
r8z M AM
té re n c e à la ra c in e ; elles a llo ie n t e n s*amin=-
e iflàn t jufqu’à la p o in te ; mais o n n e p u t pas
b ie n c o n n o itre c om m e n t elle s é tb ie n t jo in te s à la
m â c h o i r e , p a rc e q u ’elle s é tb ie n t b r ifé es e n p iè c e s :
u n fém u r d e ces m êm e s a n im a u x fu t t ro u v é b ien
e n tie r ; il p e fo it c e n t liv re s & a v o it q u a tre p ied s
& d em i d e lo n g . C e s défen fe s & ces os d e la
cuifle fo n t v o i r q u e l ’a n im a l étoit d ’u n e p ro d i-
g ieu fe g ra n d e u r . C e s faits o n t é té confirmés p a r
M. G r a nw o o d , q u i , a y a n t é té fu r les l ie u x , a v u
le s fix fq u e le tte s d a n s le m ara is falé ... U n e Angloife,
fa ite p r ifo n n iè re p a r les fauvage s & c o n d u ite à ce
m ara is falé , p o u r le u r a p p re n d r e à fa ire d u f e l , a
d é c la ré fe fo u v e n ir , p a r u n e c irc o n fta n c e f in g u -
l i è r e , d’a v o ir v u ces ofl'emens é n o rm e s : elle
r a c o n to it q u e tro is F ra n ç o is q u i cafl’o ië n t des
n o ix , é to i e n t aflis fu r u n feül de ces gran d s os
d e la cuiffe ».
M a is a v e c c e s os & . d é fen fe s d ’é lé p h a n s fe fo n t
t ro u v é e s , c o n tin u e M. C o llin fo n , n o n - fe u lem e n t
d e g roffes d e n ts q u i p a ro if fe n t ê tre d’h ip p o p o tam e s ,
.mais d’au tre s d e n ts v ra im e n t é n o rm e s , d o n t ch ac
u n e p o r te c in q o u f ix p o in te s m o u fle s , & q u i
n e p e u v e n t a v o ir a p p a r te n u qu’à q u e lq u ’a n im a l
d ’u n e p ro d ig ie u fe g ra n d e u r ; c a r ces groffes d e n ts
c a r ré e s n’o n t p o in t d e re f fem b lan c e a v e c les m âc
h e liè re s d e l’é lé p h a n t q u i fo n t a p p la tie s & q u a tre
•ou c in q fois aufli lo n g u e s q u ’épaiffes , n o n p lu s
q u ’a v e c les d e n ts d ’h ip p o p o tam e d o n t la fac e
q u i b ro ie e f t fo rm é e en t r é f i l é , au lie u q u ’ici e lle
e f t fillo n n é e d ’u n d o u b le ra n g d e groffes p o in te s
m o u fle s , e n f i r t e , a jo u te M. C o llin fo n , q u e ces
g ra n d e s d e n ts m o la ire s ne reffemblent à celles
4 'aucun animal connu.
D è s l’a n n é e 1 7 4 8 , M . F a b r i , q u i a v o it fait
d e g ra n d e s co u rfe s dans le N o r d d e la L o u ifian e
& d a n s le S u d d u C a n a d a , a v o it in fo rm é M.
d e Bu ffo n , q u ’il a v o it v u des t ê te s & des fq u el
e t te s d’u n an im a l q u a d ru p è d e d’u n e g ra n d e u r
é n o rm e , q u e les fau v ag e s a p p e llo ie n t le père aux
boeufs, & q u e les os fém u rs d e c e s a n im a u x
a v o ie n t c in q & ju fq u ’à fix p ie d s d e h a u te u r , P eu
d e tem p s a p rè s , & a v a n t l’anné.e 1 7 6 7 , q u e lq u e s
p e r fo n n e s à P a r i s , a v o ie n t d é jà r e ç u d e s offem en s
d ’é lé p h a n s tro u v é s e n C a n a d a , a infi q u e q u e lq
u e s -u n e s d e ces groffes d e n ts de l’e fp è c e in c o n n u e .
O n a t ro u v é c e s m êm e s d e n ts e n S ib é r i e , d ’p ù
l ’A b b é C h a p p e e n a r a p p o r té u n e q u i p è fe tro is
l iv r e s , d o u c e o n c e s & d em ie : e lle e ft d ép o fé e
.au c a b in e t d u R o i J m ais Ja p lu s groffe d e to u te s
c e s d e n ts e f t c e lle q u i a é té p la c é e au n iêm e
c a b in e t , e n 1 7 7 0 p a r M . le C om te d e V e r -
g e n n e s ; e lle p è fe o n z e liv re s q u a tre o n c e s ; c e tte
« n o rm e d e n t m o la ire a é té t ro u v é e d a n s la p e tite
T a r ta r ie . 11 y a v o it au m êm e l ie u d ’a u tre s os
qu’o n n ’a p a s re c u e illis , & e n tr ’a u tre s u n os fém u r
d o n t il n e re f to it q u e la m o itié b ie n e n t i è r e , &
l a c a v ité d e c e tte m o itié c o n te n o it q u in z e p in te s
d e P a r is .
Don ne peut donc pas douter qu’indépen-
M A N
damment de l’éléphant & de l’hippopotame dont
on trouve également les dépouilles dans les parties
feptentrionales des deux continens où ces efpèces
n’exiftent plus , il n’y eût encore un autre animal
d’une grandeur fupérieure à celle même des plus
grands éléphans ; car la forme quarrée de ces
énormes dents mâchelières prouve qu’elles étoient
en nombre dans la mâchoire de l’animal ; &
quand on n’y en fuppoferoit que fix ou même
quatre de chaque côté , on peut juger de l’énormité
d’une tête qui auroit feize dents mâchelières
pefant chacune dix ou onze livres. L’éléphant
n’en a que quatre , deux de chaque côté ; elles
font applaties ; elles occupent tout l’efpace de la
mâchoire , & ces deux dents molaires de l’éléphant
qui font applaties, ne furpaffent que de
deux pouces la largeur de la plus groffe dent
quarrée. de l’animal inconnu qui eft du double plus
épaiffe que celles de l’éléphant.
Ainfi, tout' nous porte à croire que cette ancienne
efpèce qu’on doit regarder comme la première
& la plus grande de tous les animaux
terreftres , n’a fubfifté que dans les premiers
temps, & n’eft pas parvenue jufqu’à nous ; car-,
un animal dont l’efpèce feroit plus grande que
celle de l’éléphant , ne pourroit fe cacher nulle
part fur la terre au point de demeurer inconnu ;
& d’ailleurs, il eft évident, par la forme même
de ces dents, par leur émail & par la difpofition
de leurs racines, qu’elles n’ont aucun rapport aux
dents des cachalots ou autres cétacés , qu’elles
ont réellement appartenu à un animal terreftre
dont l’efpèce étoit plus voifine de celle' de l’hippopotame
que d’aucune autre, & qui a été détruite
fur la terre , comme les grandes yojutes,
appellées cornes cTammon, font actuellement détruites
dans la mer.
Ainfi, nonffeulement les grandes efpèces de
l’éléphant & de l’hippopotame ont péri dans le
Nord des deux continens, mais une efpèce encore
plus grande a péri fur tout le globe ; & en dépouillant
l’hiftoire du mammout de ce qu’elle a de
populaire §L de fabuleux , on peut dire qu’ij a
exiftç en effet un très-grand»animal, un mammout
dont il ne refte plus que les offemens, & principalement
ces dents énormes trouvées également
en Sibérie & . en Canada , ayeç les dépouilles
des éléphans & des hippopotames.
MAN A T I , dans la langue des Caraïbes, eft
le lamantin. V oy e{ Lamantin.
MAND|RILL ( le ) eft un linge de la famille
des babouins , lequel fe trouve à la côte d’or &
dans les autres provinces méridionales de l’Afrique,
où les Nègres l’appellent Boggo. Il paroît qu’après
l’orang-outang , c’eft le plus grand de tous les
Anges & de tous les babouins. Le mandrill eft
d’une laideur défagréable & dégoûtante ; il a un
nez tout plat , ou plutôt deux nafeaux d’où
découle continuellement une morve qu’il recueille
avec la langue ; le mufeau très-gros & très-long.
M A K
le corps trapu , les (elles couleùr de fâflg, l’anus
apparent &. placé , pour ainfi dire , dans les
lombes , la queue très - courte & feulement de
deux ou trois pouces de long ; les dents canines
beaucoup plus groffes & plus longues à proportion
que celles de l’homme , la face nue & de couleur
bleuâtre, fillonnée des deux côtés de rides longitudinales
, profondes & très-marquées ; les oreilles
nues aufli bien que le dedans des mains & des
pieds ; le poil long, d’un brun rouffâtre fur le
Corps & gris fur la poitrine & le ventre ; il
marche le plus fouvent fur deux pieds. Lorfqu’il eft
debout , il a quatre pieds ou quatre pieds &
demi de hauteur ; il paroît même qu’il y en a
de plus grands.
« Le corps du mandrill, lorfqu’il a pris fa croif-
fance , dit Smith, eft aufli gros en circonférence
que celui d’un homme ordinaire ; les jambes font
beaucoup plus courtes & les pieds plus longs ;
les bras & les mains font dans la même proportion
; la tête eft très-groffe, la face large &
platte, fans autres poils qu’aux fourcils, le nez
fort petit, la bouche large & les lèvres font très-
minces ; la face, qui eft couverte d’une peau
blanche, eft d’une laideur effroyable & toute
ridée ; les dents font larges & fort jaunes ; les
mains font fans poil ; tout le refte du corps, à
l’exception du vifage & des mains , eft couvert
de poil long &. noir comme celui de l’ours ».
« Ces animaux ne marchent jamais fur leurs
quatre pattes comme les guenons; ils ontprefque
toujours le nez morveux , & fe plaifent à en faire
couler la morve dans la bouche ».
Le mot man , dans les langues Allemande,
Angloife , &c. fignifie l’homme en général, & le
mot drille , dans le jargon de quelques - unes de
nos provinces de France, comme en Bourgogne,
fignifie un homme vigoureux & libertin ; les
payfans difent, ce fl un bon drille, c’efl un maître
drille.
On dit que ces mandrills pleurent & gémiffent
comme des enfans ; qu’ils ont une violente paflion
pour les femmes , & qu’ils ne manquent pas de
les attaquer avecfuccès, lorfqu’ils les trouvent à
l’écart. Au refte , quoique plus grand, & peut-
être plus fort que le papion, le mandrill paroît
néanmoins être plus traitable & moins impudent.
C’eft le cercopitecus cynocephalus, magot ou tartarin,
de Biîffon ; dénominations qui paroiffent mal appliquées
& conviennent beaucoup mieux au magot.
MANGABEY ( le ) eft un finge de la famille
des guenons, qui a la queue aufli longue que la
tête & le corps pris enfernble ; il la porte relevée.
Il a un bourrelet proéminent autour des yeux ,
les paupières nues & d’une blancheur éclatante ,
le mufeau gros & long * les fourcils d’un poil
roide & hériffé, les oreilles noires & prefque
nues, le poil long & touffu. Il marche à quatre
pieds, & il a à-peu-près un pied & demi de
longueur.
M a n i 83
Il y a variété dans cette efpèce pour les couleurs
du poil ; les uns ont le poil de la tête noir, celui
du cou & , du_deffus du corps brun fauve,; & le
ventre blanc ; les autres l’ont plus clair fur la
tête & fur le corps , & ils diffèrent fur-tout des
premiers par un long collier de poils blancs qui
leur environnent le cou & les joues.
Ces mangabeys (e trouvent à Madagafcar, &
comme ils reffemblent beaucoup au vari par la
longueur du mufeau , par la longueur de la queue ,
par la manière de la porter & par les variétés de
la couleur , on peut les regarder comme faifant
la nuance entre les makis Sl les guenons.
Le mangabey eft Yoethiops , finira, caudata im-
berbis, &c. de Linneus.
M ANGE-FOURMIS, ou mangeur de fourmis,
nom donné au tamanoir. Voye^ T a m a n o i r .
MANGOUSTE ( la ) eft l’animal fameux chez
les anciens fous le nom d’ichneumon. Pour la forme
& le naturel on ne peut guère mieux le comparer
qu’à la civette , ou plutôt à la genette ;
là mangoufle a les yeux vifs & pleins de feu ,
la phyfionomie fine & le corps très-agile, les
jambes courtes & celles de derrière un peu plus
longues que celles de devant ; les oreilles très-
raccourcies , larges & arrondies ; la queue longue ,
groffe à fon origine & terminée en pointe; le
. poil rude & fouvent hériffé ; le mâle & la
femelle ont tous deux une ouverture remarquable
■ & indépendante des conduits naturels , une efpèce
de poche dans laquelle fe filtre une humeur odorante
; on prétend que la mangoufle ouvre cette
poche pour fe rafraîchir lorfqu’elle a trop chaud-
Son mufeau trop pointu & fa gueule trop étroite
l’empêchent de faifir ’& de mordre lés chofes
un peu groffes, mais elle fait fuppléer par l’agi-
lité, par le courage , aux armes & à la force
qui lui manquent: elle a une petite voix douce,
une efpèce de murmure, & fon cri ne devient
aigre que lorfqu’on la frappe & qu’on l’irrite.
La mangoufle eft domeftique en Egypte, comme
le chat l’eft en Europe, & elle fert de même à
prendre les fouris & les rats ; mais fon goût
pour la proie eft encore plus v if , & fon inffinét
plus étendu que celui du chat ; car elle chaffe
également aux oifeaux , aux quadrupèdes, aux
ferpens , aux lézards, aux infectes, attaque en
général tout ce qui lui paroît vivant , & fe
nourrit de toute fubftance animale; elle ne s’ef-,
fraye ni de la colère des chiens , ni de la malice
des chats, ne redoute pas même la morfure des
ferpens ; elle les pour luit avec acharnement,
les attaque. & les tue , quelque vénimeux qu’ils
foient , & lorfqu’elle commence à reffentir les
impreflions du venin, elle va chercher des antidotes,
& particulièrement une racine que les
Indiens ont nommée de fon nom , & qu’ils
difent être un des plus ,sûrs & des plus puiffans
remèdes, contre la morfure de la vipère ou de
l’afpiç* Elle mange les oeufs des crocodiles, comme