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fouris , & reflemble à la taupe par le mufeau,
ayant le nez beaucoup plus alongé que les mâchoires
; par les yeux qui, quoiqu’un peu plus
gros que ceux de la taupe , lont cachés de
même , & font beaucoup plus petits que ceux
de la fouris ; par le nombre des doigts dont elle
a cinq à tous les. pieds ; par la queue, par les
jambes , fur-tout celles de derrière , qu’elle a
plus courtes que la fouris ; par les 'oreilles, &
enfin par les dents.
Ce petit animal a une odeur forte- qui lui eft
particulière & qui répugne aux chats ; ils chaffent,
ils tuent la mufaraigne , mais ils ne la mangent
pas. Néanmoins .la mufaraigne n’eû pas venimeufe,
ni fa morfure dangereüfe pour le ;bétail, comme
on l’a dit, elle n’en: pas même capable de mordre ;
car elle n’a pas l’ouverture de la gueule affez
grande pour pouvoir faifir la double épaiffeur de
la peau d’un animal.
La mufaraigne habite affez communément, fur-
tout pendant l’hiver , dans les greniers à foin ,
dans les écuries , dans les granges , dans les
cours à fumier, & mange du grain , des infectes ,
.& des chairs pourries. On la trouve aufli fréquemment
à la campagne dans les bois, oh elle
vit de grains & fe cache fous la moufle, les
feuilles, les troncs d’arbres, & quelquefois dans
les trous abandonnés par les taupes , ou dans
d’autres trous plus petits quelle fe pratique elle-
même en fouillant avec les ongles & le mufeau.
La mufaraigne produit en grand nombre , autant,
dit-on, que la fouris., quoique moins fréquemment.
Elle a le cri beaucoup plus aigu que
la fouris ; mais elle n’eft pas aufli agile, à beaucoup
près. On la prend aifément, parce qu’elle
voit &. court mal. Sa couleur ordinaire eft un
brun mêlé de roux.; mais il y en a aufli de
cendrées. , de prefque noires , & toutes font
plus ou moins ’ blanchâtres fous le .ventre. Elles
font très - communes, dans nos champs & dans,
nos bois.
Mufaraigne eff formé du latin mus araneus.;
cet animal s’appelle aufli en latin mus coecus.
M u s a r a ig n e d ’e a u ,. (la) efl: plus grande
«pie la mufaraigne de terre,, elle a le mufeau un
peu plus gros., la queue & les jambes plus, longues
& plus garnies de poil. La partie fupériaure du
corps „ depuis le bout du mufeau jufqu’à la
queue, efl: d’une couleur noirâtre, mêlée d’une
teinte de brun, & la partie inférieure a des
teintes, de fauve, de gris. & de cendré.
Ce petit animal fe prend à k fburce des fontaines,
au lever & au coucher du foleil. Dans
îe jour il refte caché dans les fentes des rochers
ou dans des trous fous terre, le long des petits
luiffeaux. La mufaraign: d'eau jnet bas. au printemps
, & produit ordinairement neuf petits.
M u s a r a ig n e d u B r é s ie . ( k ) reflemble
plus, à notre mufaraigne. qu’à aucun autre animal.
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Celle -ci efl: néanmoins confidérabîement plus
grande, ayant environ cinq pouces depuis l’extrémité
du mufeau jufqu’à l’origjne de 1a queue,
qui n’a pas. deux pouces. Elle a le mufeau pointu
&. les dents très-aigues. Sur un fond de poil brun ,
on remarque trois bandes noires affez larges,
qui s’étendent longitudinalemeut depuis la tête
jufqu’à la queue.
MUSC ,. efl: le nom ,d’un parfum, 6c en même-
temps de l’animal qui le fournit. Il efl: de la
grandeur d’un petit chevreuil ou d’une gazelle
mais il a la tête fans cornes 6c fans bois, le
mufeau, pointu , le poil rude, long 6c varié pour
les couleurs, deux grandes dents canines en crochets
à la mâchoire fupérieure, qui manque ab-
folument de dents incifives.
Près du nombril. efl: une efpëce de bourfe
d’environ deux ou trois pouces de diamètre, dans
laquelle fe filtre 1a liqueur, ou plutôt l’humeur
graffe du mufc différente par fon odeur & par
la confiftance de celle de 1a civette. Il n’y a que
le mâle qui produife le bon mufc ; 1a femelle a
bien-la même poche près du nombril, mais l’humeur
qui s’y filtre n’a pas k même odeur ; il paraît
de plus que cette poche du mâle ne fe remplit
de mufc que dans le temps du rut, & que dans
les autres temps la quantité de cette humeur eft
moindre , & fon odeur plus- foible.
Chardin & Tavernier ont tous deux bien décrit
les moyens dont les Orientaux fe. fervent pour
falfifier le mufc, & ceux dont on peut fe fervir
pour reconnoître s’il eft pur ; comme ces con-
noiffances font utiles,, nous croyons devoir tranf-
crire fommairement ce qu’ils en ont dit.
« Le bon mufc , dit Chardin , s’apporte du
Thibet ; les Orientaux Feftiment plus que celui de
k Chine , foit qu’il ait effectivement une odeur
plus forte & plus durable ,. foit que cela leur
paroiffe feulement, arrivant plus frais chez eux,
parce que le Thibe.t en eft plus proche que la
province de Xi-nfi. qui eft l’endroit de 1a Chine
où l’on fait le plus de mufc. Le grand commerce
de mufc fe fait à Boutan , ville célèbre, du royaume
de Thibet ; les Patanes qui vont là ... en faire
emplette, le diftribuent par toute l’Inde d’où
on le tranfporte enfuite par toute k terre
« On tient communément que ,lorfqu’on coupe
te. petit fac ou eft le mufc, il. en fort une odeur
fi forte , qu’il faut que le chaffeur ait 1a bouche
& le nez bien bouchés d’un linge en plufieurs.
doubles.; &. que fouvent, malgré cette précaution, 1a force de l’odeur le fait l'aigner avec tant de-
violence, qu’il en meurt. Je me fuis informé de
cek exactement, & comme en effet j’ai- oui
raconter quelque chofe de femblable à des Arméniens
qui avoient été à Boutan , je crois que
cek eft vrai.. Ma raifbn eft. que- cette, drogue:
n’acquiert point de force avec le- temps, mais
. qu’au contraire elle perd fon odeur à la longue >
or çette odeur eft. k forte .aux Indes, que je ne
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l’ai jamais pu fupporter. Lorfque je négociais du
mufc, je me tenois toujours à l’air, un mouchoir fur
le vifage, loin de ceux qui manioient ces veflies ».
« J’ajoute qu’il n’y a drogue au monde plus aifée
à falfifier & plus fujette à l’être ; il fe trouve
bien des bourfes qui ne font que des peaux de
l’animal remplies de fon fang & d’un peu de
mufc pour donner l’odeur , & non cette loups
que la fageffe de la nature forme proche le nombril
pour recevoir cette efpèce d’humeur merveilleufe
& odoriférante. Quant aux vraies veflies même ,
lorfque le chaffeur ne les trouve pas bien pleines,
il preffe le ventre de cet animal pour en tirer
du fang dont il les remplit, car on tient que le
fang du mufc , & même fa chair fentent bon ; -
les marchands enfuite y mêlent du plomb , du
fang de boeuf & autres chofes propres a les appe-
fantir , qu’ils font entrer dedans à force ».
« L’art dont les Orientaux fe fer vent .pour con-
noître cette falfification , fans ouvrir la veflie ,
eft premièrement au poids, à la main ; 1 expérience
leur a fait connoître combien doit pefer
une veflie non altérée ; le goût eft leur fécondé
preuve; aufli, les Indiens ne manquent jamais
de mettre à la bouche de petits grains qu’ils tirent
des veflies , lorfqu’ils en achètent ; le troifième,
c’eft de prendre un fil trempe dans du fuc d ail,
&. de le tirer au travers de la -veflie avec une
aiguille ; car , fi l’odeur d’ail fe .perd, le mufc
eft bon ; fi le fil la garde , il eft altéré ».
a La meilleure forte &. la' plus grande quantité
de mufc, dit Tayernier , vient du royaume de
Boutan , d’où on le porte àPatna, principale ville
du Bengale , pour négocier avec les gens de ce
pays-là ; tout le mufc qui fe négocie danslaPerfe,
vient de-là ».
« Quand les payfans îe veulent falfifier , ils
mettent du foie & du fang de l’animal hache
enfemble en la place du mufc qu’ils ont tire ;
ce mélange produit dans les veflies en deux ou
trois années de temps, de certains petits animaux
qui mangent le bon mufc : de forte que quand
on vient à les ouvrir , on y trouve beaucoup- de
déchet; d’autres payfans., quand ils ont coupé
la veflie & tiré du mufc ce qu’ils en peuvent
tirer , fans, qu’il y paroiffe trop , remettent à la
place de petits morceaux de plomb pour h
rendre plus pefante ; les marchands qui 1?achètent
& le tranfportent dans les pays- étrangers, aiment
bien mieux cette tromperie que F autre , parce
qu’il ne s’y engendre point de ces petits animaux. ;
mais 1a tromperie - eft encore plus- mal-aifêe. à
découvrir , quand de 1a peau du ventre du petit
animal,. ils font de petites bourfes qu’ils coufent
fort proprement avec des. filets de la meme peau
&. qui reffemblent aux véritables veflies, & ils.
rempliffent ces bourfes de ce qu?ils ont ote des
bonnes veflies avec le mélange frauduleux qu’ils
y veulent ajouter , à quoi il* eft difficile que les
marchands puiffent rien connoître
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«On ne commence à trouver cet animal qu’en?*
viron le cinquante-fixième degre , mais au foixan-
tième il y en a grande quantité , le pays étant
rempli de forêts : il eft vrai qu’aux mois de février
& de mars , après que ces animaux ont fouffert 1a faim dans les pays où ils font , a^ caufe des
neig.es qui tombent en quantité jufqu’a dix^ ou
douçe pieds de haut ; ils viennent du coté du
midi jufqu’à quarante quatre ou quarante - cinq
degrés pour manger du blé ou du riz nouveau,
& c’eft en ce ' temps-là que les payfans les
attendent au paffage avec des pièges qu’ils leur
tendent, 6c les tuent à coup de flèches & de
bâtons ; quelques-uns d’eux m’ont affuré qu ils
font fi foibles à raifon de k faim qu’ils ont foufferte ,
que beaucoup fe laiffent prendre à 1a courfe ».
« Il faut qu’il y ait une prodigieufe quantité de
ces animaux, chacun d’eux n’ayant qu’une velue ,
& la plus grofle, qui n’eft ordinairement que
commé un oeuf-de poule , ne pouvant fournir
■ une demi-once de mufc, il faut bien quelquefois
trois ou quatre de ces veflies pour en faire une
once. Dans -un de tnes voyages àPatna , j’achetai
feize cents foixante-treize veflies quipefoient deux
mille cinq cents cinquante-fept onces & demie,
& quatre cents cinquante-deux onces de mufc
hors de 1a veflie ».
L’animal du mufc fe trouve dans la Tartarie y
à la Chine & aux Indes. Quant à la fubftance
même du mufc & à fes propriétés voye^ la
partie pharmaceutique de ce Dictionnaire.
L’animal mvfc s’appelle, dans le latin moderne
des Nomenclateurs , mufchus , mufchiferus, capra
mofchi, animal rnofchiferum.
MUSCARDIN ( le ) eft le moins laid de tous
les rats & n’eft pas plus gros que 1a fouris. It
a les yeux brillans , la queue touffue & le poil
d’une couleur diftînguée ; il eft plus blond que
roux, 6c plutôt jaunâtre que blanc dans toutes
les. parties inférieures. Le Mufcardïn n’habite jamais
dans les. maifons,. rarement dans les jardins , &. fe
trouve plus fouvent dans les bois, où il fe retire-
dans les vieux arbres creux, & fait provifiori de-
noifettes, & autres fruits fe.cs. Il fait fon nid fur
les arbres , comme l’écureuil, mais il le place-
plus b as , entre- les branches d’un noifetier ,-dans
un buiffon,. &c.
Ce nid eft fait d’herbes entrelacées; il a-environs
fix pouces de diamètre, &. n’eft- ouvert que parle
haut ;. il contient ordinairement trois ouu
quatre petits, qui l’abandonnent dès; qu’ils font
grands-, & cherchent à fe- gîter d'ans le. creux ooe
fous le tronc des vieux arbres... On les. trouve
prefque toujours feuls dans leur trou. Ces animaux
s’èngourdiffent par le froid „ & fe: mettent en boule
comme le loir & le lérot , & ils fe raniment:
comme eux dans les. temps doux.. L’efpè'ce n’eas
eft pas aufli nombreufe que celle du. lérot.
On dit qu’on, en- diftingue en Italie de deuat
l fortes 'x l’une rare » dont. l’animai a Fadeur dix