
tion. A mefure que les Illes où on le trouvoit fe
peuplèrent, l’homme dût exterminer un animal
confommateur par fa taille , défagréable a voir,
dont la chair d’un mauvais goût ne rachetoit pas
la dépenfe de Tes vivres &. ion afpeCt hideux*
Quand l’homme prend poffefîion d’une terre nouvelle,
les animaux qui jouiffoient en paix de fes
productions , fe retirent dans les lieux incultes &
folitaires où la deftruCtion &. le trouble n’ont point
encore pénétré ; la fuite les louerait à notre empire
& à nos armes. Mais le dronte, privé de la
faculté de voler, ne marchant qu’à peine , femble
avoir été une malle expofée à tous les coups fans
pouvoir en éviter aucun ; fi quelques individus fe
font retirés dans les lieux les plus folitaires des
îles, fur la furfaee desquelles: l’efpèce s’étoit répandue
enfe propageant, leur peu de mouvement
eft leur fauve - garde, en les dérobant à la vue &
aux recherches des chaffeurs. Il paroit donc que
c’eft , ou parce que l’efpèce a été totalement de-
truite , ou parce qu’elle ne confifte plus qu’en un
très - petit nombre d’individus repouffés dans les
lieux les moins fréquentés , qu’on ne trouve plus
aujourd’hui le dronte dans les mêmes îles ou ceux
qui y abordèrent les premiers le découvrirent.
Mais il ne faut pas croire q-ue cet oifeau n’ait
jamais exifté, comme le penlënt quelques voyageurs
modernes, parce que toutes leurs recherches
& leurs efforts ont été inutiles pour le trouver dans
les îles peuplées & cultivées , où il fut obferve
dans le temps qu’elles étoient défertes. Les def-
criptions incomplettes qu’ont faites du dronte ,
ceux qui l’ont vu nous le repréfentent comme une -
maffe de la groffeur du cygne, portée fur des pieds
de quatre pouces de long &. de prefque autant
de circonférence , terminés par trois doigts en
avant, un en arrière dont l’ongle eft le plus long,
& tous féparés. Dès plumes allez douces au toucher,
& dont le gris effila couleur, ^couvrent
tout le corps ; une touffe de plumes jaunâtres tient
lieu de l’aile de chaque côté, & cinq plumes de
la même couleur , à barbes défunies & crépues,
remplacent la queue ; une tête hideufe portée fur
un cou épais eft le dernier trait & le plus frappant;
elle ne confifte prefque qu’en un bec énorme
Ôc deux gros yeux noirs entourés d’un cercle blanc ;
les deux portions du bec concaves dans le milieu
de leur longueur, renflées à leur bout, fe recourbent
chacune à leur extrémité en fens contraire,
& leur large ouverture s’étend beaucoup par-delà
les yeux ; elles font d’un blanc - bleuâtre St la
pointe de. la portion fupérieure eft jaunâtre , celle
de l’inférieure eft noirâtre. Pour comble de difformité,
une membrane, fuivant quelques-uns, fuivant
d’autres un bourlet de plumes, couvre la tête en
forme de capuchon. f
Tel eft le portrait qu’on nous a trace du dronte
& a u q u e l l ’im a g in a tio n a b ie n p u a jo u te r , ta b
le a u q u i d o n n e l’id é e d ’u n e c o n fo rm a tio n m o n f -
tru e u fe fu iv a n t n o tre m a n iè re d e v o i r & p e u t -
ê tr e la p lu s c o n v e n a b l e , la m ie u x p ro p o r t io n n é e
a u x b e fo in s p o u r le s lie u x o ù le dronte a v o i t é té
p l a c é , & . p a r r a p p o r t à fo n o rg a n ifa tio n e n gén
é ra l. O n lui a d o n n é les n om s de dodo , d e cygne
encapuchoné, & m êm e d ’autruche à capuchon•
D U R -B E C .
Gros-bec d u C a n a d a . PL enl. 133 , fig. /.
Gros-bec de. C a n a d a . Bri s s . tom. 111, pagLifo-.i
pi. X l l , fig.3 .
Groffe pivoine. Edw. tom. I I I , pag. CXXIII &
CXXÏV, fig. pl. 12.3 le m â le , 12,4.1a fem e lle .
L e dur-bec e f t à -p e u -p rè s d e la g ro f fe u r d u g ro s -
b e c de F r a n c e , m a is il a la q u e u e b e a u c o u p p lu s
lo n g u e & il a aufli le c o rp s p lu s a lo n g é ; la t ê t e ,
le c o u , le deffus & le d e flo u s d u c o rp s fo n t d ’u n
ro u g e aflfez v i f , e x c e p té le d e flo u s d e la q u e u e
q u i e ft b la n c h â tre ; il p a ro î t q u e c e t o ife au n ’a pas
d a n s to u s les tem p s o u d a n s to u s les âg e s éga lem
e n t de ro u g e . M. Br iflb n n e le d é c r it q u e c om m e
a y a n t u n e te in te c o u le u r de rofe-fale & q u e lq u e s
ta c h e s b ru n e s fu r la t ê t e : M. E dw a r d s le r e p r e -
f e n t e , a u c o n tr a ir e , c om m e a y a n t u n ro u g e b e a u c
o u p p lu s v i f ; les c o u v e r tu re s & les p e n n e s d e s
a ile s fo n t b ru n e s b o rd é e s d e b la n c ; les p lu s g ra n d e s
p e n n e s fo n t b o rd é e s d e ro u g e d u c ô té e x té r ie u r ;
' la q u e u e e ft b ru n e & les p e n n e s e n fo n t b o rd é e s
de g r is d u c ô té e x té r ie u r ; le b e c e f t c e n d ré ^ le s
p ied s & . le s 'o n g lë s fo n t b ru n s .
L a fem e lle n ’a p o in t d e ro u g e q u ’u n p e u fu r la
t ê t e & fu r le c ro u p io n ; le r e l i e d e fo n p lum a g e
e ft g r is -b ru n .
L e dur - bec fe t ro u v e e n C a n a d a : c e n ’e f t p a s
fans fu je t q u e M. E dw a r d s lu i a d o n n é le n om d e
pivoine ; il a , e n e f f e t , la ta ille p le in e d e la pivoine
1 o u d u bouvreuil ; q u e lq u e ch o fe d e c e t o ife a u d a n s
l’h a b itu d e d u co rp s e n g é n é ra l ; il s ’e n r a p p ro c h e
fu r - to u t p a r Je p e u d e lo n g u e u r d u b e c , p a r le
r e n f lem e n t & l a fo rm e d e s d e u x p iè c e s d o n t il e f t
c om p o fé ; m ais M. Br iflb n q u i l’a v u & q u i d e v o it
m ie u x a p p liq u e r q u e p e r fo n n e le s p r in c ip e s d e fa
m é th o d e , l’a p la c e d a n s le g e n re X X X IV e , q u i e f t
c e lu i d u g ro s -b e c .
I l y a v o i t dans u n e n v o i d ’o ife au x fa it d e
S ib é rie à M. de S a u f fu re , d e u x o ife au x q u i a v o ie n t
les p lu s g ran d s ra p p o r t s a v e c 1 q dur-bec. J e c ro is
q u ’ils n ’e n fo n t q u ’u n e v a r i é té ; ils n ’e n d iffé ro ie n t
q u ’e n c e q u ’ils e to ie n t d’u n ro u g e - p â le , & te rn i
p a r u n m é la n g e d e b ru n ; ils a v o ie n t aufli l ’e x t r e -
m ité d e la m an d ib u le fu p é r ie u re u n p e u c ro c h u e
& ils fe ra p p ro c h o ie n t e n c o re d a v a n ta g e d u b o u v
r e u i l p a r c e caraC^ère.
Dur - b e c , u n des n om s q u ’o n d o n n e a u g ro s -
b e c . Voyez G r o s - b e c .
D U Q U E T . Voyez H i b o u .
EBOURGEONEAU.
E B °
J p B O U R'G E O N E A U. Voÿez P i n s o n
d’Ardennes.
ÉCHAPER. (fauc. ) C’eft lâcher un oifeau pour
le faire chafler par les oifeaux de proie.
ÉCHASSE.
Pl. enl. 878.
B r i s s . ro/ra. V, pag. 33. Genre LXVI1. Pl. 111,
fig.t.
Grand chevalier d’Italie. Bell. Portr. Wm
mâ ss-
Mhnantopus en Latin ;
Merlo aquaiolo grande en Italien ;
Froembder vogel en Allemand ;
Longlegs en Anglois.
Uéchaffe eft à peine aufli groffe qu’un pluvier
doré, cependant fa longueur du bout du bec à
celui de la queue eft d’un pied quelques lignes,
& du bout du bec à celui de l’ongle du doigt du
milieu de dix-huit pouces & d emielle n’a que
trois doigts placés en avant, point de doigt de
derrière ; la partie inférieure des jambes eft dénuée
de plumes ; la portion qui en eft dégarnie & le
pied, ont enfemble huit pouces moins une ligne
de long ; le bec eft droit, cylindrique , renflé vers
le bout & long de deux pouces & demi ; les ailes
pliées dépaflent la queue de deux pouces quatre
lignes ; l’oifeau a deux pieds trois pouces de vol,;
le derrière de la tête eft noir, le devant eft blanc ;
la gorge , le cou , le bas du dos , la poitrine &
tout le deflous du corps font d’un très-beau blanc ;
le haut du dos , les plumef fcapulaires ,' les couvertures
du deflus & du deflous des ailes , & les
pennes font noires, luftrées & à reflets d’un violet-
yerdâtre;les couvertures du deffus de la queue &
les douze pennes dont elle eft compofée font d’un
gris-blanc, excepté la penne extérieure de chaque
côté qui eft prefqu’entièrement blanche ; le bec
eft noir ; la partie des jambes dénuée de plumes ;
les pieds & les doigts font d’un rouge fort vif ; les
ongles font noirs.
L’échaffe fréquente les bords de la mer ; cependant
oh voit quelquefois cet oifeau dans l’intérieur
des terres ; on m’envoya il y a quelques années
une échaffe qui avoit été tuée près de Saint-Germain
en Laye ; elle eft connue dans la plupart
des contrées maritimes de l’Europe, fans être
commune dans aucun endroit ; fes habitudes ôt fa
manière de vivre' n’ont pas été obfervées.
M. Briffon décrit, d’après Fernandez, une échaffe
qu’il appelle échaffe du Mexique , tom. V 3 p. 36.
Elle eft plus groffe que Xéchaffe d’Europe ; elle a ,
du bout du bec à celui des doigts, vingt-un pouces
trois lignes de long • indépendamment de la grandeur
, cette échaffe diffère en ce que les ailes font
Hifioire Naturelle, Tome 1,
E C H
variées de noir & de blanc, que la queue & fes
couvertures font blanches.
J’ai reçu plufieurs fois de Cayenne & je copfervè
une échaffe de cette contrée ,. qui diffère & de
celle d’Europe & de celle du Mexique; elle a
vingt pouces du bout du bec à celui des doigts;
le front eft blanc ; le refte de la tête, le cou en
arrière, les couvertures & les pennes des ailes font
noires ; le devant du cou, tout le deflous du corps ,
le dos, depuis le bas du cou jufqu’à la queue, font
blancs ; il y a une tache de la même couleur dé
chaque côté de la tête , derrière l’téil , au
milieu du noir qui couvre les joues ; la queue eft
grife, le bec eft noir, les pieds font rouges, les
ongles noirs.
L'échaffe fe trouve donc dans le nouveau ainfi
que dans l’ancien continent, & cet oifeau , affez
rare par-tout, occupe fur le globe une très-grande
étendue ; la longueur de fes pieds grêles , minces ,
foibles, à en juger par leurs dimenfions , lui a fait
donner le nom d’échaffe, & leurs proportions dé-
mefurées avec le corps qu’ils ont à foutenir a fait
regarder cet oifeau comme une forte d’ébauche
imparfaite , comme une de ces productions, reftes
des effais &. des tentatives de la puiffancè créatrice
; mais nous ne connoiffons pas les habitude»
de l’échaffe , & il me paroît, au contraire , très-
probable que c’eft fur l’idée des objets que cet oifeatï
avoit à remplir, des befoins qu’il devoit éprouver ,
des mouvemens qui lui feroient néceffaires, qu’il £
été modelé. En vain penferions-nous, par la plus
profonde méditation , par la contemplation la plus
recueillie, la connoiffance la plus etendue , & la
comparaison la plus exaCte des productions de lz
nature,pénétrer fes idées.; elle nous annonce bien
en général fa tendance à l’ordre , fon amour pour
la fymétrie ; mais elle ne nous dit rien & nous
laiffe dans les plus épaiffes ténèbres fur fes vues ,
quand il lui plaît d’abandonner l’ordre fymétrique
&. de s’en écarter.
Nous ne pouvons que former des conjectures
fur fes deffeins , fur fqs aCtions & fa puiffancè.
ConjeCtures pour conjectures , j’aimerois mieux
croire que le génie producteur des êtres , a tout
vu , connu , penfé & exécuté dans le .même inf-
tant , fans effayer fon pouvoir & l’effet de fçs
penfées par des tentatives. La dernière manière
d’agir eft de notre foibleffe ; la première de la
puiffancè créatrice. La première fuppofition ra-
baiffe jufqu’à nous le génie de la riature , & la
fécondé nous élève jufqu’à lui par la penfée. Attendons
du moins que nous connnoiflions les habitudes
des êtres pour juger du rapport de leurs
conformations avec ces habitudes,
Ol ïT