Rouge un des grands districts séricicoles du monde, en tout
cas le premier de la Chine ; si bien que l’usage des soieries y
est extraordinairement répandu et qu’aux jours de fêtes, plus
de la moitié des habitants de la capitale se revêtent de ces
étoffes précieuses. Le sol des plaines y est admirablement
arrosé; en aucune contrée on ne voit plus de légumes, et en
nombre plus varié; plus une foule de plantes, d’arbustes, dont
beaucoup sont inconnus en Europe, et quelques-unes de très
haute utilité.
Les paysans du Setchouen élèvent plusieurs espèces
d’arbres et arbrisseaux dont les sèves ou les graisses sont
employées dans l’industrie : tel est l’arbre à suif (stillingia sebi-
fera), renfermant dans ses innombrables baies une sorte de
graisse dont on fait des chandelles; tel est aussi le tougchou
(elæococca), dont le fruit donne une huile remplaçant avantageusement
le vernis; l’arbre à savon est une espèce d’acacia
ressemblant au frêne (acacia rugata) et le fruit très alcalin de
cet arbre, parfumé avec un peu de camphre, s’emploie comme
savon dans la plupart des maisons chinoises.
Une des plus curieuses industries agricoles de la province
est celle de la cire végétale ou peï la, qui ne peut se faire que
par la division du travail entre les habitants de deux districts
éloignés.
L’insecte qui élabore la cire (coccus pela) naît et se développe
sur les feuilles du ligustrum lucidi^m, dans le pays de
Kientchang, près de Ningyuen. A la fin d’avril les cultivateurs
recueillent avec soin les oeufs de cet insecte et se rendent à
Kiating fou, à quatorze journées de marche, de l’autre côté
d’une chaîne, de montagnes.
La route est très pénible, et c’est la nuit qu’il faut la parcourir
pour que les oeufs ne souffrent pas de la chaleur : de
loin, toutes les lumières qu’on aperçoit sur les chemins sinueux
des monts produisent un effet très pittoresque. Par une exception
unique en Chine, les portes de Kiating fou restent constamment
ouvertes pendant toute la saison de la récolte des
oeufs.A
près le transport commence l’opération délicate : il faut
détacher les oeufs de la branche sur laquelle on les a portés et
les placer sur un arbre d’espèce différente, le fraxinus sinensis,
où les insectes naissent et sécrètent la cire blanche si appréciée
des Chinois. On doit attribuer sans doute à une maladie la propriété
qu’ont les insectes de produire beaucoup de cire, précisément
sur des plantes qui ne fournissent pas la nourriture
naturelle.
D’après les auteurs chinois, l’insecte à cire prospère sur
trois ou quatre différentes espèces d’arbres. La valeur totale
de la récolte dans le Setchouen est évacuée par Richthofen à
14 millions de francs. La propriété des arbres à cire est très
divisée : généralement ils appartiennent à d’autres paysans
eue le sol qui s’étend à leur ombre.
Dans ce « merveilleux » Setchouen, des chevaux a la lois
très rapides, très endurants, fort vigoureux sous un très petit
volume, des buffles, des yaks aident l’homme dans ses travaux
agricoles, ses allées et ses venues. Le porc, qui y est innombrable
représente presque à lui seul, les diverses viandes
comestibles d’Europe; et le ver à soie y crée incessamment
Moyennant quoi le Setchouen Oriental, d’ailleurs très bien
d o u é comme trésors du sous-sol, houille, fer, sel, pétrole, peut
se comparer sans désavantage aux pays les plus opulents du
monde.
Ici c’est la planturosité, dépassée nulle part,
m c’est l’opulence incroyable de la nature, la pro-
a u x duction universelle : tout y vient à souhait,
d eu x m vE S plantes du nord etplantes du midi, non pas sous
du m o y eu le plus chaud, mais probablement sous le meil-
ET Dü leur climat de la Chine; le Houpé, le nord du
BAS y a n g t z e Hounan et du Kiangsi, le Nganhoeï, leKiangsou,
les plaines du fleuve, celles du Han et autres
affluents sont les « greniers de la Chine » ; pas seulement les
greniers, dans le sens de magasins de riz et de céréales, mais
aussi de toute espèce de produits de la terre. Car on ne peut guère
trouver autre part, dans n’importe laquelle des; cinq parties du
monde, une grande région mieux faite pour donner, sans se
lasser, tout ce qu’on lui demande : la fécondité la plus inouïe
du sol, la bonne disposition des saisons, les pluies, les rivières,
les lacs, les coulées, les canaux d’arrosage, rien ne manque à
la plaine du Yangtze kiang inférieur où de vastes espaces sont
un présent du grand fleuve, et une plus grande Hollande tirée
des eaux.
Aussi en ressemblance avec cette Hollande et les Flandres
qui la prolongent, est-ce une sorte de ville agricole et maraîchère,
en même temps que commerçante, avec une extraordinaire
densité de population. . .
La variété des « biens de la terre » y étant comme infinie,
le riz, le mûrier, le coton, le tabac, 1 arbre à thé, le bambou
d’usage universel, y priment les autres cultures *