n’est pas visitée en pèlerinage malgré la vénération universelle
pour Confueius, le vrai père, le vrai dieu de son peuple, et
quelque magnifiques qu’y soient le parc, le temple, et prestigieux
les souvenirs.
Tandis qu’à 65 kilomètres en ligne droite au nord-nord-est,
à travers monts, Taïngan fou a vu « venir des centaines de
millions de pèlerins » depuis les milliers d’années qu’on révère
ses sanctuaires et ceux de la montagne sacrée qui la domine
au nord, le Taï chan, que gravit le prodigieux escalier de
6 000 degrés.
Taïngan borde, à 216 mètres au-dessus des mers, un sous-
ributaire du Grand Canal, le Wen ho, venu de l’est, d’une
région de fer et de houille ; tout le pays d’alentour est riche,
peuplé, couvert d’arbres fruitiers, de mûriers.
Elle héberge des pèlerins venus de toutes les provinces de
la Chine, mais bien moins que jadis, alors qu’avant les massacres
de la guerre des Taïping, il lui en arrivait annuellement
de 250 000 à 500 000. Ces brigands la prirent et la pillèrent
sept fois, avec les massacres de rigueur, et d’énormes ruines
témoignent de leur passage, dans les faubourgs comme dans
la ville, qui ne font plus ensemble qu’une cité d’à peine
45000 âmes.
Toutefois, en 1869, Markham y trouva réunis jusqu’à
70000 visiteurs; leur nombre est naturellement le plus élevé
pendant la durée du grand marché annuel.
Le temple principal, « digne à lui seul du voyage », occupe
la plus grande partie du nord de la ville, au milieu d’un parc
de 10 hectares dont les arbres ont été plantés par divers empereurs,
depuis le xe siècle. Les murs du sanctuaire sont couverts
d’une peinture panoramique fort curieuse représentant
une procession impériale des anciens temps, avec des éléphants
blancs et des chameaux.
Dans la partie du Chantoung qu’on pourrait appeler le
» Trans-Hoangho », en opposition au * Cis-Hoangho » qui
fait le gros de la province, Toungtchang, dont le noyau est
une menue cité de 4 kilomètres seulement de circuit, a pris
rang, par ses énormes faubourgs, parmi les agglomérations
les plus actives de l’Empire Central : le dédale de ses rues et
de ses canaux rappelle Changhaï ou Tientsin. Cette ville située
sur le Canal est une des plus antiques de la Chine, une de
celles dont le nom reparaît le plus souvent dans les annales de
la tant vieille nation : c’est de là que sortit la dynastie des
Tcheou, fondée par le héros Wang, c à la figure de dragon et
aux épaules de tigre ».
A une cinquantaine de kilomètres nord-nord-ouest de
Toungtchang, Kintsing, au confluent du Canal Impérial et du
Wei ho, reprend peu à peu l’animation commerciale qui faisait
sa prospérité avant les désastres de la révolte des Taïping
compliquée du brigandage des Nienfeï.
Deux missionnaires allemands ayant été
vu massacrés par la foule dans une mission quelk
iao tc h eo u : conque, l’Allemagne jugea venu le moment de
p r o je t s s’assurer en Chine un grand et commode pied-
D'avenir à-terre, un plus vaste Hongkong, un lieu qui
serait à la fois une forteresse, un port de commerce,
une base d’opérations militaires.
Instruite depuis longtemps, par l’illustre Bichthofen, des
grands mérites d’une baie de la rive méridionale de la péninsule
chantoungaise, elle mit sa lourde main sur cette grande rade
intérieure à laquelle on donne toujours le nom de Kiaotcheou,
bien que la ville d’après laquelle on la désigne ait été repoussée
dans l’intérieur de la campagne par l’effet des atterrissements.
C’était en décembre 1897, après les désastres de la guerre
sino-japonaise et le cruel traité de Simonoseki.
La Chine ne voulait, c’est-à-dire ne pouvait pas résister :
elle signa donc, en mars 1898, la cession à l’Allemagne, par
bail de 99 ans, de la baie de Kiaotcheou et territoire adjacent;
plus le droit d’exploiter, de préférence à toute autre nation,
les mines du Chantoung et de construire, c’est-à-dire posséder
le réseau de chemins de fer qu’il lui plairait d’établir dans la
province à l’orient des monts.
L’Allemagne a obtenu de la sorte un territoire d environ
920 kilomètres carrés, dont plus de moitié, 550, occupés par
la baie de Kiaotcheou. i
Ce n’était pas assez, et par acte authentique elle s est fait
attribuer, sous le nom de « zone d’influence », un territoire
près de huit fois plus étendu : 7100 kilomètres carrés, circonscrits
p a r une demi-circonférence ayant son centre au lieu
médian des eaux de la baie. .
Telle est l’étendue de la Deutsch China, de la Chine allemande.
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Ce n’est pas tout à fait le vingtième de la province. En
supposant que le territoire de Kiaotcheou ait une densité de
population égale à celle du Chantoung, et que le Chantoung
soit habité par 25 millions d’hommes, la Deutsch China comprend
84000 résidents.
La baie de Kiaotcheou, vaste de 55 000 hectares, a de
précieux avantages : on y entre par 40 mètres de fond, on y