Et ici la comparaison entre les Chinois et nous n’est plus
possible, tandis qu’on peut discuter du mérite de leur poésie
mise en regard de celle des Grecs, Latins, Néo-latins, Germains
et autres peuples d’Europe.
Pourtant il faut bien reconnaître que si les poètes chinois
n’ont jamais offensé la morale de la nation du Milieu, ils n’ont
pas non plus exalté son imagination. « Ils n’ont rien d’épique,
même rien d’amplement et longuement narratif, et peu de
passion profonde ; leurs métaphores sont parfois affectées,
puériles, même ridicules; le principal titre de ces poèmes
à l’attention c’est leur antiquité, leur caractère religieux, le
jour qu’ils jettent sur les idées et les coutumes des Chinois
de l’ère antique. »
Les habitants des diverses provinces auraient
depuis longtemps cessé de se comprendre les
v uns les autres, s ils ne possédaient, comme inter-
p a t o is médiaires, les signes communs de la langue
c h in o is écrite que les lettrés lisent dans leurs dialectes et
leurs langues propres, non seulement en Chine,
mais aussi en Corée, au Japon, au Tonkin, en Cochinchine, à
Siam. Ce dialecte recourt moins que ceux du midi à la gamme
des intonations : aussi est-il d’une extraordinaire monotonie.
Les patois du nord régnent dans la région de Peking, dans
le Chaütoung, dans les provinces du Hoang ho et sur le moyen
Yangtze jusque vers le lac de Toungting.
Le langage de Nanking, que les Chinois du nord désignent
eux-mêmes sous le nom de cliing y in ou « prononciation correcte
», est un dialecte du « mandarin » qui se rapproche de
ceux du Tchekiang, représentant, d’après Edkins, les restes
les mieux conservés de l’ancien chinois.
Les autres dialectes principaux sont celui du Setchouen, qui
se rattache de près à la langue du nord, au mandarin ou
Kwanhoa;le dialecte du Koeïtcheou, qui se rapporte à celui du
Tchekiang; le dialecte du Fo' kien, en plusieurs patois; le dialecte
du Kouangtoung ou cantonáis, également fractionné en
patois divers. Dans le sud-est et dans le sud de l’Empire, les
lettrés seuls comprennent les Chinois du nord.
Ce sont ces divers dialectes, plus que des traits de race ou
même que les contrastes dus au climat, qui distinguent les
populations des provinces. Patois à part, les Chinois sont un
peuple sinon encore centralisé, du moins très homogène par
l’éducation, les moeurs et les pensées.
C H A P I T R E N E U V I È M E
R E L I G I O N D E S CHINOIS
I . LE CONFUCIANISME. Il II. LE FENG-CHOUI. il
III. LE TAOÏSME. Il IV. LE BOUDDHISME. Il V. LE JUDAÏSME, jl] VI. L’iSLAM. Il
VII. LE CHRISTIANISME ET SES MISSIONNAIRES.
POUR les religions, il n’y a point, comme pour
les dialectes, de différences marquées entre
l e les habitants du nord et ceux du sud de l’Empire.
coNFüciA- Dans chaque province, dans chaque district se
n ism e pratiquent divers cultes, qui se confondent de
bien des manières, sans qu’il soit ppssible de
tracer entre eux une ligne de démarcation précise ; les mêmes
individus peuvent être à la fois bouddhistes, taoïstes, disciples
de Confucius. En vertu même de son rang, l’empereur appartient
aux trois religions et en accomplit ponctuellement les
De ces trois philosophies, de ces trois cultes, le bouddhisme
l’emporte très notablement sur les deux autres pour le nombre
de ses fidèles, mais sans influer le moins du monde sur le
fond de la conscience chinoise, qui est en réalité presque uniquement
confucianiste, par la raison que Confucius appuya sa
doctrine sur la divinisation des ancêtres.
Il y a d’ailleurs bien plus de ressemblance entre ces trois
cultes différents qu’on ne le supposerait à la vue des cérémonies
et surtout à la lecture des ouvrages de doctrine.
Le ju hiao, religion des Chinois policés, que 1 on a pris
l’habitude de désigner sous le nom dé doctrine de Confucius,
est issu de l’ancien culte national; de son côté, le taoïsme ou
fao hiao, complètement oublieux de la doctrine élevée de son