
des PrînefS qui ont fondé les Chaires d’Hif-
toire Naturelle.
Il y a peu de relations de Voyageurs
que l’on puiffe lire fans regretter qu’ils
n’ayeht pas été affez inftruits pour les rendre
plus intelligibles. Il en eft des Voyageurs
comme des Chymiftes : s’ils ne earatiérifent
pas l’objetqu’ils décrivent, où qu’ils veulent
analyfer, à l’exclufion de tout .autre, leur ;
travail eft en pure perte, parce que l'on né j
pourra jamais reconnoitre les chofes' qu’ils
auront décrites ou analyfées.
Lorfque les Voyageurs ont donné des
noms équivoques a des produirions de la
Nature, on ne fçait, ;en lifant leurs relations,
à quel objet rapporter ces noms ; on refte
dans lé doute fans' pouvoir en fortir ;; le
Voyageur lui-même , quand, on feroit à
portée de l’interroger, nè défigneroit guère
mieux , par fes réponfes , les chofes qu’il
auroit mal dénomméès.
'Ce grand inconvénient n’eft que trop
fréquent dans prefque toutes les relations
des Voyageurs Naturaliftes', parce qu’ils,
n’ont pas affez étudié les règles de la nomenclature
, tels qu’ils auroient pu les apprendre
dansles Ouvragesde M. Brîffon,- (à)
de Linnaeus ( i) & d’E-rxleberi (r)‘, pour lés
quadrupèdès vivipares & lés’ cétaeéés :; de
M. Briffon (d') , pour les oifeaux ; de M.
Laurent (e) , pour les quadrupèdes ovipares
& les ferpens; d’Artb edi(/) & de
Linnaeus ( g ) , pour les poiffons ; de M.
Geofroy ( h } , pour les infeftes ; de
Lifter ( i ) , pour les coquilles ; de M. Pal-
las (1) , pour les; dithophytes, les madrépores
, &c. ;de Tournefort ( / ) & de
Linnæus ( m ) , pour les" plantes , & dé
Vallerius dans fa Minéralogie latine (jn ) ,
pour les minéraux.
Il y auroit trop peu de Voyageurs pour-
faire des obfervations d’Hiftoire Naturelle,,
fi l’on exigeoit d’eux, qu’ils fuffent bien
inftruits dans toutes les parties de cette
fcienCe ; mais il faut abfolument qu’ils le.
foien-t affez- pour, fe faire entendre clairement
dans, leurs relations..
Il n’eft pas riéceffaire de retenir de mémoire
toutes les divifion-s d’une méthode'
de nomenclature , ou d’avoir toujours des -
livres à confulter r Hfuffit de les avoir bien
étudiés pour connoîtté les. principes des
méthodes., & par conféquent les caractères
oui peuvent diftinguer une chofe de
toute autre. Si l’on expofe. ces caraâères-
dans les defcriptions , on fera connoître
la chofe, quand même on lui donneroit
une mauvaife dénomination.
( a ) Le Règne animal, divifé enfix clafTes., &c. I vol.in-40, Paris, 1756.
{ b ) Syjlema Naturel , Holmia, 1759.
( c ) Syjlema Rcgni inimalts. 1 vol. in- 8°. Lipfia , 1777..
( d ) Ornithologie, en 6 vol. in-4°. Paris-, 1770. -
( r ) Laurmtï Synopjis Reptilium, 1 vol. in-8°. Viennes, 1768'.
( ƒ ) îchthyologia , i vol. i«-8°. Lugduni Batavorum, 1738.
( g J Linneei, Syjlema Natura.
( h ) Hiftoire abrégée des Infectes. 2 vol. in-4°. Paris, 1762-
( i j Martini Lifier Hijloria five Synopjis metkodica conchyliorum , &c. Editio altéra. I j vol. in-fot.
Oxonii, 1770.
(A ) Elenchus Zoophytorum , 1 vol. i/r-80. Hagee Comitum ^1766.
( / ) InJlitutiojies rei herbaria. 3 vol. in-40.
(m) Syjlema N attira.
I n ) Syjlema Minedalogtcuin , 2 vol. 1/7-8°. Holmia, 1772*.
LES T R O I S R E G N E S
D E L A N A T U R E .
<|___i__I.... ,------= —— ^=3»
P A R M. D A U B E N T O N .
Q uoique l’on ait déjà beaucoup de
connoiffances fur les productions de la
Nature , on n’en a pas encore trouvé toutes
les efpèces & toutes les fortes- Il en
refte un grand nombre que les Naturaliftes
n’ont pas vues , & parmi celles qui ne
font pas inconnues , il y en a beaucoup
qui n’ont pas été affez obfervées pour découvrir
les ^araCtères de différences Se de
.reffemblances qui font entr’elles.
Cependant -ce défaut de connoiffances
dans chaque Règne de la Nature, fur les,
•efpèces ou les fortes de fes productions, n’a
pas empêché plufieurs Naturaliftes de tracer
des paffages d’un Règne à l’autre, Sl
d’indiquer des êtres qui leur ont paru mitoyens
entre les minéraux & les végétaux,
& entre les végétaux & les animaux.
L’objet que je me propofe ic i, n’eft pas
■ de rechercher fi , dans chaque Règne , les
productions de la Nature font liées l’une â
l’autre par des rapports qui manifeftent un
ordre direCt, que l’on appelle l’ordre naturel.
Je vais feulement difeuter les raifons
que l’ on a données pour prouver que les
Règnes de la Nature ne font pas diftinâs ,
.& qu’elle paffe de .l’un à l’autre par des
êtres intermédiaires, qui ont de l’analogie
avec deux Règnes.
On convient généralement que la principale
différence qui foit entre les productions
de la Nature , confifte en ce que les
unes ne font que des corps bruts , & que
les autres ont des organes : les minéraux
en font dépourvus ; les végétaux & les
animaux font organifés. Pour prouver qu’il
y a des êtres en partie bruts & en partie
organifés, on a cité les pierres feuilletées
Sc les pierres fibreufes , comme le talc ,
l’ardoife & l’amianté.
Mais ces pierres ne font que des corps
•bruts , comme les autres minéraux ; leurs
lames ou leurs fibres diffèrent effentièlle-
ment des membranes ou des vaiffeaux qui
font dans les plantes & dans les animaux ;■
par conféquent, le talc , l’ardoife ', n i la -
miante , n’indiquént, par leur ftru&ure ,
aucune analogie entre lé Règne minéral &
les Règnes végétal & animal.
On a recherché cette double analogie
dans .les madrépores , les coraux & les
litophy tes , dont la dénomination lignifie
une pierre-plante ; mais on a reconnu qu ils
n’avoient pas plus de rapport au Règne
minéral, que les animaux qui ont des os,
des arrêtes, des enveloppes cruftacées, des
coquilles ou d’autres parties pierreufes, &
que toutes les plantes, parce qu’elles contiennent
une terre fine, qui eft de la nature
des pierres.
Il y a tout lieu de croire que les terres
8des pierrès calcaires font, en grande partie,
originaires dès animaux &c des végétaux.
Cependant, il eft encore plus certain .que
ces terres & ces pierres n’ont aucun rapport
effentiel avec le Règne animal ou le Règne
v ég éta l, parce qu’elles ne font que des
corps bruts, qui n’ont aucun caraâère d’or-
ganifation.
Il eft très-vraifemblable que 4e charbon
de terre & les autres bitumes viennent des
végétaux. Suppofons que cetie origine fut
démontrée , on n’en pourroit conclure aucune
analogie aâuellement fubfiftante entre
les bitumes & les végétaux. Il en eft de
' même pour le terreau j quoiqu’il foit un