-
être un travail qui n’eft pas non plus tres-
néceffaire ; mais lorfque les objets qui fe
reffemblent font très-multipliés , lorfqu’on
les confond à caufe du grand nombre de
leurs rapports mutuels, & que ce n’eft
qu’après un long examen qu’on apperçoit
les traits qui les diftinguent ; celui^ qui
indique ces traits, qui les fait connoitre,
rend un fervice important à ceux qui fe
livrent à l’étude des mêmes objets ; il
ménage leur temps, il leur rend l’étude plus
facile , il les met à portée de pouvoir
fuivre l’hilloire complette des objets qu’ils
étudient, après avoir donné quelques jours
feulement à l’étude des formes & des traits
qui les diftinguent, au lieu d’y employer
un temps très-considérablece qui feroit
néceffairement le commencement de fon
travail, quoique ce ne fût que l’introduction
à fon fujet qu’il trouve préparé d’avance
par le fecours des méthodes. C’eft ,
fi je peux me fervir de cette comparaifon,
un ouvrier qui entre dans un attelier tout
monté. Les méthodes font donc utiles ,
lorfque les objets font fort multipliés, &
que beaucoup le reffemblent & fe confondent
aux yeux du fpeâateur : elles le font
tiniquetnent, comme je l’ai d it, parce
qu’elles ménagent le temps, parce qu’elles
rendent l’étude plus facile ; elles n’ont ni
d’autre mérite, ni d’autre valeur, & la
meilleure eft celle dans laquelle ces deux
avantages font portés au plus haut degré.
Ainfi, la méthode la plus parfaite eft celle
qui eft la plus fimple, la plus claire, la
plus générale, la plus facile à connoitre,
&c qui rend l’étude plus aifée ; car fi une
méthode eft compliquée, fi pour l’apprendre
il faut autant de temps que pour
connoître le fujet dont elle traite, alors
elle eft inutile, puifque ni elle ne ménage le
temps, ni elle ne rend l’étude plus aifee ; fi
elle n’eft pas allez générale, fi plufieurs
parties du fujet dont elle traite ne peuvent
être rangées fous fes divifions, elle eft iroparfaite,
elle n’èft pas achevée , & elle a
befoin de l’être ; mais fi elle remplit les
conditions dont je viens de parler , fon
auteur l’a portée au degré de perfection Se
d’utilité dont ce genre de travail eft fiif-
ceptible. C ’eft donc parce que les objets,
dont l’Ornithologie traite, font tres-mul-
tipliés, parce que, parmi les oifeaux, fur-
tout les plus petits, il y en a beaucoup qui
fe reffemblent , qu’on diftingue difficilement
à caufe du grand nombre de leurs
rapports, que j’ai penfé qu’il étoit avantageux
d’adopter une méthode en parlant des
oifeaux, Si j’ai donné la préférence à celle,
de M. Brillon, comme à la plus étendue ,
la plus claire, la plus facile à entendre Si à
fuivre, parmi celles qui ont été propofées
jufqu’à préfent.
§• I L
jDes auteurs qui ont traité des oifeaux en.
général, & £ abord des auteurs anciens.
Il nous refte fort peu des ouvrages que
les anciens ont pu compofer fur les oifeaux :
ce qui eft parvenu jufqu’à nous dans ce genre
ne contient guères, ou que des noms qui ne.
font plus ufités, Si qui font par conféquent
fans fignificationpournous,oudes defcrip-,
tions fi incomplettes, qu’on ne peut, après,
les avoir lues, reconnoître l’objet qu’elles
indiquent. Ariftote Si Pline qui font entrés
dans quelques détails , ne font cependant,
pas exempts de ces défauts. Le premier
n’a pas compofé de traité fur les oifeaux.
en particulier; ce qu’il a écrit à leur fujet
eft répandu dans les différens livres qu’il
a laifles fur les animaux en général. Les
livres huit Si neuf de l’Hiftoire des animaux
, font, ceux dans lefquels il s’eft le
plus étendu, fur les oifeaux; ce font ceux
dont je me bornerai, par cette raifon, à-
donner un extrait.
Le chapitre trois du huitième livre traite
de la,nourriture des oifeaux, dont les uns
fe nourriffent de chair, les autres de grain ,
d’autres s’accommodent de foutes les lubf-
tances nutritives : les uns cherchent leur
fubftance fur la terre , les autres fur les
eaux.
D ans le chapitre X V I du même liv r e ,
Ariftote parle des oifeaux qui fe cachent
pendant l ’hiver : ce chapitre pourrait être
effacé prefque en entier, depuis que l’ob-
fervation 6c le temps nous ont inftruits ;
mais c’eft fur-tout dans le neuvième livre
que le philofophe Grec s’occupe des oifeaux
: c’eft dans ce livre qu’on trouve
l ’énumération des efpèces , leur defcrip-
t io n , la manière dont plufieurs font leur
nid & élèvent leurs petits. C ’eft dans ce
mêmelivre f chapitre X X X I I I , qu’Ariftote
traite des aigles au fujet defquels il a été fi
fouvent cite.
Il parle, dans, les autres liv re s , des
différentes parties des oifeaux, de leurs
habitudes, de leur conformation , félon
qu’il traite des mêmes objets par rapport
.aux autres animaux ; car fa manière eft
toujours de comparer:; & s’ il n’a'pas laiffé
un ouvrage parfait lur les oifeaux, ainfi
.que fur les autres animaux, il en a dofiné
.le plan ; & en traçant la première ébauche,
il a vu dans l’avenir comment cet ouvrage
pourrait être achevé, quand le temps &
l ’obfervation en auraient amaffé & préparé
les matériaux : c’eft donc en fuivant. ce
plan qu’on aura un ouvragé parfait fur les
.oifeaux, quand on les connoîtra par la comparaifon
avec les autres animaux, foit relativement
à la forme extérieure, foit relativement
à l’organifation interne, & que
l ’obfervation aura ajouté à ces connoif-
fances. comparatives l’hiftoire de leurs habitudes.
Pline a prefqu’entièrement confacré aux
oifeaux le dixième livre de fon ouvrage :
il parle d’un allez grand nombre, mais
d’une manière confii'fe , fans aucun ordre,
fans avoir donné de defcription, & il fait
moins l’hiftoire des oifeaux, qu’il ne rapporte
les fiûions & les contes imaginés &
■ débités à leur égard.
Ces deux auteurs dont je viens de parler
• font, parmi les anciens, les feuls qui méritent
d’être cités par rapport à l’ornitho-
Jogie : elle fut entièrement négligée depuis ;
ou fi les hommes s’en occupèrent, les écrits
faits à fon fujet ont été perdus pour nous :
ce ne fut que vers le milieu du feizième
fiècle de l’ère chrétienne, que Belon &
Gefner tirèrent l ’ornithologie de l’ oubli
dans lequel elle étoit reliée fi long-temps t
ils réveillèrent les premiers l ’attention
pour cette partie de l’Hiftoire naturelle,
dont un grand nombre d’auteurs s’eft depuis
occupé lucceffivement. Les uns, embar-
raffés par la multitude des objets, ont
cherché à les mettre en ordre ; ils les ont
divifés par maffes dans lefquelles ils ont
reuni les oifeaux qui leur ont paru avoir
le plus de reffemblance ; ces auteurs font
ceux qu’on a nommés méthodifiis ou fy f-
tématiques, & leurs ouvrages méthode ou
fyjUm i, parce qu’ils ont traité des oifeaux
félon une méthode ou un fyftême de les
confidérer & de les claffer, fans s’occuper
de leur hiftoire ou de leurs moeurs. Les
autres ne fe font occupés que de l ’hiftoire
des oifeaux qu’ils ont fimplement défignés
.par les noms qu’on leur donne communément
, & par la defcription qu’ils en ont
faite, fans s’embarraffer des rapports qu’ils
pourraient avoir entr’eux, fous certains
afpeéts & fans, d’après ces traits de ref-
•femblance, les partager par claffes ou par
maffes : le catalogue de ces auteurs eft très-
court.
- Quelques-uns ne fe font pas bornés à
décrire, foit l ’extérieur, foit les habitudes
des oifeaux; ils en ont fait l ’anatomie &
ils en ont décrit l’organifation.
Enfin les uns fe font occupés des oifeaux
en général, les autres n’ont traité
que des oifeaux de certaines contrées ou
de certains oifeaux en particulier.
Quelque but qu’un auteur fe foit pro-
pofé, il y en a qui fe font contentés de
tranfmettre leurs idées par lé moyen du
difcours ; d’autres, & c’eft le plus grand
nombre, ont ajouté, à la defcription des
oifeaux, leur portrait gravé ou coloré ;
c’eft fur-tout par ce dernier avantage, inconnu
des anciens, que les modernes l’emportent
fur eux : ils l’emportent encore en
ce qu’ils ont décrit avec plus d’exaâitude
& d’étendue. Des defcriptions complettes,
aidées du fecours des planches, deviennent
un moyen fu r , qui manquoit aux
anciens, de déterminer un objet, de le