
mée par d’innombrables vaiffeaux fariguins
d’une extrême tenuité, 8c pair l’affemblage
d’une quantité prefqu’infinie de très-petites '
glandes ; que les vaiffeaux apportent le fang
dans les glandes & l’en rapportent; que pendant
fon trajet elles en leparent les; efprits
animaux ou le fluide nerveux : on penfe que
la fubftance médullaire réfulte de l’affemblage
des vaiffeaux excrétoires, que les
nerfs font formés par la réunion de plu-
lieurs de ces vaiffeaux joints enfemble, ou
qu’ils ne font que ces vaiffeaux prolongés
qui reçoivent des glandes de la fubftance
corticale, & tranftnettent à toutes les parties
du corps les efprits animaux ou' ce fluide
fubtil, ce principe, qui eft la fource de
la v ie , du mouvement 8c des fenfations.
Les anatorniftes ont décrit le cerveau
avec un grand foin; ils ont obfervé fes
éminences, fes cavités, fes portions remarquables
par la forme ou par la confif-
tance ; ils n’ont rien omis; ils ont dreffé,
fi je peux me fervir de cette expreflion, une
carte fur laquelle tous les ppints font indiqués,
mais qui reffemble à celle d’un
pays où tous les lieux feroient marqués,
fans qu’on fçjit au jufte rien de ce qui s’y
paffe : je ne les fui vrai que dans leurs obfet>
varions les plus notables.
Entre la boëte offeufe qui renferme le
cerveau 8c ce vifçère, font fituées trois
membranes qui lui fervent d’enveloppe ,
on les npmme ditre-mère, arachnoïde,
mère,
l a dure-mère, d’une texture plus forte
que les deux aiitres membranes, eft formée
par deux plans de fibres; elle eft adhérente
par le premier aux os du .crâne; en fe r,eflér
chiffant fur elle-même, elles forment plu-
fieurs duplicatures qu’on, nomme fo u s : on
en diftingue quatre principaux, iis fervent à
foutenir différentes portions du cerveau
& à recevoir le fang qui y .a circulé ; ils
le rendent au torrent de la circulation en
le verfant dans les veines jugulaires. Du
milieu de la dure-mère naît en devant
une dupHcature qui, s’élargiffant à inefure.
qu’elle fe porte en arrière, fe termine à
l ’occiput : la partie fupérieure de cette du-
plicature, nommée k fo u s longitudinal,
foutient un appendicè que fa forme a fait
appeller la faux ; elle fépare le cerveau
longitudinalement en deux hémifphères ,
dans l’épaiffeur de la fubftance corticale 6£
dans celle de la fubftance médullaire, jufqu’à
fa portion nommée les corps calleux. En
arrière une fécondé duplicaturetranfverfale
& obliqfle couvre le cervelet,foutient la partie
poftérieure du cerveau, l’empêche de
comprimer le cervelet, tandis qu’une troi-
fième duplicature fépare fuperficiellement ce
vifcère en deux hemifphères, La fécondé
membrane è[ui revêt le cerveau, comparée, a
caufe de fa ténuité, à une toile d’araignee,
eft nommée, par cette raifon, arachnoïde.
La troifième membrane où la pie-mère plus
for te, quoiqu’encore très-mince, foutient
un grand nombre de vaiffeaux fanguins qui
forment, en s’entrelaçant, de nombreux
vaiffeaux ou plexus ; non-feulement elle
enveloppe immédiatement tout le cerveau,
mais fes duplicatures pénètrent dans les
enfraâuofités de ce vifcère, les entourrent
,8c aeeompagnentles vaiffeaux fanguins qui
s’inftmient dans fa fubftance.
Lorfqu’on a enlçvé le crâne des oifeaux
on découvre , connue dans l’homme 8c
dans les quadrupèdes, la dure-mère ; elle
forme de même des duplicatures & des
finus qui fervent aux memes ufages ; mais
l.e finus longitudinal auquel eft fufpendu
dans l’homme 8c dans les quadrupèdes, le
prolongement appelle la faulx, eft deftitué
de cette partie dans les oifeaux ; ce finus ne
s’avance que peu profondément entre la
fubftance du cerveau, qu’il ne partage que
fuperficiellement en deux hémifphères : la
dure-mère forme aufli dans les oifeaux
quatre principaux finus ; mais le quatrième
eft placé plus en arrière 8c au-deffus de;
l’origine- de la moelle allongée.
L’arachnoïde , cette membrane que
plüfteurs anatorniftes n’ont regardée que
comme la couche fupérieure de la pie-mère,
Ou manque dans les oifeaux , où elle ne
s’y fépare pas aufli aifément de la pie-mère,
fi elle n’en eft que la lame externe.
La pie-mère embraffe 8c ferre immédiatement
le cerveau des oifeaux, comme la
même membrane , ceint le çerveau de
l’bomms
l’homme St des diftérens animaux ; mais la
pie-mère dans les oifeaux eft beaucoup-plus
mince, & elle ne foutient qu’une bien moins
grande quantité de vaiffeaux fanguins : cette
différence eft bien importante,Stlapremière
qui préfente un grand réfultat, car elle indique
qu’une beaucoup moins grande quantité
de vaiffeaux pénètre la fubftance du cerveau
, qu'e le fang y eft apporté avec bien
moins d’abondance, qu’il s’y. fait par confé-
quent une fécrétion moins féconde de ce
principe, duquel le fentiment ôt les facultés
émanent, ainfî que le mouvement & la vie.
Seroit-cëune des raifons dupeud’impreflion
que les objets font fur les oifeaux, de la
promptitude avec laquelle ils oublient les
fenfations, de la foibleffe de leurs facultés ,
en général ? Nous aurons bientôt occafion
d’en reconnoître encore d’autres caufes.,
Le cerveau des oifeaux a peu de volume,
& il en. a moins à proportion que celui
des autres animaux ; fa furface eft liffe,
unie & fans anfraftuofités,; les deux fubf-
tances dont il eft compofé ont une fitua-
tion inverfe de celle des mêmes fubftances
dans l’homme St dans les quadrupèdes ; la
fubftance médullaire occupe la couche fupérieure
, St la corticale eft placée au-;
deffous : les ventricules qui, dans-l’homme
St les quadrupèdes, font fitués profondément
8c près de la bafe du cerveau, font
placés près,de fa furface (jans les oifeaux;
la couche des nerfs optiques eft à proportion
beaucoup plus confidérable que dans
. l’homme St dans les quadrupèdes , St elle
forme de chaque côté une protubérance j
ft volumineufe, que . chacune de ces protubérances
, parait. en quelque forte un
. cerveau'diftindl: ôt féparé : les artères carotides
qui portent le fang au cerveau,
font fi petites dans les oifeaux, qu’elles .
n’ont aucune proportion, ayant égard au
■ volume du corps entier, avec les mêmes !
artères confidérées dans l ’homme St dans
les quadrupèdes.
Telles font les principales différences,
obfervées entre le cerveau des pifeaux,
celui de l’homme St des quadrupèdes., par
V i l l i s , que je . fuis dans cet article,. Cet
anatomifte en conclut que le fang fe .porte
Hijloire Naturelle. Tome I.
avec peu d’abondance au cerveau des oifeaux,
en moindre quantité, toujours relativement
au volume du corps entier, que
dans les autres animaux, qu’il s’y fépare
à proportion moins d’efprits animaux : il
infère de quelques autres différences, trop
longues àjexpofer ôt trop difficiles à être
faifies par le leûeur qui n’eft pas anatomifte,
que les efprits animaux, avant de
couler du cerveau dans les nerfs, ne circulent
pas préliminairement dans les vaiffeaux
de la fubftance médullaire, comme il
croit que la chofe arrive dans les autres
animaux, mais que les efprits féparés dans
le cerveau coulent immédiatement dans les
nerfs; qu’ils font prefque en totalité em- .
ployés à l’entretien de la v ie , aux feules
fonctions méchaniques , tandis que dans
l’homme 8c dans les quadrupèdes , les efprits
cifteulans dans le cerveau , retenus plus
•long - temps dans leurs vaiffeaux excrétoires,
y étant réfervés plus long-temps
en un dépôt plus confidérable, concourentà
la conformation de la mémoire, & au
dévéloppement des autres facultés dont
les oifeaux paroiffent. également privés.
Ces induâions de W illis , déduites des
faits 8c du méchanifme , paroiffent fondées.
Il me femble qu’on pourroit ajouter
que le volume plus grand des couches des
nerfs optiques , le prolongement formé par
chacune de ces couches, rendent raifon de
la fupériorité de la vue dans les oifeaux fur
leurs autres fens, 8c de ce fens en eux fur
■ le même fens dans les autres animaux. Le
méchanifme de l’organe qui fert à la vifion,
concourt fans doute au même but, comme
nous aurons lieu de le remarquer ; mais
quel que foit ce méchanifme, celui des
couches des nerfs optiques ne peut qu’y
contribuer. L’organe tranftnet des imprefi
fions plus multipliées, plus fortes ; le
cerveau les reffent plus vivement, 8c les
conferve , plus long-temps : ç’eft par ces
deux caufes réunies que la vue eft dans les
oifeaux.le fens dominant, Sc qu’à cet égard
ils l’emportent fur l’homme ôc fur les diffé-
rens animaux.
Le cervelet, fitué à la partie poftérieure
Sc inférieure du crâne, eft comme le cerveau
V v