ta it d aborder le plateau par l’autre côté, en remontant le
Brahmapoutra et le Lobit. Il fut repoussé de nouveau, et son
•compatriote Sladen, qui avait choisi la voie de l’Irraouaddi et
de son affluent le Taping, dut également rebrousser chemin
sans avoir pu dépasser Momeïn ou Tenghueh ting, la principale
cité du Yunnan à l’ouest du Salouen.
En 1874, après la victoire définitive des armées chinoises
su r les mahométans, Margary, venant par la voie de Chine,
ouvrait enfin la route directe de Hankoou à Bhamo, sur l’Irra-
ouaddi. Il ne put en profiter lui-même pour une nouvelle expé-
îtion : quelques semaines après, il était assassiné dans le
Yunnan, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière de
Barmanie.
La nouvelle de sa mort émut l’Angleterre et donna lieu
à une longue correspondance diplomatique dont la conclusion
devait amener de grands avantages au commerce anglais. En
vertu de la convention de Tchefou, conclue en 1876, le gouvernement
britannique fut autorisé à déléguer des résidents de
commerce à Tali fou, ou dans toute autre ville du Yunnan, et à
préparer une expédition scientifique dans le Tibet, soit par la
ÎmS! ®e*;c^ ouen> route du Yangtze, soit par celle du Kansou
<et du Koukou nor, route du Hoang ho.
Depuis, bien des voyageurs anglais ont marché sur les
traces de Margary : Grosvenor et Baber, Mac Carthy, Cameron,
i ’ Stevenson, Soltan, Hosie ont exploré le Yunnan par différentes
routes.
Les Français n’ont pas été moins actifs, à la bordure méridionale
du Yunnan, sur le fleuve Rouge, le Mékong et dans le
ïu n n an lui-même, jusque dans le Setchouen. Il suffit de citer
la Mission Lyonnaise, son directeur Brenier, Leclère, de Vaul-
s e rre ; la liste complète serait longue.
Les Anglais comptent arriver en Yunnan et en Setchouen
en partant de leur Barmanie, route hérissée de difficultés ; les
Français sont beaucoup plus rapprochés, et pour ainsi dire
presque arrivés, par une voie naturelle, celle du fleuve Rouge.
Né dans le Yunnan, le fleuve Rouge se poursuit et s’achève
dans le Tonkin; Jean Dupuy Ta reconnu dès 1870 et 1872, jus-
■qu au port de Manghao, à proximité des mines les plus riches
<en métaux.
Malgré la formidable, l’effroyable barrière de montagnes
hérissées entre Irraouaddi et Salouen, Salouen et Mékong,
Mékong et fleuve Rouge, les Anglais avancent : lentement,
mais ils avancent.
Ils ont dû renoncer à la voie directe de Bhamo à Tali qui
comporte des ascensions de 1 000 à 2 000 mètres, jusqu’à quatre
cols de 2 400 à 2 750 mètres d’altitude, et des descentes égales.
Comme dit Baber, un chemin de fer n’est possible ici qu’en
perçant une douzaine de tunnels de Mont Cenis et qu’en lançant
plusieurs ponts du Menai. — En France, on dirait : du
Garabit.r— Renoncé aussi au chemin de fer de Moulmein à
Yunnan sen par Rahang, Xienghaï, Xienghong et Semao, très
long et suffisamment difficile aussi.
Mais' ils ont travaillé vigoureusement à la ligne de Mandaté
sur Irraouaddi à ce même Yunnan sen, ligne qui franchit la
Salouen à 434 kilomètres de Mandalé ; cette voie qui passe sur
la gorge de Gokteik par un viaduc de 175 mètres de haut sur
600 de long, se poursuit patiemment dans la direction du
Yunnan, et lorsqu’elle atteindra Yunnan sen elle sera prolongée
jusqu’au Yangtze kiang navigable, jusqu’à la fameuse
ville de Tchoungking. , , .
Quant aux Français ils ont ici la nature pour complice : le
chemin de fer d’Hai'phong à Yunnan sen approche de la frontière
du Yunnan, et de là jusqu’à cette capitale de la province
par Mongtse la route n’est ni très longue, ni vraiment semée
de difficultés. Elle est bien plus courte que celle de Mandalé,
avec bien moins de pentes, contrepentes et distances majorées
: d’Haïphong, port du Tonkin, à Yunnan sen il y aura
900 kilométrés; de Rangoun, port de la Barmanie, il y en
aura 1610.
La population du Yunnan est encore loin
iii d’avoir fondu ses divers éléments, quoique la
po p u la t io n s domination chinoise se soit établie pour la predu
- mière fois dans le pays depuis deux mille années
yu n n a n déjà.
Des tribus insoumises habitent en grand
nombre les régions montagneuses, sous une foule de noms
qui ne répondent pas à un même nombre de peuplades ou
nations, mais qui tiennent à des différences de patois, de costumes,
de coutumes, d’habitation; quelquefois à des circonstances
futiles ou à des idées préconçues : « chaque tribu, dans
son ignorance, se considère comme une race distincte; d’où
la multiplicité des dénominations locales ».
En les rangeant par races, autant que faire se peut avec
les faibles connaissances que nous en avons à ce jour, c’est
aux Lolo qu’appartient, et de beaucoup, la prépondérance
parmi les non-Chinois du Yunnan, aux Lolo parents de ceux
du Setchouen.