Tous ces animaux sont taillés dans un seul bloc, il en est qui
dépassent 4 mètres de hauteur; mais, disséminées sur une trop
vaste étendue, sans aucune entente de la perspective, sans
recherche d’aucun effet d’ensemble, ces effigies énormes paraissent
grotesques. Près de la tombe, le temple des sacrifices
repose sur soixante piliers de laurier nanmou, et non de tek
comme on le dit généralement, ayant chacun 13 mètres dé
hauteur et 3 mètres de circonférence. Le corps a été enseveli
au tond d une longue galerie, sous la haute pyramide naturelle
de la montagne. Cette dernière demeure d’un potentat mort au
commencement du xvi» siècle, lui avait servi de palais d’été.
Comme presque tous les monuments chinois, consacrés jadis
aux morts ou bâtis pour les vivants, les tombeaux des Ming,
livrés à l’abandon, luttent contre la nature et le temps, contre
1 herbe, la brousse, l’intempérie, l’usure, la pourriture, t et des
milliers de chauves-souris maculent de leurs fientes la tablette
funéraire du très parfait ancêtre et empereur Yunglo ».
D’autres nécropoles impériales sont disséminées dans la
plaine du Petchili. Les tombeaux de la dynastie des Kin,
ruines informes qui datent des xne et xin® siècles, se voient
près de la ville de Fangchan, au sud-ouest de Peking. Quant
aux monuments élevés sur les corps de Kanghi, de Kienloung
et de quatre autres empereurs de la dynastie des Tsing, nul
Européen n avait encore été admis à les voir avant l’invasion
recente des alliés ; ils sont enfermés dans un grand parc situé
au sud-ouest de Peking, près de la ville de Yi tcheou : ce sont
les bilmg ou « Tombeaux occidentaux ».
• TounglinS ou * Tombeaux orientaux » sont Situés
a 130 kilomètres au nord-est de Peking. Des constructions temporaires,
élevées dans le voisinage de la ville, gardent les
des années en attendant que les monuments
définitifs soient achevés. Pour transporter les plus lourds blocs
de marbre des effigies, on construit des routes temporaires et
1 on se sert de camions à seize roues traînés par un équipage
de six cents mulets.
Telle est, ville et banlieue, cette capitale ex-
VI traordinaire, aux violents contrastes, à la fois
c l im a t cité, faubourg et campagne, ici prodigieusement
gg peuplée, animée, rumoreuse, là, vide, discrète,
p e k in g silencieuse, en parcs, forêts et jardins ; attirante
a - t a i ici, là répulsive, sordide, infecte, sous un climat
difficile dont on connaît bien les éléments, grâce aux registres
météorologiques tenus par les savants de l’Observatoire russe
deouis 4.741» . .
De ces registres il résulte que la capitale chinoise n’a pour
moyenne de l’année que 11», 7, soit exactement un degré seulement
de plus que la moyenne de Paris, dans une ville dont
la latitude est plus méridionale que celle de Naples. En
moyenne, le minimum y est de -15»,2, le maximum deSg36»,3-
d’où 51»,5 pour l’écart des variations extrêmes annuelles. Mais
cet écart-là peut dépasser 60» dans les années donnant d une
part — 21», d’autre part + 40». • , , M
Donc, climat extrême, où janvier est le mois le plus troid,
et juillet le mois le plus chaud. „ t j . „ i„ ;0
Et aussi climat sec, avec 652 millimètres seulement de pluie
par année, répartis principalement sur les mois de juin, de
juillet, d’août, par orages très abondants; très peu de pluie
durant l’automne, peu de neige en hiver, et de nouveau guère
de ^EnfinJ"malgré cette sécheresse, malgré le balayage de l’air
et du sol par des vents impétueux, climat peu salubre à cause
de l’imperfection du système des égputs, de la mauvaise tenue
de la voirie, des microbes latents dans la boue ou la p o u s s i è r e
des rues, de l’insouciance incroyable du peuple comme des auto
rités, qui permettent aux charognes de se décomposer à l aise
dans les rues qui arrosent les chaussées avec 1 eau pourrie
■ H ont adopté de gaîté de coeur H fameux :
î laissez faire, laissez passer! » nir.atr.mhe«-
Aussi les épidémies y font parfois de terribles hécatombes
un choléra tout récent y a raflé dans une.sente anntedeiOOOO à
50000 hommes; bien plus encore d’après certains témoins
Les enfants y meurent comme des mouches . c est par
« fournées » que les emporte vers quelque fosse c0“ “ u“®d®tla
banlieue le tombereau macabre chargé d enlever les,défunts,
petits ou grands, des familles trop pauvres pour la somp uo
sité, la convenance ou seulement la possibilité des
laillL’oeuvre de destruction surtout en temps de choléra, variole,
typhoïde, rougeole, épidémie quelconque, a pour principal
artisan la misère physiologique d’une multitude extraordinaire
de cachectiques, phtisiques, ulcéreux, c a n c i r e u x B B |
d’une « puissante » armée de mendiants montrant leurs plaies
et leurs tares. On en a vu des centaines à la fois devant la porte
de l’hôpital français à l’heure de l’arrivée du docteur
légation. , , __
Matignon, qui qualifie de « force imposante » la corpora