
pour tirer les tapirs, parce que leur peau eft fi i
dure, que le gros plomb ne fait que l’effleurer ,
& avec les balles, & même les lingots , il eft
rare qu’on les tue du premier coup : ils ont la
vie fingulièrement dure. Leur chair n’eft pas ab-
folument mauvaife à manger ; celle des vieux eft
coriace & a un goût que bien des gens trouvent
défagréable ; mais celle des jeunes eft meilleure
& a quelque rapport avec celle du veau.
Nous avons dit, ( Voyeç l’art, quadrupède. )
que la Nature vivante fembloit s’être rapetiffée
au nouveau monde, ou n’avoir pas eu le temps
d’y parvenir à fes plus hautes dimenfions dans le
genre des animaux quadrupèdes ; en effet, au
.lieu des malles coloffales que produit la terre antique
de l’A lie , au lieu de l’éléphant, du rhinocéros
, de l’hippopotame, de la giraffe, du chameau
, nous ne trouvons dans l’autre continent
que des fujets modelés en petit : le tapir , qui
e f t l’éléphant du nouveau monde , & à côté de
lui des lamas , des vigognes , des cabiais, tous
vingt fois plus petits que ceux qu’on doit leur comparer
dans l’ancien continent.
Et non-feulement la matière eft ici prodigieu-
fement épargnée , mais les formes mêmes font
imparfaites, & femblent avoir été négligées ou
manquées ; les animaux naturels à l’Amérique ’
méridionale , qui appartiennent en propre à ce
^nouveau continent, lont prefque tous fans défenfes,
fans cornes & fans queue ; leur figure eft bifarré ;
leurs corps & leurs membres font mal proportionnés
, mal unis enfemble , & leurs facultés paroîffent
aulli bornées que leur conformation eft défeélueufe.
Il fuffit, pour s’en convaincre , de rapprocher
le tapir de l'éléphant. Quelle comparailon entre
les hautes facultés , la force , la puiffance, l'a-
dreffe, l’intelligence de celui-ci & la petiteffe ,
l’inftinél borné, brut & fauvage de l’autre i II en ]
feroit de même du parallèle que l’on pourroit
faire des différentes efpèces des animaux quadrupèdes
propres à l’Amérique , avec les elpèces
correfpondantes dans l’ancien continent. Voyeç ces
idées plus étendues dans l’article Q uadrupèdes.
TAPIR-OUSSOU, des Moxes , n’eft pas un
animal différend du tapir. Voye{ ce mot. Nota. L’ancienne
Encyclopédie avoit fait du tapir-ouffou & du
tapir-été deux animaux différens , & donnoit une
troifième fois cette même efpèce fous le nom de :
danta.
TAPITY,au Maragnon , félon le Père d’Abbeville
, eft le tapeti , que l’ancienne Encyclopédie
indiquoit aulîi fous le nom de tapiti. V. T apeti.
TA Q U A T Z IN , dans Herrera, eft le farigue.
Voyeç Sa r i g u e .
TARANDUS, en latin , eft le renne, que Pan-
cienne Encyclopédie décrivoit imparfaitement, &
fans le reconnoître , fops le nom de tarande. Foyer
H en ne .
TARPAN , nom que les Tartares Mongous
donnent aux chevaux lauvages qui fç trouvent
dans toute l’étendue du milieu de l’Afie, depuis le
Volga jufqu’à la mer du Japon. Ces chevaux fau-
vages font tous de petite taille , &. néanmoins leur
tête eft plus groffe que celle des chevaux domef-.
tiques.
TARSIER, nom donné à une petite efpèce
de G er bo ise . Voyei G e r b o ise .
TARTARIN , nom donné au magot. Voye\[
Mag o t .
TATOUS (les) font des animaux dont le
corps , au lieu de poil, eft couvert d’un têt fem-
blable pour la fubftance à celle des os ; ce têt
couvre la tête, le cou, le dos , les flancs, la
croupe & la queue jufqu’à l’extrémité ; il eft lui-
même recouvert au dehors par un cuir mince ,
lifle & tranfparent ; les feules parties fur lefquelles
ce têt ne s’étend pas, font la gorge , la poitrine ,
&. le ventre qui présentent une peau blanche &.
grenue comme celle d’une poule plumée , &. en
regardant ces parties avec attention , l’on y voit ,
de place en place, des rudiment drécailles qui
font de la même fubftance que le têt du dos. .
Ce têt n’eft pas d’une feule pièce comme celui
de la tortue ; il eft partagé en plufieufs bandes fur
le corps , lefquelles font attachées les unes aux.
autres par autant de membranes qui permettent
un peu de mouvement & de jeu dans çette armure.
Le nombre de ces bandes ne dépend pas
de l’âge de ranimai, car lès: tatous nouveaux nés
& les tatous adultes ont, dans la même efpèce,
le même nombre de bandes.
Ce têt fi fingulier dont- ils font revêtus , eft
un véritable os compofé de petites pièces contiguës
& qui, fans être mobiles ni articulées , excepté
aux commiffures des bandes ,.font réunies par fim-
phyfe , &. peuvent toutes fe féparer les unes
des autres & fe féparent en effet, fi on les met
au feu. Lorfque l’animal eft vivant, ces petites
pièces, tant celles des boucliers que celles des
bandes mobiles, prêtent obéiffent en quelque
façon, à fes mouvemens , fur-tout à celui de
contraéfion.
Ces petites pièces offrent, fuivant les différentes
elpèces, des figures différentes, toujours arrangées
régulièrement, comme de la mofaïque très-élégamment
difpofée ; la pellicule ou le cuir mince
dont le têt eft revêtu à l’extérieur , eft une peau
tranfparente qui fait l'effet d'un vernis fur le
corps de l’animal ; cette peau relève de beaucoup
& change même les reliefs des mofaïques ' qui
paroi-ffent différens , forfqu’elle eft enlevée. Au
relie, ce têt offeux n’eft qu’une enveloppe indépendante
de la charpente & des autres parties
intérieures du corps de l’animal dont les os &
les autres parties conftituantes du corps font com-
pofées & organifées comme celles de tous les
autres quadrupèdes.
Ces animaux ont tous plus ou moins de facilité
à le refferrer & à contraéler leur corps en
rond ; le défaut de la cuiraffe , lorfqu’ils font
contrariés , eft bien plus apparent dans ceux dont
l’armure n’eft compofée que d’un petit nombre
de bandes ; aucun ne peut fe réduire aulîi parfaitement
en boule que le hériffon ; ils ont plutôt
la figure d’une Iphère fort applatie par les pôles.
Les tatous , en général , font des animaux
innocens & qui ne font aucun mal, à moins
qu’on ne les faille entrer dans les jardins où ils
mangent les melons, les patates &. les autres
légumes ou racines. Quoiqu’originaires des climats
chauds de l’Amérique , ils peuvent vivre dans
les climats1 tempérés ; ils marchent avec vivacité,
mais ils ne peuvent, pour ainfi dire , ni fauter,
ni courir, ni grimper fur les arbres , en forte qu’ils
ne peuvent guère échapper par la fuite à ceux
qui les pourfiiivent ; leurs feules reffources font
de fe cacher dans leur terrier , ou, s’ils en font
trop éloignés , de tâcher de s’en ereufer un avant
que d’être atteints; & il ne leur faut que quelques
momens pour cela, car les taupes ne creufentpas la
terre plus vite que les tatous ; on les prend quelquefois
par la queue avant qu’ils n’y foient totalement
enfoncés, & ils font alors une telle réfiftance,
qu’on leur caffe la queue fans amener le corps ;
pour ne les pas mutiler , il faut ouvrir le terrier
par-devant, & alors on les prend fans qu’ils
puiffent faire aucune réfiftance ; dès qu’on les
tient, ils fe refferrent en boules., & pour les
faire étendre , on les met près du feu.
Leur têt , quoique dur & rigide , eft cependant
fi fenfible , que, quand on le touche un peu ferme
avec Je doigt, l’animal en relient une imprelfion
affez vive pour fe contraéler en entier. Lorfqu’ils
font dans des terriers profonds , on les'en fait !
fortir en y faifant entrer de la fumée ou côülér
de l’eau : on prétend qu’ils demeurent dans leurs
terriers, fans en^fortir , pendant plus d’un tiers
de l’année ; ce qui eft plus vrai , c’eft qu’ils s’y
retirent pendant le jour , & qu’ils n’en fortent
que la nuit pour chercher leur fubfiftance.
On chàffe le tatou avec des petits chiens qui
l’atteignent bientôt ; il n’attend pas même qu’ils
foient tout près de lui pour s’arrêter & pour fe
contraéler en rond ; dans cet état, on le prend &
on l’emporte. S’il fe trouve au bord d’un précipice-,
il échappe aux chiens & aux chaffeurs ; il fe
refferre , le faille tomber & roule comme une
boule fans brifer fon écaille & fans reffentir aucun
mal.
Ces animaux font gras, replets & très-féconds ; le
mâle marque, par les parties extérieures, de gt andes
facultés pour la génération ; la femelle produit ,
dit-on, chaque mois quatre petits, aulîi l’efpèce
en eft-elle très-nombreufe, & comme ils font bons
à manger, on les chaffe de toutes les manières :
on les prend aifément avec des pièges que l’on
tend au bord des eaux & dans les autres lieux
humides & chauds qu’ils habitent de préférence ;
ils ne s’éloignent jamais beaucoup de leurs terriers
qui font très<-prolonds& qu’ils tâchent de regagner
dès qu’ils font furpris. On prétend qu’ils ne craignent
pas la morfure des ferpens à lonnette qui, neanmoins
, eft aulîi dangereufe que celle de la vipère.
On dit qu’ils vivent en paix avec ces reptiles ,
& que l’on, en trouve fouvent dans leurs trous.
Les Sauvages fe fervent du têt des tatous à
plufieurs ufages ; ils le peignent de différentes-
couleurs ; ils en font des corbeilles , des boîtes 6c
d’autres petits vaiffeaux folides & légers.
Quoique nous ne puiffipns pas affurer que tous,
les tatous ne fe mêlent ni ne peuvent produire
enfemble, il eft au moins très-probable , puifque
la différence du nombre des bandes eft confiante
que ce font tous des efpèces réellement diftinéles, ou
au moins des variétés durables & produites par
l’influence des divers climats. Dans cette incertitude
, nous avons pris le parti ^de préfenter tous
les tatous enfemble & de faire néanmoins l’énumération
de chacun d’eux, comme fi c’étoit en
effet autant d’efpèces particulières.
Dans toutes ces efpèces, à l’exception de celle du
cirquinçon , l’animal a deux boucliers offeux ; l’un
fur les épaules & l’autre fur la croup e ce s deux
boucliers font chacun d’une feule pièce , tandis
que la cuiraffe , qui eft offeufe aulîi , & qui
"couvre le corps , eft diyifée tranfyerfalement, &
.partagée en plus ou moins de bandes mobiles ôc
féparées les unes des autres par une peau flexible j
mais le cirquinçon n’a qu’un bouclier , c’eft celui
des épaules ; la croupe , au lieu’ d’être couverte
d’un bouclier, eft revêtue , jufqu’à la queue, par
des bandes mobiles pareilles à celles de la cuiraffe
du • corps.
■ Notis allons donner des indications claires &
de courtes déferiptions de chacune de ces efpèces.
•Dans: la prèihrère, la cuiraffe qui eft entre les
deux boucliers eft compofée de trois bandés j
dans la fécondé, elle l’eft de fix ; dans la troifième,
de huit ; dans la quatrième, de neuf ; dans la cinquième
, de douze, &■ enfin , dans la fixième »
de dix-huit.
Le Ta t o u à trois bandes ou VAp a r .
Il a la tête oblongue & prefque pyramidale ;
le mufeau pointu, les yeux petits, les oreilles
courtes & arrondies , le deffus de la tête couvert
d’un cafque d’une feule pièce ; il a cinq doigts
à tous les pieds ; dans ceux du devant les deux
ongles du milieu font très-grands ; les deux latéraux
font plus petits ; &. le cinquième , qui eft
l’extérieur, & qui eft fait en forme d’ergot, eft
encore plus petit que tous les autres ; dans les
pieds de derrière , les cinq ongles font plus courts
& plus égaux ; la queue eft très-courte ; elle n’a
que deux pouces de longueur, & elle eft revêtue
d’un têt tout au tour ;■ le corps a un pied de
longueur fur huit pouces dans fa plus grande largeur
; la cuiraffe qui le couvre eft partagée par 1 quatre .cQptiniffures ou divifions, & compofée de
P P I