
même état en l’amoliffant, on a befoin de
quelques inftrumens, St de plufieurs objets
différens. En voici le détail : i°. du fil de
fer; i°. des pinces pour le couper , St
d’autres pour le plier ; 3 °. du coton ; 40. du
fil; 50. des cifeaux ; 6°. une aiguille à
coudre; 70. les mêmes pinces dont on s’eft
fervi pour foulever la peau quand on en
a dépouillé le corps ; 8°. une baguette
longue , droite , liffe St fans afpérites, ou
un morceau de fil de fer qui en tienne
lieu ; 90. un ftilet.
Le fil de fer doit être proportionné à
la groffeur de l’animal qu’on veut préparer.
On ne fçauroit rien dire de fixe à cet
égard ; il doit être ce que les ouvriers appellent
recuit, c’eft-à-dire avoir été rougi
au feu. Il faut qu’ilne foit ni trop fin , ni
trop gros, ni pas affez recuit. Dans deux
de ces cas , il eft trop dur à manier, St
gêne beaucoup quand on veut mettre la
peau en attitude; dans les deux autres il
n’a pas affez de force, St il foutient mal
le poids qu’il doit porter.
le fuppofe le fil de fer bien ehoifi 8i
recuit convenablement, avant de l’employer
; on étend la peau qu’on s’apprête
à monter de toute fa longueur fur une
table unie, couverte d’un linge; on mefure
avec le fil de fer qu’on déploie, la diftance
depuis le fommet de la tête, jufqu’à l’origine
du croupion ; la peau étant dans
toute fon extenfion , on ajoute quelques
pouces de plus à proportion que la peau
eft plus grande , Si l’on coupe la portion
de fil de fer qui a fervi à prendre la me-
fure. Cette portion fe trouvera de quelques
pouces plus longue que la peau ne l’eft, mais
ce furplus de longueur eft néceffaire.
Le fil de fer étant coupé, on aura foin
de le bien dreffer; on y fera une pointe
avec une lime à un des bouts, enfiute on
foulevera la peau du cou ; on introduira
le long de la cavité qu’il occupoit, le fil
de fer par le bout aiguifé ; on prendra
garde , en pouffant le fil de fer, de ne pas
endommager la peau ; & fi l’on veut, pour
plus de lureté Si de commodité, on la
foulevera de la main droite avec une baguette
qu’on conduira en avant , qui ouvrira
8t marquera la route au fil de fer
qu’on tiendra de la main gauche.
Lorfqu’on fera parvenu àporter la pointe
du fil de fer jufqu’à la tête, on prendra
cette partie de la main gauche, on la foulevera
, & de la main droite on introduira
le fil de fer dans la tête par le trou occipital.
Cette manipulation demande.un peu
d’adreffe, 8i exige qu’on rapproche les
deux mains' l’une de l’autre, en pliant la
peau lê long de laquelle le fil de fer a
filé. Lorfqu’il eft introduit dans la^ tete,
on fent la réfiftance qu’offre la voûte du
crâne, alors il faut, tenant la tête du bout
des doigts de la main gauche, St tenant le
fil de fer un peu court, entre le pouce St
les deux premiers doigts de la main droite,
abaiffer avec un peu de force la tête , St
au contraire pouffer aufli avec un peu
d’effort le fil de fer en en-haut. On doit
taire enforte qu’il porte fur le milieu du
crâne, que fa pointe ne tarde pas à percer ;
un mouvement de demi-rotation, de la
part des deux mains, facilite le paffage du
fil de fer â travers la voûte du crâne; aufli-tôt
qu’elle eft percée, le fil de ferqu’onpouffe,
fort autant qu’on veut, Si l’on ne rifque
pas de le pouffer fort au dehors ; on doit
même le faire affez pour amener l’autre
extrémité du fil de fer jufqu’au bas du
cou , ou à l’endroit qui répond au lieu
où étoit le jabot.
Enfuite on remet la peau en pofition fur
la table ; on l’étend de toute fa longueur ;
la tête gliffe le long du fil dé fer engagé dans
le trou qu’il a fait au crâne.
On tient ferme de la main gauche la
tête ; de la droite on tire vers la queue le
fil de fer, St on le conduit à un ou deux
travers de doigts plus bas que l’origine du
croupion ;. fi l’on a bien pris fes mefures ,
il refte une portion du fil de fer en faillie
au-deffus de la tête.
Vers le tiers de la longueur du corps y
à prendre de la queue en remontant, dans
la ligne tranfverfale qui répond à peu-près
à celle fuivant laquelle les cuiffes s’articu-
l‘oient avec -le corps, on fait faire au fil
de fer , par une révolution fur lui-
même 3 une boude ou anneau dont le
tîiamètre refte ouvert de quelques lignes.
Pour faire cette boucle, on tient ferme
de la main gauche, avec une pince plate ,
le fil de fer au-deffus du point où la boucle
doit être formée ; un peu plus bas on tient
de la main droite, avec une pince ronde,
la tige du fil de fer, à laquelle on fait
faire une révolution circulaire fur elle-
même ; on a foin enfuite d’étendre le fil de
fer qui a pu être contourné, de le bien
dreffer, tant au-deffus qu’au-deffousde la
boucle, St l’on prend garde que les deux
portions, tant celle qui eft fupérieure à
laboucle, que l’inférieure, décrivent,l’une
par rapport à l’autre, une ligne bien droite.
La boucle faite, & le fil de fer bien
dreffé, ou roule du coton autour de fon
extrémité inférieure, & on le fixe par plufieurs
tours de fil ;. enfuite on a foin d’é-
tendré la peau de toute fa longueur ; on
contient la tête en fe fervant de la main
gauche ; de la droite on tire vers le bas le
fil de fer ; on le fait paffer par deffous la
peau du ventre ,. le long de celle du croupion
; on le fait defcendre jufqu’à l’Origine
de la queue , contre laquelle on l’applique
avec un peu de force ; enforte que
dans cette manipulation, la peau foit un
peu fortement diftendue ; elle revient fur
elle-même aufîi-tôt qu’on ceflé de contenir
la tête ; on obferve de tourner le fil de fer,
de façon que la boucle foit verticale à la
table, & que la faillie qu’elle forme foit
tournée en-deffus, ou du côté de l’intérieur
du corps.
Après.avoir préparé le fil de fer dont je
viens de parler, qui eft lapièce principale,
on difpofe ceux qui doivent fervir pour
les pattes; on mefure la diftance qu’il y a
depuis la boucle du premier fil de fer , jufqu’à
l’extrémité de la plante du pied, la
cuiffe St la jambe étant étendues St formant
une ligne droite ; on ajoute à cette
longueur quatre ou fix pouces de plus, ou
même davantage, fuivant la taille de l’oi-
feau ; on coupe les fils de fer fuivant cette
mefure ; on les dreffe, on y fait une pointe
à chacun à une des extrémités.
Enfuite on prend tin ftilet d’une longueur
St d’une groffeur;proportionnéesàla
force de la patte de l’oifeaù qu’on prépare.
On doit être muni de ftilets de fix à huit
échantillons au moins ; ils doivent être
faits d’une verge d’acier ronde, bien-droite,
aiguifée par un de fes bouts , fortement
engagée par l’autre dans un manche de
bois tourné , d’une forme St d’un volume
propres à le rendre commode à manier;
on trouve de ces ftilets St des manches
qui leur conviennent chez les clincaillers ;
on en peut faire monter par les ferruriers.
Il eft aifé de trouver des verges d’acier
d’une longueur médiocre ; on en trouve
plus difficilement d’affez grandes pour les
oifeaux dont les jambes font très-longues ;
dans ce cas il faut fe fervir d’un fil-de-fer
non recuit, & le plus dur que le ferrurier
peut fournir. Les verges d’acier ne font ni
aiguifées, ni garnies de leur manche dans
les magafins : il faut les faire préparer.
Je fuppofe qu’on a un affortiment de
ftilets ; on prend celui qui convient. On
tient de la main gauche le pied de l’oifeau,
de la droite on appuyé la pointe du ftilet
fur la bafe du pied, dans fon milieu, au
centre de l’os de la jambe ; on perce l’os fans
beaucoup de difficulté par un mouvement
demi-circulaire qu’on fait faire au ftilet
dont on tient le manche, St qu’on pouffe
en même-temps en-avant. Il faut employer
quelquefois un peu de force à cette manipulation.
Aulîi-tôt que l’os de la jambe eft
percé, le ftilet entre fans réfiftance, ôc
gliffe le long de la cavité de l’o.s ; mais il
rencontre un nouvel obftacle à fa furface
fupérieure, fermée par une couche offeufe;
les mêmes mouvemens de demi-rotation,
St les mêmes efforts pour pouffer en avant
furmontent bientôt la réfiftance. Il s’en
préfenteroit une nouvelle fi l’on avoit con-
fer-vé l’os de la cuiffe : il faudroit le tenir
bien ferme de la main gauche, St le percer
comme celui de la jambe , en faifant agir le
ftilet de la même manière, St le dirigeant
de même de la main droite ; mais il eft plus
facile d’enlever, comme je l’ai recommandé
, l’os de la cuiffe à l’articulation du genou.
L’opération que je viens de décrire demande
, pour les grands oifeaux , de la
force Si de l’attention. Il faut prendre garde