
relevant hériflfe fes plumes, les fecoue 6c fé mêle
parmi fes compagnes.
La faculté prolifique eft fi grande dans-le coq,
que malgré la fréquence de fes accouplemens,
une'feule de fes approches rend les oeufs qu’une
poule pond féconds long-temps encore après. Harvé
étend à fix mois l’effet prolifique d’un feul accouplement
; d’autres obfervateurs le reftraignent, 6c
ceux qui l'abrogent le plus le bornent à un mois.
Mais il eft polhble que de deux coqs, -fuivant leur
vigueur dépendante de l’âge, de la confti-tution
individuelle , de leur continence antérieure , l’un,
par un feul a â e , féconde les oeufs qu’une poule
pondra pendant fix mois, 6c que l’autre ne féconde
que ceux qu’elle produira pendant la fixième partie
du meme temps : la chofe peut même avoir lieu en
temps différens de la part du même coq, fuivant
les circonftances. Ainfi, nous n’avons rien de po-
litif à attendre des obfervations fur cet objet, &
celles dont lè réfultat eft le plus foible, prouvent
encore que le coq jouit au plus haut degré de la
vertu prolifique & fécondante, 6c que probablement
il laiffe, à cet égard, tous les autres animaux
fort an-deffous de lui ; mais cette rare fécondité
n’eft qu’un luxe de la nature, ou un effet d’une
nourriture trop abondante dans l’état de domefti-
cité ; il eft très-prohable qu’elle n’a pas lieu dans
le coq fauvage, puifque dans le domeftique, elle
eft fuperflue une grande partie de l’année, & que
la poule n’en profite , pour la propagation de l’ef-
pèce, que dans une faifon déterminée, à moins
qu’on ne l’ait provoquée par une nourriture
échauffante, par des moyens qui n’entrent pas dans
le plan de la nature ; ce n’eft que dans la faifon où
les autres oifeaux éprouvent aufli le defir de propager
leur efpèce , que la poule s’occupe de fes
oeufs, qu’elle ne les abandonne plus après les
avoir pondus, comme pendant le refte de l’année ,
mais qu’elle les raffemble, qu’èlle y revient fou-
vent, qu’elle les défend & quelle les couve quand
le nombre en eft fuffifant. Elle nous apprend alors,
quand elle parvient à fe fouftraire a la vigilance de
ceux qui la furveillent, que fi elle étoit libre, elle
le conftruiroit à. l’écart un nid qu elle formeroifrde
paille , ou de matières analogues , groffièrement
raffemblées., qu’elle y dépoferoit, avant de couver
, vingt à vingt-cinq oeufs ; que quand fes petits
fer oient nés, elle ne les eonduiroit d’abord qu’au-
tour du nid, & que ce ne ferait que quand ils
commenceroient à fe couvrir de plumes fur toutes
les parties du corps, qu’elle rejoindroit avec eux
les autres habitans de la baffe-cour. Telles fontdes
pratiques d’une poule qui, fuivant l’expreffion triviale,
a> dérobé'fes oeufs^ mais qui, au vrai, a joui
de fes droits^ & couvé en liberté. Tout le monde
eonnoîtfa. tendreffe. pour fes petits, & il n’eft personne
pour qui les marques extérieures qu’elle en
donne ,* n’aient été quelquefois un fpe&acle.agréable
6c même touchant-, puifqu’il eft fi propre à rap-
pelier le plus tendre des. fentimens-, & à peindre la
plus douce des images. La poule entourée de fes.
pouftins, ne les perd pas de vue un inftant ; ils font
l’objet de tous fes foins, le but de tous fes mouvemens
; ils exercent toutes fes facultés ; elle n’exifte
q u e -pour eux, fans aucun retour fur elle-même y
tantôt elle les conduit , en les invitant à la lu iv r e ,
en le s rappellant, par un murmure bas & répété y
tantôt elle s’arrête pour les recevoir fous fes ailes ,
qu’elle entr’ouvre en s’accroupïffant , 6c les réchauffer
fous fes plumes qu’elle hériffe ; elle fouffre
que les uns fe jouent fur fon dos, que les autres,
la bequetent, Scelle fé prête à tous leurs mouve-
| mens, auxquels elle paroît fe plaire ; elle oublie
{ de prendre de la nourriture pour leur en fournir y
j elle leur partage celle qu’elle a trouvée; fi elle eft
J abondante , elle fait choix de la plus délicate , pour
] la leur diftribuer; elle en divife la maffe pour Ih
J proportionner à leur capacité ; elle ne fe réferve
J que la plus groflière, & ne fe nourrit elle-même
| que quand il y a plus d’alimens que fes petits n’en
i peuvent confommer ; fi la nourriture manque , elle
I en cherche avec empreffement & inquiétude par— 1 tout où elle en peut trouver, & dans tous les temps.
elle grate fouvent la terre pour y découvrir 6c en
i tirer des vers , des oeufs & des" cryfalides d’infeétesy,
j qui font un mets aufli fain que friand pour fes-
| pouftins : tels font fes foins, lorfque rien ne la,
j trouble dans fes douces occupations ; mais fi quel-
| que danger menace fa famille, elle fe précipite-
j au-devant ; fes regards, fes.cris, fes plumes hériffées,
i fes mouvemens précipités, tout annonce en elle,
j les craintes & le trouble qui l’agitent, fans lui faire
i rien perdre du courage que lui infpire fa tendreffer
pour fes petits ; elle les avertit par un cri, qu’ils-
I fçavent diftinguer, de chercher à fe cacher ; elle
j fi’attend pas l’approche de l’ennemi, elle:- va à
j iui,& avec une bravoure & une force-, qu’on n-avoit
j pas lieu d’attendre d’un être foible & timide dans
| toute autre circonftance, ou elle l’oblige à fe reti-
| rer, ou elle périt fous fes coups ; maiy fi elle-n’y a 1 pas fuccombé, elle rap p e lle fa famille quand le
j péril eft paffé, & reprend pour elle fes foins ordr-
• naires ; ils lui coûtent affez pour prendre fur fon.
j tempérammenf St l’àffeéler fenfiblement. La poülè
[ qui a couvé 8t qui conduit fes pouftins depuis-,
j quelque temps a la voi-x r a u q u e , le s plumes hérif-
j f é e s , les ailes traînantes-, la crête:pâle-St panchée y
j elle eft amaigrie , altérée, St elle ne rend qu’avec
| peine, fes exerémens-, plus folidesqu’à l’ordinaire..
j Cependant fes foins durent très-long-temps , & ils.
! ne-ceffent que quand fes petits parvenus à plus*
de moitié de leur groffeur, revêtus de toutes leurs
) plumes, commencent à la quitter eux-mêmes'.
La fuite du fujet m’â conduit a parler des foins
de la poule pour fes pouftins; mais, revenant un
inftant fur mes pas, je ne dois-pas omettre ceux
| qu’elle prend des oeufs pendant- l’incubation ; ils
: confident à les- couvrir tous egalement, en les
| tenant réunis fous elle, contenus'fur les côtés par 1 fes ailes baiffées &. demi-ouvertes x à leur grocur
ter, par l’incub.ation, la. chaleur continue dont ils
ont befoin, & à la répartir également entr’eux.
A peine quitte-t-elle fes oeufs .une fois par jour pour
chercher de la nourriture en hâte & pour rendre
Les exerémens amaffés à l’extrêmite du canal intef-
tinal ; de temps à autre, & affez fréquemment,
elle fe fouleve feulement deflus. fes oeufs, elle les
remue, les change de pofition, 6c les fait gliffer
alternativement du centre aux bords du nid ; par
ce double moyen, ils font tous portes tour a tour
dans le point où la chaleur eft la plus forte , & ils y
font également expofés fous toutes les faces. La
durée de l’incubation, ou le temps que la poule
couve les oeufs, eft de vingt jour ; les petits naiffent
le vingt-un. On a long-temps ignoré comment ils
fortent de la coquille ; on avoit ajouté aux autres
foins dont la poule eft chargée, celui de rompre la
coque de l’oeuf, 6c on avoit cherché à expliquer
comment elle pouvoit le faire fans rifque pour le
pouflin. On fçait aujourd’hui que c’eft le petit feul
qui travaille à fa fortie. Sur la partie fupérieure
de fon bec, à l’extrémité, s’élève une petite protubérance
en forme de cornemufe , élargie à fa
bafe, inclinée en arrière : cette corne , fi malgré fa
petiteffe oh admet la comparaîfon dont je vais me
fervir, reffemble, par fa forme, à la moins grande
des deux cornes du rhinocéros mâle : c’eft avec
cet inftrument que le pouflin, à force de frottements
répétés, vient à bout d’ufer la coquille , de
l’entamer dans un point. On fçait que fa fubf-
tance eft frêle 6c çaffant-e, & qu’ainfi, fêlée dans
un point, le refte de fa circonférence n’offre plus
qu’une foible réfiftance, comme un morceau de
verre entamé dans un endroit, fe rompt aifément,
par le plus léger effort, dans les points qui y cor-
fefpondent. Le pouflin qui, dans la coque , étoit
courbé & comme roulé fur lui-même, lorfqu’il l’a
ufée dans un point, parvient, fans peine , à la fépa-
rer dans toute la circonférence, par l’effort qu’il
lui fait éprouver, en appuyant des pieds fur la
partie oppofée, & en développant en même-temps,
en étalant fes membres a v ec toute la force dont
il eft capable,. Il eft befoin d’un effort d’autant
moindre , que la coque & lès membranes internes
qui la revérifient, peuvent être comparées à une
voûte ,, dont lè ceintre eft .entamé , 6c contre
laquelle l’effort eft dirigé du dedans au-dehors. Il
eft très-probable que c’eft par un pareil méca-
nifme que tous les oifeaux fortent de la coquille ,
quoique la chofe ne foif pas avérée par l’obferva-
tiohù , comme“ elle' l’eft à l’égard du poulet 6c
comme je fai vérifié à l’égard du faifan. On appelle
bêcher l'opération du pouflin , qui travaille à
ouvrir la coquille qui l’enferme ; elle dure à-peu-
près vingt-quatre heures du commencement du
vingtième jour de l’incubation aù commencement
du vjngt-unième jour ; elle produit affez de
bruit, pour qu’en prêtant une oreille attentive, 6c
en écoutant de près, on diftingue les' mouvemens
pu le frottement de la corne du pouflin fur la'
coque. Tout le monde fçait qu’auflï-tôt qu’il eft
né , ou peu d’heures après, il eft en état de marcher
, même de courir avec affez de vivacité \
qu’il eft couvert d’un duvet‘bien fourni, diverfe-
ment bigaré, qu’il ramaffe lui-même fa nourriture.
Il n’en prend point, ou très-peu, le premier
jour ; il ne commence guère que le fécond à manger
, 6c c’eft le même jour que tombe de fon bec la
corne qui lui a été fi utile. L’accroiffement des
poufîins eft fubordonné à la température, comme
celui de tous les animaux. Communément au bout
de huit à dix jours, on commence à voir pouffer
les grandes plumes des ailes & de la queue; c’eft
la tete qui s’en revêt enfuite; puis paroiffent les
couvertures des ailes,. les plumes du croupion,
enfuite fur le deflus du corps, fur la poitrine & fur
le ventre, on voit poindre une double rangée de
tuyaux : ce n’eft guère qu’à fix femaines que le
poulet eft revêtu de toutes fes plumes, à dix mois
qu’il a atteint toute fa groffeur, à un an que la
poule commence à pondre régulièrement ; car elle
pond beaucoup plutôt, mais par intervalles éloignés,
6c quelquefois dès fon huit pu neuvième
mois. Le coq , plus prématuré, cherche à s’approcher
des poules fouvent ay ant qu’il ait atteint l’âge
de fix mois: malgré une fécondité fi précoce & la
dépenfe. qu’il fait pendant la durée de fa vie , il ne
celle pas d’éprouver des befoins, mais moins ar-
dens à mefure qu’il vieillit, & dont l’effet eft moins
prolifique. Swamerdam borne à trois ans la fécondité
du coq dans toute fa vigueur à quatre celle
dès poules : il affure qu’elles ne pondent plus paffé
cèt âge : je crois ce terme trop court ; mais il eft
certain que les poules font absolument ftériles
dans les dernières années de leur vie , 6c que dans
, les vieilles on trouve l’ovaire totalement épuifé,
& fi flétri, qu’on a fouvent bien de la peine à le
découvrir. Le même auteur fixe à dix ans la durée
de la vie du coq 6c de la. poule ; mais le terme
n’en a pas encore été bien conftaté. La poule ,
pendant le temps qu’elle eft féconde, ne pond pas
feulement dans la faifon propre aux couvées ,
mais tout le monde fçait quelle ne ceffe de produire
des oeufs que dans le temps de la mue , 6c le
mois qui la fuit , que durant cet intervalle elle
ne pond pas, ou que très-peu ; que ce temps dure ,
pour les poules en général , depuis la fin d’o&obre
jufqu’à-peu-près au 15 de janvier;' on fçait de même
qu’elles pondent moins pendant les grands froids ,
6c qu’il faut retrancher du temps de leur ponte-
: celui où elles ' couvent &. où elles conduifent les
pouflihs ; dans les autres temps elles pondent
prefque tous les jours, 6c d’autant plus régulièrement,
quelles font mieux nourries, que la chaleur
eft plus forte ;. car en hiver même elles ne
ceffent pas de pondre, fi on les y provoque par
une nourriture échauffante , & fi on les tient dans
un lieu chaud ; perfonne enfin n’ignore que la poule
pond fans le concours du coq, mais- des ,ceufs
ftériles, 6c qu’à chaque oeuf qu’elle pond, elle
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