
La civette eft l'animal fibetki de Caius dans Gef-
ner ; l'animal du mufc des Mémoires de l’Acad.
an. 1731 ; le viverra caudâ annulatâ de Linnée ; le
meles fafciis 6» rnaculis albis 3 nigris & rufefcentibus
variegata de Brifton. -
CÔA ITA ( le ) , efpèce de linge de la famille
des fapajous , qui a la face nue & tannée, les
oreilles nues auffi , & faites comme celles de
l’homme ; la queue plus longue que la tête & le
c’orps pris enfemble, & n’a que quatre doigts
aux mains ou pieds de devant. Le coaita marche
à quatre pieds , & il a environ un pied & demi
de longueur. Il y a variété dans cette elpèce
pour les couleurs du poil ; car les uns l’ont abfo-
lument noir , & d’autres ont du poil blanchâtre
fur la gorge & le ventre. Les fapajous coaitas
font d’un naturel doux & docile. Ils font intel-
ligens Si très-adroits ; ils vont de compagnie,
s’avertiflent, s’entr’aident & fe fecourent ; la queue
leur fert exactement d’une cinquième main ; il
paroît même qii’ils font plus de chofes avec la
queue qu’avec les mains .ou les pieds. On allure
qu’ils pêchent & prennent du poiflon avec cette
longue queue ; ils ont l’adrefle de cafter l’écaille
des huîtres pour les manger , & il eft certain
qu’ils fe fufpendent par la queue, plufieurs les
uns au bout des autres, foit pour traverfer un
ruifleau, foit pour s’élancer d’un arbre à un
autre. Ils ne produifent ordinairement qu’un ou
deux petits qu’ils portent toujours fur lp dos ;
ils mangent du poiffon, des vers, des infedles ;
mais les fruits font leur nourriture la plus ordinaire;
ils deviennent très-gras dans le temps de
l’abondance & de la maturité des fruits, & leur
chair, dit - on , ell alors bonne à manger. On
trouve dans leurs entrailles une grande quantité
de vers.
Le coaita eft le quoata de Barrère ; le Bel^ebut de
Brifton ; fimia fufca major , palmis tetradaSlïlïs ,
caudâ prehenfili de Brown.
COASE ( le ) , ou yfquiepatl des Mexicains , eft
la première efpèce de mouffettes. (V o y . ce mot.) Il a
environ feize pouces de long , y compris la tête &
1-e corps ; il a les jambes courtes, le mufeau mince,
les oreilles petites, le poil d’un brun foncé, les
ongles noirs & pointus. 11 n’en a que quatre aux
pieds de devant j en quoi il diffère des trois autres
efpèces qui en ont cinq ; il en diffère encore par la
. queue, qu’il a moinstouffue* Il habite dans des trous,
dans des fentes de rochers où il élève fes petits;
il vit de fcarabées, de vermifleaux de petits
oifeaux, & lorfqu’il peut entrer dans une baflé-
cpür, il étrangle les volailles , defquelles il ne
mange que la cervelle : lorfqu’il eft irrité ou
effrayé , il rend une odeur abominable ; ni les
hommes, ni les chiens n’ofent alors en approcher
; fon urine , qui fe mêle apparemment avec
cette liqueur empeftée, tache & infeéle d’une
manière indélébile. Au refte, il paroît que cette
jnauYaife odeur n’eft point une chofe habituelle ,
puifqu’on en apprivoife quelquefois. On dit qu’a-î
lors ils fuivent, comme les animaux domeftiques,
& qu’ils ne lâchent leur urine puante que quand on
les prefle ou qu’on lés bat. Lorfqùe les fauyages en
tuent quelques-uns, ils leur coupent la veffie ,
afin que leur chair , qu’ils trouvent bonne à
manger , ne prenne pas l’odeur empeftée. On
ne fait aucun cas de la peau du coafe, à caulè
de fon épaiffeur ôc de la longueur de fon poil ;
mais les fauvages fe fervent de ces peaux à
divers ufages, comme pour faire des lacs, des
poches, &c. Le coafe fe trouve dans les climats
tempérés de l’Amérique.
COATI (le) , eft un petit quadrupède du nouveau
monde, qui a le corps & le cou fort alongé,
la tête longue , ainfi que le mufeau , dont la
mâchoire fupérieure eft terminée par une efpèce
de groin mobile , qui déborde d’un pouce ou
d’un pouce & demi au-delà de l’extrémité de la
mâchoire inférieure, & fe retrouffe en haut, de
manière à faire paroître le mufeau courbé &
relevé. Les yeux font petits, les oreilles courtes ,
ainfi que les jambes, les pieds longs & appuyés
fur le talon: la queue eft marquée par des anneaux
, alternativement noirs & blancs ; il y a
cinq doigts à tous les pieds, le poil eft court & rude.
Le coati fe tient debout fur fes pieds de derrière
avec une grande facilité ; il eft fujet à
manger fa queue , qui , lorfqu’elle n’a pas été
tronquée, eft plus longue que fon corps ; il la
tient ordinairement élevee , la fléchit en tout fens ,
& la promène avec facilité. C’eft un animal de
proie , qui fe nourrit de chair & de fang , qui
égorge les petits animaux, les volailles , mange
les oeufs , cherche les nids des oifeaux , & c’eft
probablement par cette conformité de naturel qu’on
l’a regardé comme une efpèce de petit renard.
Le coatï-mondi ne diffère du coati que par la
couleur du poil, qui eft d’un brun noirâtre ; il y
a auffi des coatis dont la queue n’eft pas anne-
lée, mais eft d’une feule couleur. Ces légères
différences ne nous empêchent point de les con-
ftdérer tous comme ne. formant tous qu’une feule
& même e^èce.
Le coati eft le coati-mondi des Mémoires pour
fervir à l’Hiftoire des animaux ; le vulpes minor
roftro fuperiori longiufculo de Barrère (fr. éq. ) ;
Yurfus nafo produSlo & mobili , caudâ annulatim va-
riegatâ, de Brifton.
COCHON ( le ) paroît le plus brut de tous
les quadrupèdes. Toutes fes habitudes font grof-
fières , tous fes goûts font immondes , toutes fes
fenfations femblent fe réduire à une gourmandife
brutale qui lui fait dévorer indiftinélement tout ce
quife préfentë, & même fa progéniture au moment
qu’elle vient de naître. Sa voracité dépend
fans doute du befoin continuel ‘qu’il a de remplir
la grande capacité de foiyéftomac, & la groflié-
rete de fes appétits, de Thébétation du fehs du
goût & du toucher. La rudeffe du poil , la
dureté dé la peau, l’épaifteur de la graillé, rendent
ces animaux peu fenfibles aux coups. Ils ont le
toucher fort obtus, & le goût auffi groffier que
le toucher ; mais leurs autres fens font bons ; ils
voient, entendent & fentent de fort loin.
. Cette imperfection dans les fens du goût & du
toucher eft encore augmentée par une maladie
qui les rend ladres , c’eft-à-dire , prefqu’abfolu-
ment infenftbles , & de laquelle il faut peut-être
moins chercher la première origine dans la texture
de la chair ou de la peau de cet animal,
que dans fa malpropreté naturelle ,. & dans la
corruption qui doit réfulter des nourritures in-
feétes dont il fe remplit quelquefois ; car le fan-
glier , qui ne vit que de fruits ÔC de racines, & le
jeune cochon qui tette encore n’y font point fu-
jets. On ne la prévient qu’en tenant le cochon
domeftique dans une étable propre, & en lui donnant
abondamment des nourritures faines. Sa chair
deviendra même excellente au goût, & fon lard
ferme & caftant, fi on le tient pendant quinze
jours ou trois femaines avant de le tuer, dans
une étable pavée & toujours propre , fans litière ,
en ne lui donnant alors pour toute nourriture que
du grain de froment pur & fec, &. ne le laiftant
boire que très - peu. On choifit pour cela un
jeune cochon d’un an , en bonne chair & à moitié
g ^ . ,
La manière ordinaire de les engraifler, eft de
leur donner abondamment de l’orge , du gland,
des choux, des légumes cuits., & beaucoup d’eau
mêlée de fon. En deux mois ils font graé ; le
lard eft abondant & épais , mais fans être ni bien
ferme ni bien blanc ; &. la chair , quoique bonne,
eft toujours un peu fade. On peut encore îes
engraiftêr avec moins de dépenfe dans les campagnes
où il y a beaucoup de glands , en les menant
dans les forêts pendant l’automne, lorfque
les glands tombent, & que la châtaigne & la
faine quittent leurs enveloppes ; ils mangent éga^-
lement de tous les fruits fauvages , &. ils en-
graiflent en peu de temps, fur-tout fi le foir, à
leur retour, on leur donne de l’eau tiède mêlée
d’un peu de fon &. de farine d’ivraie ; cette boif-
fon les fait dormir , & augmente confidérable-
ment leur embonpoint. Ils engraiflent auffi beaucoup
plus promptement en automne, dans; le
temps des premiers froids , tant à caufe de l’abondance
des nourritures , que parce qu’alors la
tranfpiration eft moindre qu’en été.
On n’attend pas , comme pour le refte du
bétail, que le cochon foit âgé pour le mettre à.
l’engrais ; plus il vieillit, plus cela eft difficile ,
& moins la chair eft bonne. La caftration, qui
doit toujours précéder l’engrais , fe fait ordinairement
à l’âge de fix mois , au printemps ou en
automne , & jamais dans le temps des grandes
chaleurs ou des grands frpids, qui rendroient
egalement la plaie dangeréùfé ou difficile à gué-
fn , car ç’eft ordinairement par incifton que fe
fait cette opération, quoiqu’on la fafle auffi quelquefois
par une fimple ligature. Si la caftration
a été faite , ap. .printemps , on les met à l’engrais
dès l’automne fuivante , & il eft rare qu’on les
laifle vivre deux ans ; cependant ils croiflent
encore beaucoup pendant la fecônde , & ils con*
tinueroient de croître pendant la troifième , la
quatrième & la cinquième année. La durée de
la vie dans ces animaux peut.( s’étendre jufqu’à
vingt ou trente ans ; mais on ne laiffe guère vivre
jufqu’à cet âge un animal qui doit payer plutôt
les foins de Ion maître, & qui n’eft utile qu’à
fa mort.
Nul animal ne préfente un plus grand nombre
dé Angularités dans fa conformation , que le
cochon • fa nature paroît en tout équivoque, ambiguë
; il échappe à toutes les méthodes , &
n’appartient i à aucun des genres fous lefquels les
Naturaliftes pnt clafle les animaux quadrupèdes.
Par les extrémités , il ne reftemble point à ceux
qu’on appelle folip'edes , puifqu’il a le pied divifé;
il ne reftemble point à ceux qu’on appelle pieds
fourchus, puifqu’il a réellement quatre doigts au
dedans , quoiqu’il n’en paroifle que deux à l’extérieur
; il . en diffère encore par les autres os du
pied & par les caractères les plus frappans, car
il n’a point de cornes. Il a des dents en haut
comme en bas, il n’a qu’un eftomac, il ne rumine
point. Il ne reftemble pas ■ non plus aux
fiffipèdes , puifqu’il ne marche que fur deux doigts,
& que les deux autres ne font ni développés ni
pôles comme ceux des fiffipèdes, ni même allez
allongés pour qu’il puiffe s’en fervir. Tout ce que
l’on pourroit dire, c’eft qu’il fait la nuance, à
certains égards, entre les folipèdes & les pieds
fourchus ; à d’autres égards, entre les pieds
fourchus & les fiffipèdes-; car il diffère moins des
folipèdes que des autres, par l’ordre & le nombre
des.dents; il leur reftemble encore par l’alon-
! gement des mâchoires : il n’a , comme eux, qu’un
| eftomac , qui feulement eft beaucoup plus grand;
j mais par une appendice qui y ti^nt, auffi bien
| que par la pofition des inteftins & par les parties
i extérieures de la génération , il femblé fe rap-
’ procher des pieds fourchus ou ruminans , 6c en
même temps il reftemble aux fiffipèdes par la
; forme des jambes, par: l’habitude Ndu corps, par
! le produit nombreux de la génération : ainfi le
\ cQchon participe de toutes les. efpèces , diffère
néanmoins eflentiellement de toutes ; fon
efpèce eft donc unique, ifolée., & exifte plus fo-
litairement qu’aucun autre.
Cet gnimal eft encore une efpèce d’exception
à deux règles générales de la nature ; c’eft que
plus les animaux font gros , moins ils produifent;
&. que les fiffipèdes font de tous les animaux
ceux qui produifent le plus. Le cochon, quoique
d’une taille fort au-deflùs de la médiocre , produit
plus qu’aucun des animaux fiffipèdes ou autres ;
par cette fécondité, auffi bien que par la con