
dans l’extrait publié dans l’Encyclopédie.
i°. On doit mettre dans deux barils dif-
férens les grands & les petits oifeaux. On
les introduit par une ouverture faite à un
des fonds. .
2°. Si les plumes des oifeaux qu’on
reçoit font tachées ou enfanglantées, il
■ convient de les laver avecun linge mouillé,
avant de les mettre dans le baril. Je remarquerai
à ce fujet que le fang , fi il n’efl
pas frais, ne s’enlève qu’imparfaitement
par le moyen de l’eau ; mais fi on a auparavant
fait diffoudre du nitre dans l’eau ,
elle enlève beaucoup mieux le fang, &
fouvent R n’en relie aucune tache.
3°. Pour empêcher les plumes de fe
déranger, on affujettira les ailes fur le corps
par le moyen d’une ficelle ou d’un ruban ;
on enveloppera le cou d’un linge qu’on
contiendra par plufieurs toürs de fil ; on
pofera ce linge de façon que les plumes
foient couchées fuivant leur direâion ; on
prendra garde que les plumes de la queue
ne foient pas pliées & qu’il y ait allez de liqueur
pour couvrir tout le corps de l’oifeau.
4°. On écrira fur une bande de parchemin,
avec de l’encre, le nom de chaque
oifeau, & on l’attachera a 1 une des pattes ,
l’écriture fe confervera.
5 °. Si, lorfqu’on fera prêt de boucher le
baril à demeure , il en fortune odéur qui
annonce un commencement de corruption
, on en tirera la liqueur fpiritueufe &
on en mettra de nouvelle.
6°. On peut ne pas tirer , les inteftins
des petits .oifeaux; mais il ne fera pas mal
d’ôter ceux des grands oifeaux.
y°. Lorfque les oifeaux qu’on veut
envoyer ne doivent refier en route que
cinq a fix femaines, avant que de les faire
partir, on peut les retirer de la liqueur
& les mettre dans une boëte oii ils feront
affujettis par quelque matière molle ,
comme du coton, de la filaffe.
J’ai vu beaucoup d’oifeaux , fur»tout
d’oifeaux apportés de l’Inde, pour lefquels
on avoit employé la méthode qui vient
d’être décrite;ils avoientles défauts dont j ’ai
parlé ; mais ces defauts n’empeehoient pas
qu’on ne pût les reconnoître Si les décrire;
ainfi cette méthode efl encore très-utile J
quand on efl forcé de s’y borner. On con-
feille dans l’avis qui a été publié, dé fe
fervir d’eau-de-vie, & j’ai parlé de liqueurs
fpiritueufes en général, parce que c’efl en
effet le taffia dont on fe fert en Amérique,
aux ufages auxquels nous employons l’eau-
de-vie en Europe, & que c’éfl celle de riz
dont on fait ufage aux Indes. Mais fi on
avoit fur-tout l’anatomie en vue, par
rapport aux animaux qu’on pourroit envoyer,
je crois quhlefl une liqueur préférable
aux efprits araens ; c’efl l’eau dans
laquelle on a fait fondre la quantité d’alun
qu’elle peut diffoudre. Cette eau , fort employée
par les anatomifles , defsèche , racornit
& altère moins en général que les
liqueurs fpiritueufes ; elle n’a pas peut-
être d’ailleurs la faculté de conferver à un
moindre degré. Voici l’épreuve que j’ai
faite pour m’en affurer. J’ai prié M. de la
Borde , médecin du Roi à Cayenne , d’enfermer
dans le même-temps , dans deux
bocaux de même grandeur, remplis Pur}
d’eau faturée d’alun, l’autre de taffia , quelques
oifeaux, quelques petits quadrupèdes,
des reptiles & 'des infeâes de même ef-
pèce ; d’établir une parité parfaite entre
les deux bocaux , à la différence près des
liqueurs qu’ils contiendroient, & de me
les envoyer. Lorfque je les ai reçus , il y
avoit près d’un an qu’ils étoient remplis ;
je les ai ouverts avec M. Viq d’Azyr qui
a jugé les animaux conferves dans l’eau
alumineufe , en meilleur état, plus propres
à être difféqués, que ceux qui avoient été
gardés le meme temps, en même nombre,
dans la même quantité de taffia.
§. IV.
Manière de préparer & de monter les peaux'.
Les peaux qu’on veut monter font ou
fraîches ou delféchées ; comme la manière
de les monter efl la même, & que pour
cette opération , il faut qu’elles foient
molles & fouples, j’expoferai d’abord comment
on amollit les peaux delféchées. Il
faut commencer, en écartant les plumes
qui couvrent le deffous du corps, par
chercher la couture qui rapproche les
deux côtés de la peau fendue le long du
bréchet, couper le fil -, écarter doucement
la peau à droite & à gauche , tirer peu à
peu le coton ou autre matière dont on
s’efl fervi pour l’emplir : ce premier travail
efl affez aifé ; mais lorfqu’on a vuidé la
partie qui ëtoit occupée par le corps, il
faut plus d’attention & d’adreffe pour retirer
le coton qui remplit la cavité du cou,
celle des cuiffes & le moignon des ailes.
On n’y peut atteindre ni avec la main, ni
avec des pinces, dont l’ufage efl d’ailleurs
très-mauvais, parce que fouvent on faifit
quelque duplicature de la peau en même-
temps que le coton, & qu’en tirant le
dernier, on déchire la première. On prend
un fil de fer bien- droit, d’une groffeur
moyenne, dont l’un des bouts ait quelques
afperités; on introduit ce fil de fer-fur la
première couche du coton qui remplit,
par exemple, la cavité du cou ; quand on
fent l’extrémité du fil de fer en contaél,
on lui fait faire quelques mouvemens circulaires
dans le même fens, en l’enfonçant
en même-temps , fans trop d’effort;
le coton s’engage dans les afpérités , & fe
roule fur lui-meme autour du fil de fer;
alors on le retire doucement de la main
droite, & on contient de la gauche le cou
de l’oifeau en extenfion; on enlève de deffus
le fil de fer le coton dont il s’étoit chargé,
& on l’introduit pour en retirer de nouveau
; car il ne faut pas le charger trop à
chaque fois; fi on le tournoit long-temps ;
fi on l’enfonçoit avec force , il fe forme-
roit autour un amas de coton beaucoup
plus gros ; mais il feroit trop difficile à
tirer, & fouvent il romperoit la peau ;
il faut donc procéder lentement, & ne
tirer lë coton que parpetites mèches ; quand
il n’en refle plus à l’intérieur de la peau ,
qu’elle n’efl plus qu’un fac vpide, mais fec,
il faut penfer à l’amolir
Prenez le même coton que vous venez
de retirer, ou d’autre, fi vous le voulez ;
cardez-le groffièrement avec les doigts,
placez-le dans une terrine ou une cuvette;
verfez deffus de l’eau auffi chaude que
vous pourrez la fupporter ; en la verfant,
maniez & preffez le coton dans.l’eau, vous
verrez l’air s’én dégager en forme de bulles ;
ne ceffez pas de manier , d’étendre, de
preffer le coton qu’il ne foit bien imbibe
dans toute fa tnaffe ; alors jettez l’eau fura-
bondante , exprimez même une partie de
celle qui efl abforbée par le coton ; qu’il
demeure humide, mais que l’eau n’en dégoûte
pas.
Prenez, ou une baguette , ou un fil de
fer bien droit ; que l’un cru l’autre foit
liffe & fans afpérité ; chargez le bout du
fil de fer, ou de la baguette, d’un peu de
coton humide; introduifez-le dans le cou,
& le pouffez jufqu’à ce qu’il foit en con-
taâ avec la tête ; vous vous en appcrce-
vrez en la tenant de la main gauche , Sc
en pouffant le coton avec la droite par le
moyen du fil de fer ; continuez d’emplir
le cou de coton humide que vous introduirez
peu à peu, que vous ne prefferez
l’un contre l’autre que légèrement ; le cou
étant plein, rempliffez de la même manière
la cavité des cuiffes, puis il vous fera
aifé de placer de la main le coton dans la
cavité que le corps occupoit; déjà la peau
des jambes fera allez fouple, pour que vous
puiffiez fans rifque les plier &c les amener
entre les lames de coton qui rempliffent
l’intérieur de la peau; rapproçhez-en les
bords fans les contenir ; polez la peau ren-
verfée fur le ventre, dans un endroit frais ,
fur une table propre, & couvrez-lad’un
linge en double. Au bout de quarante-huit
heures , la peau la plus épaiffe fera amolie ,
les peaux ordinaires le feront en vingt-
quatre ou dix-huit ; les pieds le feront
auffi fuffifamment ; fi vous aviez trouvé
de la difficulté à les plier & à les introduire
entre les lames de coton à l’intérieur
du corps, il auroit fallu les envelopper,
au dehors de coton mouillé, ou pofer la
peau fur un vafe rempli d’eau, dans lequel
les pattes pendantes auroient trempées ; la
peau étant humeftée , on en retire le coton
mouillé , de la même manière qu’on
en avoit auparavant retiré le coton ou l’étoupe
fecs.
Pour monter ou remplir & foutenir unê
peau fraîche, ou ramenée à peu près au
Kkkij