
tempérées ou froides , 6n ne trouve que
rarement des genres différens dans l’un ou
l ’autre continent, & prefque par-tout les
mêmes genres.
La différence des circonftances fous la
zone torride , dans l’ancien & le nouveau
monde, rend raifon de la différence entre
les oifeaux diurnes & fédentaires| continuellement
expofés aux influences de ces
circonftances;
La manière de vivre des oifeaux de nuit
étant caufe au contraire que , pendant le
cours de leur vie complet, ils éprouvent
tou s, quelques pays qu’ils habitent, une
maffe de chaleur égale , quoique répartie
.différemment, cette égalité de température
eft une caufe probable de leur reffemblance
Sc de l’identité de quelques efpèces qui
font les mêmes dans toutes les contrées.
5°. En faifant le parallèle des oifeaux
diurnes & fédentaires qui vivent fous les
zones tempérées ou les zones froides, dans
l ’ancien ou le nouveau continent, non-
feulement on trouve les mêmes genres fous
les mêmes parallèles , mais encore affez
fouvent les mêmes efpèces ; comme on
trouve fous ces parallèles corrèfpondans ,
des végétaux & des infeûes parfaitement
femblables. Cependant ce qu i, dans l’ancien
continent fe trouve à un certain dégré, fe
rencontre un peu plus au midi dans le
nouveau,parce quel’abaiffement des terres,
l ’abondance des. eaux, le nombre & la nature
des arbres y rendent l’air plus froid
&c plus humide.
6°. Les oifeaux erratiques vont par-tout,
parce que trouvant par - tout ce dont ils
ont befoin, ils n’ont aucune raifon de fe
fixer nulle part, & qu’ ils cèdent dans leurs
cours à l’inconftance , au defir de fe mouvoir
, de changer de lieu, defir qui dans
les oifeaux eft le caractère dominant; ils
errent encore parce que leurs vivres n’étant
nvdle part très-abondans , & fouvent de
nature à s’éloigner par la pourfuite qui en
eft faite, ils font obligés de s’écarterfuivant
que les vivres font épuifés dans un endroit
, ou que les animaux qui en font la
bafe fe font retirés.
y ° . Les émigrations fe font en automne
du nord au midi , au printemps du midi
au nord. Le défaut de nourriture , la né-
ceflité d’en chercher paroiffent, plutôt que
le changement de température, les caufes
du départ des oifeaux en automne ; leur
retour vers le nord au printemps paroit
déterminé , d’après les befoins des petits
dont ils prévoient la naiffance prochaine.
8°. Les émigrations font ou des courfes
bornées au-deffus de la terre ferme , ou de
longs voyages, qui fuppofent des efpaces
de . mer traverfés.
L’exécution des premières, dans lesquelles
nous fuivons, pour-ainfi-dire, plu-
fieurs efpèces d’oifeaux dans leur route, eft
aifée pour les voyageurs qui les entreprennent
, & facile à comprendre pour
nous.
Mais il n’étoit pas facile de découvrir
comment les oifeaux en général , & en
particulier des oifeaux pefans, comme l’eft
la caille-, peuvent franchir l’efoace des
mers. La route qu’elles fuivent, les iflesffur
lefquelles elles fe repofent, le Secours d’un
vent favorable qui les foutient & qui les
porte pendant leur trajet, explique à leur
égard & pour tous les oifeaux pefans ce
phénomène , dont les caufes étant connues
pour ces oifeaux, n’a plus rien d’embar-
raffant pour les oifeaux dont le vo l eft
léger & rapide.
9°. De ce que, les oifeaux peuvent, par
des moyens que nous connoiflons, franchir
quelques bras de mer, il ne s’enfuit
pas qu’ils puiffent, par lés mêmes moyens,
parcourir l’efpace des hautes mers dégarnies
d’ifles , de lieux de repos, & qui fépa-
rent les continens, ou les différentes -parties
du monde ; quelque rapidité de vol
qu’on leur fuppofe, ils périroient par l’effet
de la faim feule fur ces immenfes plaines
d’eau, avant d’avoir pu les traverfer.
Il n’eft pas probable non plus qu’ils paf-
fent d’un continent à un autre, ou d’une
extrémité du globe fur l’ancien continent à
l’extrémité oppofée en fuivant les terres ;
la hauteur des montagnes , la difette ab-
folue dans beaucoup d’endroits, la différence
trop grande dans les alimens & la
température, & leur changement prefque
Continuel, font des obftacles qu’ils ne fur-
monteroient pas.
Quoiqu’on trouve aux extrémités de la
terre des oifeaux de paffage de même ef-
pèce, quoiqu’on en rencontre dans l’un
& l’autre continent, il ne paroît pas pof-
fible qu’ils exécutent ces voyages prodigieux
, que leur identité d’efpèce a fait
liippofer; mais il eft probable que, femblables
dans les différentes contrées qu’ils
habitent, parce qu’ils y naiffent & vivent
dans des circonftances qui fe correfpon-
dent, ils voyagent dans ces différentes
contrées, mais fans les quitter. Ainfi les
émigrations fe réduifent.à de fimples ba-
lancemens, & ce n’eft plus, dans la fup-
pofition probable que je préfente , une
partie prefque incompreh'enfible de Uhif-
toire des oifeaux.
io°. La rencontre des oifeaux en hante
mer & à quelque diftance des; terres qu’pn
la fuppofe , ne prouve rien contre ' mon
opinion. Ou . Ces oifeaux rencontrés très-
loin des terres font des oifeaux de mer
ou des oifeaux de terre , .& la rencontre
des premiers n’a rien d’étonnant. J’ai ex-
pofé comment ils s’avancent d’eux-mêmes
très-loin en mer , ou comment ils y font
pouffes plus avant par les tejnpêtes , fans
courir aucun danger. Mais l’état' dans lequel
tous les oifeaux de teste ont été
rencontrés fur la haute mer, prouve qu’ils' -
étoient près de périr ; que par conféquent
ils n’étoient pas |dans la route qu’ils de-r
voient fuivre ; qu’elle n’eft donc pas celle-
qu’ils prennent ;. qu’aucun oifeau de terre
ne peut fe foutenir à de ïi grandes diftances
en mer ; & que ceux qui ont été rencontrés
avoient été emportés hors de leur route .
par l’effet des vents, comme nos vaiffeaux
font le jouet des tempêtes , & que par
conféquent .cette rencontre des oifeaux
de terre fur la haute mer , d’après leur
état, démontre que c’eft une route qu’ils
ne fçauroient fuivre , bien loin d’être la .
preuve que c’eft le chemin qu’ils prennent.
Je terminerai ce dïfcours par une réflexion
qui en eft naturellement la fuite.
L’obfervation & la coraparaifon des
oifeaux nous ont appris qu’on trouve
affez fouvent les mêmes efpèces ,fous
des climats qui fe correfpondent par la
température, quoiqu’ils foient à de très-
grandes diftances les uns des autres ; parmi
les oifeaux de ces régions , entre lefquels
la reffemblance n’eft pas affez parfaite pour
y reconnoître furement les mêmes efpèces,
on trouve aü moins les mêmes genres Si
les efpèces, qu’on ne peut affurer être les
mêmes, ont fouvent beaucoup de rapports,
& n e diffèrent que par des proportions individuelles
plus fortes , par des nuances du
plumage. Il eft bien probable que ce ne
font que des variétés produites par des circonftances
, qui les mêmes en plus grande
partie à des diftances très - grandes , different
par quelques légers accidens ; mais
nous ne pouvons prouver l’identité des
efpèces ; pous ne,.£çaurions que la préfumer,
fi nous ne. voulons, pas prononcer au
halàrd; ceux qui par des preuves fnffi-
fantes parviendront à reconnoître l’identité
d’efpèce dans les oifeaux qui ne font
que des variétés les uns des antres , avanceront
beaucoup les progès de l’Ornithologie
: car dans cette partie de l’Hiftoire
Naturelle, comme dans toutes celles qui
font chargées de beaucoup de détails, on
ne rendroit pas moins de fervice en re-
tranchaht les faux emplois, en effaçant les
nombres doubles, triples, quelquefois quadruples
, qu’en faifant1 connoître de nouveaux
objets. Peut-être même, pour conduire
l’Ornithologie à fa perfeélion, y a-t-
•îl beaucoup plus à fupprimer des catalogues
qui ont été âreffés, qu’à y ajouter. Cependant
il femble qu’on a le contraire à coeur,
& on croit en général faire un grand gain ,
avancer la fcience, fi à caufe de quelques
taches de plus ou de moins, on s’eft cru
en droit d’ajouter une efpèce nouvelle à
un catalogue qui n’eft déjà que beaucoup
trop charge. Nous verrons cependant par
la fuite , au mot plumage , combien fes
nuances, fon ordonnance même font fu-
jettes à en impofer, & combien le plumage
en général eft un indice trompeur,
& f i* lequel on doit faire peu de fond. Ne
pouvant encore rappeller toutes les varié