
elle groffit les traits du yifage, elle épaif-
fit les membres en rempliffant les; , intervalles
qui étoient entre les pnifcles > elle
fait diiparoître leurs formes. Quoique
f embonpoint rende la figure du corps humain
moins fvelte & moins élégante, cependant
lorfqu’il eft modéré il embellit les
gens quiavpient un air de maigreur. Mais
l’embonppin,t exceffif déforme Iç corps Si
le furcljargé d’un poids très-incommode,
Si quelquefois infupportable. Tel on a vu
des hommes qui ne pefoient que 13 o livres
éngraiffçr au point de pefer .3c« livres.
* « l,e cprps d’un homme bien fait doit
être'quatre"; lès nnifcle? doiyept être durement
exprimés:, le contour des membres
fortement üeffiné , les traits du vifage b)i?P
marqués. Dans la femme tout efl plus arrondi,
les formes font plus adoucies, les
traits plus fins : l’homme a la force Si la
maj.efté ; les grâces Si la beauté font l’apanage
de l’autre fexe.
To ut annoncç dans tous deux les maîtres
4e là terre ; tout marque dans l’homme,
même à l’extérieur, fa fupénorité fur tous
les êtres vivaqs ; il fe foutient droit Si
élevé, Ton attitude eft celle dit commandement
, fa tête regarde le ciel Si préfente
une face, augufte ,Tur laquelleeft imprimé'
fe cara&ère de fa dignité : -i’qnage de Famé
y eft peinte par la phyfionomie ; l’excellence
de fa nature perce à, travers les organes
matériels ,' & anime d’un feu divin
le? traits, de Ton vifage; fon port majef-
tueùx, fa démarche fermé Si hardie annoncent
fa nobleffe Si fon rang ; il ne touche
â là terre que par les extrémité?, les plus,
éloignées , il ne la voit que de loin , &
femble la dédaigner ; les bras ne lui font pas-
donnés pour fervir de pilier d’appui à la
rnafte deiTon çorps. -Sa main ne dp'! pas.
fouler,.la terre perdr^ par des frotte-,
mens réitérés,la, fineffe du toucher dont elle
eft le prinçipaf organe ; le, bras &- la main
font fiits pour fervir à,' des ufages plus
nobles , pour” exécuter les ordres de la
volonté, pourTaifir les, chofes éloignées^,
pour écarter les obltaclçs , pour prévenir,
les rencontres.dç le choc de, ce qui pourrait
nuîte ; ppur erobraffer & retenir .ce., qui,
peut plaire, pour le mettre à portée de j
autres fens ».
Le calme ou l’agitation de l’ame s’annonce
fur le vifage par le repos de toutes
fes parties & par la douce harmonie qui
rélulte de leur enfemble, ou par divers
mouvemens, dont chacun répond à une
paffion particulière , Si en exprime , avec
autant de délicateffe que d’énergie, le ca-
raâère Si les différens degrés. Ç ’eft fur-tout
dans les yeqx que la peinture de Famé
admet à - la - f o i s Si une expreffion plus
marqtiée & plu? v iv e , St des nuances plus
fines & plus, variées.. Les perfonnes qui ont
la vue courte, ou qui fpnt louches, ont
beaucoup moins de. cette ame extérieure ,
qui réfide principalement dans cet organe.
Les différentes couleurs des yeux font
l’orangé foncé, le jaune, le v e r t, le bleu,
le gris. | Si le mélange de gris & de blanc.
Parmi ces | couleurs , les plus ordinaires
dans les. yeux font Forangé & le bleu ,
qiû le plus fouvent fe trouvent réunies
dans le même oeil. Les yeux que l’on croit
être noirs ne font que d’un jaune brun ou
d’orangé foncé, Si c’eft le çontrafte de la
couleur jaune avec le blanç de l’oeil qui la
fait-paroitré noire. Le bleu, quelque léger
qu’il foit dans les yeux, y devient la couleur
dominante,& efface tellement l’orangé, dont
il eft fouvent mêlé 1 qu’on ne s’apperçoit de
ce mélange qu’en y regardant de près. Les
plus beaux yeux font ceux qui paroiffent
noirs ou bleus. Il y a dans les premiers
plus de, force d’expreffion St de vivacité,
&t dans les féconds, plus de douceur, Si
peut-être plus de finefle.
Après les yeux, les parties du vifage qui
contribuent le plus à marquer la phyfionomie
, font les. fourcils, Leur nature différente
de celle des autres, parties les. rend
plus apparens par le çontrafte : c’eft comme
une ombre dans, le tableau, qui en relève
les couleurs St les formes.
Le front eft une des grandes parties de
la face, S i l ’une de celles qui relèvent le
plus la beauté de fa forme. Tout, le monde
foait -combien les cheveux font à la phy-
fionSmie ; Si c’eft un défaut que d’être
çhauye.
chauve. Les cheveux qui tombent d’abord,
lorfque la vieilleffe commence à fe faire
fentir, font ceux qui garniffent la partie
la plus élevée de la tete, aufli bien que
celle qui eft au-deffus des tempes. Il eft rare
de voir tomber en entier ceux qui accompagnent
le bas des tempes, non plus que
ceux de la partie inférieure du derrière de
la tête. Au refte, il n’y a que les hommes
qui deviennent chauves en avançant en
âge ; les femmes confervent toujours leurs
cheveux, 8i quoiqidils deviennent blancs
comme ceux des hommes , lorfqu’elles
approchent de la vieilleffe, ils tombent
beaucoup moins.
Le nez eft la partie la plus avancée Si
le trait le plus apparent du vifage; mais
comme il n’a que très-peu de mouvement,
Si qu’il n’en prend ordinairement que dans
les plus fortes paillons, il fait plus à la,
beauté qu’à la phyfionomie..
La bouche Si les lèvres font, après les
yeux, les parties du vifage qui ont le plus
de mouvement & d’expreffion. La bouche
que relèvent la couleur vermeille des
levres St l’émail des dents, devient, lorf-
qu’elle eft animée par l’organe de la vo ix,
comme le point de vue principal du vifage,
celui fur lequel les yeux . s’arrêtent plus
long-temps.
.Les joues"font des parties uniformes,
qui n’ ont par elles-mêmes aucun mouvement,
aucune expreffion, fi ce n’eft par la
rougeur ou par la pâleur qui les couvre
involontairement- dans des paffions différentes
, telles que la honte , la colère,
l’ orgueil & la joie d’une part, Si de l’autre
la crainte , l’effroi Si la trifteffe.
» La tête en ëhtier prend , dans les
paffions, des pofitions Si des mouvemens
différens; elle eft abaiffée -en avant dans
l’humilité , la honte, la trifteffe ; penchée
de côté dans, la langueur , la pitié ; élevée
dans l’arrogance, droite St fixe dans l’opi-
riiâtreté : elle fait un mouvement en arriéré
dans l’étonnement, 8t plufieurs mouvemens
réitérés de côté Si d’autre dans le mépris,
la mocquerie , la colère Si l’indignation.
» Dans l’affliâion , la jo ie , l’amour, la
honte, la compaffion, les yeux fe gonflent
Hijloire Naturelle. Tom. I.
tout-à-coup ,. une humeur furabondante
les couvre Si les obfcurcit, il en coule des
larmes dont l’effufion eft toujours accompagnée
d’une tenfion des mufdes du vifage,
qui fait ouvrir la bouche.
» Dans la trifteffe , les deux coins de la
bouche s’abaiffent, la lèvre inférieure remonte
, la paupière eft abaiffée à demi,
la prunelle de l’oeil eft élevée Si à moitié
çaehée par la paupière , les autres mufcles,.
de la face font relâchés ; de forte que
l’intervalle qui eft entre la bouche 8t les
yeux eft plus grand qu’à l’ordinaire , Si par
conféquent le vifage paroît allongé.
» Dans la peur , la terreur , l ’effroi,
l’horreur, le front fe ride, les fourcils s’élèvent
, la paupière s’ouvre autant qu’il eft
poffible ; elle furmonte la prunelle , 8i laiffe
paroître une partie du blanc de l’oeil au
deffus de fa prunelle qui eft abaiffée Si un
peu cachée par la paupière inférieure ; la
bouche eft en même-temps fort ouverte ,
les bords fe retirent, Si laiffent paroître
les dents en haut Si en bas.,
» Dans le mépris Si ladérifion, la lèvre
fupérieure fe relève d’un cô té , Si laiffe
paroître les dents , tandis que de l’autre
côté elle a un petit mouvement comme
pour fourire, le nez fe fronce du même
côté que la lèvre s’eft élevée , Si le coin
de la bouche recule. L’oeil du même cpté
eft prefque fermé , tandis que l’autre eft
ouvert à l’ordinaire ; mais les deux prunelles
font abaiffées , comme lorfqulon
regarde du haut en bas.
» Dans la jaloufie , l’envie , 1a malice,
les fourcils defeendent Si fe froncent, les
paupières s’élèvent Si les prunelles s’abaiffent
: la lèvre fupérieure s’élève de
chaque côté , tandis que les coins de la
bouche s’abaiffent un peu, Si que le milieu
delà lèvre inférieure fe relève pour joindre
le milieu de la lèvre fupérieure.
» Dans le ris, les deux coins de la bouche
reculent Si s’élèvent un peu , la partie
fupérieure des joues fe re lè v e , les yeux
fe ferment plus ou moins , la lèvre fupérieure
s’élève , l’inférieure s’abaiffe ; la
bouche s’o u v r e , Si la peau du nez fe fronce
dans les ris immodérés. k