CH A P IT R E T ROI S IÈME
V IL L E S E T L IE U X R EMA RQUA B L E S
I . DANS LE KOUANGTOUNG. Il I I . CANTON. Il I I I . HONGKONG. Il
IV . MACAO. Il V . KOUANTCHEOU OUAN. Il V I. DANS LE KOUANGSI.
LE Kouangtoung, province maritime, est l’une
des trois que la Chine s’est officiellement
d a n s engagée à considérer comme relevant de l’inle
fluence française plus que de toute autre, en tant
kou ang tou ng que pays confrontant à l’Indo-Chine française,
Tonkin et Laos, sur une ligne de frontières de
2137 kilomètres.
Elle occupe l’extrême midi de la Chine : continentalement,
par sa presqu’île de Leitcheou ; insulairement, par sa précieuse
dépendance d’Haïnan.
Au sud, la mer Chinoise, le Nan haï des gens du * Milieu > ;
au nord-est, le Fo’kien; au nord, le Kouangsi et le Hounan; à
l’ouest (et au nord d’une bande littorale), le Kouangsi ; au sud-
ouest, l’Indo-Chine française dans la personne du Tonkin, voilà
ses bornes, entre lesquelles on lui accorde 259 000 kilomètres
carrés, dont 228 000 pour la partie continentale, le reste pour
l’île d’Haïnan : soit les 483/1000 de la France, mais avec un
peuple estimé, libéralement sans doute, à 29 700 000 habitants,
soit plus des trois quarts de notre population, et 114 à 115 individus
au kilomètre carré.
Kouangtoung signifie le * Vaste Orient » et, par opposition,
le Kouangsi est le i Vaste Occident ».
A l’orient de Canton, dans la partie de la province qui, par
le dialecte et les moeurs des habitants, est une dépendance
ethnologique du Fo’kien, la principale cité de commerce est
Chachantoou ou Chatoou, que les étrangers appellent Swateou
(Swatow), Chotoou, Chataou.
Swateou n ’était vers 1840 qu’un village de pêcheurs, mais
son heureuse position sur un estuaire où aboutit un fleuve
navigable, le Han, à l’issue d’une plaine de fertiles alluvions,
ne pouvait manquer d’attirer des trafiquants.
Bien avant que les traités eussent autorisé les Anglais à
s’établir dans la contrée, des commerçants de cette nation
s’emparaient d’une île située à l’embouchure du Han, nommée
par eux Double Island, et en faisaient un entrepôt d’opium et
de marchandises de toute espèce ; des pirates et des contrebandiers
constituaient autour d’eux, surtout dans l’île de Namoa
ou Nangao et sur les côtes voisines, une sorte de république,
et comme une Nouvelle Angleterre où n’osaient se présenter
les mandarins.
Mais les Européens de Double Island ne se bornaient pas
aux opérations du commerce interlope ; ils « exerçaient » en tout
genre, et allaient jusqu’à voler des hommes pour les vendre
dans le Nouveau Monde en qualité d’engagés.
Aussi furent-ils mal accueillis à Swateou lorsque l’accès
de ce port leur fut ouvert en 1858, et à grand’peine trouvèrent-
ils un emplacement pour leurs maisons et leurs entrepôts.
Grâce à la colère des gens du pays contre les négociants étrangers,
il a été facile aux marchands chinois de s’emparer ici
du commerce extérieur. Presque tous les comptoirs de cette
place maritime appartiennent à des Cantonais ou bien à des
immigrés de Singapour : ceux-ci ont su même former une sorte
de t hanse » qui, sous le nom de « guilde de Swateou », dicte
ses conditions aux commerçants européens dans les autres
ports du littoral.
A marée haute, le port, situé à 8 kilomètres de la mer,
donne accès à des navires calant 6 mètres ; le village des
pilotes est resté à l’entrée du fleuve, là où se trouvait le campement
des contrebandiers européens, au « repaire » de Double
Island.
Swateou est l’une des villes salubres du littoral, mais elle a
beaucoup à souffrir des ouragans, et c’est pour mieux résister
à la force du vent que toutes ses maisons, bâties en pisé, sont
couvertes de toits plats.
Malgré ses grands avantages naturels, cette ville n ’a guère
qu’une quarantaine de mille âmes. Elle est trop voisine de
Hongkong et de Canton, comme aussi d’Amoï, pour prospérer
à son aise. Bien que place ouverte au commerce étranger, les