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V " a c h e , ( la ) , eft là femelle du taureau,- 8c-
il nous refte quelque chofe à ajouter ici à ce qu’on .
a déjà pu lire à l’article Boeuf.
.Dans les efpèces d’animaux dont -l’hômmè a
formé des troupeaux, & où la multiplication eft
l’objet principal;, la femelle eft plus néceflaire,
plus utile que le mâle ; le produit de là vàcKè
eft un bien qui croît & qui fe renouvelle à chaque
inftant ; la chair du veau eft une nourriture aufli
abondante que faine & délicate ; le lait eft l’aliment
des enfans ; le beurre l’aflaifonnement de la
plupart de nos mets ; le fromage la nourriture la
plus commune des habitans de la campagne. On
peut aufli faire fervir la vache à la charrue, 8c
quoiqu’elle ne foit pas aufli forte que le boeuf,
elle ne laifle pas de le remplacer fouvent ; mais
lorfqu’on veut l’employer ;..à cet ufage , ' il faut
avoir attention de l’aflortir , autant qu’on le peut,
avec un boeuf de fa taille & de la force , ou
avec une autre vache, afin de conferver l’égalité '
du trait & de maintenir le foc en équilibre entre
ces deux puiflançes ; car , moini'elles ’font inégales,
8c plus le labour de la terre elb régulier.
Le printemps eft la faifon où les vaches font
le plus communément en chaleur ; la plupart,
dans ce pays-ci, reçoivent le taureau & deviennent
pleines depuis le 13 Ayril jufqu’aü 15
Juillet , mais il ne laifle pas d’y en avoir beaucoup
dont la chaleur eft ou plus précoce ou plus
tardive ; elles portent neuf mois & mettent bas
au commencement du dixième , en forte qu’on
a des veaux en quantité depuis le 15 janvier
jufqu’au 15 avril ; on en a aufli pendant tout l’été
allez abondamment, 8c l’automne eft le temps où
ils font le plus rares.
Les fignes de la chaleur de la vache ne font
point équivoques ; elle mugit alors très- fréquemment
& plus violemment que dans les autres
temps ; elle faute fur les vaches , fur les boeufs &
même fur les taureaux ; la vulve eft gonflée &
proéminente au-dehors ; il faut profiter du temps
de cette forte chaleur pour lui donner le taureau ;
fi on laifloit diminuer cette ardeur, la vache ne
retiendroit pas aufli fûrement. Elles retiennent
fouvent dès la première, fécondé 8c troifième
fois, 8c fitôt qu’elles font pleines , le taureau
refufe de les couvrir ; mais ordinairement la
chaleur ceffe prefqu’auflitôt qu’elles ont conçu,
8c elles refùfent aufli elles-mêmes les approches
.du taureau.
Les vaches font fujettes à avorter, lorfqu’on ne les
ménage pas & qu’on les met à la charrue , &c. ;
il faut même les foigner davantage 8c les fuivre
de plus près, lorfqu’elles font pleines , afin de
les empêcher de fauter les. haies, les foliés, 8cc.
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i l faut aufli les mettre dans lès pâturages les plus
gras & dans un terrein qui , fans être humide
& marécageux, foit cependant très-abondant en
herbes
Six femtaî'ries oü deux moisavant qu’elles mettent
bas, on les nourrira plus largement qu’à l’ordinaire
, éri leur donnant à l’étable , de l’herbe
pendant l’é té, 8c pendant l’hiver du fon ou de
la luzerne, du fainfoin, 8cc. on ceflera aufli de
les traire dans ce même temps, le lait leur étant
alors plus néceflaire que jamais pour la nourriture
de leur foetus ; aufli .y a-t-il des vaches dont le
lait tarit abfolument , un mois ou fix femaines
avant qu’elles mettent bas ; celles qui ont du lait
jufqu’aux derniers jours, font les meilleures mères 8c les meilleures nourrices, mais ce lait des
derniers temps n’eft, pas de bonne qualité.
Il faut plus d’attention pour l’accouchement
de la vache que pour celui de la jument ; car la
vache' qui met bas , paroît plus épuifée , plus
I fatiguée que la jument.'On ne peut fe difpenfer
de la mettre dans une étable féparée où il faut
qu’elle foit chaudement 8c commodément fur de
"bonne litière , 8c de la bien nourrir , en lui
donnant pendant dix ou douze jours de la farine
de fèves , de bled ou d’avoine , 8cc. délayée avec
de l’eau falée , 8c abondamment de la luzerne,
du fainfoin on de bonne herbe bien mûre , après
quoi on la remet par dégrésà la vie commune ;
il faut aufli lui laifler tout fon lait pendant les
deux premiers mois , le veau profitera davantage,
8c d’ailleurs le lait de ces premiers temps n’eft
pas de bonne qualité.
On laifle le jeune veau, auprès de fa mère
pendant les cinq ou fix premiers jours , afin qu’il
foit toujours chaudement 8c qu’il puifle têter aufli
fouvent qu’il en a befoin ; mais au bout de ce-
temps il faut l’en féparer , fi l’on veut la ménager,
car il l’épuiferoit, s’il étoit toujours auprès d’elle ;
il fuifit de le laifler têter deux ou trois fois par
jour , 8c fi l’on veut lui faire une bonne chair
8c l’engraiffer promptement, on lui donnera tous
les jours des oeufs cruds, du lait bouilli , de la
mie-de pain ; au bout de quatre ou cinq femaines,
• ce veau fera excellent à manger.
On peut ne laifler têter que trente ou quarante
jours les veaux qu’on veut livrer au boucher ;
mais il' faut tenir au lait pendant deux mois au
moins ceux qu’on veut nourrir ; plus on les laiflera
têter, plus ils deviendront gros 8c forts ; on préférera
, pour les élever, ceux qui feront nés aux
mois d’avril, mai 6c juin ; les veaux qui naiflent
plus tard ne peuvent acquérir aflêz de force pour
réfifter aux injures de l’hiYër fijiyaflt, 8c ils pé-
riflent prefque tous.
A deux \ trois ou quatre mois j on fèvrera
donc les veaux fqu’on veut nourrir , 8c, avant de
leur ôter le lait abfolument, on jeut donnera un
peu de bortne herbe ou de foin fin,, pour, qu’ils
commencent à s’accoutumer ,à 1 cette nouvelle
nourriture; apurés quoi onlesfépar.eratout-à-fait
de leur mère 8c on ne, les en laiflera point approcher
ni- à l’étable ni au pâturage ,.où cependant
on les.menera tous îles, jours 8c où. ondes-laiflera1
du .matin ,au>foir; pendant tout l’été'. L
Mais dès que le froid commencera à;fe faire ;
fentir en automne., il ne faudra les laifler , fortir
que tard dans la matinée 8c les ramener, de bonne
heure le. foir ; 8c pendant l’hiver s comme le grand
froid leur eft extrêmement, contraire , on les
tiendra- chaudement dans une étable bien fermée j
'8c bien garnie. der litière ; on feur donnera 3 avec!
l’herbe. ordinaire du fainfoin, de la. luzerne , 8cc.
8c . on ne les laiflera fortir que. par le . temps -
doux; il leur faut beaucoup de foins pour p.afler:
ce premier hiver, c’eft le temps le plus dan- j
gereux de leur vie ; ;çar ils fe fortifieront aflez.
pendant l’été fuivant pour ne plus craindre le !
froid du fécond hiver.
La vache, eft ■ en pleine puberté ..à dix - huit j
mois, 8c le taureau a .deux ans.; ; mais, quoiqu’ils .
.puiffent déjà, engendrer à céet ;âge ,/\on:fùra.bien !
^d’attendre- jufqu’à trois ans avant;d.é leur, per- I
mettre desaccoupler 5 ces animaux.font dans leur
grande force depuis trois ans .jufqu’à neuf, , après |
cela les vaches 8c les taureaux ne, font plus!
propres: qu’à;.être :engr.aifles.; comme.ils prennent -
en deux ans la1 plus grande partie de.leur, accroif- j
.fement, la.durée dè:leur;vie.èft;à-peurpfès de ;
fept fois deux ans, c’eft-à-dire , de quatorze ou ;
quinze ans. !
La nourriture 8c Te foin font à^peu-près. les11
.mêmes. 8c pour; la, væcâs 8c pour le boeuf; cependant
la vache à lait exige des attention^ par- :
ticulières:, tant: pour la bien. choiflr que pour la 1
•bien conduire: on.dit que les vaches noires font
celles qui donnent lë meilleur lait 8c que les 1
blanches, font celles qui en donnent le plus, ; mais
. de quelque poil, que l’oit là v:achè à - lait il, faut
qu’elle foit . en bonne chair , qu’elle ait-4’oeil- vif ,
la démarché légère, qu’elle foit jeune; Ôc que, fon
lait foit , s’il le peut , abondant 8c de .bonne
.qualité;on. la. traira deux fois par jour en .étéi
8c une fois; feulement en-hiver-, 8c fi l’on; veut ]
augmenter: la quantité : du* lait,. .il: .n’y aura q.u’à ;
la nourrir avec des alimens plus fucculens que
• l'herbe.
Le: bon lait n’eft ni trop épais ni trop clair ; !
fa confiftance doit .être telle .que , lorfqu’on en
prend, une petite goutte , elle conferye fa rondeur
•fans couler j il .doit . être aufli. d’un.)beau tblanc;: i
celui qui tire fur le jaune ou fur le bleu!ne vaut i
rien ; fa faveur- doit être douce, fans aucune ;
amertume 8c fans- âcrété ; il faut aufli .qu’il ? foit j
fré bonne,, odeur -ou fans, odeur. : ilfeft: meilleur :
au mois, de mai 8c pendant l’été que pendant
l’hiver; 8c il n’eft parfaitement bon que quand
la vache eft en bon âge 8c en Bonne fanté ; celui
. des jeunes. genifles èft trop clair. ; celui des vieilles
yachès eft trop fé;c, 8c pendant fhiverûl.eft trop épais.
Ces différentes • qualités du lait, font relatives, à
la quantité plus'oü moins, grande des parties bu-
.tireufes caféeufes 8c féreufes qui le çpmpôfept;
. levait trop clair eft celui qui abonde trop en parties
féreufes ; le lait-trop épais èft celui qui ,en manque ,
8c.le,lait trop,fec n’a pas allez; de partTés^butireuiês
8c féreufes ; :1e,-.fait d’une vache en'chaleur n’eft
pas bon, non plus .que celui d’une vache qui
approche de,fon,terme ou qui a mis bas depuis
quelque temps*
On trouve,., dans le troifième 8c quatrième
eftomac- du. veau qui tette! V des grumeaux de lait
caillé ; ces grumeaux, féçhés à l’air, font la pré fure ,
dont on fe .fert pour 'faire cailler Te lait ; plus
on garde icelt,e. préfur.e:, meiflèure elle eft",! ,8c il
n’en faut qu’une très-petite quantité pour faire
un grand volume dë fromage.
Les Holiandois , dit-on , tirent tous Tes. ans-
du Dannemarçk un grand nombre, de yaches-
grandes 8c, .maigres;, 18c ces . yaches . donnent en
Hollande beaucoup, plus, ;de lait que les vaches
de: . France :} c’.eftr-apparemment cette même race
de -yaches à lait qu’on’ a tranfportée 8c multipliée
en Poitou, en Âùnis ,8c dans les marais de la
Charente où on les, appelle vaches fiandrin.es 1;
ces yaches- font en effet beaucoup plus grandes:
8c plus maigres que les ; vaches communes, 8c
elles donnent une fois autant, de lait 8c de beurre
elles donnent aufli des veaux beaucoup plus grands.
8c. plus, forts ; ellès font, du lait en tout temps , 8c
on- peut les traire toute l ’année,,- à l’exception de
quatre ou cinq, jours- avant, qu’elles mettent bas 5;
mais il' faut pour, ces vaches des pâturages-ex— •
cellens y quoiqu’elles, ne. inangent guère plus que
.1es, yaches communes.,; .comme.,elles font toujours,
•maigres , ’topte .la.furabonjdance'de' la nourriture
fe tpùrpec,en. la^t ?-jàu liqu que v les. ,va,ches ordinaires
fjde-vipnnÊpt gfaflqs., & cefïent. de;donner
du Tait ..des, qu’elles ont vécu,.pendant quelque.-
temps dans des , pâturages. trop ' .gras.
Avec^un taùr:9.au de 'cette race 8c dès vaches-
Gommunes , on t,fait une autre race qu’omappelle
bâtarde 8c qui eft plus féconde.8c plus abondante-
en lait qpéla- race; : commune ; ces, vaches bâtardes-
donnent fouyent, deux veaux ; à la fois ,8ç. four—
.niflent du. lait . -pendant .toute l’année : ce . font ces;
j bonnes jvrtches ^à lait .qui font . une partie des
richefîes de ia Hollande , d’où il fort tous les
ans pour des fomtn.es confidéràbles de beurre 8c
de fromage.'Pour le refte , voye^ l’article Boeuf.
. V a c h e . d e B a r b a r i e , des Mémoires de
l’Académie, 8c dq l’ancienne Encyclopédie , eft le
bubale. Vbye^_ B u b a l e .
V a c h e d e T a r t a r i e . ;M. Gmelin a parlé
fous ce nom d’un animal qu’il indique par les