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temps, fe perfécutent & s’entretuent-, dépofent
leur férocité naturelle pendant le peu de jours que
durent leurs amours. Ils le défendent même réciproquement
contre les aggreffeurs. Quand on ouvre
un terrier dans ce temps-là , & que la femelle
s’apperçoit qu’on veut lui enlever fou mari, elle
s’élance fur le raviffeur, & lui fait l'ouvent fentir
la furéur de fa vengeance par des morfures profondes
& douloureufes.
L'accroilTement de ces animaux eft fort prompt.
A l’âge de quinze jours , ils effaÿent déjà’ de creüfer
la terre : peu après la mère les oblige de fortir
du terrier, de forte qu’un mois ou iix femaines
après leur naiffance , ils font abandonnés à leur
propre conduite. Cette mère montre en général
fort peu de tendrefte pour fes petits ; elle qui,
dans le temps de fes amours , détend fi courageu-
lement fon mâle , ne connoît que la fuite quand
fa famille eft menacée d’un danger ; fon unique
foin eft de pourvoir à fa propre confervation.
Dans cette vue, dès,quelle fe fent pourfuivie,
elle s’enfonce en creufant plus avant dans la terre ,
ce qu’elle exécute avec une célérité furprenante.
La vie du hamjler eft partagée entre les foins
de fatisfaire aux befoins-naturels & la fureur de
fè battre. Il paroît n’avoir d’autres pallions que
celle de la colère qui le porte à attaquer tout* ce
qui fe trouve en fon chemin , fans faire attention
à la fupériorité des forces de-l’ennemi. Ignorant
abfolument l’art de fauver fa vie en fe retirant
du combat, il fe laiffe plutôt affommer de coups
de bâton , que de céder. S’il trouve le moyen
de faifir la main d’un homme , il faut le tuer pour
s’en débarraffen La grandeur'du cheval l’effraie
aufti peu que l’adrefte du chfen. Ce dernier
aime à lui donner la chafle : quand le hamjler l’ap-
perçoit de loin, il commence par vider fes poches ,
fi par hafard il les a remplies- de grains ; enfuite
il les enfle fi prodigieufement, que la tête & le
cou furpafîent beaucoup en grofteur le refte du
corps ; enfin , il fe redreffe fur fes jambes de
derrière , s’élance-dans cette attitude fur l’ennemi
; s’il l’attrape , il ne le quitte qu’après l’avoir
tué ou avoir lui-même perdu la vie ; mais ?le chien
le prévient, pour l’ordinaire, en cherchant à le
prefidre par derrière & à l’étrangler. Quand le
hamjler eft irrité , dit M. Sultzer, le coeur lui bat
cent quatre-vingt fois par minute.
Cette fureur de fe battre , fait que le hamjler
n’eft en paix uvec aucun des-autres animaux: il
fait encore la guerre à ceux de fon efpèce, fans
en excepter les femelles. Quand deux hamJlersAe
rencontrent, ils ne manquent jamais de s’attaquer
réciproquement , jufqu’à ce que le plus foible
fuccombe fous fes coups du plus fort qui le dévore.
Le combat entre un mâle & une femelle , dure,
pour l’ordinaire , plus longtemps que celui de
male à mâle. Ils. commencent par fe donner la
chafle & fe mordre , enfuite chacun fe retire d’un
autre côté , comme pour prendre haleine ; peu-
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âpres ils Fenôuvellent le combat 3 & continuent
à fe fuir & à fe battre jufqu’à ce que l’un ou
l’autre fuccombe. Le vaincu lert toujours de repas
au vainqueur. ;5 • - ' : v *
Les fouines pourfuivent vivement les hamjler s
& en détruifent un grand nombre ; elles entrent
dans leurs terriers & en prennent pofleiiion.
Le hamjler n’habite pas indifféremment dans
toutes fortes dé climats ou de terreins. On ne .le
trouve ni dans les pays trop chauds, ni dans les
pays trop froids. Comme il vit de grains & qu i!
demeure fous terre, une terre pierreufe, fablon-
neufe , argilleufe , lui convient- aufti peu que les
prés, les forêts & les endroits bourbeux. Il lui
faut un terroir aifé à creufer , qui néanmoins foit
aflezferme pour ne pas s’écrouler ; il choifit encore
des confiées fertiles en toutes fortes .de grains ,
pour n’être pas obligé de chercher fa nourriture au
loin , étant peu propre à faire de longues; courfes.
Les -terres de Thuringe réunifiant toutés ces qualités
, ; les hamjlers s’y trouvent en plus grand
nombre que par-tout ailleurs.
. Ils fe trouvent aufti dans quelques afatres provinces
de l’Allemagne, & ils y font fi communs,
que leur fourrure eft à très-bon marche ,.* & fi
nuifibles, que dans quelques états on a mis leur
tête à prix:
Le hamjler, en latin moderne fe nomme cri-
cetus ; il eft le porcellus Jrumentarius de Sclvwenk-
feld., la marmotte de Strasbourg de Briflbn.
, H AN -T A -H AN , à la Chine, élan. Voye{
El a n .
Harde , qui n’eft peut-être qu’une corruption
de horde, veut dire, .en terme de vénerie , la
troupe des cerfs -raftemblés ; fur le] temps ou les
cerfs fe raflemblent ou fe mettent en hardes. Voye^
C e r f . - - - - . . - - • • •••..
Hase , eft la femelle du lièvre , fpécialement
lorfqu’elle a des petits ; on dit unekafepleine, une
vieille hafe y néanmoins ce .terme paroît n’être
guère qu’à ï’ufage des chafleurs.
He r e en termes de ch a fle , eft le jeune-'cerf
qui cefle d’être faon & n’eft pas encore daguet
les dagues ou premiers jets du bois ne lui pouffant
pas encore. Voye^ l’article B ic h e .
HAÜou HAULTI , dans le voyageur Thevet,
eft l’aï. Voye£ Aï.
HAUT, dans .Niéremberg. \ v■
H A I, félon de Léry.; • ƒ i, ^ ^ ,
. Hennir , v. a. ; Hennissement , f. m. mots
qui expriment' le; cri:que jette le cheval lorfqu’il
eft . ému. Les cris des animaux étant l’expremon
la plus vive de leurs émotions intérieures;, carac-
térifent. leur inftinéf & manifeftent leur nature :
ainft l’animal craintif a la voix entrecoupée de la
peur ; l’animal farouche & cruel , le fré-miflement
de la colère & .de la rage ; le cheval, animal noble
& qui n’eft fufcepïfble que de pallions généreufes,
hennit de courage , de fierté & d’amour ; il hennit
aux combats, où il femble appelfer le danger ;
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il hennit aux courfes, où il provoque fes rivaux ;
W hennit dans la plaine, lorfqu’emporté par la fureur ’
amoureufe , il pourfuit fa cavale. Voye^ l’article
C h e v a l .
H É R IS S O N , (le ) a reçu de la nature une ,
armure épineufe avec laquelle il fait fe défendre
fans combattre , & bleffer fans attaquer ; il n’a
que peu .de force , & nulle agilité- pour fuir ;
mais avec la facilité de fë rouler en boule , & de
préfenter de tous côtés des armes défenfives ,
poignantes j il rebute fes ennemis , &. plus ils le
tourmentent, plus, il fe hérifle & fe refîerre.
Il fe détend encore par l’effet même de la peur ;
il lâche fon urine, dont l’odeur & l’humidité , fe
répandant fur tout fon corps , achève de dégoûter
le,s aflaillans : auffi la plupart des chiens fe contentent
de l’aboyer, & ne fe foucient-pas de le
faifir. Cependant il y en a quelques-uns qui trouvent
moyen , comme le renard , d’en venir à
bout, en fe piquant les pieds & fe mettant la
gueule en fan'g ; mais il ne craint ni la fouine ,
ni k marte, ni le putois , ni le furet, ni la belette
, ni les oifeaux de, proie. On le prend à la
main ; il ne fuit pas ; il ne fe défend ni des .pieds
ni des dents , mais il fe met en. boule dès qu’on
le .touche , & pour le faire étendre, il faut le
plonger dans l ’eau.
Le hériffbn a les_ yeux . petits & faillans , les'
oreilles .courtes , larges & rondes. Sa longueur
n’eft que d’environ neuf pouces , depuis le bout
du nez jufqu’à l’origine de la queue. Les plus grands
de fes piquans ont un pouce de long fur un tiers de
ligne de diamètre; ils font de couleur blanchâtre
à la pointe & fur les deux tiers de leur longueur
depuis la racine , & ils ont une couleur brune
noirâtre, ou noire -au-dëfîbus de la "pointe , fur
la longueur d’environ deux lignes. Entre les
poils , les uns font de la même conftftance que
les foies de cochon, quoique plus .petits & de
couleur blanc jaunâtre ; & les autres plus courts
& plus abondans , font frifés, & gris-bruns ou
châtains.
La femelle & le mâle font également couverts
d’épines depuis la tête jufqu’à la queue , & il n’y
a que le deffous du corps qui foit garni de poils ;
mais ces mêmes armes , qui leur font fi utiles
contre les autres , leur deviennent très - incommodes
lorfqu’ils veulent s’unir : ils -ne peuvent
s’accoupler à la manière des autres quadrupèdes ;
il faut qu’ils foient face à lace, debout ou couchés.
C’eft au printemps qu’ils fe recherchent, ôcils
produifent au commencement de l’été. Les portées
font ordinairement de trois ou quatre ôc quelquefois
cinq petits. Ils fent blancs dans ce premier
temps , & l’on voit feulement fur leur peau
la naiffance des épines. Ils mangent de tout ;
de la viande crue ou cuite, du pain, du feji ,
des fruits , des racines , des hannetons , des fea"
rabée;s , dçs grillons Ôç des vers. Ils prennent avçç
Hijloire Naturelle. Torn. /.
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la gueule ce qu’ils veulent faifir ; mais ils ne veulent
point s’apprivoifer ; ils font de fi mauvaife^ humeur
lorfqu’on les tient en prifon , que les mères ,
au lieu d’allaiter leurs petits, les dévorent les uns
après les autres.
A la campagne , ils fe tiennent dans les bois
fous les troncs des vieux arbres, dans les- fentes,
de. rochers , & fur-tout dans les monceaux de
pierres qu’on amaffe dans les champs & dans les
vignes. Ils ne bougent pas tant qu il - eft jour 3
mais ils marchent pendant toute la nuit : ils approchent
rarement, des habitations ; ils preferent
les lieux élevés & fecs , quoiqu’on les rencontre
aufti quelquefois dans les prés. Ils ne mangent
pas beaucoup , & peuvent .fe pafler allez lon^- ,
temps de nourriture. Ils ont le. fang froid , OC
dorment pendant l’hiver. Leur chair n eft pas-
bonne à manger , & leur peau, dont on ne fait
maintenant aucun ufage, fervoit autrefois de ver-*
gette & de^ frottoir pour ferancer le chanvre. ^
Nous ne connoiffons qu’une feule efpèce de ces
animaux , & qui n’a même aucune variété dans
ces climats. Elle eft allez; généralement répandue,
& on en trouve par-tout en Europe , à l’exception
des. pays les plus froids > comme la Lapon—
nie, &c. On en trouve aufti à Madagafcar, oit
on les appelle fora ; mais ceux de Siam & de Ma—
laça paroiftent être d’autres animaux , & ceux
d’Amérique & de^Sibérie font les efpèçes les plus
voifines du hèrijfon commun.
Le nom latin du hèrijfon eft erina.ceus , herina-
ceus , echinus , echinus terrejlris y. ces noms le de-
fignent chez les Naturaliftes.
H é r i s s o n s d e M a d a g a s c a r , nom fous le*-
quel on trouve défignés , fe tendrae &. fe tamrecr
Voye^ T e n d r a c .
HERMINE , ( r ) joli petit animal bien connu
par la blancheur de fa fourrure, & qui .d’ailleurs
a la phyfionomie fine , fes yeux vifs, les mou-
vemens fi prpmpts , qu’à peine l’çeil peut les fuivre.
On peut dire que l’hermine eft une efpèce de belette
blanche, tant la reftemblançe dans la conformation
eft entière entre ces deux animaux 5
mais l’hermine peut toujours fe diftinguer de la.
belette , en ce qu’elle a en tout temps fe bout
de la queue noire,,, avec le bout des oreilles &
. l’extrémité des pieds blancs, même dans la fai-
fon où fon poil eft roufsâtre .pu jaunâtre , & où
elle porte, par cette raifon , 1e nom de rojfelet 9
' c’eft-à-dire, durant l’été ; car ce n’eft qu’en hiver
que Xhermine eft entièrement bknehe.
Quoique moins commune que la belette ordinaire
5 Vhermine ne laifie pas de fe rencontrer
allez fréquemment dans les anciennes forêts, Se
quelquefois, pendant l’hiver , dans fes champs-,
voifins des bois. Elle eft carnaftière & paroît
préférer la chair corrompue à toute autre. L î
fourrure de l’hermine eft bien plus belle ç£ dun
blanc plus mat que celle du lapin blanc ; mais
■ elle jaunit ^vec fe temps, même les hçrmms