
ÆLURUS , dans Fernandez , eft la civette'.
Voye^ C iv e t t e .
A ffût , ( terme de chaffe. ) c’eft le pofte où
le chaffeur le tient en filence & caché, pour attendre
& Surprendre le gibier. La chal’fe à Y affût eft lur-
tout en ufage pour le lièvre. Voyeç l’art, l iè v r e
pour les details de .fa chaffe.
AGNEAU ( 1’ ) eft lé petit du bélier & de la
brebis. Outre ce que nous dirons touchant les
agneaux à l’article bélier , nous croyons devoir
ajouter ici urif mot fur la manière d’élever ces
jeunes animaux, ft précieux à l’homme à tous égards.
Immédiatement après la naiffance de Y agneau,
on le tient droit fur fes pieds, 6c on ne lui permet
point de fuccer le premier lait de fa mère,
parce que ce lait eft gâté 6c lui feroit nuifible.
On le tient enfuite enfermé avec elle pendant trois
ou quatre jours , pour qu’il apprenne à la con-
noître ; & , lorfqu’il commence à bondir, on peut
la lui lâiffer fuivre aux champs : on ne doit le fevrer
qu’à ftx femaines ou deux mois.
Les agneaux les plus vigoureux , les plus gros 6c
les plus chargés de laine , lont ceux que l’on préfère
pour les élever. Ceux de la première portée rie font
jamais fi robuftes que ceux des autres. Lorfqu’on
veut élever les agneaux qui naiflent depuis le mois
-d’oélobre jufqu’en mars, on les tient à l’étable pendant
l'hiver , on ne les en fait fortir que le matin ôc
le foir pour tetter, & on ne les laiffe point aller aux
champs avant le commencement d’avril.
La caftration doitfe faire à l’âge de cinq ou fix mois,
ou même plus tard ; au printemps ou en automne ,
dans un tems doux. Cette opération fe fait ou par in-
cifion, en tirant les tefticules par une ouverture que
l ’on fait aux bourfes, ou en les comprimant fortement.
Elle rend Y agneau trifte 6c malade, 6c pendant
deux ou trois jours on lui donne dufon mêlé d’un peu
de fel, pour prévenir le dégoût, qui fouvent fuccède
a cet état. On préfère les agneaux à toifon toute
blanche , parce que leur laine eft plus eftimée.
On peut admirer la fûreté de l’inftincf inlpiré par
la Nature, lorfqu’on voit dans un nombreux troupeau,
Y agneau chercher, trouver, fans jamais fe
méprendre, & faiftr , au milieu de la foule des brebis
, la mamelle de fa mere.
•L’agneau , fa douceur, fa muette patience ,
ont fourni un emblème touchant 6c révéré de l’innocence
qui fouffre 6c fe tait, & fe préfente ,
fans fe plaindre , au couteau qui va l’égorger.
A g n e a u d ’Is r a ë l . Voye{ D a m a n - I s r a e l .
AGOUTI ( 1’ ) eft up animal d’Amérique de la
groffeur du lièvre, & qu’on a regardé mal-à-propos
comme une efpèce de lapin ou de gros rat, avec
lefquels il n’a que' de très-petits'çaraâères de ref-
femblance , & dont il diffère eflentiellement. Il a
la lèvre ftipérieure fendue comme le lièvre , la
queue encore plus courte que le lapin , les oreilles
• courtes ôc larges, la mâchoire fupérieure avancée
au-delà de l’inférieure , le mufeau,comme le loir ,
les dents comme la marmotte, le col long, les »
jambes grêles, quatre doigts aux pieds de devant,
trois à ceux de derrière ; le poil de couleur brune
mêlée de roux. 11 a le grognement 8c la gourman-
dile du cochon ; loriqu’il eft rempli, il cache en
différens liemC"ce qui lui refte d’alimens, pour le
trouver au befoin. Dans la colère , fon poil rude
fe hériffe fur la croupe ; il frappe fortement la terre
de fes pieds de derrière, ôc mord cruellement. Il
fe plaît" à taire le dégât, à couper, à ronger tout
ce qu’il trouve. Sa demeure ordinaire eft dans les
bois ôc les haies , ou il habite le creux des arbres
& les fouches pourries : il fe nourrit dé fruits , de
patates, de manioc, de feuilles & déracinés de
plantes ôc d’arbriffeaux. Il fe fert, comme l’écureuil
, de fes pieds de devant pour faiftr & porter à
fa gueule ; il court très-vite, eu plaine ôc en montant
; mais comme il a les jambes de devant plus
courtes que celles de derrière, il feroit- la culbute
s’il ne ralentiffoit fa courfe en defcendant. Il a la
vue bonne, l’ouie très-fine, & le cri femblable à
celui d’un petit cochon.
L'agouti n’a point de graille ; fa chair eft auflï
blanche & prefque auffi bonne que celle du lapin,
ayant le même goût & le même fumet. On l’é-
ehaude & on l’apprête comme le cochon de lait.
Vieux ou jeune , la chair en eft toujours tendre ;
mais ceux du bord de la mer font les meilleurs.
On les prend avec des trappes , on les tue à l’affût,
ou bien on les chaffe avec des chiens, & même on
les prend aifément, foit en les enfumant dans leurs
demeures foit en les forçant dans les champs des
cannes à lucre coupées , , où il eft facile de les
atteindre , parce qu’ils enfoncent ÔC s’embarraffent
dans la litière épaiffe qui couvre ces terreins. Les
Indiens ôc les Nègres qui favent les.ftffler, en tuent
tant qu’ils veulent ; Ôc les Sauvages fe fervent d’une
dent & agouti, parce que ces dents font tranchantes,
pour fe faire des incilions à la peau dans leurs cérémonies
de deuil.
Les agoutis n’habitent pas en nombre dans le
même trou ; on les y trouve feuls, ou bien la mère
avec fes petits. Ils reftent dans leurs trous pendant
la nuit , à moins qu’il ne faffe clair de lune ; mais
ils courent pendant la plus grande partie du jour.
La femelle de Y agouti produit trois ou quatre , &
quelquefois cinq petits, dans toutes les failons de
l’année. Elle prépare pour eux un lit de feuilles &
de foin ; deux ou trois jours après leur naiffance ,
elle les tranfporte dans des trous d’arbres , où elle
les allaite très-peu de tems, parce que leur accroif-
fement eft très-prompt. Etant pris jeunes , ils s'ap-
privoifent aifément.
L’agouti paroît être particulier aux contrées méridionales
& chaudes de l’Amérique ; il peut néanmoins
vivre dans un climat plus tempéré, pourvu qu’on le
tienne à l’abri du froid & de l’humidité. Aux ifles, il
n’y a qu’une efpèce d’agouti ; mais à Cayenne & dans
la terre ferme. on affure qu’il y en a de deux efpèces,
& que la fécondé, qu’on appelle agouchi ou akouchh
eft conftamment plus petite que la p remière.
L"agouti eft le mus fylveflris americanus cuniculi
magnitudine porcelli piüs-& voce , de Ray ; Ôc le
cuniculus caudatus , auritus 3 pilis ex rufo & fufco
mixtis, rigidis , vefiitus, de liriflon.
AHU eft le nom que porte en Perfe la grande
gabelle tçeiran. Voye£ T zeiRAN. |
A I , ( 1’ ) animal d’Amérique, auquel on a donne,
ainfi qu’à Y unau, le furnom de pareffeux, à caufe
de la lenteur de fes mouvemens & la difficulté qu’il
éprouve à marcher; mais cette lenteur eft moins
l’effet de la pareffe que celui de la misère, d’un
défaut, d’un vice dans la conformation. En effet,
les yeux obfcurs & couverts de ces animaux, un
poil rude ôc femblable à de l’herbe séchée , leurs
cuiffes mal emboîtées ôc prefque hors de hanches,
leurs jambes trop courtes, mal tournées , 6c encore i
plus mal terminées, point d’aflîette de pied, point j
de pouce, point de doigts féparéinent mobiles ,
mais deux ou trois ongles exceflivement longs ,
recourbés en deffous , qui ne peuvent fe mouvoir
qu’enfemble, Ôc nuifent plus à marcher qu’ils ne
fervent à grimper, ne préfentent qu’une ébauche
d’animal échappée encore informe au crayon dev
de la Nature. La lenteur , la ftupidité, l’abandon de
fon être , ôc même la douleur habituelle paroiffent
réfulter de cette conformation bifarre ôc négligée.
Uai, non plus que Y unau, n’a point d’armes pour
attaquer ou fe défendre , nul moyen de fécurité, i
pas même en grattant la terre ; nulle reffource de
lalut dans la fuite. Confiné à la motte de terre , à
l’arbre fous lequel il eft né , pouvant à peine parcourir
une toife en une heure, grimpant avec peine,
Te traînant avec douleur , jettant par accens entrecoupés
une voix plaintive , qu’il n’pfe élever que
la nuit, tout annonce en lui la misère & le dénuement.
Tout nous montre ces animaux comme
faifant, dans l’ordre des quadrupèdes ,, le dernier
terme de l’exiftence.
Réduit à vivre de feuilles Ôc de fruits fauvages ,
Y ai confume beaucoup de temps à fe traîner au
pied d’un arbre, il lui en faut encore beaucoup pour
grimper jufqu’aux branches ; & pendant ce lent ÔC
trifte exercice, qui dure quelquefois pluftéurs jours,
il eft obligé de fupporter la faim. Arrivé fur fon
arbre, il n’en defoend plus ; il s’accroche aux
branches, le dépouille par parties , mange fucceffi-
vement les feuilles de chaque rameau, paffe ainfi
pluftéurs femaines, fans pouvoir délayer, par aucune
boiffon, cette nourriture aride, ôc lorfque l’arbre
v eft entièrement nud , il y refte encore retenu par
l’impoflibilité d’en descendre. Enfin , quand le befoin
fe fait de nouveau fentir, & devient plus preffant,ne
pouvant dèfcendre , il fe laiffe tomber, Sc tombe
' lourdement comme un bloc , une maffe fànsreffort ;
car fes jambes roides ôc pareffeufes n’ont pas le
temps de s’étendre pour rompre le coup.
Néanmoins cette misère très - apparente n’eft
peut-être pas aulfi réelle, ; ces animaux font durs ,
forts & vivaces ; ils peuvent fupporter long-temps
la privation de toute nourriture. Couverts d’un poil
épais Ôc fe c, Ôc ne pouvant faire d’exercice, ils
diflipent peu, ôc engraiffent par le repos * quelques
maigres que foient leurs .alimens , & quoiqu’ils
n’aient ni cornes ni bois fur la tête ni fabots aux
pieds , ni dents incifives à la mâchoire inférieure ,
ils font cependant du nombre des animaux rumi-
nans , ôc ont, comme eux, plufieürs eftomacs ; ils
peuvent par conféquent compenfer ce qui manque
à la qualité de la nourriture par la quantité qu’ils
en prennent à la fois ; & ce qui eft encore extrêmement
fingulier, c’eft qu’au lieu d’avoir, comme
les ruminans , des inteftins très-longs , ils les ont
très-petits ôc plus courts que les animaux carnivores.
D ’ailleurs ils paroiffent très-mal ou très-peu fentir ;
leur air morne , leur regard pefant, leur réfiftance
indolente aux coups qu’ils reçoivent fans s’émou-
voir, annoncent leur infenfibilité : & ce qui la de-
montre , c’eft qu’en les foumettant à la cruelle
épreuve dufcalpel, en leur arrachant le coeur &
les vifcères, ils ne meurent pas à l’inftant. Ainfi
ces êtres font miférables fans etre malheureux ; ÔC
dans fes produéfions les plus négligées, la Nature
paroît toujours plus en mère qu’en marâtre.
L ’a i , comme l ’unau, appartient aux terres méridionales
du nouveau continent , & rie fe trouve
nulle part dans l’ancien. Ces animaux ne peuvent
fupporter le froid, ils craignent aulfi la pluie ; les
alternatives de l’humidité & de la féchereffe altèrent
leur fourrure , qui reffemble plus à du chanvre mal
ferancé, qu’à de la laine ou du poil. Ils fe nourriffent
de feuilles de monbin ôc de bois canon , qui paffent
pour des poifons. Leurs boyaux empoifonnent les
chiens qui les mangent, ôc néanmoins leur chair
eft bonne à manger : mais ce n’eft que le peuple
qui en fait ufage. Une fingularité remarquable, c’eft
qu’au lieu de déux ouvertures au dehors, l’une pour
l’urine 6t l’autre pour les excrémens , au lieu d’un
orifice extérieur ôc dilfinét pour les parties de la
génération , ces animaux n’en ont qu’un feul, au
fond duquel eft un égoût commun , un cloaque
comme dans les oifeaux. Ces deux efpèces font peu
nombreufes, car la femelle ne produit qu’un petit
qu’elle porte fur le dos. Quelquefois ils fe pendent
à des branches d’arbres. qui fe trouvent dans les
rivières, ôc alors il eft aifé de couper la branche ÔC
de les faire tomber dans l’eau ; mais ils ne lâchent
point prife & y reftent fortement attachés avec
leurs pattes de devant.
Pour monter fur un arbre , l’animal étend nonchalamment
une de fes pattes de devant, qu’il pofe
le plus haut qu’il peut fur le pied de l’arbre ; il
s’accroche ainfi avec fa longue griffe, leve enfuite
fon corps fort lourdement, pofe l’autre patte , 6c
continue de grimper. Tous ces-mouvemens font
exécutés avec une lenteur 6c une nonchalance inex-
; primables. Si on en élevé dans les maifons , ils
| grimpent toujours fur quelques poteaux ou même
fur les'portes , 6c ils n’aiment pas à fe tenir à terre.
Si on leur montre un bâton lorfqu’ils font à terre ,
ils s’en faififfent tout de fuite, ôc montent jufqu’à