
gagée de la peau , prenez les cifeaux , &
féparez le cou en cet endroit d’avec le
corps. Paffez du coton ; tirez la tête de
l’oifeau en dehors pour étendre le cou &
le remettre dans une pofition alongée.
Dégagez, avec le manche du fcapel ou
le morceau de bois, la peau qui couvre le
haut de l’aile ; il importe peu par quel
côté vous commenciez : pouffez l’opération
jufqu’à ce que vous foyez parvenu
au pli de l’aile ; alors féparez dans l’articulation
, ou avec le tranchant du fcapel,
ou avec les cifeaux. Retirez en dehors la
portion externe de l’aile., & mettez du
coton fous la peau au - deffus de la partie
que vous venez de féparer.
L’opération que je viens de décrire
étant exécutée de l’un & l’autre côté , le
plus difficile eft fait. Il relie à pourfuivre
de la manière fuivante :
Prenez , avec la main gauche , le haut
dit corps, qui ne tient plus ni au cou, ni
aux ailes ; foulevez-le , attirez-le doucement
vers vous, en lui faifant faire un
mouvement de bafcule ; & en même-temps,
des trois derniers doigts de la main droite ,
& du côté ou tranchant de cette main ,
appuyés fur la peau, pour l’empêcher de
fuivre le corps que vous tirez , & auquel
elle tient : de l’index & du pouce , fepa-
rez-la du corps , tantôt avec le manche
du fcapel ou le morceau de bois, tantôt
avec le tranchant du fcapel, félon que
vous rencontrez des fibres plus ou moins
difficiles à rompre.
A mefure que vous détâchez la peau ,
foulevez le corps plus haut , & inclinez-
îe davantage en arrière ; mais ayez bien
foin d’avoir couvert avec des cardes de
coton le bord & les côtés de la peau du
ventre précédemment détachée du corps ;
en avançant dans l’opération, vous parvenez
à pofer fur ces cardes le corps ren-
verfé, 8c de façon que vous avez amené
le dos en deffus ; il faut donc éviter que
l’attouchement du corps ne faliffe les plumes
, & on l’évite en garniffant de coton.
Arrivé à l’endroit oit les cuiffes s’articulent
avec le corps, il faut le remettre
4ans fa pofition étendue, en forte que le
dos fe retrouve tourné du côté de la table ;
enfiiite, avec le manche du fcapel ou avec
le morceau de bois, on dégage la cuiffe
& le pilon de la peau qui les revêt. Pour
faciliter ce dégagement, on repouffe de la
main gauche la patte en dedans, & de la
droite on tire doucement à foi la cuiffe.
Lorfqu’on eft parvenu au genou, on
coupe dans l’articulation, ou l’on caffe
l’os de la cuiffe un peu au-deffus.
A mefure qu’on a dégagé l’une ou l’autre
cuiffe, on remplit de coton le vuide
qu’elle laiffe, mais fans trop bourer la
peau. Lorfque les deux cuiffes font dégagées
, on reprend le corps de la main
gauche, on l’elève , on abaiffe la peau avec
la main droite, & on la détache du croupion
par derrière , du bas-ventre en devant
; ce qu’on exécute ou avec le tranchant
du fcapel , ou avec le manche.
Quand on a découvert le croupion, que
ce n’eft plus que par fon extrémité que la
peau tient encore avec le corps, on incife
avec les cifeaux le croupion, dont on laiffe
une portion adhérer à la peau, &c on enlève
le corps que rien ne retient plus*
On garnit le bas de la peau de coton, &c
il ne refte à s’occuper que du cou, de la
tête Sc des yeux.
La peau, remife dans fa pofition, c’eft-
à dire étendue, comme avant qu’on écorchât
le corps de l’oifeau, on faifit de la
main gauche le bas du cou à l’endroit oit
il a été féparé du corps ; on le tire en dedans
en le foulevant ; on applique la main
droite fur la peau qu’on refoule en en-bas
& on retourne, à proprement parler, la
peau du cou comme un gant ou la peau
d’une anguille. Mais lorfqu’on approche
de la tête, il faut prendre garde de ne pas
tirer trop fort le cou de la main gauche,
& de ne pas abaiffer la peau de Ta main
droite trop violemment. Cette précaution
eft fur-tout néceffaire pour les oifeaux qui
ont la tête fort groffe', comme les pics, les
perroquets, les oifeaux d’eau. En agiffant
par des mouvemens doux, on parvient
prefque toujours à découvrir la bafe du.
crâne, fans que la peau fe rompe ou fe
fende ; très-fouYent la tête fe dégage avec
la plus grande facilité, & alors on peut
rejetter la peau jufqu’à l’origine du bec &
par de-là les yeux.
Lorfque la tête eft découverte , il faut
la féparer du cou à fon articulation avec
la première vertèbre ; on ôte le cou : fi
la peau a été relevée jufques par de-là les
yeux, on peut les enlever, en les tirant
avec la pince d’une main, & de l’autre on
coupe , avec le tranchant du fcapel, la
partie par laquelle les paupières, qu’il faut
ménager avec foin , tiennent à la peau.
Au fond de l’orbite, après que l’oeil eft
enlevé, on voit une fente qu’il eft facile
d’aggrandir en rompant les vos minces qid
l’entourent, & par laquelle il eft commode
de vuider le crâne. On fe fert pour cette
manipulation d’un morceau de bois ou de
métal difpofé en cueilleron, par le moyen
duquel on enlève toute la fubftance du
cerveau & du cervelet. Mais fi l’on a
trouvé de la difficulté à relever la peau
par de-là les yeux, on les .tirera de la manière
que je le dirai dans un moment ; &
au lieu de vuider le crâne par l’un des
orbites, on le vuidera en aggrandiffant le
trou arrondi qui eft à la bafe du crâne,
& par lequel paffe la moelle épinière.
J’ai oublié , en parlant de la façon dont
on enlève le cou, de recommander d’avoir
foin d’enlever en même-temps l’cefophage
ou le conduit des alimens, la langue & la
trachée-artère; ce qu’on fait aifément,fi
l’on a foin de faifir & de tenir de la main
gauche l’cefophage & la trachée en même-
temps que le cou. Après qu’on l’a enlevé,
on refoule la tête en dedans avec la main
droite ; on retire doucement la peau en fe
fervant de la main gauche ; on prend garde
que le bec ne s’engage entre les plis de la
peau qu’on retire, & auffi-tôt qu’on peut
le faifir, on remet promptement le cou
dans fa fituation, en retirant la tête autant
que l’extenfion de la peau du cou le permet.
Si l’on n’a pas enlevé les yeux tandis
que la peau étoit retournée, il faut enfoncer
dans l’oeil un fil de fer courbe,
aiguifé à fa pointe, fait comme un hameçon
, prendre garde d’intéreffer la paupière
qu’on foulève avec les doigts ou la pince;
tirer au dehors le globe de la main gauche
, & le détacher' de l’orbite avec la
pointe du fcapel ou les cifeaux qu’on fait
agir de la main droite ; puis, tenant toujours
la paupière foulevée avec la pince,
on remplit peu à peu de coton, qu’on
introduit avec un ftilet, le vuide refte à la
place du globe de l’oeil.
J’ai fini de décrire la manière d’enlever
la peau de deffiis le corps : il réfulte de
ce que j’ai dit, que la tête, les ailes, la
queue, les pieds demeurent adhérens à
la peau. Pourfuivons, &: voyons ce qui
refte à faire. Ou l’on a deffein de monter
tout de fuite la peau, ou on veut Amplement
la conferver dans l’intention de l’envoyer
dans un autre pays où on la montera
; car les envois d’oifeaux montes ,
deviendroient embarraffans par la place
qu’ils tiendroient, &c d’ailleurs les voyageurs
auroient rarement le temps de fe
charger de ce foinz II ne paroît déjà leur
en coûter que trop , pour amener la peau
. au point où je l’ai laiffée , & pour ce qui
refte à faire, & la mettre en état, d’être
envoyée fans rifque. Les manipulations
que j’ai décrites, font plus longues à détailler
verbalement, qu’à exécuter l’inftru-
ment à la main. Je continue.
Soit qu’on veuille ou 'non monter la
peau fur le champ, il faut retirer tout le
coton dont on s’eft fervi pour garantir les
plumes, & les empêcher d’être tachées ;
foupoudrer légèrement tout l’intérieur de
la peau d’alun pulvérifé. Si la peau eft
chargée de beaucoup de graiffe , on peut,
avant d’employer l’alun, répandre de la
cendre fur les parties où il y a le plus de
graiffe ; la cendre s’en charge, & on ratiffe
doucement la peau avec la lame d’un couteau
, puis on fait ufage de l’alun.
Si on veut monter la peau fur le champ ,
il faut faire ce que je n’expoferai qu’après
avoir parlé dë ce qui eft néceffaire pour
achever la préparation de la peau qu’on
ne veut pas monter, mais mettre en état
d’être envoyée. Comme la manière de
monter les peaux eft la même , foit qu’on
les monte auffi-tôt après en avoir dépouillé
le corps, ou long-temps après , je diffère