
aie les p r e n d p a s , p a rc e q u ’o n p ré fè re les chevaux
q u ’o n y am è n e d e P e r fe . O n t ro u y o i t aufli
a u tre fo is des chevaux fau v a g e s d a n s les d iv er fes
c o n tré e s d e l’E u ro p e ; m ais il n ’y e n a p lu s a u jo u rd
’h u i , & c e u x m êm e s q u i fo n t e n A m é r iq u e , fo n t
d e s chevaux d om e f tiq u e s 8 t E u ro p é e n s d ’o rig in e .
L a p r iv a t io n d e n o u r r i tu r e 8c de fom m e il eft
u n des m o y e n s les »plus faciles p o u r a p p r iv o ife r
le s chevaux fau v ag e s Sc les r e n d r e d o c ile s . C e t te
é p r e u v e fuffit e n t rè s -p e u d e tem p s p o u r le u r
fa ire p e rd r e l’id é e d e la liberté}; & m êm e ils l’o u b
l ie n t t e l l em e n t , q u e f i , p a r q u e lq u e h a f a r d , ils
s ’y r e t r o u v e n t , ils n e d e v ie n n e n t p a s fau v ag e s
u n e fé c o n d é fois. I ls re c o n n o if fe n t le u r m a ître ,
fe la if le n t a p p ro c h e r & r e p r e n d r e a i f ém e n t , ce
q u i p r o u v e q u e c e s a n im a u x fo n t n a tu re llem e n t
d o u x 8c p o r té s à fe fam ilia rife r a v e c l’h om m e &
à s’a tta c h e r à lu i. Voyeç d e p lu s l’a r tic le Ju m e n t .
C H E V R E ( l a ) e ft la fem e lle d u b o u c , &
i i l’e fp è c e d e la b re b is v e n o it à n o u s m a n q u e r ,
c e lle d e la çh'evre p o u r ro i t y fu p p lé e r . L a chèvre
fo u rn i t d u la it c om m e la b r e b i s , & m êm e e n plus
g r a n d e a b o n d a n c e ; e lle d p n n e aufli d u .fu i f e n
q u a n ti té ; fo n p o il ., q u o iq u e p lu s ru d e q u e la l a in e ,
i e r t à faire d e trè s -b o n n e s é t o f f e s f à p e a u v a u t
m ie u x q u e c e lle d u m o u to n , & l a ch a ir d u che\ 'reau
a p p ro c h e affez d e c e lle d e l’agn e au .
L a chèvre a de fa nature plus de fentimènt- 8c
d e reffource que la brebis ; elle v ien t à l ’homme
v o lo n t ie r s , 8c fe familiàrife aifément ; elle eft
fenfible .aux careffes 8c capable .d’attachement ;
e l le , eft aufli plus fo r t e , plus lé g è r e , plus a g ile ,
& moins timide que la brebis ; e l l e . eft v i v e ,
capricieufe , la fciv e 8c vagabonde : elle aime à
s ’écarter dans les folitu d es, à grimper fur les lieux
efcarpéS j à fe placer 8c à dormir fur la pointe
des rochers 8c fur fe bord des • précipices ; elle
cherche le mâle a v e c empreffement, s’accouple
a v e c ardeur 8c p roduit de très-bonne heure : elle
e ft rçbufte , aifee à nourrir ; les ârbr-ifleaux chargés
d ’épines , les herbes les plus gr.ofliéres lui font
b o n n e s , & il y en a peu qui l’in commodent ;
elle n’eft pas non plus fujette à un aufli grand
nombre de maladies que ,1a brebis ; elle ne craint
pas , comme celle-ci , la trop grande chaleur ;
elle dort au fo le i l, & s’expofe volontiers à fes
rayon s les plus vifs fans en être incommodée 8c
fans que cette ardeur lui caufe ni étourdiffemens
n i vertiges ; elle ne s’effraie point des orag e s ,
n e s’impatiente pas à la pluie ; .mais elle paroît
être fenfible a la rigueur du froid.
L e s m o u v em e n s e x té r ie u r s fo n t aufli b e a u c o u p
m o in s m e f u r é s , b e a u c o u p p lu s vifs d a n s la chèvre
q u e dans la b reb is . L ’in c o n f ta n ç e de fo n n a tu re l
fe m a rq u e .par l ’ir ré g u la r ité d e fes a v io n s ; elle
m a rc h e , elfe .s’a r r ê te , e lle c o u r t , e lle b o n d i t ,
e lle fa u te , s ’a p p ro c h e , s ’é lo ig n e , fe m o n t r e § fe
ç a c h e p u fu it , c om m e p a r c a p r ic e , 8c fans au tre
ç a u fé d é te rm in a n te q u e c e lte d e la v iv a c i té b iz a r re
d e fo n fe n tim ç n t in té r ie u r ,
l a chèvre peut engendrer dès l’âge de fepf
mois , & le bouc s’accoupler à un an ; mais les
fruits de cette génération précoce font foibles 8c
défeéhieux, 8c l’on attend ordinairement que l’un
& l’autre aient dix-huit mois ou deux ans avant
de leur permettre de fe joindre. Les chèvres dont
le corps eft grand , la croupe large , les cuiffes
fournies , la démarche légère , les mamelles grofles,
les pis longs , le poil doux 8c touffu, font les
meilleures. Elles font ordinairement en chaleur
aux mois de feptpmbre, oéiobre & novembre ;
8c même pour peu qu’elles approchent du mâle
en tout autre temps, elles font bientôt difpofées
à le recevoir , 8c elles peuvent s’accoupler &
produire dans toutes les faifons ; cependant elles
retiennent plus furement en automne , 8c l’on
préfère encore les mois d’o&obre 8c de novembre,
afin que les jeunes chevreaux trouvent de l’herbe
tendre îorfqu’ils commencent à paître pour la
première fois.
Les chèvres portent cinq mois, 8c mettent bas
au commencement du fixième ; elles allaitent leur
petit pendant un mois ou cinq femaines ; ainfl
l’on doit compter environ fix mois 8c demi entre
le temps auquel on les aura fait couvrir , & celui
où le chevreau pourra commencer à paître. La
chèvre ne produit ordinairement qu’un chevreau -,
quelquefois deux, très-rarement trois 8c jamais
plus de quatre. Elle ne produit que depuis l’âge
d’un an bu dix-huit mois , jufqu’ à fept ans ; alors
on la met à l’engrais.
On engraifle les chèvres comme les moutons ;
mais quelque foin qu’on prenne 8c quelque nourriture
qu’on leur donne , leur chair "n’eft jamais
aufli bonne que celle du mouton, fi ce n’eft
dans les climats très-chauds où la chair du mouton
eft fade 8c de mauvais goût.
Lorfqu’on conduit les chèvres en troupeau avec
les moutons , elles ne reftent pas à leur fuite,
mais les précèdent toujours ; il vaut mieux les
mener féparément .paître fur les collines ; elles
aiment les lieux élevés & les montagnes, même
les plus efearpées, 8c trouvent autant de nourriture
qu’il leur en faut, dans les bruyères s dans
les friches , dans les terreins incultes, 8c dans les
terres ftériles. Il faut les éloigner des endroits
cultivés , les empêcher d’entrer dans les bleds, dans
les vignes, dans les bois taillis où elles font un
grand dégât ; les arbres dont elles broutent avec
avidité les jeunes pouffes & les écorces tendres ,
périffent prefque tous ; elles craignent les lieux
humides ; les prairies marécageufes, les pâturages
gras : on en éleve rarement dans les pays de
plaine ; elles s’y portent mal & leur chair eft de
mauvaifè qualité.
Dans la plupart des climats chauds, l’on nourrit
des chèvres en grande quantité , & on ne leur
donne point d'étable ; eri France, elles périroient
fi on ne les mettoit pas à l’abri pendant l’hiver.
On peut fe difpenfer de leur donner de la litière
en
eu é té , mais il leur en faut pendant l’hiver, -8c
comme toute humidité les incommode beaucoup ,
on ne les laiffe pas coucher fur leuy fumier, &
on leur donne fouvent de la litière fraîche. On les
fait fortir de grand matin pour, les -mener aux
champs .; l’herbe chargée de rofée leur fait grand1
bien ; comme elles font indociles & vagabondes,
un homme , quelque robufte 8c quelqu’agile qu’il
fpit, n’en peut guère conduire que cinquante.
On ne-les laiffe pas fortir pendant les neiges &
les frimats ; on les nourrit à l’étable d’herbes 8c
de petites branches d’arbres cueillies en automne ,
ou de choux, de'navets ou d’autres légumes. Plus
elles mangent, plus la quantité de leur lait augmente
.; 8c pour entretenir 8c augmenter encore
cette .abondance de lait-, on les fait beaucoup boire,
&, on leur donne quelquefois du falpêtre ou de
l’eau falée. On peut commencer à les traire quinze
jours après qu’elles ont mis bas ; elles donnent du
lait en quantité pendant quatre à cinq mois, 8c
elles en donnent foir 8c matin.
Communément les boucs 8c les chèvres ont des
cornes ; cependant il y a , quoiqu’en moindre
nombre , des chèvres 8c des boucs fans cornes.-
Ces animaux varient aufli beaucoup par la couleur
du poii Sc par la taille. On dit que les chèvres
blanches 8c celles qui n’ont point de. cornes , font
celles qui donnent le plus de lait, & que les noires
font les plus fortes & les plus robuftes de tontes :
celles des climats froids font plus grandes que celles
des pays chauds.
Ces animaux qui ne coûtent prefque rien à nourrir,
ne laiflent pas de faire un produit affez confidé-
rable ; on en vend la chair, le fùif, le poil 8c
la peau. Leur lait eft .plus fain 8c meilleur que
celui de la brebis ; il eft d’ufage dans la médecine ;
il fe caille aifément, & Ton en fait de. très-bons
fromages ; comme il ne contient que peu de
parties butireufes , l’on ne doit pas en féparer
la crème. Les chèvres fe laiflent têter aifément,
même par les enfans, pour lefquels leur lait eft
une très-bonne nourriture.
.'Les chèvres n’ont point de dents incifives à la
mâchoire fupérieure ; celles de la mâchoire inférieure
tombent & fe renouvellent dans le même
temps 8c dans le même ordre que .celles des
brebis. Les noeuds des cornes Sc les dents peuvent
indiquer l’âge. Le nombre des dents n’eft pas
confiant dans les chèvres ; elles,en ont ordinairement
moins que les boucs. Ces animaux , comme
les boeufs 8c les moutons , ont quatre eftomaçs -,
8c ruminent.
L’efpèce de la chèvre eft beaucoup plus répandue
que celle de la brebis , ,8ç on trouve des chèvres fem-
blables aux nôtres dans plufteurs parties du monde.
Cette efpèce renferme néanmoins un grand nombre
de variétés ; car , indépendamment des deux faces
fauvages du bouquetin 8c du chamois dont nous
avons déjà parlé , on trouve en Guinée , à Angole
&. fur les autres côtes d’Afrique une chèvre à
Jlijloire Naturelle. Tom, L
laquelle on a donné le nom de houe de juda, &
qui ne diffère de la nôtre qu’en ce quelle eft plus
petite , plus trapue 8c plus graffe. Sa chair eft aufli
bien meilleure à manger, 8c on la préfère , dans
le pays, au mouton. On trouve egalement en
Afrique une autre variété à laquelle on a donne
le nom de chèvre naine, à caufe de fon extreme
petiteffe. ,
En Syrie l’on trouve une chèvre appellee,
chèvre d’Angora, à oreilles pendantes, au poil t lésions',
très-fourni 8c fi fin qu’on en fait des étoffés
aufli belles 8c aufli luftrées que nos étoffés de
foie. Le mâle a les cornes à-peu-près aufli longues
que le bouc ordinaire, mais dirigées 8c contournées
d’une manière différente ; elles s’étendent
horizontalement de chaque côté de la tête, 8c
forment des fpirales à-peu-près comme un tire-
bourre. Les cornes de la femelle font courtes, 8c
fé recourbent en arrière , eh bas 8c en ayant,
de forte quelles aboutiflent auprès de l’oe il, 8c
il paroît que leur contour 8c leur direétion varient.
Ces chèvres fe mêlent 8c produifentavec les nôtres,
même dans nos climats.
Dans le même pays , aufli bien qu’en Egypte
8c aux Indes orientales, on trouve la chèvre mam-
brïne ou chèvre du Levant, à longues oreilles pendantes
; cette chèvre, qui n’eft qu’une variété de
celle $ Angora, donne beaucoup de lait qui eft
d’aflez bon goût 8c que les Orientaux preferent a
celui de la vache 8c du buffle.
En Amérique , où tous les animaux de notre
continent ont dégénérés, les variétés , dans l efpece
de la chèvre, font encore plus fenfibles. Outre la
chèvre commune domeftique d’Europe , on y
trouve, i° .le capricorne, qui n’eft qu’un bouquetin
dégénéré ; 2.°, une petite chèvre aux cornes droites ,
recourbées en arrière au fommet, 8c a poil court,
que nous croyons n’être autre chofe que le
chamois d’Europe aufli dégénéré 8c devenu plus
petit en Amérique ; 30. une autre petite chèvre à
cornes très-courtes , très-rabattues , prefqu’appli-
quées fur le crâne 8c qui a le poil long. Cette
petite chèvre, qui tire fon origine de celle d’Afrique,
produit avec ce petit chamois d’Amérique dont
nous venons de parler , ce qui fait croire que notre
chamois 8c notre chèvre domeftique doivent de
même produire enfemble.
Les Nomenclateurs , féduits par quelques caractères
équivoques , ont fait dec.es va/'étés autant
d’efpèces différentes ; mais , après les avoir confi-
dérées une à une 8c relativement entr’elles , il
paroît que de ces neuf ou dix efpèces dont ils
parlent, l’on n’en doit faire qu’une: d’abord, 1®.
I le bouquetin ou bouc fauvage eft la tige 8c la
fouche principale de l’efpèce ; 2.0. le capricorne
n’eft qu’un bouquetin batard ou plutôt dégénéré
par l’influence du climat; 30. le bouc domeftique
tire fon origine du bouquetin ; 40. le chamois n’eft
qu’une variété dans l’efpèce fauvage de la chèvre,
avec laquelle il doit, comme le bouquetin , fe