
on le pofe par la partie qui repréfente le
dos fur une carde de coton, qui devient
un plan horifontal ou incliné, fuivant qu’on
la rend égale ou plus épaiffe en differens
points. On pofe les plumes qui doivent
couvrir le v entre, l’eftomae & la partie
antérieure du cou, de la même manière
qu’on a pofé celles du dos ; on commence
de même parla partie inférieure du ventre,
Lorfque l’oifeau qu’on veut préparer de
la manière que je viens d’indiquer eft d’une
taille au-deffous de celle du merle, il eft
plus avantageux de faire le moule de liège,
qu’on taille avec le couteau dont fe fer»
vent les faifeurs de bouchons ; on eft plus
sûr alors de donner au moule la forme
qu’il doit avoir ; il a d’ailleurs plus de
folidité , 8c l’on n’a pas à craindre d’inégalités
, comme le fil qu’on roule autour
de la filafle ne peut empêcher qu’il n’y en
ait fur cette forte de moule ; mais on
efface ces inégalités en mettant la couche
de coton un peu plus épaiffe dans les en»
droits qui fe trouvent enfoncés ; dans
l’emploi de l’un ou de l’autre moule, il eft
fort important que la couche de coton foit
mince; fi elle eft épaiffe, elle prend une
retraite inégale, 8c i l fe forme des éminences
, des afpérités, qui rendent l’ouvrage
très - défagréable. Il eft donc très»
néceflaire d’être attentif à ne mettre qu’une
couche de cOton mince , 8c à prendre
garde- qu’elle foit étendue fur ce moule
d’une manière très - unie 8c très » égale.
Les exemples que je viens de rapporter
fuffifent pour donner une idée des principaux
défauts qui s’oppofent à la préparation
des peaux de la manière ordinaire,
8c des moyens d’y luppléer ; ç’eft à ceux
qui entreprendront ce genre de travail à
varier la manipulation fuivant les cas particuliers,
Qn fentira bien, fans que j en
avertlffe , que des, peaux d oifeaux peu
rares , ne mériteroient pas le foin d’une
manipulation aufli longue, & qui demande
autant d’attention 8c d’adreffe que celle
que j’ai décrite. Mais lorfqu’on reçoit d’im
pays étranger , oii l’on voyage p eu , des
peaux d’oifeaux inconnus, il eft important,
pour les progrès de l’Ornithologie, qu’on
puiffe les conferver 8c rendre aux oifeaux
la forme qui leur convient ; les differentes
manipulations que j’ai indiquées remplil-
fent parfaitement ce but ; elles étoient peu
connues, 8c ce font les raifons qui m’ont
déterminé à les décrire fort en détail. Il y a
beaucoup de perfonnes qui préparent affez
bien des peaux fraîches , ou qui ont été
apportées des pays étrangers en bon état ;
mais il y en a peu qui tirent un bon parti
de celles qui n’arrivent que fort endommagées
; les ouvrages que j’ai vus les plus
parfaits en ce genre , font ceux qui font
exécutés par madame Léreau , qui préparé
les oifeaux pour le cabinet du Roi ;
ce font fes procédés, qu’elle m’a permis
de rendre publies, que je viens de détailler.
Je fçais .bien que tant pour cet objet
que pour la manière, d’éçorcher, de monter
les peaux fraîches, il y a des perfonnes qui
fuivent des méthodes différentes de celle
que j’ai indiquée ; je çonnois ces méthodes,
mais je n’en parle pas , parce que les oifeaux
préparés par madame Lereau m’ont
toujours paru ceux qui approchent le plus
de l’état de l’animal v iv an t, Si que la plupart
de ceux qui ont comparé des oifeaux
préparés par différens artiftes , ont porte
k même jugement, .
$■ V,
De la manière de difpofer une collection
d'oifeaux , des foins néce/faires four lu
çonferver.
Quoique les plumes fe eonfërvent longtemps
à l’air libre fans perdre ni leur forme
ni leur confiftance; cependant leurs couleurs
Si leur éclat s’altèrent Si s’affoibliffent
en peu d’années ; ce feul inconvénient fuf-
firoit pour qu’on fût obligé d’enfermer les
Colleâions d’oifeaux dans des armoires
vitrées ; mais une raifon plus forte rend
cette précaution indifpenfable, 11 n’eft ni
reconnu jufqu’à préfent, ni probable qu’on
puiffe garantir les colleâions des ravages
Si de la deftruâion que caufent les infeâes
, autrement qu’en tenant les oifeaux
enfermés avec foin, 'Il eft vrai que s’ils
étoient
étoient en petit nombre, dans un lieu bien
éclairé , qu’ils y fuffent frappés direfte-
ment de la lumière, qu’on s’en occupât
fouvent , 8i que les traitant comme une
forte de meuble, on prît foin de les frap--
per de temps en temps, Si de les houffer
tous les jours, on parviendroit fouvent à
les garantir, pendant plufieurs années, de
l ’atteinte des infeâes , qui tous cherchent
l ’obfeurité, Si qui évitent le mouvement.
C ’eft de cette façon que quelques perfonnes
confervent affez long-temps à l’air
un petit nombre d’oifeaux dans leur appartement.
Mais cette méthode eft impraticable
par rapport à une colleâion.
Il eft vrai aufli que certaines préparations
, ou plutôt certaines fubftances dont
on imprègne les peaux 8c les plumes,
éloignent les infeâes ; que lorfqu’ils font
libres de choifir entre les matières fur lef-
quelles ils dépofent leurs oeufs, ils préfèrent
celles qui ne font altérées par aucun
mélange. Je m’en fuis affuré par l’expérience
, de deux manières. Des oifeaux préparés
par une méthode qui, dit-on, les
garantit des infeâes, dépofés chez un marchand
depuis plus de dix ans, s’y confer-
•vent encore fans être enfermés ; mais leurs
plumes ont été fi ternies en affez peu de
temps, leurs couleurs ont été fi changées,
&-ces oifeaux font devenus fi peu agréables
à la v u e , que c’eft par ces raifons
mêmes qu’ils relient dans la boutique du
marchand; ce ne font pas les infeâes, à
la vérité; mais ce font les alternatives de
la féchereffe 8c de l’humidité, les variations
de l’atmofphère, qui les ont détruits;
car ils n’ont pas plus de valeur que s’ils
l’étoient en effet. Il eût donc fallu les enfermer
pour les conferver réellement.
Mais j’ai eu un affez grand nombre d’oifeaux
préparés fuivant la même méthode,
8c par la même perfonne ; j’en ai enfermé
une partie dans des boëtes vitrées, avec
d’autres oifeaux préparés fans mélange
d’aucune fubftance propre à éloigner les
infeâes. J’ai introduit dans ces boëtes des
infeâes , 8c j’ai vu qu’ils s’attachoient
d’abord aux oifeaux pour lefquels on n’a-
voit pas pris de précautions; qu’ils n’at-
taquoient les premiers, que quand il ne
Hiftoire Naturelle. Tome I,
reftoit rien des derniers. La méthode qu’on
avoit fuivie , auroit donc un avantage
r é e l, fi d’ailleurs la nature de la colleâion
ne forçoit pas de l’enfermer ; mais dès
qu’on ne peut faire autrement, les chofes
reviennent au même , qu’on ait employé
les fubftances que les infeâes évitent, ou
qu’on ne s’en foit pas fervi. Car fi un
infeâe s’eft introduit, comme la chofe
arrive toujours , par quelque trou, quelque
fente; que, preffé de dépofer fes oeufs,
il n’ait pas retrouvé promptement la voie
qui lui a fervi d’entrée, il fatisfait au be-
loin qui le preffe; 8c faute d’être libre de
choifir, il dépofe fes oeufs fur les feuls
oifeaux qu’il trouve a fa portée i les vers
qui en naiffent s’en nourriflent aufli bien,
8c c’eft pour eux un aufli bon aliment,
que fi ces oifeaux n’étoient charges d’aucune
fubftance étrangère. En effet, j’ai
enfermé de ces mêmes oifeaux feuls, 8c
avec eux des infeâes deftruâeurs, ils ont
v écu, ils fe font accouplés, ils ont dépofé
des oeufs, il en eft né des vers en grand
nombre, & les oifeaux ont été totalement
détruits.
J’ai fournis à cette expérience, d’autres
que moi y ont fournis de meme, des oifeaux
préparés par différentes perfonnes,
8c qui dévoient, affuroit-on, être à l’abri
des ravages que caufent les infeâes ; ils
n’ont jamais manqué d’être détruits aufli
complettement 8c aufli promptement que
le font, en pareil ca s, des oifeaux pour
lefquels on n’a pas pris les mêmes précautions.
Je conclus de ce qui précède, qu’une
colleâion, pour que les oifeaux confervent
leurs couleurs 8c leur luftre, pour qu’ils
ne changent pas au point de ne plus ref-
fembler aux mêmes oifeaux vivans , doit
néceffairement être enfermée ; que d’après
eette obligation indifpenlàble , 8c qui tient
à la nature de la chofe,les fubftances qui
déplaifent aux infeâes, q u i, quand ils font
libres de choifir, les déterminent à ne pas
dépofer leurs oeufs fur les animaux imprégnés
de ces fiibftances., font fans effet
par rapport aux oifeaux qu’on eft contraint
de tenir enfermés. Quant aux méthodes
qu’on prétend garantir des infeâes, même
les oifeaux enfermés, je ne connois. au«-
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