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O C E
O c e l o t ( 1’ ) eft un animal. d’Amérique,
féroce ôc carnaflier, qui approche du jaguar ôc
idu couguar pour la grandeur, ôc leur reffemble
par la figure ôc par* le naturel. De tous les
animaux a peau tigrée , l'ocelot, mâle a certainement
la robe la plus belle ôc la plus élégamment
variée ; celle du léopard même n’en
approche pas pour la vivacité des couleurs & la
régularité du deffein ; mais dans Yocelot femelle ,
les couleurs font bien plus foibles 6c le deffein
bien moins régulier, & c’eff cette différence très-
apparente qui a pu. tromper les Naturaliftes qui
ont fait de cet animal deux efpèces différentes,
à chacune defquelles ils ont donné un nom particulier
en défignant le premier fous le nom Mexicain
de tlatlauhquîocelotl,, ôc le fécond fous
celui de tlacoo^lotl ou tlalocelotl.
Lorfque Xocelot a pris fon entier accroiffement,
il a deux pieds ôc demi de hauteur fur environ
quatre pieds de longueur. La queue , quoique
affez longue, ne touche cependant pas la terre ,
lorfqu’elle eft pendante , 6c par conféquent, elle
na guère que deux pieds de longueur. Çet animal,
quoique très-vorace , eft timide ; il attaque
rarement des hommes ; il craint les chiens , 6c
dès qu’il en eft pourfuivi, il gagne les bois 6c grimpe
fur un arbre ; il y demeure 6c même y féjourne
pour dormir 6c pour épier le gibier ou le bétail,
fur lequel il s’élance, dès qu’il le voit à portée ;
il préfère le fang à la chair , 6c c’eft par cette
raifon qu’il détruit un grand nombre d’animaux,
parce qu’au lieu de fe raffafier en les dévorant, il
ne fait que fe défaltérer en leur fuçant le fang.
Dans l’état de captivité , il conferve fes moeurs ;
rien ne peut adoucir fon naturel féroce, 6c l’on
/ eft obligé de le tenir toujours en cage. Ils frayent
enfemble, mâle 6c femelle , comme nos chats
domeftiques, ôc il règne une fupériorité fingulière
de la part du mâle. Quelqu’appétit qu’aient ces
deux animaux, jamais la femelle ne savife de
rien prendre que le mâle ne foit raffafié 6c qu’il
ne lui envoie les morceaux dont il ne veut plus.
Ils ne mangent d’aucune viande cuite ni lalée.
Ces animaux ne produifent ordinairement que
deux petits.
Dampier parle de cet animal fous le nom de
chat tigre dans les - termes fuivans. « Le chat
tigre de la baie de Campêche eft dè la groffeur.
de nos chiens qu’on fait battre avec l'es taureaux ;
'il a les jambes courtes , le corps ramaffé , &
à-peuprès comme celui d’un mâtin, mais pour
tout le relie , c’eft-à-dire , la tête, le poil- & la
manière de guêter fa proie , il reffemble-fort au.
tigre (jaguar), excepté qu’il n’eft pas tout-à-fait
fi gros : il y en a ici une grande quantité ; ils
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dévorent les jeunes veaux 6c le gibier qu’on y
trouve en abondance , aulîi font-ils moins à
craindre pour cela même qu’ils ne manquent pas
de pâture. Ces animaux ont la mine altière 6c le
r,egard farouche ».
L'ocelot eft le tlalocelotl, catus pardus Mexicains
, de Hernandez ; pardalis , de Linneus ;
chat tigre , de Dampier.
OCOROME, du pays des Moxes , animal
carnaflier qui paroît être le couguar. Voyeç ce
mot.
OERANGS-OETANGS, dans le voyage de
Gauthier Schouten, eft l’orang - outang» Voye£
O r a n g -o u t a n g .
OHIOHIN, chez les Hurons , eft le petit
animal que nous avons nommé écureuil JuiJfe«
Voyeç É c u r e u i l s u is s e .
OHUà , desTartares Mongous , eft letzeiran,
Voye£ T z e ir a n .
ONAGRE ( 1’ ) ou ânefauvage, ne différé de
l’âne domeftique que par les attributs de l’indépendance
6c de la liberté : il eft plus fort 6c
plus léger; il a plus de courage 6c de vivacité ,
mais il eft le même pour la forme du corps,
il a feulement le poil beaucoup plus long. Son
cuir eft aufli plus dur , ôc l’on affure qu’il eft
chargé par-tout de petits tubercules, 6c que c’eft
avec cette peau des onagres qu’on fait dans le
Levant le cuir ferme 6c grenu nommé fagri , 6c que nous appelions chagrin.
On trouve des onagres en affez grande quantité
dans la Tartarie orientale 6c méridionale,la Perfe ,
la Syrie , les ifles de l’Archipel ôc toute la Mauritanie.
Du refte , Voyeç l’article dé I’A n e .
ONÇA , par les Portugais du Bréfil, jaguar.
Voye^ J a g u a r .
ONCAS, de l’ancienne Encyclopédie. Voyeç
Doue.
ONCE ( 1’ ) eft un animal carnaflier connu des
anciens fous le nom de petite panthère : il eft en
effet beaucoup plus petit que la panthère , n’ayant
le corps que d’environ trois pieds ôc demi de
longueur ; néanmoins il a le poil plus long que
la panthère, aufli bien que la queue qui a trois
pieds 6c quelquefois davantage. Le fond du poil
eft d’un gris blanchâtre fur le dos 6c fur les côtés
du corps, 6c d’un gris encore plus blanc fous le
ventre; les taches font à-peu-près de la même
forme 6c de la même grandeur que dans la panthère.
L'once s’apprivoile aifément ; on le dreffe à la
c h a f f e 6c on s’en fert à cet ufage en Perfe' 6c
dans plufieurs autres provinces de l’Afie. Il y
en a d’affez petits pour qu’un cavalier puiffe les
porter en croupe , 6c ils font affez doux pour
fe laiffer toucher 6c careffer avec la main.
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Ce qui fait qu'on fe fert de cet animal pour
la chaffe dans les climats chauds de l’Afie , c’eft
que les chiens y font très-rares ; il n’y a , pour
ainfi dire , que ceux qu’on y tranl’porte , 6c
encore y perdent-ils en peu de temps leur voix 6c leur inftinéf. Au refte , Xonce n’a pas l’odorat
aufli fin que le chien ; il ne fuit pas les bêtes à
la pifte , il ne pourroit pas les atteindre dans
line courfe fuivie ; il ne chaffe qu’à vue , 6c ne
fait, pour ainfi dire, que s’élancer 6c fe jetter
fur le gibier ; il faute fi légèrement, qu’il franchit
aifément un foffé ou . une muraille de plufieurs
pieds ; fouyent il grimpe fur les arbres pour attendre
les animaux au paffage, ÔC fe laiffe tomber
deffus ; cette manière d’attraper la proie , lui
eft commune avec la panthère 6c le léopard.
Tavernier a décrit cette chaffe à Xonce. « Un
cavalier, dit-il, la porte en trouffe à cheval, 6c
ayant apperçu la gazelle , il fait defeendre l'once
qui eft fi légère, qu’en trois fauts elle faute au cou
de la gazelle ; quoique celle-ci coure d’une vîteffe
incroyable.... L'once l’étrangle auilï-tôt avec fes
dents aigues ; mais fi par malheur elle manque
fon coup 6c que la gazelle lui échappe , elle
demeure fur la place , honteufe 6c confufe , ôc
dans ce moment un enfant la pourroit prendre,
fans qu’elle fe défendît ».
« Pour les grandes chaffes , dit Chardin , on
fe fert de bêtes féroces dreffées à chaffer, lions ,
léopards , tigres, panthères, onces; les Perfans
appellent ces dernières bêtes you^e. Elles ne
font point de mal aux hommes ; un cavalier en
porte une en croupe , les yeux bandés avec un
bourrelet , attachée par une chaîne , 6c fe-tient
fur la route des bêtes qu’on lance , 6c qu’on
fait paffer devant elle le plus près au’on peut ;
quand le cavalier en apperçoit quelqu’une , il
débande les yeux de Fanimal , .Ôc lui tourne la
tête du côté de la bête lancée ; s’il l’apperçoit,
il fait un cri ,-s’élance à grands fauts , fe jette
deffus la bête 6c la terraffe ; s’il la manque ,
après quelques momens il fe rebute d’ordinaire , . 6c pour le confoler , on le careffe.... J’ai vu cette
forte de chaffe en Hircanie. Il y a de ces bêtes
dreffées qui font la chaffe finement , fe traînant
fur le ventre le long des haies 6c des buiffons,
jufqu’à ce qu’elkv foient proches de la proie, 6c
alors elles s’élancent deffus ».
L’efpéce de Xonce. paroît être plus nombreufe 6c plus répandue que celle de la panthère. On
la trouve très-communément en Barbarie , en
Arabie 6c dans toutes les parties méridionales de
VA fie, à l’exception peut-être de l’Egypte. Elle
s’eft même étendue jufqu’à la Chine , où on
l’appelle hunen-pao. Les foureurs appellent fa peau,
peau de tigre d'Afrique.
ONDATRA ( 1’ ) eft de la groffeur d’un petit
lapin 6c de la forme- d’un rat : il a la fête courte
ôc femblable à celle du rat d’eau, le poil luifant
ôc doux., avec un duvet fort épais au-deflous du
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premier poil ; il a la queue longue & couverte
de petites écailles, fort applatie vers la partie du
milieu jufqu’à l’extrémité 6c un peu plus arrondie
à l’origine. Les faces applaties ne font pas horizontales
, mais verticales , enïorte qu’il femble
que la queue ait été ferrée 6c comprimée dans
toute fa longueur : les doigts des pieds ne font
pas réunis par des membranes ; mais ils font garnis
de longs poils affez ferrés, qui fuppléent en partie
l’effet de la membrane 6c donnent à L’animal plus
de facilité pour nager. Il a les oreilles tiès-courtes 6c bien couvertes de poils en dehors 6c en dedans ;
les yeux grands. 6c de trois lignes d’ouverture ;
deux dents incifives d’environ un pouce de long
dans la mâchoire inférieure, 6c deux autres plus
courtes dans la mâchoire fupérieure ; ces quatre
dents font très-fortes 6c lui fervent a ronger 6c
à couper le bois. '
L’ondatra peut, en corttra&ant fa peau , refierrer
fon corps ôc le réduire à un plus petit volume, ÔC
il a les fauffes çôtes fi. fouples qu’il pafle dans des
endroits où des animaux beaucoup plus petits que
lui ne peuvent entrer. Dans le temps du rut, il
a les tefticules très-gros pour- un animal aufli petit ;
mais ces tefticules, ainfi. que toutes les autres parties
de la génération, s’oblitèrent prefqu entièrement
après la faifon des amours. Près de ces parties
font des foliécules qui contiennent un mufe ou
parfum fous la forme d’une humeur laiteufe ; ces
foliécules font également très-gros , très-gonflés ;
leur parfum eft très-fort , tres-exalte ôc meme
très-fenfible, à une affez grande diftance , dans le
temps des amours ; après quoi ils fe rident, fe
flétriffent, 6c enfin s’oblitèrent entièrement. L’u-
rêtre, dans Xondatra femelle , aboutit a une emi-
nence velue , fituée fur l’os pubis, 6c qui a un
orifice particulier.
Quoique différent du caftor par la taille ÔC
par la forme de la queue , Xondatra lui reffemblè
à beaucoup d’égards , 6c fur-tout par le naturel
& l’inftina. Les fauvages difent qu’ils font frères ,
mais que le caftor eft l’aîné , 6c qu’il a plus d’elprit
que fon cadet. En effet , comme les caftors , les
ondatras vivent en fociété pendant l’hiver ; ils
font de petites cabanes d’environ deux pieds 6c
demi de diamètre , quelquefois plus grandes ,
• où ils fe réunifient plufieurs familles enfemble ,
pour fe mettre à l’abri de la froidure > ces cabanes
font rondes 6c couvertes d’un dôme d un
pied d’épaiffeur; des herbes , des joncs entrelaces ,
mêlés avec de la terre graffe qu ils paitriffent
avec les pieds, font leurs matériaux. Leur conf-
truâion eft impénétrable à l’eau du ciel, 6c ils
pratiquent des gradins en dedans pour fe garantir
des inondations de celles de la terre ; cette cabane
eft couverte pendant l’hiver de plufieurs pieds de
neige ôc de glace, fans qu’ils en foient incommodés.
_ . . . c
Us ne font pas de provifions, mais ils creulent
des puits 6c des boyaux au-deffous 6c à l’entrée
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