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CHAPERONNIER ( Fauc.) Oifeau de proie j
qui porte bien le chaperon.
CHARBONNIER duBugey. V. R o s s i g n o l - •
D E M U R A I L L E .
CHARBONNIERE ou GROSSE MÉSANGE.
PL enl. n°. j . fig. t.
B r i s s . tom. 111. pag.
Première efpèce de méfange. Bell. Hiß. nat.
des oif. pag. 367 , fig. même page.
Mi fange nonette. Bell, portr. d’oif pag.
P a us en latin.
P a ifola , orbefina , &c. en Italien.
Groß'-meijf ,'brandt-meijf, &c. en Allemand.
Maes , coel-maes en Hollandois.
Talgore, talg-oxe en Suédois.
Titmoufe, great titmoufe , oxere en Anglois.
Suivant Saleme bezeuge en Provence ; cendrille
en Poitou , Saintonge & Berry ; croque-abeille en
Bourbonnois ; mefingle en Picardie ; arderelle en
Sologne.
La charbonnière eft très-commune ; 'cependant
on ne la voit guère qu’én automne & pendant
l’hiver, parce qu’elle fe cache durant l’été dans
les bois j où elle trouve une quantité de nourriture
fuffifante , & où elle s’occupe de la propagation de
fon efpèce ; mais au retour des premiers froids ,
aufli-tôt que les gelées blanches du mois d’oftobre
commencent , les charbonnières s’approchent des
lieux habités : elles fréquentent, pendant tout l’automne
& l’hiver, les jardins , même ceux qui font
à l’intérieur des villes & jul’ques dans le centre
de Paris : elles ont alors pour chant un cri aigu
feniblable au bruit d’une lime : elles chantent fur-
tout quand le temps fe difpofe à la pluie. Elles font
très-agiles ; on les voit voltiger de branches en
branches , tourner autour, s’y fufpendre par les
pieds à. la renverfe, en parcourir de cette manière
toute la partie inférieure. On les voit aufli s’accrocher
& grimper aux groffes branches & aux troncs
dès arbres, à la manière des pics, & voltiger le
long des murs. Ces différens mouvemens ont pour
objet la recherche des inféôes dont les charbonnières
fe nourriffent. Elles prennent fur les branches & les
troncs des arbres, les moucherons , les petites phalènes
qui y demeurent appliquées & engourdies
par le froid ; elles. cherchent entre les gerlùres de
l’écorce les oeufs .qui y ont été dépotés , & les
petites cryfalides qui s’y font fixées ; le long des
murs elles trouvent des araignées ; mais une chäffe
plus abondante eft celle que les méfanges font
dans^ les nids que les chenilles ont filés à la fin
de l’été pour y paffer la mauvaife faifon : les
charbonnières & toutes les méfanges déchirent
ces nids & font leur proie des hôtes qui y font
retirés. Ce font, fous ce point de vue, des oifeaux
utiles, & qui fervent à empêcher la multiplication
trop grande des infeéfes.. Ce fervice
qu’elles b o u s rendent doit leur faire en partie
pardonner leur cara&ère fanguinaire ; car les mélanges
, fur-tout les charbonnières, ne fe bornent
pas à faire leur proie des infe&es ; quoique foibles
par leur taille , mais fortes par leur audace ,
elles attaquent non-feulement les très-petits oi-
feaux, mais ceux qui, par leur groffeur, dévroient
être aufti forts & plus qu’elles ; à la faveur de leur
bec court, femblable à un coin, elles leur percent
le crâne pour en tirer la cervelle dont elles font
avides ; elles leur enlevent aufli la chair qui couvre
le croupion , & elles percent les os jufqu’à la
moelle, pour laqu’elle elles ont un appétit de
préférence. Cependant elles font peu de ces repas
fanguinaires dans l’état de liberté ; elles n’ont pas
le vol affez rapide pour atteindre les petits oifeaux
qui leur échappent, & la nature ne leur a pas
donné de ferres pour les arrêter & les retenir ; ce
n’eft guère donc que les oifeaux malades & ceux
qui ont été bleffés qui deviennent leur vi&ime ;
i mais fi l’on renferme des charbonnières dans une
cage ou une volière, elles profitent de la cir-
conftance pour fe livrer au goût qu’elles ont pour
la chair & les oifeaux qu’elles fatiguent, -qu’elles
harcèlent, fans qu’ils puiflent échapper par la
fuite, deviennent leur proie les uns après les
autres. J’ai vu des charbonnières vivre affez longtemps
avec d’autres oifeaux fans leur déclarer la
guerre ; mais cètte affociation, toujours funefte-,
ne manque jamais dé finir plutôt ou plus tard
par la perte des oifeaux enfermés dans la même
volière. Cependant elles ne fe nourriffent pas
feulement d’infe&es & de la fubftance des autres
oifeaux , quand elles peuvent les attaquer, elles
ont aufli du goût pour plufieurs fortes de grains
& de fruits ; elles font en automne très - avides
de figues ; elles percent les noifettes & les glans,
& tirent peu à peu les amandes. On nourrit peu
de ces oifeaux en cage , non-feulement parce qu’il
faut les tenir feuls , mais parce qu’ils ne vivent pas
long-temps. La nourriture qu’on leur donne con-
fifte en du chenevis, des noix, des noifettes
fi on veut fuppléer aux infeétes qui leur manquent,
on leur donne de la viande hachée ou de la
graiffe , dont les charbonnières font très-avides.
Elles prennent le chenevis grain à grain , le
pofent fous leur pied & le percent de la pointe
de leur bec .; elles parviennent à en faire autant
d’une noifettë qu’elles frappent à coups redoublés,
en la tenant fous leurs deux pieds ; mais lorfqu’elles
font bornées à cette feule nourriture, outre qu’elle
ne leur fuflit pas , l’exercice violent qu’elle leur
coûte les fatigue, & les fecouffes occafionnées
par les coups qu’elles frappent, les rendent fujettes
à des engorgemëns du cerveau , dont les fuites
font la cécité où la mort en peu de mois. On
parvient à les faire vivre plus long-temps en leur
donnant du chenevis écraié & en caffant la coque
des noifettes qu’on leur deftine ; elles aiment beaucoup
aufli les noix & les amandes , & fi - on
leur fournit en outre de la viande hachée , on
parvient à les faire vivre un an ou deux ; elles
dédommagent des foins qu’elles coûtent par
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gréméftt de leur plumage, par leurs mouvemens
Singuliers , leur vivacité & leur chant qui, d’aigre
pendant l’hiver , devient affez doux au printemps
ÔL qui reifemble à celui du pinçon ; elles, s'apprivoisent
aifément , & l’on affure même qu’elles
produifent en captivité ; dans l’état de liberté les
charbonnières s’apparient dès le mois de février, &.
commencent à travailler à leur nid en mars ; elles
le conftruifent dans des trous de mur . ou des
creuîrd’arbres ; elles le compofent de toutes les
fubftances les plus douces; qu’elles peuvent trouver
, comme laine , poils,, plumes , duvet des
plantes , & le tout eft retenu au - dehors par des
lichens appliqués autour du nid ; la femelle pond
de huit jufqu’à doüze oeufs blancs tachetés de
roux, fur-tout vers le gros bout ; l’incubation
ne dure que douze jours ; au bout de quinze ,
les petits quittent le nid & n’y rentrent plus
aufli-tôt qu’ils eh font fortis ; ils demeurent en
troupes jufqa’au printemps fuivant ; quand ils font
en état de fe fuftir , le père & la mère travaillent à
la conftrufticn d’un nouveau nid, & font jufqu’à
trois pontes par an.
Il eft peu d’oifeaux , il n’en eft peut-être pas
de plus facile à prendre que la charbonnière & la
méfange bleue. Leur appétit pour la noix fur-
tout pour le fuif, les font fe précipiter dans tous
les pièges qui en font garnis ; il fuflit , pour
prendre des méfanges , de tendre un trébuchet ,
d’y mettre pour appât de la noix, ou mieux encore
, un morceau dë fuif, de le pofer dans un
jardin , fur un mur ou un toit qui en foit voifin.
Souvent on n’a que le temps de retirer les méfanges
qui ont donné dans le piégé , de remettre
le trébuchet en état.
La charbonnière eft à peu-près . de la groffeur
du pinçon : fa longueur , du bout du bec à celui
de la queue, eft de cinq pouces dix lignes : elle
a huit pouces quatre lignes de vol; les ailes pliées
s’étendent à un pouce au - delà de l’origine de
la queue ; les deux côtés de la tête , ou-les joues,
font d’un beau blanc ; le .deffus de la tête & la
gorge font d’un noir luftré-; il s’étend au-deffous
des taches blanches & au derrière de la tête, il
fe propage par devant en pointe fur la poitrine,
fur le milieu du ventre & jufques fous la queue ;
le dos eft d’un verd d’olive, & le croupion d’un
cendré-bleu ; le deffous du corps eft d’un jaune-
pâle , coupé par une raie longitudinale noire ;
les ailes font d’un cendré-brun , coupé par une
raie tranfverfale d’un blanc -jaunâtre , & les grandes
pennes font bordées extérieurement d’un cendré-
bleu, excepté les deux premières ; les moyennes
font bordées deverd-olivâtie en-dehors; la première
des plumes de l’aile eft très-courte ; la
quatrième & la cinquième font les plus longues ;
tout ce qui paroît des pennes de là queue eft
d’un cendré-bleuâtre , excepté la plus extérieure
qui eft bordée- de blanc, &. la fuivante qui eft
terminée de là même couleur ; le bec eft en
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alêne ; les harrines font couvertes par les plume»
de la bafe du bec, & ces deux traits font ceux
qui c.araftérifent en général les méfanges. Le bec
de la charbonnière eft noir ; les pieds & les ongles
font couleur de plomb.
La femelle a les couleurs moins foncées que
le male &. moins, de, noir. Genre XLI.
C harbonn ière ( la petite ).
Méfange à, tête noire. Briss. tom. 111, pag. mu
La petite: charbonnière ar beaucoup de reffem-
blance avec la grande. , mais, elle eft bien plus
petite ; elle n’a de longueur que quatre pouces une
. ligne, & fix pouces huit lignes de vol.; les joues-
font blanches; comme celles, de la charbonnière &
entourées de même de noir ; cette couleur s’étend
fur la tête, le derrière ducou & la gorge ; elle ne fe
prolonge pas en ligne longitudinale fur le milieu
de la poitrine & du ventre comme dans lagroffe'
charbonnière : il y a au bas de la tête, en arrière r
une ligne perpendiculaire blanche: , qui coupe par
le milieu le noir de cette partie ; le deffus du corps
eft cendré* & le deffous eft d’un blanc-fale teint
de rouflèâtre fur les côtés; les ailes & la queue
font cendrées ; il y a fur le milieu des ailes trois-
raies tranfverfales j une noire entre deux blanches y
le bec eft noir, les pieds & les ongles font couleur
de plomb. Gette méfange fe plaît dans les
taillis où il y a des arbres toujours verds & dans-
les bois de fapins : elle a les mêmes habitudes que
la charbonnière. Voye^ C harbonnière , mais elle
eft encore plus féconde, & la femelle pond un
plus grand nombre d’oeufs. Elle eft commune en
Lorraine , en Allemagne & dans le nord de l’Eu»-
rope ; mais elle eft au moins très-rare aux environs
de Paris, fi même elle s’y trouve. Elle donne,
comme la charbonnière . dans tous les pièges , &
cependant des gens qui tendent aux petits oifeaux
& qui pendant plufieurs années m’ont conftamment
fourni de toutes les efpèces qu’ils prenoient, ne-
m’ont jamais apporté la petite charbonnière.-
Plufieurs auteurs regardent comme une variété1
de l’efpèce dont je viens de parler , la méfange
que M. Briffon appelle méfange de matais ou nonètte-
cendrée tom. 111, pag. mm & qu’on a repréfentée
pl. enl. y. fig. ƒ , en lui confèrvant les mêmes dénominations
; j’en donnerai en conféquence la de s cription'
en cet endroit, pour que le leéleur juge
pjus aifément de la parité des deux oifeaux, que
je regarde cependant comme d’efpèce différente^
Elle a quatre pouces quatre lignes de longueur,-
& fept pouces de vol ; le deffus de la tête & le
haut du derrière du cou font noirs ; la gorge eft
de la même couleur ; le bas du cou, en arrière ,-
& le deffus du corps ainfi que les ailes & la
queue font d’un gris-brun ; les joues, le cou ert
; devant & le dëncus du corps , font d’un blanc
pur fur les joues & le cou , fale & teint d’une"
très-foible nuance de rouffeâtre fur le deffous du'
refte du corps : le bec noir,.les pieds, les ongle:??
1 couleur de plomb.-