Suivons l’itinéraire que Terrien de la Couperie trace aux
Bak de la plaine potamique de Chaldée.
Ils seraient, ou ils sont d’abord montés dans la Susiane,
où ils seraient ou sont restés longtemps sous la puissance de
rois portant le titre de Nakhonte.
Puis ils auraient ou ont émigré plus à l’est, dans le pays
qui aurait ou a reçu d’après eux le nom de Bactriane.
Ensuite et enfin, par petits groupes ils auraient ou ils ont
franchi les Pamir pour redescendre dans le pays des Cinq
Fleuves, la Kachgarie de nos jours, et gagner peu à peu la
contrée qui est maintenant la province du Kansou : la nature
du climat, vraisemblablement plus humide alors qu’aujourd’hui,
aurait ou a facilité le mouvement de migration.
Le nom du chef Nakhonte sous lequel se serait ou s’est
accompli cet exode se retrouve en chinois sous la forme de Naï
Hoangti. Et c’est quarante-deux siècles exactement qui se
seraient ou se sont écoulés depuis que le peuple de la Mésopotamie
occidentale aurait ou a pénétré dans le bassin de la
Mésopotamie orientale.
Il est certain que les savants peuvent contester les détails
et les dates précises, l’itinéraire du voyage et le sens des mots
transcrits par Terrien de la Couperie ; mais ce que l’on ne saurait
contredire, c’est le fait même de l’immigration de nombreux
colons venus des bords de l’Euphrateà ceux du Hoang ho
et portant avec eux une civilisation qui se greffa victorieusement
sur la civilisation nationale. A cet égard les preuves
recueillies ne peuvent laisser aucun doute : c’est par centaines
que Terrien les énumère. En voici quelques-unes.
L’écriture chinoise dont on se servait à cette époque
n’était autre que l’écriture cunéiforme telle qu’on la retrouve
sur les monuments de Ninive et sur la haute paroi de Bisoutoun.
L’expression dont on fit usage dans le Royaume Fleuri pour
désigner ces caractères est le terme de «c griffes d’oiseau t.
Les signes furent d’abord identiques, mais la différence des
matériaux employés leur fit bientôt changer de forme : au lieu
de graver sur la pierre, les Chinois apprirent à peindre sur des
fragments de bambous, et peu à peu les lettres eurent à subir
une évolution qui les transforma entièrement ; mais on a constaté
toute la série des transitions, aussi bien dans la forme
que dans le sens des lettres.
Les apports les plus évidents, où l’on ne saurait voir
l’effet d’une simple coïncidence dans l’évolution générale,
se retrouvent dans les connaissances mathématiques et astronomiques
des Chinois. Les anciens Bak avaient appris des
Chaldéens à préciser la longueur de l’année solaire ; ils la divisèrent
comme eux en douze mois et en quatre saisons, auxquels
ils donnèrent des noms d’un symbolisme analogue. Ils partagèrent
ainsi qu’eux les mois en subdivisions de sept jours et
de cinq jours et leurs heures firent aussi quotidiennement
deux fois le tour du cadran. Ils connurent également la période
astronomique du nombre d’or, des dix-neuf ans, période indiquant
le retour d’une coïncidence de marche entre le soleil et
la lune, et que Ton crut longtemps avoir été découverte par
les Grecs B - mais que Ton sait maintenant être du fait des
Chaldéens. ' . . -
Et que d’autres ressemblances intimes ! Les Chinois observèrent
les étoiles à leur passage méridien au moyen d’instruments
analogues à ceux des astronomes de Chaldée, et ils professèrent
les mêmes théories au sujet des planètes qu’ils symbolisèrent
par les mêmes couleurs; ils surent calculer le retour
des éclipses et leurs annales astronomiques signalent uné
éclipse de soleil qui eut lieu il y a quatre mille cinquante ans.
Les uns et les autres désignèrent par des synonymes les
Pléiades, l’Étoile Polaire, la plupart des signes du Zodiaque.
Ils usèrent des mêmes poids et mesures, ils eurent la même
échelle de musique, les mêmes systèmes décimal et duo-décimal,
les mêmes nombres sacrés pour les calculs de magie et les
cycles d’années, enfin les mêmes points cardinaux, mais disposés
d’une autre manière, comme si Ton avait fait tourner la
rose des vents, le nord se trouvant toujours placé à 1 endroit
où nous avons l’habitude d’indiquer l’ouest : or, les découvertes
récentes des assyriologues ont montré que diverses
populations de la Mésopotamie déplaçaient de la même façon
leur table des points cardinaux.
En admettant donc, ce dont il ne convient plus de douter,
que les Bak modifièrent le peuple du Hoang ho comme les
Grecs l’Italie, et les Romains la Gaule, les dits Bak n’apportèrent
pas avec eux l’écriture et les sciences seulement, mais
aussi les arts et les métiers. Ils connaissaient les métaux
nobles et savaient les fondre; ils fabriquaient des bateaux de
cuir, ils harnachaient deux chevaux de front à leurs chariots de
guerre, ils reproduisaient des figures sur leurs poteries et leurs
vases de métal. Tout cela ils l’apprirent aux Chinois.
Ils leur apportèrent aussi, naturellement, des légendes que
les 1 fils de Han » accommodèrent à leur manière, notamment
celle du déluge.
Enfin ils arrivèrent avec le plus précieux des grains, avec
le froment nourricier.
Ainsi l’histoire du monde est redevable à des savants péné