
font en umbelle, & ils préfèrent les fleurs
expofées à l’ardeur du foleil ; cependant ils
dépofent leurs oeufs fur les amas de plantes
& de feuilles qui pourriffent dans des lieux
fombres & humides : c’eft fur ces amas que
vivent 8c fe nourriflent les larves auffi
lentes que l’infeâe eft agile, autant ennemies
de la lumière, qu’il l’eft de l’obfcu-
r i t é , & en apparence aufli peu délicates
dans leurs goûts, qu’il eft fenfuel dans
les liens. Ces contradiftions ne font pas
les feules que préfente l’hiftoire de ce petit
lcarabé, qui v it également de végétaux &
de fubftances animales , qui fe plaît dans
les campagnes, qui entre dans les maifons,
pénètre jufques dans les armoires où l’on
enferme les animaux deflechés ; il eft d’autant
plus dangereux, que fa petiteffe &
celle de fa larve les dérobent à la v u e , &
leur donnent entrée par les plus petites
fentes. La la rv e, cachée fous les plumes,
en coupe le tuyau, de même qu’elle ronge
la peau; les plumes, ou coupées tranfver-
falementprès de leur origine, ou détachées
à leur infertion de la peau qui a été détruite
, ne paroiffent point altérées à leurs
furfaces. Souvent un oifeau eft totalement
perdu, fans qu’on le foupçonne d’être altéré,
fi on ne l’examine qu’à la vue ; mais
fi on le touche, fi on le remue, les plumes,
qui ne font retenues que par Je contaft
mutuel de leurs barbes, fe détachent 8c
tombent toutes. Il y a deux moyens de
reconnoître ces larves fi dangereufes ; le
premier eftd’obferverlil’on n apperçoit pas
la peau qu’elles ont quittée, & qu i, comme
la larve elle-même, eft remarquable par
les deux appendices ou crochets qui font
à l ’extrémité du corps ; le fécond eft d’ex-
pofer au grand jour , d’agiter, de frapper
par de petits coups répétés , les oifeSux
qu’on a lieu de fufpeâer d’être infeâés
par des larves d’antrhênes ; elles ne tardent
pas, ou à fe laiffer tomber fur le fond
de la boëte, ou à paroître à la furface
des plumes, & à fe mettre, de façon ou
d’autre , en mouvement pour fuir l’importunité
qu’on leur fait éprouver. On peut
de cette façon en tuer plufieurs, mais on
ne les détruiroit pas toutes. Ces moyens
ne font bons que pour s’affurer de la préfence
de l’ennemi. Heureufement il n’eft
en aûiv ité , ou dans l’état d’infeûe parfait,
que dans les mois de mai, juin &
juillet ; c’eft pendant ces mois qu’il dépofe
fes oeufs ; ils éclofent à l’automne ; les
larves font toutes nées à la fin de cette
faifon , & aucune ne paffe à l’état de cry-
falide avant la fin de l’hiver ; obfervation
importante comme on le verra bientôt.
Je ne fuis pas certain que les deux efpè-
ces d’anthrênes décrites par M. Geoffroi,
n’attaquent pas toutes les deux les oifeaux ;
cependant je n’ai jamais obfervé dans les
colleâions que celle qu’il furnômme l'amourette.
Cette efpèce, ordinairement peu nom-
breufe les premières années , ne caufe que
des dommages peu confidérables ; on ne s’en
apperçoit pas, ou on les néglige par cette
raifon ; mais quand , à chaque génération-,
les individus fe font multiplies, qu’ils font,
au bout de trois ou quatre ans, en très-
grand nombre, on court rifque de perdre
en un feul hiver une colteûion entière par
les ravages de cet infeéte, d’autant plus
à craindre qu’il ne s’annonce pas d’une
manière redoutable, & qu’on ne s’apper-
çoit fouvent que trop tard de fon exiftence
dans une colleâion qu’il a déjà détruite en
grande partie.
Les teignes font les larves ou les vers
de papillons auxquels on donne aufli le
même nom. Ce font, à proprement parler,
des chenilles qui coupent le poil ou les
barbes des plumes, qui s’en nourriflent, 8c
qui en forment des etuis dont elles fe couvrent.
Les papillons qui proviennent des
teignes, ne font aucun mal par eux-mêmes,
mais ils font très - dangereux, en ce qu’ils
dépofent les oeufs qui donnent naifîimce aux
teignes. Ils commencent à voler dès le mois
de mai, & l ’on envoit jufqu’àla moitié d’octobre.
Les mois d’août & de juillet font
ceux où ils font plus abondans. Ces papillons
ont les antennes filiformes, le cor-
celet couvert d’un amas de poils longs ,
dirigés d’arrière en avant, 8c qui forment
une faillie ou une forte de protubérance
horifontale au-deflùs de la tête ; ils font
en général fort petits. Il y en a de plufieurs
[ efpèces différentes, qu’il feroit trop long
ic peu utile de décrire chacune en particulier.
Il n’eft perfonne qui ne connoiffe les
papillons qu’on voit voler en été dans les
appartemens, & qu’on y redoute pour les
meubles : ce font des teignes, 8c l ’efpèce la
plus funefte pour les colleâions. Elle peut
donner l’idée de toutes les autres qui ont
la même façon de v iv r e , qui caufent les
mêmes dégâts , qui ne diffèrent que par les
couleurs & une taille un peu plus ou un
peu moins grande. Ces différens papillons,
fuivant qu’ils font fortis de leurs cryfalides
dès le mois de mai, ou au mois.de feptem-
b r e , dépofent des oeufs , dont il naît des
teignes, ou à la fin de l’é té , ou dans le
courant de l’automne. Mais, en quelque
temps que les oeufs foient éclos, les jeunes
-teignes mangent peu d’abord, prennent peu
d’accroiflement, & ne font toutes de grands
dégâts qu’au printemps fuivant : elles font
fouvent engourdies, 8c elles ne mangent
pas pendant les froids qui fe font fentir
l’hiver. Mais aufli-tôt qu’il finit, elles prennent
un prompt développement, 8c con-
fomment beaucoup. Pour bien comprendre
comment un animal aufli petit peut occa-
fioriner de fi grands dommages, il faut le
connoître, 8c obferver la manière dont il
agit.
Les teignes , dans l ’état dè ver , fo n t,
comme je l’ai dit, de véritables chenilles ;
elles font armées de deux mâchoires très-
fortes 8c très-tranchantes ; elles s’en fervent
pour couper les barbes des plumes, non
pas fuivant leur longueur, mais en travers ;
elles fe tiennent fous les plumes qui les
dérobent à la vue ; elles les coupent fans
les déranger , fans les foulever aflëz pour
qu’on s’en apperçoive : les barbes demeuA-
rent, par leur contaâ-, attachées les unes
aux autres , 8c fouvent elles font toutes
coupées en-deffous dans l’étendue d’un ef-
pace affez grand, fans qu’il y paroiffe à
la furface ; elles ne fervent pas feulement
aux teignes de nourriture, mais encore de
vêtement ; elles attachent les uns aux autres
, par des brins de fo ie , une partie des
fragmens qu’elles ont coupés, & s’en forment
. une enveloppe en forme d’étui,
Hi-jloire Naturelle. Tome I.
qu’elles augmentent à mefure qu’ellss gràn-
diffent. De-là vient que cet étui eft de la
même couleur que les plumes fur lefquêlles
il a été taillé, ce qui contribue encore à
rendre les teignes plus difficiles à apper-
cevoir. Cependant, comme leurs papillons
dépofent un très-grand nombre d’oeufs,
qu’elles font par conféquent toujours en
grande quantité, & qu’elles dévaftent beaucoup
, par la manière dont elles coupent
les plumes, il n’eft pas d’infeâe plus redoutable
, ni qu’il foit plus important de
découvrir , pour s’oppofer à fes ravages*
On peut être affuré que des oifeaux lont’-
infectés de teignes , lorfqu’on a v u , l’été
précédent, des papillons qui les engendrent
voltiger dans les boëtes où ces oifeaux
étoient enfermés, ou qu’à la fin de l’automne
on apperçoit de ces papillons tombés
morts fur le fond des boëtes. Il faut
en tenir note pour recourir au remède
dans le temps convenable, de la façon que
je le dirai plus bas ; mais fi , fans avoir
apperçu de papillons en aucun temps, ou
remarque fur le fond des boëtes une pouf-
fière compofée de grains arrondis , inégaux
, rudes au toucher, de couleur grife
ou brunâtre obfcure , on ne doit pas douter
qu’elle ne foit produite par des teignes
dont elle eft l’excrement, & qui dévaftent
les . oifeaux au-defîous defquels elle eft dé-
pofée. Il faut en tenir note , comme de la
préfence des papillons , pour recourir à-
propos au remède. Car il ne faut pas, oublier
qu’en certains temps les teignes font
fi peu de dégâts , qu’elles font peu à craindre
, tandis qu’elles deviendront funeftes
un peu plus tard. Ces. différens objets feront
éclaircis par ce qui va fuivre.
Nous connoiffons à préfent les différens
infeâes deftrüâeurs des oifeaux; nous fa-
vons qu’ils proviennent tous d’oeufs ;
qu’ils vivent tous pendant un temps fous
la forme de larves ou devers , qu’ils paflent
enfuite à l’état de. chryfa'.ides , & de cet
état à celui d’infeâes parfaits ; que ce n’eft
que . fous cette dernière forme qu’ils
s’accouplent, & qu’ils dépôfent des oeufs.
Nous avons remarqué que les dermejles
produifent plufieurs générations dans un
N nn