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venot, fe fervir d’un léopard apprivoifé pour
prendre les gabelles, on mène un mâle de gabelle
privé , auquel on met aux cornes une
, corde qui a divers .tours & replis , & dont on
attache les deux bouts fous le ventre. Lorfqu’on
a trouvé une compagnie de gabelles , on laifle
aller ce mâle. Il va pour les joindre ; le mâle
de la troupe s’avance pour l’en empêcher ; &
comme l’oppofition qu’il lui fait n’eft qu’en jouant
avec fes cornes , il ne manque, pas de les empêtrer
& de les, embarraffer avec fon rival ; en
forte que le chaffeur s’en faifit adroitement &
l’emmène : mais iLeft plus mal-aifé. de prendre
les femelles ».
“ On fe fert,. dit la Boullaye-le-Gduz, delà
gabelle privée pour prendre .les fauvages de cette
manière ; on lui attache des lacs aux deux cornes,
puis on la mène aux champs aux endroits oh il
y en a de fauvages, & on la laifle jouer & fauter
avec les autres, lefquelles venant à-s’entrelacer
leurs cornes les unes dans les autres , elles
s’attachent enfemble par les lacs & petites cordes
qu’on a liées aux cornes. de la domeftique , &
la fauvage fe fentant prife, s’efforce de fe délier ,
& tombe à terre avec la privée , & eft prife par
les Indiens de cette façon ».
Les gabelles fe trouvent communément dans
les pays les plus chauds de notre continent&
ne 1e font trouvées nulle part dans le nouveau
monde. Elles fe nourriffent d’herbes aromatiques
.& de boutons d’arbriffeaux , fur - tout de ceux
de l’arbre de fiai , d’ambroifie , d’ofeille fau-
vage , &c. Qéfl fans doute à la qualité de cette
nourriture qu’on doit attribuer l’excellence de
leur chair , & la production du bézoard oriental
dont les vertus ont été fi vantées dans la médecine ;
mais c’efl mal-à-propos qu’on a attribué exclufive-
ment cette production à une feule efpèce de gabelle,
.puilque non feulement elles en produifent toutes ,
mais même que cette production leur eft commune
avec les chèvres & les moutons de certains
climats du Levant & des Indes. Voye£ pour
la qualité & les propriétés du bézoard la partie
pharmaceutique de ce Dictionnaire, & pour les différentes
efpèces de gabelles j les mots G a z e l l e *
COMMUNE , CO RINE , KEVEL , & C .
G a z e l l e a b o u r s e s u r l e d o s . Cette gabelle
reftemble prefqu’en tout à la gabelle commune1;
elle a les cornes annelées & contournées ,
de la même façon , & également noires : elle eft
de la même couleur avec les mêmes taches ; feulement
elle eft un peu plus grande ; mais ce qui
la diftingue , eft une raie de poils blancs , longue
de dix pouces , placée fur la partie poftérieure
du dos , en s’étendant vers l’origine de la queue,
& qui, quand l’animal court, s’élargit tout-à-
coup , & fe convertit en une grande tache
blanche, qui s’étend prefque de coté & d’autre
de la croupe , & voici comment cela, s’opère.
Cette, gabelle a,fur le dos une efpèce de bourfe
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faite par la peau , qui,, fe repliant des deux côtés,
forme deux lèvres qui fè touchent prefque ; le
fond de cette bourfe eft couvert de poils blancs ,
& c’eft l’extrémité.de ces poils , qui, paffant entre
ces deux lèvres , paroît être une raie ou ligne
blanche. Lorfque la gabelle court, cette bourfe
s’ouvre , le fond blanc paroît à découvert, & dès
qu’elle s’arrête , la bourfe fe referme.
Cette gabelle eft douce & timide ; on la trouve
dans l’intérieur des terres du cap de Bonne-Efpé-
rance ; mais fi , comme ôn peut croire , elle
s’étoit portée par l’intérieur de l’Afrique jufques
vers la Lybie ou la Mauritanie -, nous conjecturerions
, avec affez de vraifëmblance , que cèt animal
eft le pygoergus , quadrupède à fejfes blanches
des anciens ; le cara&ère fingulier & frappant de
la bourfe blanche méritant bien ce nom diftinc-
tif, plus que la fimple blancheur de ces parties,
trait commun à plufieurs efpèces, & qui n’eu
diftingueroit aucune.
G a z e l l e c o m m u n e , ( la ) eft celle qui reft-
femble le plus à notre cKevrêuil ; elle a le poil
court & fauve, les feffes & le ventre blancs , la
queue noire 3 une bande brune au-deffous des
flancs 9 tïois raies blanches dans les oreilles. Ses
cornes ont environ un pied de longueur ; elles
portent des anneaux entiers à leur bafe , & en-
fuite des dembanneaux jufqu’à une petite distance
de leur extrémité, qui eft lifte & pointue.
Ces cornes font non feulement entourées d’anneaux
, mais encore fillonnées longitudinalément
par de petites .ftries ; les anneaux marquent les
années de l’accroiffement.
Cette efpèce fe trouve en Syrie , en Méfopo-
tamie , & dans les autres provinces du Levant ,
aufli bien qu’en Barbarie, & dans toutes les parties
feptentrionales de l’Afrique. Ces gabelles fe
raffemblent en troupe & vivent en fociété; elles
font d’un naturel doux , & s’accoutument aifé-
ment à la domefticité. Leur chair eft très-bonne
à manger.
Notre gabelle commune eft la dorcas d’OElien,
, Yalga^el ex Africa de Hernandez, la gabelle d'Afrique
de Briffon.
G a z e l l e d u b é z o a r d . Voye^ G a z e l l e .
GEIRAN ou J A IRAIN, nom corrompu ds
tçeiran. Voye£ T z e ir a n .
GENETTE ( la ) a beaucoup de rapports avec
la civette, mais elle eft un peu plus petite ; elle
a le corps alongé , les ; jambes courtes . le mufeau
pointu , la tête effilée , le poil doux & mollet,
d’un gris cendré , brillant & marqué de taches
noires, rondes & nettement féparées fur les côtés
du corps , mais qui fe réunifient de fi près fur
la partie du dos , qu’elles paroifïent former des
bandes noires continues qui s’étendent tout le
long du corps ; elle a aufli fur le cou & le long de
l’épine du dos une efpèce de crinière ou long
poil qui forme une bande noire & continue depuis
la tête jufqu’à la queue , laquelle eft aufli longue
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jquele corps & marquée de fept ou huit anneaux
alternativement noirs & blancs. Les taches noires
du cou font en forme de bandes, & l’on voit au
deffous de chaque oeil une marque blanche trèsr
apparente.
La genette a fous la queue & dans le même
endroit que les civettes , une ouverture "ou fac
dans lequel fe filtre un parfum , maïs foible &
dont l’odeur ne fe conferve pas. Elle eft un peu
plus grande que la fouine qui lui reftemble. beaucoup
par la forme du corps , aufli bien que par
le naturel & par les. habitudes; mais la genette
s’apprivoife plus aifément.
On a donné à cet animal les noms de chat de
Conflantinople , chat d'Efpagne 3 chat genette ; les
genettes n’ont cependant rien de commun avec les
chats que.l’art d’épier & de prendre les fouris ;
on affure que la genette n’habite que dans les
endroits humides & le long des ruiffeaux, & qu’on
ne la trouve ni fur les montagnes ni dans les terres
arides. L’efpèce n’en eft pas fort répandue. L’Ef-
pagne & la Turquie font les contrées de l’Europe
où elle eft la plus commune. On la trouve aufli
dans nos provinces méridionales , en Poitou &
dans les provinces voifines. Il ne paroît pas qu’elle
exifte dans les pays les plus chauds de l’Afrique
& des Indes. La peau de cet animal fait une
fourrure légère & très-jolie. Il y a quelques variétés
pour la grandeur & pour les couleurs du
poil.- -
Ge n e t t e de Madagafcar ; dénomination fous
laquelle on a défigné la foffane. Voye£ Fos-
SAN£*
GERBO, première efpèce de gerboife.' Voyes^
C e r b o i s e .
GERBOISES; (les) nom générique employé
pour défigner des animaux remarquables par la
très-grande difproportion qui fe trouve entre les
jambes de derrière & celles de devant, celles-ci
n étant pas plus grandes que les mains d’une taupe ,
*& les autres reffemblant aux pieds des oifeaux.
On connoît quatre efpèces bien diftinéles dans ce
genre ; i°. le gerbo ou gerboife proprement dite avec
quelques variétés ; 2°. le tarfier ; 30. la gerboife
ou le lièvre fauteur du Cap ; 40. la très-grande
gerboife ou kanguroô de la Nouvelle Hollande.
Toutes ces . efpèces ne fe trouvent qu’en Afie &
en Afrique. Nous allons afligner les caractères particuliers
à chacune.
i°. Le Gerbo ou Gerboise proprement dite.
Cet animal eft de la taille d’un rat de moyenne
grandeur ; il a la tête faite à-peu-près comme celle
ciu lapin, mais avec les yeux plus grands & les
oreilles, plus courtes , quoique hautes & amples
relativement à fa taille ; il a le nez couleur de
chair & fans poil, le mufeau court & épais , 1’ou-
verture de la gueule très-petite, la mâchoire fu-
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périeure fort ample, l’inférieure étroite & courte ,
les dents comme celles du lapin , & autour delà
-gueule des mouftaches compofées de longs poils
noirs & blancs ; lés pieds de devant font très-,
courts & ne touchent jamais la terre ; l’animal ne
s’en fert que comme de mains pour porter à fa
gueule ; ces mains ont quatre doigts munis d’ongles,
& le rudiment d’un cinquième doigt fans ongle :
les pieds de derrière n’ont que trois doigts , dont
celui ,du milieu eft un peu plus long que les deux
autres, & tous trois garnis d’ongles : la queue
eft trois fois plus longue que le corps ; elle eft couverte
de petits poils roides-, de la même couleur que
ceux du dos, & au bout elle eft garnie de poils
plus longs , plus doux & plus touffus, qui forment
une efpèce de houpe , noire au commencement
& blanche à l’extrémité ; les jambes font nues Sc
de couleur de chair aufli bien que le nez & le s.
oreilles : le deffus de la tête & le dos font couverts
d’un poil rouffâtre ; les flancs , le deffous de la
tête, la gorge , le ventre & le dedans des cuiffes
font blancs ; dans le mâle , il y a au bas desreins
& près de la queue , une grande bande noire
tranfverfale en forme de croiffant.
« Cette gerboife, dit M. A flamand , n’eft point
farouche , car elle fouffre qu’on la tire de fou
nid.& qu’on l’y remette avec la main nue , fans
qu’elle' morde jamais ; au refte, elle ne s’apprivoife
que jufqu’à un certain point, car elle ne
paroît mettre aucune différence entre celui qui
lui donne à manger & les étrangers ; lorfqu’elle
eft en repos, elle eft aflife fur fes genoux, &fes
jambes de derrière étendues fous le ventre
atteignent prefque fes jambes de devant, en formant
une efpèce d’arc de cercle; la queue alors eft
pofée le long de fon corps ; dans cette attitude-,
elle recueille les grains de bled ou les pois'dont
elle fe nourrit; c’eft avec fes pattes de-derrière
qu’elle les porte à fa bouche , & cela fi promptement,
qu’on a peine à en fuivre de l’oeil
les mouvemens ; elle porte chaque grain à fa
bouche & en rejette l’écorce pour ne manger
.que l’intérieur.
« Quand elle fe meut, elle ne marche pas en
avançant un pied devant l’autre , mais en fautant
& en s appuyant uniquement fur l’extrémité des
doigts de fes pieds de derrière ; alors, elle tient
fes -pieds de devant fi bien appliqués contre fa
poitrine , qu’il lemble qu’elle nen a point. Si on'
l’épouvante, elle faute à fept ou. huit pieds de
diftance ; lorfqu’elle veut grimper fur une hauteur,
elle fait ufàge de fes quatre pieds ; mais lorfqu’ii
faut defcendre dans un creiix , elle traîne après
foi fes jambes de derrière fans s’en fèrvir, & elle
avance en s’aidant uniquement des pieds de
devant ».
“ U ffmble , continue M. Allamand , que la
lumière incommode cet animal ; aufli dort-il
pendant le jour , & il faut qu’il foit bien preffé
par la faim, pour qu’il lui arrive de manger quand