
de la couvée 8c des petits ; elle eft même obligée
de fe cacher pour faire fa ponte, 6c d’éviter la
rencontre des mâles qui détruiroient fon nid ,
comme un obftacle à leurs plàifirs. Mais ces ef-
pèces-j dont le naturel eft en tout temps 6c dans
toutes les rencontres dur ÔC fauvage, font des
exceptions rares, 6c les oifeaux peuvent au contraire
paffer en général pour le modèle de l’union 6c de la fidélité conjugale, comme ils femblent
mieux fentir que les autres animaux quels' font
les vrais plàifirs de l’amour , & en jouir avec plus
de volupté. Ce font peut-être ces fentimens plus
tendres qu’ils éprouvent dans- le plus preffant des
befoins qui amoliffent en général leur naturel, 6c
le rendent plus doux 6c plus l'ociable que celui
des autres animaux.
ACHARNER , (Fauc. ) c’eft habituer les
oifeaux par la curée , à l’efpèce de chair ou plutôt
de gibier pour lequel on les deftine.
ACINTLI.
Uacintli efl; , fiuvant M. Briflon , le même
oifeau que la poule - fultane ; cet auteur dit pré-
cifément qu’on le trouve aux Indes orientales' 6c dans diftérens endroits de l’Amérique, fous la
zone torride, qu’il a été envoyé de Cayenne-à
M. de Réaumur. M. de Buffon , au contraire, ne
penfe pas que Yacintli foit la poule-fultane , outre
l ’oppofilion des climats qui ne permet guère, dit ce
fçavant, de penfer quun oifeau de vol péfant 6*
qui ejl naturel aux régions du midi, ait paffé d’un
çontinent à Vautre, l ’acintli n a pas les doigts &
les pieds rouges, mais jaunes ou verdâtres.
Dans la diverfité d’opinon entre MM. de Buffon 8c Briflon , je crois devoir embrafler le fentiment
du premier, non pas à caufe de l’oppofition des
climats , ni de la différence dans la couleur des
pieds ; mais il femble que le pourpre-noirâtre qui
fait le fond de la couleur de Yacintli, ne répond
pas au bleu-pourpré de la poule-fultane ; 8c c’eft
iur*-tout parce que les couleurs ne me paroiflent
pas fe correfpondrë , que je crois Yacintli différent
de la poule-fultane. M. Briflon a vu eet oifeau
envoyé de Cayenne à M. de Réaumur , mais du
vivant de cet académicien , on envoyoit les
oifeaux dans le tafia qui a pu altérer la couleur
du plumage 8c induire M. Briflon en erreur.
Cependant j’ai reçu moi-même de Cayenne plu-
fieurs peaux de petites poules-fultanes , que
M. Briflon dit aufli fe trouver en Amérique ,
comme aux Indes ; 8c la petite poule-fultane de
Cayenne m’a paru femblable à la petite poule-,,
fultane de l’ancien Continent. Cette obfervation
milite peut-être plus en faveur du fentiment de
M. Briflon que la différence de- couleur entre
le plumage des deux poules-lultanes , ne lui eft
défavorable ; au milieu de ces incertitudes , je
conclurai feulement avec MM. de Buffon 6c
Briflon , que Yacintli eft une poule-fultane , ou du
JLXXXVII* genre; mais fans décider, ni nier fon
identité avec la poule-fultane, proprement dite ott
le porphirion des anciens.
M. de Buffon joint à l’acintli un oifeau indiqué
par le père Feuillée , 6c que M. Briflon a appelle
poule-fultane à tête noire, ne fçachant rien lur cet
oifeau, finon qu’avec la même taille 6c le même
plumage que la poule-fultane ,il n’en diffère que
parce fjue les plumes de fa tête font noires , on
peut ne le regarder que comme une variété.
ACOHQ ou CO Q de Madagafcar. Voyeç
C o q .
ACOLCHI de Seba.
Troupiale du Mexique. B RI SS. tom. 1 3 pag. 88.
C’eft un oifeau du XIXe genre de la méthode
de M. Briflon , de celui du Troupiale. Le nom
acolchi eft une abréviation du mot mexiquain
acolchichi. Cet oifeau ne nous "eft connu que par
une figure qu’en donne Seba, tom. 1 , pag. 8p. tab«
L V , fig. 4. Il eft un peu plus gros qu’un merle ;
la tête 6c la gorge font noires ; tout le corps en-
deflùs 6c en-déflous eft revêtu de plumes d’un
jaune brillant ; celles des ailes 8c de la queue
font noires,, mais les couvertures des ailes font
terminées par une tache couleur d’or ; le bec eft
jaune. Cet oifeau fe trouve en Amérique , 8c
fuivant M. Briflon , fur-tout au Mexique ; ce que
fon nom , fi il eft bien appliqué , femble indiquer.
AFFAIRE, (Fauc.) expreflion qui lignifie qu’un
oifeau eft bien dreffé. On dit alors qu’il eft de
bonne affaire.
AFFAITAGE , (Fauc. ) art de drefler les
oifeaux de proie.
AFFAITER , ( Fauc. ) drefler les oifeaux de
proie.
AFRI AND E R , ( Fauc. ) donner à un oifeaa
de proie un pat friand.
AGACE. Voyeç P ie .
AGAMI,
Fàifan des Antilles. B r i s s . tom. I , pag. 26p.
Oifeau trompette. L a C on d . Voyage des AmaA
çories pàg. ijf.
Grus Crépitons , feu Pfophia Linncci 3 Pallaf
Mifcell. Zoolog. pag. 66.
h ’agami eft un oifeau allez grand, remarquable
par la beauté de fon plumage 6c par fes habitudes.
M. Briflon qui ne l’avoit pas v u , induit en
erreur par le nom que du Tertre lui a donné, a
très-mal-à-propos placé cet oifeau parmi les faifans.
D ’autres auteurs fans plus de fondement, l’ont
regardé comme une grue, une poule , 8cc. M.
Adamfon , dans le fupplément de l ’Encyclopédie ,
range Y agami dans la famille des vaneaux , entre
Je jacana 8c le kamichi. Il eft vrai qu’il a avec
ces oifeaux du rapport par la conformation des
jambes dégarnies de plumes jufqu’àu deflus du
genou ; mais il n’a aucune relation du côté du
bçc avec le jaçana, 6c quoique le kamichi ait
comme Y agami le bec des gallinacés, le premier
eft fi différent du fécond par le caraftère iingulier
de porter une corne fur la tête, par l’étendue de
fes doigts, 6c de fes ongles très-longs , 6c très-
courts au contraire dans Y agami ; enfin, par les
habitudes, qu’il ne me paroît pas que ces oifeaux
puiflent être rangés à côté les uns des autres.
En fuivant la méthode de M. Briflon , Y agami
efl: du LXXXV* genre , ou de celui du cariama ;
les caraélères de ce genre , qui tous conviennent
à Y agami , font quatre doigts dénués de membranes
; trois devant, un derrière.
La partie inférieure des jambes dénuées de
plumes.
Le bec en cône courbé.
Les ailes point armées.
L’agami a vingt-deux pouces de longueur ; le
bec qui reffemble parfaitement à celui des gallinacés,
a vingt-deux lignes; la queue qui ne >
dépaffe pas les ailes pliées, qui eft cachée fous
les couvertures qui l’excèdent, n’a que trois pouces
trois lignes ; les pieds ont cinq pouces ; ils font
revêtus d’écailles comme dans les gallinacés ; mais
ce qui établit entre ces oifeaux une grande différence
, ils font dégarnis de plumes jufqù’à deux
pouces au-deffus des genoux.
La tête , les dèux-tièrs du cou , tant en devant
qu’en arrière , font couverts de plumes courtes ,
noires , frifées & un peu relevées en-deffus par
leur extrémité. Ces plumes reffemblent à du
duvet à la vue 6c au toucher.
Les plumes du bas du cou deviennent plus
grandes, ne font pas frifées 8c font d’un violet
changeant, tel qu’on en voit, fur de l’acier poli 6c bruni.
La gorge 8c le haut de la poitrine font cou- f
verts de plumes qui forment une plaque d’environ
quatre pouces, fur laquelle, l'üivant la
projeâion de la lumière, brillent le bleu, le
violet, le vert, le vert-doré. Ces couleurs font
irifées 6c ont l’éclat, ainfi que le reflet métallique.
Le bas de la poitrine,. le ventre, les côtés 8c
les cuilfes, font couverts de plumes langues,
noires , douces au toucher , 6c dont les barbes
ont peu d’adhérence les unes avec les autres.
Le haut du dos eft noir ; vers fon milieu il y
a une barre tranfverfale de deux pouces environ
de large, d’un roux-brûlé ; le refte du dos 6c le
deflus de la queue paroiflent gris. Mais-cette couleur
eft due aux couvertures des -ailes 8c de la
queue qui font très - amples. Si on écarte ces
plumes ., on en trouve deffous de courtes qui font
noires 8c qui couvrent le dos. La queue 6c les
ailes font noires.
Le bec eft noirâtre 8c les pieds font verdâtres.
U agami habite les parties les plus Couvertes
des .grandes forêts ; il fe tient éloigné des lieux
habités ; il vit en troupes de dix à douze individus,
6c fouvent on Je rencontre fur les lieux |
élevés, quoiqu’il parût d’après la conformation de
fes pieds, devoir préférer les lieux bas 6c le bord
des eaux : il fe nourrit de fruits fauvages 6c de
grains ; fon vol eft court 6c péfant ; mais il eft
très-prompt 6c très-léger à la courfe. Lorfqu’on
le furprend, il fuit en courant, plus fouvent qu’il
ne vole ; il jette en même-temps un cri aigu.
Les agamis gratent la terre au pied des grands
arbres ., 6c dépofent leurs oeufs dans le creux
qu’ils ont formé, fans le garnir , fans y conf-
truife de nid. Ils pondent depuis dix jufqu’à feize
oeufs , prefque fphériques , plus gros que ceux
des poules, peints d’un vert clair.
Les jeunes font couverts d’un long duvet on
de plumes effilées qu’ils conferveht jufqu’à ce qu’ils
aient pris plus du quart de leur accroiffement.
Leur chair, fans être fort fucculente, a un goût
aflez agréable 8c vaut mieux que celle des vieux
qui eft trop dure.
ldagami paroît être parmi -les oifeaux, ce que
le chien eft parmi les quadrupèdes. Ce font
chacun dans leur, genre , les animaux auxquels la
nature a accordé le plus d’inftinél , moins d’éloignement
ou plus, de penchant pour la fociété de
l’homme. Non-feulement l’agami s’appruvoife aifé-
ment, mais il eft, comme le chien , fùfceptible
d’éducation , 6c il donne de même des marques
de connoiffance, de fentiment 6c d’affe&ion. Il
- obéit à la voix de fon maître ; il le fuit; il reçoit
fes careffes ; il lui en rend ou le, prévient ; il les
•lui prodigue à fon retour quand il a été abfent ;
il paroît fenfible à celles qu’on Ijii accorde, 6c
fùfceptible de jaloufle contre ceux qui pourroient
les partager : il chaffe les autres animaux domef-
tiques 8c pourfuit même les nègres qui font le
fervice. Il ne craint ni les chats ni les chiens ,
dont il évite l’atteinte en s’élévant en l’air , qu’il
arcelle en.retombant fur eux & en les frappant
à grands coups de bec. Il fort-feul, s’éloigne fans
s’égarer 8c revient chez fon maître. J’ai même
entendu affurer à- plusieurs perfonnesqui avoient
habité long-temps à Cayenne , qu’on confioit à
un agami un troupeau de jeunes d’in do ns* ou de
canards, qu’il < les menoit dans des habitations au
pâturage dès le matin, les veüloit pendant la
journée 8c les ramenoit le foir ; on en a v u , à
ce qu’on prétend , conduire un troupeau de moutons.
Dans la baffe-cour, fi l’on en croit les
voyageurs,. Y agami fe rend maître ; le matin il
chaffe tous les oifeaux dehors , 6c le foir il oblige
lès traîneurs de; rentrer ; pour lui, il ne s’enferme
pas, mais il fe couche , ou fur le toit de la baffe-
cour, ou fur qnelqu’arbre voifm.
Les faits relatifs à l’inftinft de Y agami, à fes
moeurs fociales font répétés par trop de témoins,
pour n’être pas vrais en plus grande partie. Moi-
même j’ai vu à Paris, un agami , qui, quoiqu’il
n’y fut apporté que depuis quelques jours, con-
; noiffoït parfaitement la perforine qui en avoit foin ;
qui obéiffoit à fa voix 6c f aroiflbit f« plaire cga