
des planches colorées, qui ont été exécutées
par les foins & fous finfpeâion de
M; d’Aubenton le jeune, & qui repréfen-
tent communément leur objet aufli fidèlement
qu’il puiffe l ’être par le moyen de
l ’enluminure, Si le dejfnateur s’eft quelquefois
trompé, M. de Buffon avertit de fes
fautes, & peint, par la parole, ce que le
pinceau a mal exprimé, ou n’a pu rendre ;
mais ce épii met fur - to u t ion ouvrage au*
deflus de ceux qui l’ont précédé, c’eft le
foin & la critique éclairée avec lefquels
il cite & concilie les fynonymes employés
parles différens auteurs pour défigner le
même . oifeau; l’attention qu’il a d’effacer
du .catalogue des oifeaux des efpèces qui
n’exiftent que dans les ouvrages des Orni-
tologiftes induits en erreur par la diffé-
rence du plumage que produifent le féxe,
l’âge, la faifon ou le climat ; enfin, ce font
les détails fur la forme, l’organifation, les
facultés , les. habitudes, les moeurs des oifeaux
, & fur tous les objets, dont l’enfemble
forme en effet leur hiftoire & la fait con-
noître, autant que ce genre de fciençe dans
laquelle l’obfervation eff fi difficile, eft à
notre portée, tandis que dans la plupart des
autres liyres d’ornithologie , même dans
ceux que les auteurs ont intitulé Hijloiret
des oifeaux, on n’apprend à les connoître
que par quelques traits extérieurs & par les
couleurs de leur plumage, M. de Buffon eff
donc le premier qui npus ait en effet donné
l ’hiftoire des oifeaux en général, & dont
l ’ouvrage, mérite, çe titre. Je n’ajouterai
rien relativement à la correction, l ’élér
gancé, quelquefois l’énergie du fty le , va-
rié fiiivant le fu je t, ni par rapport à la
beauté des defcriptions, &c aux réflexions
philofophiques , objets traités de façon
qu’ils rendent l’hiûoire des oifeaux, de ce
peuple, qui n’eft en apparence que le fymbole
de la légèreté, un livre agréable, inf-
truftif & profond , dans lequel l’homme
du monde trouve un charme qui l’attache
& qui l’occupe, l’ornithologifte des con-
noiffanceS fur l’objet qu’il étudie, le phi-
lofophe de fréquens fujets de méditation.
L’ouvrage commencé & achevé par
M. le comte de Buffon, n’eff pas néanmoins
de lui en entier. Plufieurs parties intermédiaires
ont été fournies par M. Guénau de
Montbeillard, Le nom de chaque auteur,
mis dans la table de chaque volume, au
bas des articles qu’il a rédigés, nous apprend
auquel on les doit, ou de M. le comte
de Buffon, ou de M. de Montbeillard.
Quant à la manière dont çe dernier a
rempli une tâche aufli difficile, M, le comte
de Buffon détermine lui-même le jugement
qu’on doit porter à cet égard : «M. de
Montbeillard, ( dit M. le comte de Buffon,
page ix de l’avertiffement qui eff en ‘tête
du tome III de l’Hiftoire des oifeaux, édi-r
tion «z-40.) ayant voulu fe faire juger du
public, fans fe faire connoître, il a imprimé
, fous mon nom, tous, les chapitres
de fa compofition, depuis l’autruche jufe
qu’à la caille, fans que le publie ait paru
s’appercevoir du changement, de main». ■
Au VIIe volume, M, de Montbeillard ayant
ceffé de s’occuper de l’Hiftoire des oifeaux,
M. le comte de Buffon nous avertit qu’il a
affocié à fon travail M. l’abbé Bexon, chanoine
de la Sainte-Chapelle de Paris. « Non-
feulement, ditM. le comté de Buffon, il
m’a fourni toutes les nomenclatures &c la
plupart des defcriptions, mais il a fait de
fçavantes recherches fur chaque article, Sc
il les afpuvent.accompagnées de réflexions
folides & d’idées ingénieufes , que j’ai
employées de fon aveu, & dont je me fais
tin devoir & un plaifir de lui témoigne?
publiquement ma jufte reconnoiffance »,
Parallèle des oifeaux des diverfes contrées. Sentiment fur les émigrations ou U
ptffuge des. oifeaux.
O .N peut divifer les oifeaux relativement
à la façon dont leur vie fe paiïe, en
fèdentaires, erratiques, oifeaux de pajfdge.
Les premiers' trouvant en tout temps
dans le pays oh ils font nés ce qui leur
eff néceffaire , ne s’éloignent qu’à des distances
très-bornées , & paffent leur vie
entière dans la même contrée : l’efpèce
s’étend à la vérité de proche en proche ,
mais elle demeure circonfcrite dans l’enceinte
des lieux oh les individus qui la
compofent trouvent la température &
les alimens dont ils ont befoin ; parvenus
au terme^ oh les circonftances changent,
ils riê paffent pas au-delà, & l’efpèce reflue
fur elle même, en rétrogradant vers
l’intérieur du pays oh elle eff plus nom-
breufe que vers les limites.
D ’autres oifeaux , plus fortement confti-
tués que les premiers, trouvant par-tout
une température qui leur convient, & les
alimens dont ils fe nourriffent, n’adoptent
point de patrie, nè fe fixent nulle part,
vont en avant, & continuent leur route,
félon qu’ils y font déterminés par l’abondance
des vivres qui fe préfentent, retournent
également fur leurs pas, fuivant les.
circonftances, & parvenus au point d’ofi
ils' étoient parfis , tournent d’un autre
c ô té , ou reprennent indifféremment la
route qu’ils avoient déjà fuivie : ils ne
s’arrêtent que pour multiplier, &c ne fe
fixent que le temps néceffaire pour élever
leur famille ; aufli-tôt qu’elle eft en état,
les ‘ petits fe féparent & fe répandent chacun
de leur côté. Ces oifeaux, auxquels
leur manière, de vivre rend le nom d'erratiques
affez convenable, pénètrent dans
Ier.
tous les pays, & dans tous les climats,
parce qu’ils y font également bien ; on les
voit par-tout ., parce que les père & mère
cheminant chaque jour en avant, s’éloignent
à des diftances; très-grandes du lieu
dont ils font partis ; & que, s’arrêtant indifféremment
dans les divers pays pour
multiplier, quand la nature leur en fait
éprouver le befoin, les petits font dif-
perfes fur la furface du globe, en des points
d’où ils Le portent de tous les côtés.
Les oifeaux de pajfage font ceux qu’on
ne voit dans un pays que pendant une
faifon , qui tous les ans fe montrent, &C
difparoiffent à des époques marquées. Leurs
befoins , le changement des faifons font
lès caufes qui déterminent leur arrivée
de leur départ i on connoit de ces oifeaux
dans tous les pays ; mais, y , .en a-t-il qui
arrivent d’aufli loin qu’on l’a cru , qui entreprennent
des voyages aufli longs, &
qui traverfent des efpaçes aiilîi immenfes
qu on 1 a penfe ? C jeft fur quoi je propoferai
dans la fuite de ce difeours un fentiment
qui me paroit plus probable que ce qui a
ete dit jufqu’à préfent fur ce fujet,
§• I L
Des oifeaux fèdentaires qui vivent fous la
qotie torride, dans L ancien ou le nouveau
continent.
J’ai comparé depuis vingt ans lui grand
nombre d’oifeaux fèdentaires qui vivent
dans les terres de l’ancien continent, fituées
fous la zone to r r id e à -u n nombre aufli