
leur donne le nom depennes : on peut divifer
celles des ailes en grandes & en moyennes.
Ces dernières naiffent de la partie pofté-
rietire de l’aile, depuis fon infertion avec
le corps, jufqu’à fon pli; elles font ordinairement
larges à proportion de leur longueur
, 8c leur extrémité eft communément
arrondie ; leurs barbes font beaucoup plus
longues du côté du corps que du côté
externe.
Les grandes pennes des ailes occupent
depuis le pli de l’aile jufqu’à fon extrémité.
Ce font les plumes lès plus fortes de toutes ;
leur tuyau eft plus gros , leurs barbes,
quoiqu’affez longues , font fortes , ont
beaucoup de reftort, & font très-intimement
unies à celles d’un même côté , les
unes avec les autres. Ces plumes font plus
ou moins longues & larges, 8c différemment
échancrées ou figurées dans diverfes
efpèces d’oifeaux, fans que leur volume,
plus ou moins grand, foit en proportion
relative de la groffeur du corps ; ainfi de
très-petits oifeaux ont les pennes des ailes
plus longue?, ou auflî longues que des oifeaux
dont le corps eft d’une groffeur
moyenne ; les hirondelles de mer, les
goélands de petite efpèce , ont les pennes
des ailes plus longues, ou aufli longues
que le font celles des pigeons, du geai,
quiles furpaffeut beaucoup pour la groffeur
de tout le corps. Leur longueur 8c la manière
dont elles font figurées , font deux des
çaufes qui influent le plus fur le vol. En
général, plus les pennes de l’aile font
longues, plus le vol peut être élevé, fou-
tenu 8c rapide ; mais il réunit d’autant
plus toutes ces qualités, que les pennes
pnt iine forme propre à les procurer.
Il feroit donc fort important de- la bien
connoître dans les différentes efpèces ; car
elle admet beaucoup de variétés & de
nuances qui modifient le vol ; mais il eft
impoftible d’entrer, à cet égard, dans lés
détails. Contraint de me borner aux généralités
, je remarquerai que les barbes des
pennes font plus longues du côté du corps;
qu’elles font légèrement courbes ver? leur
extrémité qui tend à fe relever ; que les
barbes, plus Courtes du çôtf externe, font
légèrement tournées en en bas à leur pointe.'
Cette difpolition eft importante ; car
lorfque l’aile eft étendue , & que l’oifeau
en la levant fend l’air , ce fluide, qu’il di-
vife avec le tranchant de l’aile , gliffe aife-
ment le long des barbes externes inclinées
en en bas ; il s’infinue fans peine du côté
du corps, entre les lames que forment des
barbes plus longues 8c plus molles , 8c il
s’échappe facilement entre ces lames : mais
lorfque l’oifeau , pour s’élever ou s’élancer
, baiffe l’aile 8c en frappe l’air qu’il
a pris fous fon aile, alors le fluide, en
réagiffant, applique, du côté du corps,
les lames les unes contre les autres , les
preffe en fens contraire à leur courbure ,
8c fe ferme le paffage à lui-même ; du côté
externe , l’inclinaifon des barbes en en bas
formant un rebord, retient la couche de
l’air qui eft immédiatement fous l’aile , St
l’empêche de s’échapper en gliffant ; ainft
toute la force de l’aîle agit fur la colonne
d’air perpendiculaire. Il n’étoit donc pas
inutile de remarquer cette première dif-
pofition générale des pennes des ailes ; leurs
barbes vont en décroiffant de longueur de
la bafe de la plume à fa pointe , fur-tout
du côté externe ; chaque penne fe termine
par arrondiffement du côté du corps, &
par une lame coupante & aiguë du côté
extérieur ; ce qui fait que quand l’aîle
s’élève, elle fend 8c divife l’air plus facilement.
Mais ce qui met de grandes différences
entre les pennes, 8t rend le vol ,
ou beaucoup fupérieur, ou très-inférieur,
c’eft que , dans certaines efpèces , les
barbes des pennes de la bafe , à la pointe
de la plume , forment un tout continu qui
va en décroiffant infenfiblejnent, au lieu,
que dans d’autres efpèces , les barbes fê
raccourciffent tout-à-çoup , le plus ordinairement
du côté du corps , 8c quelquefois
aufli du côté externe : les pennes pa-
roiffent alors échancrées. Quand elles font
toutes pleines , l’aîle eft à çet égard conformée
de la manière la plus favorable
pour le vol, parce qu’elle frappe l’air par
une furface plus étendue, continue & non
interrompue ; à proportion qu’il y a plus
fte pennes échancrées, (ju’eiles le font dâvantage,
la conformation de l’aîle eft moins
heureufe 8c moins favorable. Les oifeaux
qui s’élèvent très-haut, qui forcent le
vent, 8c fe foutiennent en l’air long-temps,
ont toutes les pennes entières ; ceux qui
volent bas; qui nefçauroient forcer le vent,
dont le vol eft court, ont les pennes plus
ou moins échancrées ; lorfque leur aile
s’abaiffe pour frapper l’air, une partie s’échappe
par le vuide que les échancrures
iaiffent d’une penne a l’autre , .& l’aîle
n’appuie que par une bafe entrecoupée. -
M. Hùber , dont- les lumières m’ont été
d’un grand fecour s, 8c auquel j’en témoigne
ma reconnoiffance-, au mot fauconnerie,
penfe que tous les oifeaux, fuivant la dif-
pofition de leurs pennes, peuvent être di-
vifés, en oifeaux de haut ou de bas vol ;
mais que, comme il y a des, nuances infinies
dans la difpofition des pennes, ces
nuances font la caufe des -différences dans
le vol dés diverfes efpèces-: il invite les
naturaliftes,, qui s’occupent des oifeaux,
à fuivre & à vérifier par l’obfervation,.
cette idée, qui, je crois, paroîtra heureufe
8c propre à expliquer la différence
du vol dans les différens oifeaux.
Les pennes de la queue font communé-'
ment plus longues 8c plus larges à' pro-
. portion que celles des ailes ; leurs barbes
font égales des deux côtés ; chaque penne
va, en s’élargiffant, de la bafe à l’extrémité
, & fe termine en un épanouiffement
plus ou moins arrondi, ou dont les angles
font émouffés ; les pennes font profondément
inférées dans le croupion , pénètrent
jufqu’au périofte qui revêt le coccix; & il
eft probable que , dans le temps de la ref-
piration, l’air qui s’introduit dans les. os
du baflin, ainli que dans ceux des ailes,
paftë de ces os dans les .pennes de la queue,
comme il paffe des os de. l’aîle dans fes
pennes. Celles de la queue , réunies à leur
infertion, & rangées fur un fegment de
cercle, peuvent, à la volonté de l’oifeau,
s’écarter en forme de rayons dans leur
longueur, ou fe rapprocher. C’eft par ce
mouvement que l’oifeau, préfentant à l’air
line beaucoup, plus ou moins grande fur-
face , devient plus léger, s’élève plus aifé-
Hijloire Naturelle. Tome I.
ment, ou defcend plus facilement, tandis
que le mouvement de la queue , de droite
ou de gauche , femblable à celui du gouvernail
d’un navire, le dirige , fuivant
fon defir, d’un côté ou d’un autre.
Les oifeaux, dont le vol eft élevé, long
& rapide , ont la plupart les pennes de la
queue difpofées comme je viens de les
décrire. Cependant, quelques - uns -de ces
oifeaux, comme les hérons, ont la queue
très -courte ; mais leurs pieds, qu’ils relèvent
en volant, qu’ils portent parallèles au
cotps, fuppléent aux pennes de la queue,
comme gouvernail, 8c dans ces oifeaux, '
les couvertures des ailes très-prolongées,
ces plumes, dont j’ai parlé, qui naiffent
fur les côtés du corps, au - deffous de fon
infertion ayec l’aile, très - longues . aufli ,
remplacent les pennes de la queue, comme
voile qui prend le vent. C’eft ce dont on
peut s’affurer en obfervant la plupart des
hérons, des cigognes , &c.
Dans les oifeaux qui n’ont pas befoirl
d’un vol ni très - élevé, m fort long, la
nature femble s’être jouée à varier leS
pennes de la queue ; tantôt elles font plus
longues , à mefure qu’elles s’éloignent dit
milieu de la queue vers fes bords , 8c alors
la queue eft bifurquée ; tantôt, au contraire,
les plumes les plus longues occupent le
centre, & les plus courtes font graduellement
placées fur les côtés ; la queue alors
paroît étagée. Quelquefois il n’y a que
deux plumes plus longues que les autres,
& ce font , dans certaines efpèces , les
deux plumes du milieu de la queue ; dans
d’autres, ce font celles qui font placées le
plus, extérieurement de chaque côté. Il
feroit trop long d’entrer à cet égard dans
les détails qui feront d’ailleurs rapportés,
en traitant de chaque efpèce en particulier.
Mais une remarque que je ne dois pas
omettre, c’eft que ces ornemens que la
nature a accordés à beaucoup d’oifeaux,
dont elle n’a pas cependant paré le plus
grand nombre, ne .confiftent pas en une
addition de plumes que n’aient pas les
efpèces qui n’étalent pas cê même luxe ; il
ne dépend, dans ceux où il a lieu, que
d’une expanfion plus grande dès plumes