
5 4 <S B U T
bleffé, il attend le chafleur ou le chien ; il fe défend
avec courage ; il frappe des coups de bec
qui mettent le chien en fuite , qui pénètrent à travers
les vêtemens du chafleur , ÔC qui font des
plaies profondes ; quelquefois il fe renverle fur
le dos, & il le défend des ongles autant que du
bec ; un mftinâ fecret l’avertit de vifer fur-tout
aux yeux de fon ennemi, 8c fes coups font dangereux
à cet égard ; il ne fe défend pas avec moins
de courage contre l’oifeau qui ofe l’affaiKir, que
contre le chien ou le chafleur ; il ne fuit pas ;
il attend l’oifeau qui, bleffé à fa première attaque,
& percé par la pointe de fon bec, lâche prife , 8c
fuit en pouffant un cri. Il eft rare que les bufars ,
dont les autres oifeaux d’eau font la proie, ofent
attaquer le butor. Il fréquente auffi les bois qui
font aux environs des endroits aquatiques , 8c il
y donne la chaffe aux mulots, aux rats , dont il
fait fa pâture.
Le butor a deux fons de voix, l’un , dont il
fait ufage toute l’année , qu’il fait entendre lorf-
qu’il vole j qui eft grave , & que l’on peut, exprimer
par les deux monofyllabes^fùivans, cob, cob j
l’autre eft un fon beaucoup plus fort, plus reten-
tiffant, qui fe fait entendre à une demi-lieue de
diftance , 8c qui, dans le filence des lieux que
le butor habite , a quelque chofe d’effrayant, fur-
tout lorfque ce fon retentit au milieu de la nuit.
C’eft de ce fon , qu’on a comparé au mugiffement
d’un taureau , qu’a été emprunté le nom de butor.
Cependant ce fon , qui nous paroît effrayant, eft
l’expreflion de l’amour , ou plutôt celle du befoin.
Car le butor , fauvage dans fa manière de vivre , ne
paffoit pas même pour être adouci par le befoin d’aimer.
Son mugiffement étoit pris pour un appel, un
un fignal auquel fe rendent les femelles plus nom-
breufes, à ce qu’on penfoit, dans cette efpècè, que
ne le font les mâles : on prétendoit que.c’étoient elles
qui le provoquoient ; que rendues à fon appel,
elles piaffoient devant lu i, & que leur jouiffance
n’ayant duré qu’un inftant, le mâle les repouffoit, 8c leur laiffoit le foin de-la famille qui devenoit
la fuite de cette approché fauvage. Des obferva-
tionsplus exactes ont détruit ces erreurs anciennes.
On fait aujourd’hui que le butor mâle & femelle
font leur nid /ur. une touffe de jonc , au
milieu des rofeaux ; que la femelle pond quatre
ou cinq oeufs d’un gris-blanc verdâtre ; que le mâle 6c la femelle prennent foin Pim & l’autre de leurs
petits ; qu’ils les nourriffent , dans les premiers
temps, de frai de grenouilles, de lézards & de
fang-fues ; que l’incubation des oeufs eft de vingt-
quatre à vingt-cinq jours ; que les petits naiffent
prefque nuds ; qu’ils femblent n’être que cou &
jambes, & que les premières plumes qui leur viennent
font femblables à celles de leur père.
Ou le butor fait plufieurs pontes par an , ou il
y en a en qui le befoin fe déclare beaucoup plus
tôt qu’en d’autres ; car ce mugiffement qui en
eft I’exprelîion , commence dans les lieux que les
B U T
butors habitent au mois de février, 8c on T y
entend encore au mois d’août.
Le butor eft généralement répandu dans toutes
les parties de l’Europe. On le trouve par-tout où'
y. a des marais ou des étangs affez vaftes pour
l’attirer 6c le fixer. Il paroît cependant voyager
en automne ; Ôc le mois de décembre eft celui
ou on en voit dans nos provinces en plus grand
nombre. Quelques perfonnes ont cru qu’il s'éloignent
pendant les grands froids de l’hiver ; mais
je fuis affuré du contraire , parce qu’on m’a fou-
vent envoyé , ôc plus fou vent qu’en tout autre
[ temps , des butors qui avoient été tués pendant
les plus fortes gelées. Peut-être fouffrent-ils alors ,
font-ils plus ailés à approcher, 6c plufieurs s’éloignent
ils en effet ; mais il eft confiant qu’ils ne fe
retirent pas tous.
Du temps de Bellon, la chair des butors étoit
très-eftimée , 6c ces. oifeaux pafloient pour un
excellent gibier ; aujourd’hui on n’en fait aucun
cas : cette contradiction apparente peut venir de
ce que la peau contient en grande quantité une
graille ou plutôt une huile âcre , d’un mauvais
goût, .qui fe répand dans les chairs par la cuif-
fon , 6c lui communique une forte odeur de marécage.
Mais fi on prend la précaution d’enlever
la peau 6c le tiffu graiffeux on trouve en effet
un affez bon goût à la chair du butor, fur-tout à
celle des ailes 6c aux blancs. Il eft probable que
l’ufage n’en feroit pas fain.
J’ai reçu de la Louiftane un butor qui ne diffère
du nôtre qü’en ce que les couleurs du pîumage
font moins foncées.
Butor (grand).
Briss. tome V spage 477.
Le grand butor eft fort rare dans nos provinces ;
je doute même qu’il s’y trouve, 6c je ne fçache
pas qu’on en ait de preuves. Cependant lés Auteurs
en ont parlé d’après Aldrovande, fans nous
apprendre s’il ne fe trouve qu’en Italie ou dans
quels autres endroits il a été obfervé. Il eft plus
grand de près d’un pied que le héron commun ;
il a , du bout du bec à celui de la queue, trois
pieds neuf pouces 6c quelques lignes ; fon cou eft
roux, tacheté de noir 6c de blanc ; le dos 6c les
ailes font de couleur brune ; le ventre eft roux ;
le bec eft jaunâtre ; les pieds 6c les. ongles font
bruns. Les habitans des bords du lac majeur en
Italie le nomment ruffey. Genre LXXX1,
Butor (petit).
Briss. tome V 3 "page 452,
Ce butor n’eft connu que par l’indication du
comte Marfigli, qui la obfervé fur les bords du
Danube. Il ne donne d’autres dimenftons de cet
oifeau que la longueur du bec , qui n’a pas tout-
à-fait trois pouces. Son plumage a pour fond une
couleur rouffeâtre , traverfée par des lignes brunes
plus larges Ôc en plus grand nombre fur le dos
B U T
que fur le refte du corps : la gqrge 6c la partie
inférieure du cou font blanches ; la queue eft très-
courte, compofée de douze plumes blanchâtres;
le demi-bec fupérieur eft d’un brun obfcur , l’inférieur
eft jaune ; les pieds 6c les ongles font bruns.
Genre LXXXI.
Butor brun (petit). Edw. G la n . pa rt. I l ,
p. ‘75 » p^ 5• V Blongios. Butor (petit). Edw. Glan. part. 11, p. 136.»
pl. 275. Voye^ Blongios.
Butor brun rayé.
Butor rayé. Briss. tome V , page 474.
Cet oifeau , du LXXXI* genre, a été indiqué
par le comte Marfigli, qui l’a obfervé fur les bords
du Danube. Il eft à-peu-près de la taille du petit
butor, 6c c’eft comme lui un des plus, petits oifeaux
de ce genre. Tout fon plumage eft rayé de
lignes brunes, noires, rouffeâtres, mêlées confu-
fément, d’où il réfulte en gros une couleur brune ;
le demi-bec fupérieur eft brun, l’inférieur jaune ;
les pieds 6c les ongles font gris.
Butor rayé. Briss. tome V.page 4^4. Voyez Butor brun rayé.
Butor roux.
Briss. tome Vy page^458 i
Ce butor eft de petite taille ôc feulement un
peu plus gros que l’efpèce appellée le petit butor.
Le fommet de la tête eft noir, le refte de la tête ,
la gorge ,8c le cou font rouffeâtres ou de couleur
de rouille ; le dos, les plumes fcapulaires 6c les
couvertures du deffus de la queue font noirâtres ;
le croupion eft blanc; le deffous du corps eft
rouffeâtre; les grandes pennes des ailes font noirâtres
6c les moyennes font rouffeâtres ; la queue
eft noirâtre ; le demi-bec fupérieur eft d’un brun
noir , l’inférieur de couleur de corne ; les pieds 6c
les ongles font bruns.
Aldrovande dit avoir reçu ce butor d’Epidaure :
il regarde comme appartenant à la même efpèce
un jeune butor pris dans des marais près de Bologne
; le comte Marfigli a vu le butor roux fur
les bords du Danube ; il a auffi été trouvé en
Alface; il paffe pour être, indigène des environs
de Bologne, 6c M. de Salerne conjeélure que
c’eft cette efpèce qu’on voit quelquefois en Sologne
, ôc allez fréquemment pour qu’on lui ait
donné un nom , celui de quoimeau. Ce butor fe
trouve donc dans beaucoup de pays très-diftans
les uns des autres ; auffi eft-ce , par fa nature ,
un oifeau erratique. Il eft, fuivani M. Briffon , du
Genre LXXXI.
Butor du Sénégal (petit).
Petit héron roux du Sénégal. Pl. enl. 313.
Ce héron ou butor a environ fept pouces de long ;
fa tête, fon cou font couverts de raies longitudinales
noires, fur un fond d’un roux clair ; le bas
du cou eft rouffeâtre ôt fans rayure ; le dos eft
B U T j 4 7
brun ; les grandes pennes des ailes font d’un blanc
fale ; les petites 6c les moyennes couvertures forment
au milieu de l’aile une plaque rouffeâtre ,
comprife entre le blanc des grandes pennes fur
le bord inférieur des ailes, ôc une autre raie d’un
blanc plus net, qui s’étend le long du bord fupérieur
de l’aile; le-deffous du corps, les c-uiffes 6c
la queue font blanchâtres ; le bec eft brun, les
pieds font jaunâtres. Genre LXXXI.
Butor jaune duBréfil.
Butor du Brefil. Briss. tomeV, page 460.
Un caraélère particulier a cette efpèce eft d’avoir
l’extrémité du bec dentelée,, tant à la partie
fupérieure qu’à l’inférieure. D’ailleurs le butor jaune
a tous les caraâères des oifeaux du genreXXXXI*.
Il a du bout du bec à celui de la queue deux
pieds trois pouces ; fa groffeur égale à-peu-près
celle d’un canard ; la tête ÔC la partie fupérieure
du cou font rouffeâtres,>rayées de noir ; le dos,
le croupion , les couvertures du deffus des ailes ,
les plumes fcapulaires font rayées de rouffeâtre ,
fur un fond brun ; la gorge eft blanche ; le deffous
du corps eft blanc , rayé de brun, ôc chaque
plume eft entourée dé jaunâtre ; les plumes des
ailes font mi-partie de noir ôc de cendré, terminées
de blanc ; la queue eft variée de blanc ,
de cendré 6c de noir ; l’iris eft de couleur d’or ;
le demi-bèc füpérieür éft brun dans fa longueur , 6c d’un jaune verdâtre à fon origine ; l’inférieur
eft en entier de cette-dernière couleur ; les pieds
ôc les ongles font d’un gris obfcur.
Butor du Brefil. Briss. tome V, page 460I
Voye£ Butor jaune du Brefil.
Butor de Cayenne (petit). Pl. enl. 763.
C ’eft une efpèce nouvelle, du genre LXXXI®.
Elle eft très-correétement rendue dans la planche
enluminée, 6c-M. le comte de Buffon n’en trace
pas moins exaélement le portrait ■ dans Je petit
nombre de mots fuivans.
Ge petit butor n’a guere qu’un pied ou treize
pouces de longueur ; tout fon plumage, fur un
fond gris rouffeâtre, eft tacheté de brun noir par
petites lignes tranfverfales très-preffées, ondulantes
ôc comme vermiculées en forme de zig-zags 6c
de pointes au bas du cou, à l’eftomac 6c aux flancs ;
le deffus de la tête eft noir ; le cou très-fourni de
plumes paroît prefque auffi gros que le corps.
Le bec eft noirâtre 8c les pieds font d’un jaune-
verdâtre. Il eft probable que cette efpèce n’eft
pas abondante à Cayenne , parce qu’on ne l’envoie
que rarement.
Butor de la baie d’Hudfon.
Briss. tome V , page 44p.
Edw. tome I II, page 86 ,pl. CXXXVI,
Ce butor eft à peu de chofe près auffi gros que
celui qui fe trouve en Europe ; ils ne diffèrent l’un
de l’autre que par quelques nuances du plumage ;
Z z z ij