
tés à leur efpèce, ni réduire le catalogue
des oifeaux à fa jufte étendue, accoutumons
- nous du moins à n’eftimer l’avantage
d’y ajouter que ce qu’il v au t, à faire
autant de cas du retranchement que de l’addition
qu’on y peut faire, 8c à commencer
du moins par en effacer les doubles em-
lois faits pour les oifeaux regardés comme
-efpèce différente, uniquement parce qu’ils
ont été obfervés à de très-grandes diftances.
Ainfi que le fouci qui fe trouve en Europe,
à la Louifiane & à la Caroline, le pluvier
doré, celui à collier qu’on rencontre prefque
par-tout, que le canard fauvage de la Louifiane
8e celui d’Europe ; la pie, le grimpereau
de muraille de nos contrées, 8e ces mêmes
oifeaux vivant à la Chine, 8ec. n’occupent
plus chacun fur lé catalogue qu’une même
place au lieu de deux, trois, cinq ou fix
numéros qu’on leur a fait remplir. Le
tems , l’obfervation , le goût de la fcience
véritable, au lieu d’une vaine apparence ,
produiront par la fuite les autres réductions,
QUATRIEME
QUATRIEME DISCOURS.
D e la durée de lu vie des oijeuux $ de leurs muludies / de lu muniere de les
trunfporter vivutis $ des colleclions (pu ou fu it d oijeuux dejjeches ou empuilles%
. A p r è s avoir examiné la forme, l’orga-
nifation des oifeaux, leurs habitudes, la
manière de les connoître 8t de les diftin-
guer, les travaux des auteurs fur ces objets,
& après avoir enfin comparé les oifeaux
■ desdifférentes contrées, ce feroit le lieu,
pour terminer leur hiftoire en général, de
parler de la durée de leur vie 8e des maladies
auxquelles ils peuvent être fujets ;
mais ces deux parties de leur hiftoire nous
font trop peu connues pour en traiter dans
un difeoffrs particulier ; c’eft .pourquoi je
rapporte à la tête de celui-ci ce que j’ai pu
recueillir à cet égard.
• Il n’en eft pas des oifeaux comme des
quadrupèdes, dont on peut connoître la
durée de la vie par le temps que dure leur
accroiffement. Celui des oifeaux eft beaucoup
plus prompt ; la plupart de ceux qui
.vivent le plus long-temps, comme ceux
dont la vie eft la plus courte, parviennent
également au terme de leur développement
en peu de mois, 8t tous la même année-
qu’ils font nés; à un petit nombre d’efpèces
près, qu’il faut excepter, tous les oifeaux
font meme adultes au printemps qui fuit
l ’année de leur naiffance , 8C dès la fin de
l ’automne, à leur première mue, ils prennent
déjà le plumage de l’âge fait. Ilfaudroit
donc pouvoir les obferver conftamment,
dans l’état de liberté, depuis leur naiffance
Jufqu’au moment qui termine leur v ie pour
être certain de fa durée, ce qui n’ eft pas
poflible; en juger par ceux que nous ré-
duifons à leur naiffance en captivité, ou
qui vivent en domefticité , c’eft courir
rifque de faire un calcul très-faux ; car il
eft impoffible de fçavoir quels changent? ns
U captivité Sç l’état de domefticité peuvent
Hijioire Naturelle, Tome 1■
Ier.
produire, de combien l’un ou l’autre abrège
ou peut-être prolonge la vie des individus
qui y font fournis. On n’a donc que des
réfultats vagues 8e fort incertains fur la
durée de la vie des oifeaux. M. le comte
de Buffon penfë qu’ils vivent proportionnellement
bien plus long-temps que les quadrupèdes
, 8e comme la raifon qu’il en
donne eft prife de la nature de la chofe
même , 8e conforme â la loi naturelle qui
amène la vieilleffe & qui caufe la m o r t,
cette raifon rend fon fentiment très-probable.
La raifon qui détermine M. de Buffon
eft que la texture des os eft moins folide,
plus légère dans Jes oifeaux que dans les
quadrupèdes ; que l’os ne fe durcit, ne fe
remplit, ne s’obftrue pas aufîi vite à beaucoup
près ; 8c que l’endurciffement des os
étant, comme ce fçavant l ’a prouvé dans
une autre partie de fes écrits , la caufe
générale de la mort naturelle, le terme
eft d’autant plus éloigné que les os font
moins foüdes.
A cette loi générale on peut ajouter
quelques exemples particuliers. M. de
Buffon, au même endroit que je viens de
citer, dit qu’il a vu des linottes prifon-
nières âgées de quatorze ans, des coqs de
v in g t, des perroquets de plus de trente.
L’aigle , le corbeau, le cygne paffent pour
vivre très-long-temps ; mais il eft bien
probable que ceux qui ont avancé les premiers
qu’uoe oie,un onocrotale avoient vécu
trois fiècles , ont publié une erreur accréditée
8c répétée depuis par l’amour du merveilleux
, par le penchant que nous avons
à reprocher à la nature d’avoir accordé une
longue vie à certains animaux tandis qu’elle
a borné la nôtre. Hhh