
é té couv ertes^ A p rè s le printemps oïl re tire les
chevaux du p âturag e ; o n n e leu r donne ni herbe
n i foin de to u t le re fte d e l’année , n i m êm e de
p aille que trè s - ra rem en t ; l’o rg e eft leu r unique
n o u r r itu r e , & leu r fiente fé ch é e leur fe rt de litiè re .
O n co u p e les crins au x poulains à un an o u d ix -
h u it m o i s , afin qu’ils d ev ien n en t plus touffus &
plus longs ; on les m o n te d ès l’âge de d eu x ans ou
d e u x ans & d emi au plus ta rd ; on n e leur m e t
l a bride qu’à c e t âge ; & tous les jo u r s , du matin
jufqu’au fo ir to u s les chevaux des A rab e s dem eu ren t
Telles & bridés à la p o r te de la te n te .
L a r a c e de c e s chevaux s’e ft é tendu e en B a r b
a rie , ch e z les M au re s ôc m êm e chez les Nèg re s
d e s r iv iè re s de Gam b ie & du Sénég al. A u lieu
d ’o rg e o u d’a v o in e , o n leu r donne du m a ïs concalfé
o u réd u it en farine , qu’o n m ê le a v e c du l a i t ,
lorfqu’o n v e u t les e n g ra iffe r, & dans ce clim a t fi
c h a u d , on n e les laiffe b o ire que ra rem en t. D ’un
a u tre c ô t é , les chevaux arab es o n t peuplé l’E g y p te ,
la T u rq u ie & p e u t-ê tr e la P e rfe .
L e s haras d’E g y p te & de la T in g itan e l’em p
o r te n t , dit-on , lu r to u s c e u x des p a y s voifins.
Il y a en T u rq u ie des chevaux arabes , ta r ta re s ,
h o n g ro is , & des chevaux de ra c e du p a y s : ceu x -c i
fo n t b e au x & très-fins , ils o n t b e au cou p de feu ,
d e v îte ffe & m êm e d’a g rém en t ; mais' ils font tro p
d é li c a ts ; ils n e p eu v en t fu p p o rter la fa tigu e ;-ils
m an g en t p eu ; üs s’échauffent aifément & o n t la
p e au fi fen fib le , qu’ils ne p eu v en t fu p p o rter le
f ro ttem en t de l’étrille ; o n fe co n ten te de les fro tte r
a v e c l’épouffette & de le s la v e r.
Les chevaux de Perfe font, après les arabes,
les plus beaux & les meilleurs chevaux de l’Orient;
ils font communément de taille médiocre : il y
en a même de fort petits qui n’en font ni moins
bons ni moins forts ; mais il s’en trouve auffi
beaucoup de bonne taille & plus grands que les
chevaux de felle anglois. Us ont tous la tête légère,
l’encolure fine , le poitrail étroit , les oreilles bien
faites & bien placées 9 les jambes menues, la
croupe belle &la corne dure ; ils font dociles,. vifs,
légers, hardis, courageux & capables de fupporter
une grande fatigue ; ils courent très - vite fans
jamais s’abbatre ; ils font robuftes & très-aifés
à nourrir, on ne leur donne que de l’orge mêlé
avec de la paille hachée menu dans un fac qu’on
leur paffe à la tête , & on ne les met au verd
que pendant fix femaines au printemps : on leur
tient la queue longue , & on ne les hongre jamais ;
on les laiffe coucher à l’air, en leur donnant des
couvertures pour les défendre des injures de l’air :
en un mot , on les foigne avec une attention
particulière ; pour litière , on ne leur donne que
du fable &. de la terre en pouffière bien fèche.
On les conduit avec un fimple bridon & fans
éperon. Pour voyager avec moins de fatigue , on
fê fert de chevaux qui vont l’amble, & qu’on a
accoutumés à cette allure en leur attachant, par
jine corde, le pied de derrière à celui de devant
du m êm e c o té . D an s la jeuneffe ; bn leu r fend
les n a z e au x , dans l’idée qu’ils en refpirent plus
aifément ; ils fo n t fi bons m a r ch e u r s , qu’ils font
trè s -a ifém en t fep t à huit lieues de chemin fans
s’a r rê te r . C e s chevaux fo n t fi communs en P e r f e ,
qu’ils y fo n t à trè s -b a s p rix .
T o u s les chevaux du L e v a n t o n t la co rn e fort
dure ; on les ferre c e p e n d a n t , mais a v e c des fers
m in c e s , légers & qu’on p eu t c lou e r p a r-to u t. Les
chevaux b a rb e s fo n t plus commu n s en E u rop e
que les chevaux arabes ; ils o n t l’en co lu re lo n g u e ,
fine , p eu chargée de crins & bien fortie du g a r ro t,
la tê t e b e l l e , pe tite & affez o rd in a irem en t mouto
n n é e , l’o reille belle & bien p la c é e , les épaules
lég è re s & plates , le g a rro t m in ce & bien r e l e v é ,
les reins cou rts & droits | le flanc & les cô te s
ro n d e s , fans tro p de v e n tre , le s hanches bien
e f fa cé e s , la cro u p e le plus fo u ven t un peu lo n g u e ,
& la queue p la cé e un peu haut , la cuiffe bien
fo rm é e & ra rem en t plate , le s jamb es belles , bien
faites & fans p o i l , le n e rf bien d étaché , le pied
b i e n f a i t , m a is fo u y en t le p atu ron lon g ; .on en
v o i t de tous p o i l s , mais plus com m u n ém en t de
gris ; les b arb es o n t un p eu de négligencè dans
leu r a llu re ; ils o n t befo in d’ê tre re ch e rch é s , &
on leur tro u v e beau cou p de vîteffe & de n e rf ; ils
font fo rt lég ers & trè s -p ro p re s à la courfe ; ces
chevaux paroiffent ê tre les plus p ro p re s p o u r en
tire r r a c e ; il fe ro it à fouhaiter qu’ils fuffent de
plus gran de taille : les plus grands font de quatre
pieds huit p o u ce s , en F r a n c e , en A n g le te rre ,
& c . ; ils en g en d ren t des poulains qui font plus
grands qu’e u x . O n p ré ten d que parmi les b a rb e s ,
c e u x du ro y a um e de M a ro c fo n t les m e ille u r s ,
enfuite les barbes de m o n tagn e . T o u s ce s chevaux
des p a y s chauds o n t le po il plus ras que les autres.
L e s chevaux d’E fp agn e , qui tien n en t le fécond
ran g -après le s b arb es , o n t l’en co lu re lo n g u e ,
épaiffe & b e au cou p de crins , la tê te un p eu groffe
& quelquefois m o u to n n é e , les oreilles lo n g u e s ,
mais bien p la cé e s , les y e u x pleins de f e u , l’air
noble & f i e r , les épaules épaiffes & le .p o itra il
la rg e , les reins aflez fo u v en t un p eu b a s , la cô te
ro n d e & fo u v en t un p eu tro p de v e n t r e , la crou p e
o rd in a irem en t ro n d e &. la rg e , quoique quelques-uns
1 aien t u n p eu lo n g u e , les jambes belles & fans
p o i l , le n e r f bien d é ta c h é , le paturon quelquefois
un peu lon g , com m e les b a rb e s , le pied un peu
alongé com m e celu i d’un m u le t , & fo u v en t le
talon tro p haut ; les chevaux d’Efp agn e , de belle
r a c e , font é p a is , b ien étoffés , bas de te rre ; ils
o n t auffi b e au cou p de m o u v em en t dans leur dém
a rch e , beau cou p de fouplefle , de feu & de
fierté ; leur po il le plus o rdinaire eft no ir ou bai-
m a rron , quoiqu’il y en a it quelques-uns de tou tes
fo rte s de poils. Ils font tous marqués à la cuilTe,
ho rs le m o n to ir , de la marque du haras don t ils
fo n tfo rtis ; ils ne font pas com m u n ém en t de grande
taille ; cep en d an t pn en tro u v e de quatre pieds
n eu f o u dix p o u ce s , O n p ré fè re ce u x d e la haute
Andaloufie \ quoiqu’ils foient fujets à avoir la tête
trop longue ; mais on leur fait grâce de ce défaut
en faveur de leurs rares qualités ; ils ont du courage
, dè l’obéiffance, de la grâce, de la fierté
& plus de fouplefle que les barbes ; c’eft par tous
ces avantages qu’on les préfère à tous les autres
chevaux du monde, pour la guerre , pour la pompe
& pour le manège.
Les plus beaux chevaux Anglois reffemblent
aflez auxsArabes & aux Barbes, dont ils fortent
en effet. Ils ont cependant la tête plus grande,
mais bien faite & moutonnée , les oreilles plus
longues mais bien placées ; ils font bien étoffés ,
& beaucoup plus grands que les Barbes : on en
trouve communément de quatre pieds dix pouces,
même de cinq pieds de hauteur ; il y en a de
tout poil & de toute marque ; ils font généralement
fort.s , vigoureux , hardis, capables d’une
grande fatigue , excellens pour la chafle & la
courfè ; mais il leur manque la grâce & la fou-
pleffe : ils font durs & ont peu de liberté dans
les épaules.
Les chevaux d’Italie étoient autrefois plus beaux
qu’ils ne le font aujourd’hui, parce que depuis
un certain temps on y a négligé les haras. Cependant
il fe trouve encore de beaux chevaux
Napolitains, fur-tout pour les attelages ; mais, en
général, ils ont la tête groffe & l’encolure épaiffe,
ils font indociles, & par conféquent-difficiles à
dreffer ; mais ces défauts font compenfés par la
richeffe de leur taille , par leur fierté , & par la
beauté de leurs mouvemens ; ils font excellens
pour l’appareil, & ont beaucoup de difpofitions
à piaffer.
Les chevaux Danois font de fi belle taille &
fi étoffés , qu’on les préfère à tous les autres pour
en faire des attelages. 11 y en a de parfaitement
bien moulés , mais en petit nombre ; car la plupart
ont l’encolure épaiffe , les épaules groffes ,
les reins un peu longs & bas , la croupe trop
étroite pour l’épaiffeur du devant ; mais ils ont
tous de beaux mouvemens , & en général ils font
très-bons pour la guerre & pour l’appareil ; ils
font de tous poils, & même les poils finguliers ,
comme pie &. tigre , ne le trouvent guère que
dans les chevaux Danois.
Il y a en Allemagne de- fort beaux chevaux ;
tuais, en général, ils font pefans & ont peu d’haleine
, quoiqu’ils viennent pour la plupart de
chevaux Turcs & Barbes, d’Efpagne &. d’Italie.
Ils font donc peu propres à la chafle & à la
courfe de vîteffe , au lieu que les chevaux Hongrois
, Tranfylvains , &c. font au contraire légers
& bons coureurs. Les Houffards & les Hongrois
leur fendent les nazeaux , pour leur donner, dit-
on , plus d’haleine , & auffi pour les empêcher
de hennir à la guerre. On a remarqué que les
chevaux Hongrois, Cravates & Polonois font fort
fujets à être béguts.
Les chevaux de Hollande font fort bons pour
le carroffe ; les meilleurs viennent de la Province
de Frife. Il y en a auffi ~de fort bons dans le
pays de Berg & de Juliers. Les chevaux Fla-
mans font fort au-deffous de ceux de Hollande ;
ils ont prefqùe tous la tête groffe , les pieds plats,
les jambes fujettes aux eaux , & ces deüx derniers
défauts font effentiels dans les chevaux de
caroffe.
En France, il y a des chevaux de toute efpèce ;
mais les beaux font en petit nombre. Les meilleurs
chevaux de felle nous viennent du Limou-
fin ; ils reffemblent affei aux Barbes , & font,
comme eux , excellens pour la chafle ; mais ils
font tardifs dans leur accroiffement ; il faut les
ménager dans leur jeuneffe , & même ne s’en
fervir qu’à l’âge de huit ans. Il y a auffi de très-*
bons bidets- en Auvergne , en Poitou, dans le
Morvan en Bourgogne ; mais après le Limoufin ,
c’eft la Normandie qui fournit les plus beaux chevaux
; ils né font pas fi bons pour la chafle , mais
ils font meilleurs pour la guerre ; ils font plus
étoffés & plutôt formés. On tire de la baffe Normandie
& du Cotentin de très-beaux chevaux de
carroffe qui ont plus de légèreté & de reffource
que les chevaux de Hollande. La Franche-Comté
& le Boulonois fourniffent de fort bons chevaux
de tirage ; en général les chevaux François pêchent
pour avoir de trop groffes épaules, & les chevaux,
Barbes pour , les avoir trop ferrées.
Après l’énumération de ces chevaux qui nous
font les mieux connus , nous rapporterons ce que
les voyageurs difent des chevaux étrangers que
nous connoiffons peu.
Il y a de bons chevaux dans toutes les ifles
de l’Archipel.' Ceux de l’iile de Crete étoient en
grande réputation chez les anciens pour la vîteffe
& l’agilité ; cependant aujourd’hui on s’en fert peu
dans lè pays même, à caufe de la trop grande
afpérité du terrein, qui eft fort montueux. Les
beaux chevaux de ces ifles viennent des Arabes.'
En Irlande , où le froid eft exceffif, & où fouvent
on ne les nourrit que de poiffons defféchés ,
les chevaux font très-vigoureux quoique petits ; il
y en a même de fi petits, qu’ils ne peuvent fervir
de monture qu’à des erifans. Ils font fi communs
dans cette ifle , que les bergers gardent leurs troupeaux
à cheval. Ils ne coûtent rien à nourrir. On
mène ceux dont on n’a pas befoin dans les montagnes
, où on les laiffe plus ou moins’de temps ,
après les avoir marqués ; &. lorfqu’on veut les
reprendre , on. les fait chaffer pour les raffembler
en une troupe, & on leur tend des cordes poulies
faifir, parce qu’ils font devenus fauvages. Si
quelques jumens donnent des poulains dans ces
montagnes , les propriétaires les marquent comme
les autres, & les laiffent là trois ans. Ces chevaux
de montagne deviennent plus beaux , plus fiers
& plus gras .que ceux qui font élevés dans les
écuries.
Ceux de Norvège ne font guère plus grands,