CHA P IT R E DEUX IÈME
MONTS E T V A L L É E S
DU B A S S I N DU Y AN G T Z E
I . MONTS TIBÉTAINS DU YANGTZE. Il I I . MONTS
DU SETCHOUEN OCCIDENTAL. Il ¡ I I . LE BASSIN ROUGE . Il IY . MONTS ET PLA TEAUX
AU SUD DU YANGTZE : LES NAN CHAÑ.
DES gradins extérieurs du Tibet oriental aux
plages incertaines de la mer Jaune, les iné-
m o n ts galités du relief divisent le bassin du Yangtze
t i b é t a i n s en plusieurs régions naturelles différant entre
d u y a n g t z e elles par le climat, les productions, les moeurs
des habitants.
Une première région bien distincte est celle des monts
« levantins » du Tibet,'aux origines mêmes du fleuve. Ensuite,
de l’occident à l’orient, c’est la zone de hautes montagnes
du Setchouen occidental, où le « Fleuve au Sable d’Or »
coule au fond d’étroites cluses dans le pays des Tibétains,
des Mantze, des Lolo. Puis les « chaînes transversales » et les
gorges de Koeïtcheou à Itchang séparent le Setchouen oriental
des plaines du Houpé; enfin les collines du Nganhoeï marquent
la fin des hautes terres et le commencement des plaines, récemment
conquises sur l’Océan.
Les monts de la frontière orientale du Tibet sont évidemment
les restes d’un plateau que le travail des neiges, des
glaces et des eaux a graduellement découpé en crêtes parallèles,
dont la direction générale est celle du nord au sud ;
même les lits des fleuves, quoique profondément taillés dans
l’épaisseur du plateau, se trouvent dans cette région à des
hauteurs de 3 000 à 2 500 mètres au-dessus du niveau de la mer.
La grande route de commerce qui mène de Lassa à la Chine
occidentale par Batang et Tatsienlou se maintient presque
partout entre ces deux villes à une hauteur moyenne de
3 600 mètres, sauf dans le fond des vallées, où elle descend
de 2 800 à 2 500 mètres, et même trois cols, sur cette route,
s’ouvrent à l’altitude « effrayante » de près de 5 000 mètres.
Ces passages sont justement redoutés des voyageurs, bien
moins à cause de la raideur des pentes et de la rigueur du
froid ou de la violence du vent qu’à cause de le raréfaction de
l’air. , ,
Les Chinois, qui ne se rendent pas compte des nausées
ou même des évanouissements qui les surprennent au passage
des crêtes, cherchent la cause de ces accidents dans les émanations
vénéneuses du sol ou dans la présence d herbes
funestes. Sur le Tang la, les Tibétains attribuent également
aux vapeurs de la terre une action malfaisante.
Parmi les monts aux noms tartares, tibétains ou chinois,
ou « occidentaux » qui se lèvent sur ces plateaux de l’épouvante
et de la mort, les récentes explorations nous montrent,
au-dessus des sources probables du Teïtomaï, du Yangtze par
conséquent, une échine qui n’aurait pas moins de 7 000 mètres
au-dessus du niveau des mers, le mont Dupleix, au sud du lac
Montcalm. .
Au midi de ce haut bassin de réception du Yangtze, là ou
le lac Armand David occupe une cavité du plateau, la chaîne
au versant de laquelle commence le grand courant de 1 Indo-
Chiné, c’est-à-dire le Mékong, montre son arête qui s élève
graduellement vers l’est au-dessus des terres profondément
érodées par les eaux : cette chaîne est celle du Tang la dont les
pitons dépasseraient 5 200 mètres; au nord de cette même
conque de début, le pic du Roi-Oscar aurait 5106 mètres, dans
la rangée des monts Koukchili, long dos qui sépare des monts
Prjevalskiy, au septentrion, un plateau étoilé de lacs longtemps
glacés chaque année. Le Koukchili continue à 1 est la rangée
peu saillante à laquelle on a donné le nom de monts Lrevaux.
A l’est des Koukchili la ligne des pics et dômes se continue
par le Bayan khara, lequel sépare les eaux qui vont au Yangtze,
au sud, de celles qui recherchent, au nord, le naissant Ikiang
ho; et à son tour le Bayan khara se prolonge par les Tsing
ling ou « Montagnes Bleues », sur la même divisoire, jusqu au-
dessus de la plaine immense commune aux deux grands fleuves
chinois au nord, à l’ouest et au sud des monts du Ghantoung,
massif déjà insulaire.