
cimetières, de fuivre les armées, & de s'attacher
aux caravanes. Ces alimens infeéls leur font exhaler
une odeur fi puante ., qu’ils ne peuvent fe
coucher un moment dans un endroit fans l'infecter ;
en un mot, le chacal eft, au rapport de tous les
voyageurs, un animal très-incommode & très-
nuifible par fes cris , fes vols & fes excès ; 6c l’on
peut dire de lui qu’il réunit l’impudence du chien
à la baffeffe du loup ; & c’eft l’idée que nous en
donnent les voyageurs. » Le jacard ou adive dit
Delon , eft grand comme un chien médiocre ,
reffemblant au renard par la queue, & au loup
par le mufeau ; on-en élève dans les maifons, mais
leur nature eft de fe cacher dans la terre pendant
le jour, d’où ils ne fortent que la nuit pour chercher
à manger ; ils vont par troupes , dévorent
les enfans & fuient les hommes ; leurs cris font
-plaintifs, ôç l’on diroit fouvent que ce font ceux
de plufieurs enfans de divers âges mêlés en-
femble ».
» Il fe trouve en Perfe, dit Oléarius, une
efpèce de renard appellé fcjiakal, que leshabitans
nomment communément tulki , qui y font en
très-grand nombre & de la grandeur à-peu-près
de nos renards d’Europe , le dos & les côtés
couverts d’une efpèce de grofle laine avec des
poils longs & roides , le ventre blanc comme
neige, les oreilles noires comme geai , la queue
plus petite que celle de nos renards ; nous les
entendions la nuit rôder autour du village où
nous étions , fort importunés: de leurs cris lugubres,
allez femblables à ceux d’un homme qui fe plaint,
& qu’ils ne ceffent de faire, entendre ».
Cet animal, dit un autre voyageur , ( le Pere
Vincent-Marie), « reffemble au loup par là figure ,
le poil & la queue, mais il eft plus petit , &
la taille eft même au-rdeffous de celle du renard ;
il eft très-vorace , mais -ftiipide , il' voyage la
nuit & refte le jour dans fa tanière ; fur. la brune
on ne voit autre çhofe dans la campagne ; ces
addibos s’approchent des voyageurs & s’arrêtent
pour les regarder fans paroître rien craindre. Ils
-courent dans les églifes où ils déchirent & dévorent
tout ce qui leur convient ; tout ce qui
eft fait avec du cuir eft leur mets favori. .Ils
glapiffent comme le renard, & quand un crie ,
tous les autres lui répondent; cet inftinfr de
crier tous enfemble ne paroît point volontaire ,
mais de pure néceflité, au point que fi l’un de
ces animaux eft entré dans une maifon pour
voler, & qu’il entende fes compagnons crier au
loin , il ne peut s’empêcher de crier aufîi, &
.par-là de fe décéler. . . . . . les addibos font trèsavides
de cadavres, particulièrement de cadâvres
humains. Quand les chrétiens vont enterrer
quelqu’un à la .campagne, ils font une foffe très-
profonde & qui n’eft pas fuffifante pour qu’ils
ne déterrent pas les corps ; c’eft pourquoi l’on
a coutume de fouler avec les pieds la terre que
l’on jette dans la fofle, ôt d’y joindre des pierres
& des épines qui, bleffant ces animaux, les êta*
pêchent de fouiller plus avant ».
« Cet animal, au rapport du voyageur Dumont,-
put fi extraordinairement, qu’il ne peut fe coucher
un moment dans un endroit fans l’infe&er. Il eft
extrêmement vorace & hardi, au point qu’il ne
craint pas d’entrer dans les maifons. Lorfqu’il
rencontre un homme , au lieu de fuir d’abord
comme les autres bêtes, il le regarde fièrement
comme s’il vouloit le braver , & prend enfuite
fa courfe. Toute la campagne de l’Anatolie eft
peuplée de ces chacalis : on les entend toutes
les nuits faire un bruit fort grand autour , des
villes , non pas en aboyant comme les chiens,
mais en criant d’un certain cri aigre qui leur eft
particulier ».
» Il y a , dit Biervillas, à Bengale des chiens
fauvages appelles jaqueparels ou chiens criards ,
dont le poil eft rouge ; ils viennent en troupes
toutes les nuits aboyer effroyablement le long
du Gange ; leurs voix & leurs cris font fi différens
&. fi confus , qu’on ne peut s’entendre, parler. Ils
ne fe détournent point quand les Maures paffent
près d’eux ».
» On voit , ( Recueil des voyages de la
Compagnie des Indes orientales ) , un grand
nombre de jackales ou jachats au pays de Malabar,
qui font fort friands de chair humaine. Ils fuir
•voient notre armée & déterroient nos morts . . .
nous entendions fouvent la nuit les cris effrqyables
de ces animaux, qui. reffemblent affez à ceux
des chiens irrités ..... ils crient à diverfes reprifes
& comme s’ils fe répondoient ».
» Tout le pays de Calicut, félon François Py*.
fard , eft rempli de chacals qui viennent la nuit
jufque dans la ville, & chaffent comme font ici
les chiens »,
Le fchecale de la Boullayé le Gouz, eft encore
notre chacal ; . . . « Il y en a , dit-il, une fi grande
quantité aux environs de Surate , que nous ne
pouvions nous entendre parler à caule du grand
bruit qu’ils faifoient , criant diftinâement oua,
oua y oua , qui approche de l’aboi du chien ;
il y en a aufîi en quantité dans les déferts d’Arabie,
le long du Tigre, de l’Euphrate & dans l’Egypte ».
Aux royaumes 'de Tunis & d’A lger, dit le
Do&eur Shaw , le deab ou jackali eft d’une
couleur plus obfcure'que le renard , & a-peu-près
.de la même grandeur ; il glapit tous les foirs
dans les villages &. dans, les jardins/, fe nourriffant
comme le dubbah ( l’hyène) de racines , dè fruits
& de charognes ».
« On trouve en Guinée , raconte Bofman, & plus
..communément encore dans le pays d’Acra &
dans celui d’Aquamboé , un animal très-cruel que
nos gens appellent jackals, . . ils venpient la nuit
jufques fous les murailles du fort que nous avons
à Acra, pour tâcher d’enlever des étables les
pourceaux , les moutons , &c.
Il paroît encore que le chacal eft défigné dans
la relation de C o n g o du P e re Z u c h e l, fous le n om
de chiens fauvages de mebbia ; « c e f o n t , d i t - i l ,
les ennemis m o rte ls d e .to u s les autres quadrupèdes
; ils ne diffèrent pas b e au cou p de nos chiens
çourans ; on les v o it p ar trou p e s de tren te &
de quarante , quelquefois m êm e en plus grand
nombre . . . ils a ttaq u en t to u te fo rte d’a n im a u x ,
& o rd in airemen t en v ien n en t à bou t p ar le nomb
r e ,» .
Enfin , félon C h a rd in , le chacal fe tro u v e
p a r-tou t en P e rfe ; fon c r i eft effro y ab le . Il en
v eu t p articu liè rem en t au x co rp s mo rts qu’il déterre
. . . . il d é v o re aufîi les animaux & les charo
g n e s . . . . . la M in g rélie e ft co u v e r te de ces
chacals ; ils afliègent quelquefois les m a ifo n s , &
font des hurlemèns ép ou van tab les & de grands
dégâts dans4 les tro u p e au x & les harras.
il y a au-deffous du chacal une e fp è ce fubal-
terne , qui p ou rro it m êm e fembler n ’en ê tre qu’une
race ou v a rié té ; c e tte e fp è ce eft celle d e Xadive.. .
Voye£ ce m o t.
L e n om de chacal s’é c r it dans le L e v a n t juchai ;
c’eft le lupus aureus de K oe m p fe r , vulpes Indice-
orientalis de V a len tin , aureus canis 3 lupus aureus
diSlus de L in n é e ; le loup doré d eB riffo n .
C H A IN U K , des c a lm o u c k s , e ft l’animal d é crit
par M. Gm e lin fous le n om de vache de Tartarie.
Voye^ ce m o t.
C H A M E A U ( le ) e ft de to u s le s animaux
fournis à la d omeftic ité celu i qui p o r te l’emp rein te
de la fervitude la plus an cienne , la plus com plète
& la plus p ro fon d e. I l n’y a pas dans fon
e fp è ce , d'individus qui aient co n fe rv é leu r co n dition
p rimitiv e d’indép endance & de lib erté ;
l'efpèçe en tière eft c ap tiv e , & dans fon é ta t de
mifère le chameau n’a à fe plaindre que de
l’Homme, c a r les défeéîuofités de fa co n fo rm a tio n ,
les incommodités qu’il é p ro u v e , "font p lu tô t le
trifte fruit de l’e f c l a v a g e q u e l’o u v ra g e de la
Nature.,
A u bas de la p o itrin e du chameau, fu rie f te rn um ,
eft une grofle &. large callofité aufli dure que de la
corne ; il en a de pareilles à to u te s les jointures
des jambes. C e s callofités font fo u v en t remplies
de pus , ce qui p ro u v e qu’elles n e font pas naturelles
, 8ç qu’elles ne p ro v ien n en t que de l’habitude
à laquelle o n co n tra in t c e s an imau x en les
forçant dès leu r p remier âg e à fe co u ch e r fur
l’eftomac , le s jamb es pliées fous le co rp s , & à
porter dan^ c e tte fituation le poids des fardeaux
dont on les ch a rg e . L e dos eft en co re plus défiguré
par la bofle double ou fimple qui le fu r-
monte. C e s boffes n e fo n t p o in t o ffeu fe s , elles
font feulement com p o fé e s d’une fubftance. c e llulaire
, graffe & charnue , de la m êm e confiftance
a-peu-près que celle des tetin es de v a ch e . Elles
diminuent à mefure que le chameau m a ig r it, &
fe réduifent au p o in t que la p la c e & l’éminence
31 en font plus m a rq u é e s que p ar la hauteu r du
p o i l , qui eft tou jou rs b e au cou p plus lon g fur ces
parties que fur le refte du dos ; d’où il eft à
préfumer que ces boffes qui, comme les callofités
, fe tranfmettent par là génération, n’ont eu
aufli d’autre origine que la compreflio'n des
fardeaux , qui portant inégalement fur certains
endroits du dos , auront fait élever la 1 chair &
bourfouffier la graille & la peau.
Le chameau eft le feul de tous les animaux qui
ait un cinquième eftomac, une cinquième poche
qui lui fert de réfervoir pour conferver de l’eau ;
cet eftomac eft d’une capacité affez vafte pour
contenir une • grande quantité de liqueur qui y
féjourne fans fe corrompre & fans que les autres
alimens puiffent s’y mêler. C’eft en vertu de
cette conformation fingulière que le chameau peut
paffer plufieurs jours fans boire. 1
Beu de jours après la naiffance des petits
chameaux , on leur plie les jambes fous le ventre ,
on les contraint à demeurer à terre & on les
charge dans cette fituation d’un poids affez fort
qu’on les accoutume à porter, & qu’on ne leur
ôte que pour leur en donner un plus grand. Au
lieu de les laiffer paître à toute heure & boire à
leur foif , on commence par régler leurs repas ,
qu’on éloigne peu à peu à de grandes distances
, en diminuant aufli la quantité de la nourriture
; lorfqu’ils font un peu forts , on les exercé
à la courfe, on les excite par l’exemple des chevaux,
& l’on parvient à les rendre aum légers & plus
robuftes,
Ainfi élevés , les chameaux traverfent rapidement
les déferts immenfes de l’Arabie,marchant
jour & nuitprefque fans s’arrêter, & fans manger
ni boire ; ou leur fait faire aifément trois cents
lieues en huit jours , & pendant tout ce temps
de fatigue & de mouvement où ils reftent chargés ,
on ne leur donne chaque jour qu’une heure de
repos , ôt pour nourriture une pelotte de pâte;
fouvent ils courent ainfi neuf ou dix jours fans
trouver de l’eau ; ils fe paffent de boire : mais
lorfque par hafard il fe trouve une mare à
quelque diftance de leur route , ils fentent l’eau,
dit-on , de plus d’une demi-lieue , la foif qui les
preffé, leur fait doubler le pas , & ils boivent en
une feule fois pour tout le temps paffé , & pour
. autant de temps à venir ; car fouvent leurs voyages
font de plufieurs femaines , & leurs temps
d’abftinenee durent aufîi long-temps que leurs
Voyages."
En Turquie , en Perfe, en Arabie , en Egypte,
en Barbarie , & c , le tranfport des marchandifes
ne fe fait que par le moyen des chameaux ; c’eft
de toutes les voitures la plus prompte & la plus
commode. Les Marchands & autres paffagers fe
réunifient en caravanes pour éviter les infultes &
les pirateries des Arabes. Ces caravanes font
toujours compofées ? de plus de chameaux que
d’hommes , chacun de ces chameaux eft chargé
félon fa force ; il. la fent fi bien lui-même , que
quand on le furcharge , il jette des cris lamen»