Si en 1873 le mouvement du port de Tientsin se résuma par
103 865 tonnes sous pavillon anglais, 99 296 sous pavillon américain,
22 022 sous pavillon chinois (plus 35 940 pour tous les
autres pavillons réunis), déjà les parts respectives avaient été
comme suit en 1879 : sous pavillon chinois, 263 000 tonnes, sous
pavillon anglais 194 580, sous pavillon américain 25 475, et
37 950 pour tous les autres. En 1899, pour un mouvement total
de 292 millions de francs, les rangs sont comme suit, avec de
nouveaux rivaux en ligne : en tête les Chinois, en second lieu
les Anglais, en troisième les Japonais, en quatrième les Allemands.
Le pavillon français se montre très rarement à Tientsin ;
le commerce russe est en ascendance, mais il y a lieu de croire
qu’il se transportera vers quelque port du Liaotoung.
En aval et près de la ville, à la rive gauche du Peï ho, sur
un tertre fait de main d’homme, s’élèvent les constructions du
quartier européen de Tzekhoulin ou du « Bosquet de Bambous
», qui n’offre plus rien de chinois. C’est maintenant une
petite ville tout occidentale par le tracé des rues, l’architecture
des maisons, la disposition des magasins. Presque tous les
Européens que leurs affaires appellent à Tientsin résident dans
ce village transformé. La ville chinoise elle-même a changé
peu à peu d’aspect, et l’on y voit de grands édifices à l’européenne,
notamment un nouvel hôpital. Mais la cathédrale
bâtie par les missionnaires catholiques n’est plus qu’une ruine ;
elle fut incendiée lors du terrible massacre de 1870, pendant
lequel les soeurs de charité, les prêtres et les Français, à l’exception
d’un seul, et quelques autres étrangers, furent massacrés.
Les rues de Tientsin sont beaucoup plus larges que
celles de Changhaï et de Canton, où les transports se font à
dos d’homme, tandis que dans les villes du nord on se sert de
lourds chariots traînés par des mulets ou par des boeufs.
Parmi toutes les cités du Royaume Central, Tientsin est
l’une de celles où les signes d’un renouvellement industriel
sont le plus visibles : filatures de coton et autres manufactures ;
lignes télégraphiques ; chemin de fer dirigé sur les mines de
houille de Kaïping ; autre ligne reliant la ville à son mouillage
de l’embouchure du fleuve, à Takoou; troisième voie ferrée qui
l’unit à Toungtcheou et à Peking : cette ligne, commencée en
1889, ne fut livrée qu’à la veille de la guerre, un édit impérial
ayant longtemps arrêté net les travaux. On a recreusé la
« rivière des Transports », c’est-à-dire le Canal Impérial ou
Grand Canal qui, d’ailleurs, n’a plus d’importance que pour
le petit commerce, le grand mouvement d’échanges ayant pris
désormais le chemin de la mer, comme il va prendre aussi
la voie de fer, à mesure qu’avancera la ligne de Tientsin au
bas Yangtze Kiang.
En vertu même de cette nouvelle direction du trafic, il a
fallu s’occuper de la régularisation du bas fleuve, que peuvent
remonter des bâtiments d’un tirant d’eau de 3 à 4 mètres, mais
que sépare des eaux du golfe une barre offrant seulement
1 mètre de profondeur à marée basse, et 3 mètres à 4 mètres
et demi à marée haute.
Mais c’est surtout en vue de la « rénovation » militaire
qu’on a le plus travaillé à Tientsin et aux environs : d’ailleurs
vainement, puisque cette défense n ’a servi de rien en 1900
contre l’intrusion de l’Europe, et que tous les forts ont été
démantelés. A Tientsin même, dans le faubourg oriental, un
arsenal où l’on fabriquait surtout des fusils, des projectiles et
des affûts, s’étendait sur un espace de 250 hectares. A Sintcheng,
entre Tientsin et l’embouchure du fleuve, le gouvernement avait
fait élever de puissantes fortifications ainsi qu’à Peitang, ville
voisine de l’embouchure du Peï ho, au nord, là où se jette en
mer le San ho ou Tchaou ho. A l’entrée du fleuve, les forts de
Takoou, c’est-à-dire de « la Grande Embouchure », qui furent
si rapidement enlevés en 1858 et en 1860 par les Anglo-Français,
avaient été reconstruits, armés de canons du plus fort
calibre et complétés par un vaste camp retranché et un bassin
de carénage pour les canonnières chinoises. Mais les Européens
en ont eu facilement raison en 1900, ainsi que de Tientsin,
des autres forteresses, et de la métropole elle-même.
Les tragédies de 1858 et 1860, le massacre et l’incendie
de 1870, l’inondation d e : 1890 qui mit la ville dans l’eau,
détruisit ou disloqua des quartiers entiers, la guerre de 1900
ont fait payer cher à cette ville sa prospérité ininterrompue.
Puis Tientsin a le malheur d’être peu salubre, par sa situation
dans une plaine saturée d’humidité fluviale et lacustre;
un autre de ses désavantages c’est que pendant trois mois, de
fin décembre à fin février à peu près, cela varie suivant les
années, la glace de l’hiver scelle son fleuve et son golfe.
Plusieurs villes, se succèdent au nord de
v i i i Peking, sur la route qui mène à Djehol par la
a u t r e s porte de la Grande Muraille dite Koupeï koou
v il l e s (ancienne porte du Nord). Mais la cité adminisd
u p e t c h il i trative de Yungping fou, sur cette route de la
Mandchourie, n’est pas un centre de population
considérable : elle aurait plutôt une certaine importance stra