Le territoire concédé aux Américains, au nord de la rivière
de Soutcheou, est réuni depuis 1863 à la municipalité britannique,
et déjà toute la partie occidentale de la banlieue, autour
du champ de courses, est couverte de constructions d’aspect
européen. La concession française, qui est autonome aussi,
donne asile à 40 000 « fils de Han » et à 444 blancs. L’ensemble
de ces colonies étrangères, la « ville européenne » de
Changhaï, s’étend sur 750 hectares, presque le dixième de Paris
sans les faubourgs.
On y remarque d’énormes hôtels, clubs et palais, le monument
de « l’armée toujours triomphante », qui, faite d’Anglais
de Français, de Chinois, b attit les rebelles Taïping en maintes
rencontres, de 1862 à 1864, et deux statues d’Anglais : celle de
Gordon, 1 illustre condottière qui avait mis son énergie au service
du gouvernement chinois dans la lutte contre les Taïping;
et celle de Margary, massacré dans le Yunnan. Le nombre des
i diables étrangers » y est d’environ 6 000, dont 3000 Anglais;
après quoi viennent des Yankees, des Allemands, des Français,
des Portugais et un nombre croissant de Japonais. Ces « barbares
», roux ou autres, se plaignent parfois du climat brusquement
changeant de la ville, au passage de l’une à l’autre de
ses saisons contraires, d’hiver à été, d’été à hiver : alors ils
y contractent facilement des bronchites, des pneumonies et des
rhumatismes.
Au midi de la ville chinoise de Changhaï se prolonge le
faubourg de Tongkatou, tandis qu’à l’est, sur la rive opposée
du fleuve, s’étend Pountoung, appelée souvent la « Petite
Europe »,en raison des nombreux Chinois chrétiens qui l’habitent.
Les campagnes qui entourent Pountoung sont défendues
contre les inondations de la mer et des eaux courantes comme
le sol de la Néerlande : du côté de l’Océan, cinq levées concentriques’
bordent le littoral.
Le thé de Chine, qui s’en va de plus en plus en Russie
de moins en moins en Angleterre et aux États-Unis, a cessé
d’être < l’âme » du commerce de Changhaï. C’est surtout l’importation
des cotonnades et lainages, de l’opium, des mille et
un objets de 1 industrie européenne, la plupart « mauvais, mais
pas chers », suivant la formule, qui donnent au port l’ampleur
de son trafic et recouvrent la rivière Hoang pou d’une forêt de
mâts. A l’exportation, c’est la soie grège expédiée aux États-
Unis, en France-, en Angleterre — pour 160 millions de francs
en 1899, — le coton envoyé en Angleterre et au Japon, les
étoffes et les filets de soie manufacturés à Changhaï même, où
se sont déjà construites maintes usines copiées sur celles de
l’Occident.
En ces dernières années, avant la guerre sino-européenne,
la valeur du commerce annuel de Changhaï était de 600, de
F ig . — Ch a ng h a ï e t l e s b o u ch e s du Y angtze .
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700, de 800 millions de francs, un milliard : ainsi, en 1898,
on arrive à 1030 000 000 francs, dont plus de deux tiers à
l’importation. En 1896, avec un commerce moindre d’un tiers,