
une partie de leur induftrie eft le réfultat
de la conformation de leur pied, qui a
quelque rapport à celle de la main de
l’homme. La dernière phalange de chaque
doigt eft terminée par un ongle, plus ou
moins long, plus ou moins arqué, ou tout
droit.
Enfin, 8c c’eft ce qui me refte à obfer-
ver , les os des oifeaux font en général
plus minces, plus poreux, d’une fubftance
moins compatie, 8c plus légère à proportion
que ceux des autres animaux.
§. I I &
jDes organes de la digejlion.
L’homme 8c la plupart des animaux ont
des dents qui fervent à triturer 8c broyer
les alimens ; ils defeendent de la bouche
dans l’eftomac en traverfant un long canal
cylindrique , en partie membraneux , en
partie niufculaire , qu’on nomme l’oefo-
phage : de l’eftomae, dans lequel la di-
geftion s’opère en plus grande partie, les
alimens paffent dans le canal inteftinal ;
la digeftion s’y continue 8c s’achève pendant
leur trajet ; le ehyle en eft extrait 8c
pompé par les vaiffeaux latiés : la maffe
alimentaire épuifée de fîtes , réduite aux
parties groflières, 8c parvenue à l’extrémité
du canal, eft rejettée 8c dépofée hors du
corps.
L’appareil des organes de la digeftion eft
le même dans les oifeaux, mais cependant
avec des différences très-notables : ils n’ont
point de dents ; le bec de ceux qui en pa-
roiffent armés n’eft en effet hériffe à l’inte-
rieur que d’afpérités ou d’épines qui ne
fervent qu’à faifir 8c à retenir, mais qui
ne fçauroient ni écrafer , ni moudre 8c
broyer. Il ne s’enfuit pas que les oifeaux
en général ne faffent Amplement qu’avaler,
fans que les alimens fubiffent aucune préparation.
Le bec né peut remplacer les
dents ni remplir leur ufage ; mets dans
beaucoup d’efpèces , s’il n’y fupplée pas
en totalité, il y fupplée dit moins en partie,
Cet objet exige quelques détails.
poule,Sec. ne font en effet qu’avaler le grain;
même fans le dépouiller de fon écorce;
mais, beaucoup d’autres, tels que le ferin ,
le bouvreuil, le tarin, 8cc. non-feulement en
féparent l’enveloppe qu’ils rejettent, mais
encore avant d’avaler, écrafent le grain,
au moins groflièrement, & le rompent en
'fragmens ; d’autres, comme le perroquet,
dont la langue eft plus épaiffe & abreuvee
de férofités, ainfi que leur palais, feparent
l’enveloppe des grains, les brifent, 8c ne
les avalent, ainfi que tous les alimens dont
ils fe nourriffent, même ceux qui font
mois, qu’après les\avoir long-temps broyés
8c réduits en une forte de pulpe. C’eft en
plaçant le grain fur un des deux bords ou
côtés du bec, en le prenant entre le trân-
i chant de la portion fupérieure 8c celui de
la portion inférieure, dans 1 endroit ou
l’écorçe laiffe un paffage pour le germe 8c
fe joint fans s’unir, 8c la féparant avec le
tranchant du bec comme avec un co in,
que les Oifeaux la divifent. La plupart
rompent le grain, après çette operation,
entre le tranchant des deux portions du
bec; d’autres le brifent en le comprimant
entre la partie inférieure 8c la fuperieure,
qui eft dans fon milieu armée d’une protubérance
Parmi les oifeaux granivores quelques-
uns, comme le pigeon, la tourterelle, la
dure, propre à broyer 8c ecrafer :
le perroquet brife le grain, triture 8c broie
fes alimens en les comprimant entre la
courbure de la portion fupérieure de fon
bec 8c le bord antérieur de la portion
inférieure,
Les oifeaux qui fe nourriffent de poiffons,
les avalent communément tout entiers,
mais en les faififfant par la tête; alors les
écailles 8c les nageoires s’affaiffent parallèlement
à la longueur diï corps, 8c ne gênent
pas le paffage dans l’cefophage ; ceux qui
paiffent l’herbe en macèrent, entre les deux
portions du bec, les fragmens qu’ils ont
détachés, lorfque l’herbe eft dure 8c peu
fucculente ; 8c de même ceux qui dévorent
des vers 8c des infeties , ne les avalent pas
fans les avoir plufieurs fois comprimé entre
les deux portions du bec, à moins qu’ils
ne foient fort petits 8c d’une fubftance très-
molle; enfin les oifeaux de proie déchirent,
avec la portion convexe de leur b e c , la
chair
fchair dont ils fe nourriffent : les oifeaux
n’exécutent donc pas une véritable mafti-
cation, mais beaucoup d’entr’eux y fup-
pléent par des opérations, qui la remplacent
au moins en partie.
Dans l’homme 8c dans les quadrupèdes
Poefophage eft fitué derrière 8c le long
de la trachée-artère : dans les oifeaux y
les deux conduits deftinés, l’un pour le
paffage des alimens , l’autre pour celui de
l ’air, font placés 8c fuivent leur trajet latéralement.
Dans l’homme 8c dans les quadrupèdes,
l ’cefophage aboutit immédiatement à l’êf-
tomac ; il eft en général plus ample à proportion
dans les oifeaux ; dans un grand
nombre, comme le pigeon, la poule, le
moineau , avant d’arriver à l’eftomac, il
fe dilate 8c forme un fac membraneux qu’on
nomme le jabot ; il fe rétrécit enfuite , fe
renfle de- nouveau, 8c vient fe terminer à
l ’eftomac.
Les alimens s’amoliffent dans le jabot ;
ils y fubiffent une première' altération :
comme il eft ample 8c que l’eftomac ne
l ’eft pas, le jabot fert d’un lieu de réferve
dans lequel les alimens peuvent être accumulés
, 8c d’oii ils pafferit dans l’eftomac à
mefure qu’il fe vuide.
Dans le pigeon, c’eft du jabot que remonte
la nourriture dont il alimente fes
petits; mais dans beaucoup d’oifeaux, la
digeftion en paroît trop avancée pour qu’il
n’y ait pas lieu de penfer qu’elle eft rappellée
de plus loin.
L’air pénètre de la trachée-artère dans le
jabot du pigeon 8c de la demoifelle de Nu-
midie, par un canal qu’on n’a pas découvert
: M. Perrault penfe que c’eft pour
rafraîchir la maffe alimentaire 8c en retarder
la fermentation. Ne feroit-il pas probable
qu’il y a dans beaucoup d’autres oifeaux
une communication entre le jabot 8c la
trachée, 8c que cette communication eft
établie pour deux ufages dont M. Perrault
ne parle pas , donner ifîue à l’air qui fe
dégage des alimens, dans ce premier mouvement
de la digeftion, 8c qui eft fi abondant
dans ceux dont les oifeaux le nourriffent;
leur procurer un moyen d’offrir
fiijloire Naturelle. Tome I,
à volonté plus de furface à l’air , 8c
de fe rendre plus légers félon le befoin ?
Soit que les oifeaux aient un jabot ou
qu’ils en foient dépourvus, l’oefophage,
avant de s’ouvrir dans l’eftomac 8c prêt
d’y pénétrer, fe dilate 8c fe fortifie en
même temps , fur-tout dans les oifeaux
qui manquent de jabot ; cette portion du
canal plus ample, dont les parois font plus
épaiffes, qui eft en partie compofée de fibres
mufculaires, qu’on trouve rarement vuidé
d’alimens, pourroit, ce me femble, être
regardée comme un premier eftomaç; 8c
fous ce point de vu e , les oifeaux auroient-
un rapport avec les animaux dans lefquels
on en diftingue plufieurs.
L ’eftomac, proprement d it, eft différent
dans diverfes efpeces d’oifeaux, félon
la nature de leurs alimens : on le nomme
géjier. Dans les oifeaux granivores, c’eft un
vifeère qui a peu de volume , peu de capacité
à l’intérieur, mais dont la texture eft
très-forte ; fa forme la plus ordinaire dans
les différentes yfpèces, eft celle d’un corps
irrégulièrement arrondi, très-épais dans
fon milieu, déclive 8c applati fur fes bords.
L’intérieur du géiier eft revêtu par une
membrane très-épaiffe , d’une confiftance
très-forte, d’un tiffu ferré, d’une couleur
lavée, tirant fur le jaune ; fa furfàce. externe
eft lifle 8c polie, l’interne, au contraire, eft
fillonée, 8c hériffée de beaucoup d’afpérités.
Cette première membrane eft couverte
8c enveloppée par des mufdes courts ,
très - épais, d’un tiffu compati: 8c ferré ,
dont les fibres font très-fortes ; ils forment
quatre plans principaux, dont deux rapprochent
8c racourciffent le grand, deux
le petit diamètre du vifeère. On ne manque
jamais de trouver à fon intérieur des grains
de fâble ou de petits cailloux que les
oifeaux avalent, 8c que le frottement a
polis depuis leur féjour dans le géfier.
Dans les oifeaux qui ne vivent que de
la chair des poiffons ou de celle des autres
animaux, l ’eftomac n’eft qu’un fac membraneux
,; fortifié par quelques fibres miif-
culair'es. Les variétés de fa forme, de fa
\ capacité, de fon épaiflêur dans les différ