i f e Î É l i l l f Croit 3i )°° k ‘lomètres de cours, on lui suppose
32 500 000 hectares de territoire, et, moins accessible aux pluies
que son voisin d ’orient et son voisin d’occident, il roule par
cela même beaucoup moins d’eau.
^ Point de villes non plus au bord de ce « vaste » torrent qui
s ouvre à des eaux sulfureuses thermales près du pont de
Pupiao, ou son lit n’est plus qu’à 741 mètres. Mais Youngtchang
S g l& l un des courts affluents du fleuve, tributaire de gauche,
à 1 770 mètres d ’altitude, n’a pas moins de 8 500 mètres de
tour. A dire vrai, cette enceinte n’est pas remplie; toutefois,
bien située sur la route de Chine en Barmanie, dans une plaine
de rizières, elle commerce activement et se relève des désastres
de la guerre des Panthé. Parmi ses habitants il y a des fugitifs
de JNanking, assez nombreux pour que leur dialecte soit devenu
celui de la ville : de là son nom de c Petit Nanking ». Les commentateurs
de Marco Polo identifient Youngtchang avec la
ville de Vochan (Vontchan, Voncian), que visita le grand voyageur,
et ou quelques années auparavant, en 1272 ou 1277 les
douze mille Tartares du grand khan des Mongols, Koublaï
avaient nais en déroute les soixante mille soldats du roi de
Mien ou Barmah, accompagnés de 2 000 éléphants.
II est probable qu’à cette époque il existait de meilleurs
i ' f 1,''« n,0f\ j ° u rs entre le Pays bas de la Barmanie et
le haut plateau du Yunnan, car des éléphants ne pourraient
passer par les sentiers périlleux des escarpements et des cluses
ou les voyageurs doivent actuellement s’aventurer à pied ou
montes sur de hardis petits chevaux, souples comme des chamois.
Cependant les deux fleuves Loutze kiang et Lantzan kianff
sont traverses par des ponts suspendus en fer sur la route de
Bhamo à Tali fou : ce sont probablement les dernières constructions
de ce genre qui se voient sur les deux puissants
cours d eau en remontant leurs vallées.
Cette route de la Chine à l’Inde par le Yunnan paraît avoir
été beaucoup plus fréquentée qu’on ne le croirait, à la voir
a un si difficile parcours. On doit dire qu’au temps jadis le
commerce était bien moins brutalement exigeant que de nos
jours, tandis que maintenant les négociants, anxieux de réaliser
leurs gains en un court délai, tendent de toute la force de leur
activité et volonté à ne vouer que quelques jours ou semaines,
ou mois au plus, au faire et au parfaire d’une opération, même
de très haute importance, et qu’ils la confient à un minimum
a employés le commerce d ’autrefois s’en allait tout doucette-
ent, de tribu en tribu ; il se propageait, pour ainsi dire, à la
îaçon des mouvements de translation qui déplacent les eaux
marines d un continent à l’autre, et des années se passaient
avant que les marchandises fussent arrivées du lieu de départ
au lieu de destination.
Il paraît que même encore dans la première moitié du
xix8 siècle, quand les Anglais n’avaient pas annexé la Barmanie,
la route du Yangtze kiang à l’Irraouaddi voyait passer
des marchands chinois en grand nombre : on la désignait sous
le nom de « voie d’or et d’argent », probablement à cause des
mines de tous métaux, dits ou non métaux précieux, qui dorment
dans les gangues du Yunnan.
Kounloung, où un bac traverse le fleuve — d’où le nom de
Kunlon ou Koolong’s Ferry sur les cartes anglaises, — est
provisoirement le terme de la grande ligne ferrée de Mandalé
(Barmanie) à Yunnan sen et au Yangtze kiang, calculée par
les Anglais pour enlever, s’il se peut, aux Français les avantages
du trafic avec les provinces de la Chine méridionale et
le Setchouen.
Cette ville borde le Salouen à la frontière même du Yunnan
et des États Chan que l’Angleterre a incorporés à ses possessions
hindoues ou indiennes.
Dans le bassin de l’Irraouaddi, Momeïn ou Tingyuehting
lève ses murailles de trachyte, carré de 2 kilomètres de côté,
à 1 889 mètres au-dessus de l’Océan, dans une vaste plaine de
rizières qu’entourent des monts escarpés de 2 000 à 3 000 mètres
d’altitude.
Cette ville, qui n’a peut-être que 5 000 âmes, est la porte
de la Chine sur l’Indo-Chine barmane et sur l’Inde lointaine ;
on n’a qu’à descendre son Ta ho ou Grand Fleuve, affluent
gauche de l’Irraouaddi, pour arriver sans trop de peine à Bhamo,
grande cité de Barmanie. C’est la dernière cité du Yunnan qui
ouvrit ses portes aux troupes chinoises, en 1873, tout à la fin
de la rébellion des Panthé.