dit-on, en 360 endroits. Les bateaux à vapeur pourraient vraisemblablement
le remonter en été sur un espace de plus de
1000 kilomètres; même en. amont de Hantchoung fou, là où
le Han n ’est qu’un simple torrent, les riverains ont des bateaux
qu’ils chargent de leurs denrées en attendant les périodes de
crue ; mais des rapides interrompent le cours moyen de la
rivière et causent de fréquents naufrages1. .
Dans la partie basse du Han, le lit fluvial est plus élevé que
les campagnes riveraines, et du haut des digues latérales on
peut voir à ses pieds les maisonnettes des paysans, à l’ombre
des saules et des cytises. Cependant quelques villages. sont
construits sur de larges terrasses qui s’appuient sur les levées,
de manière à former des îles artificielles, dominant, pendant
la période des crues, la nappe des eaux débordées. Souvent
toute la plaine qui s’étend du lac de Toungting au confluent du
Han et du Yangtze est transformée en une mer intérieure, parcourue
des jonques ; et quand l’inondation générale du pays
est rentrée dans le lit du fleuve et des affluénts il reste encore
dans le pays plat une quarantaine, sinon même une cinquantaine
de très longs lacs plats, étangs et marais dispersés aux
deux rives du t glorieux » Yangtze.
La plaine très large, autant que péniblement monotone,
des deux rives du Han inférieur, est merveilleusement bêchée,
tournée, retournée, fumée, arrosée; elle entretient probablement
en moyenne plus de 300 personnes par kilomètre carré,
à l’abri des épaisses levées hautes de 3 à 5 mètres.
Dans la partie inférieure de son cours, le Han est beaucoup
plus étroit que dans sa vallée moyenne : lors des basses
eaux, c’est-à-dire en hiver, il n’a que 60 mètres de rive à rive
devant les quais de Hankoou, tandis qu’en ambnt son lit n’a
pas moins de 800 mètres, et çà et là jusqu’à 2 kilomètres et
demi.C
ette rivière à un grand mérite, fort rare dans la Chine
des plaines, même en dehors de la « terre jaune » ; elle n’est
certes pas pure, mais elle n’est pas non plus absolument
gorgée d’alluvions et boue coulante autant qu’eau glissante;
on peut en boire à la rigueur, après l’avoir longtemps laissée
reposer ou en avoir précipité avec le secours de l’alun les
particules terreuses qu’elle tient de son passage dans le loess,
entre des berges qui s’écroulent de temps en temps dans son
lit par grands blocs.
Un autre mérite, le plus appréciable de tous en un pays
sans route véritable et encore sans voies ferrées comme la
Chine, c’est que le fleuve porte des barques innombrables ; il
en est comme bourré dans son parcours en plaine : malheureusement,
recroquevillé au possible, on dirait même à l’impossible,
il n’a rien du « chemin le plus court entre un point
et un autre ».
A quelque 200 kilomètres au sud-ouest de l’embouchure
du Han à Hankoou, le Poyang, qui se verse dans le Yangtze,
rive droite, par un déversoir d’à peine une petite lieue de long,
ressemble en tout au Toungting par sa position au sud d’un
grand méandre du Yangtze, par ses vastes dimensions, par
son régime hydrologique et son importance pour la navigation.
Ce lac plat reçoit également des rivières, dont une abondante,
le Kia kiang, qui écoule presque toutes les eaux du
Kiangsi et dont le delta d’alluvions, recouvert pendant les
crues, s’avance au loin dans ses eaux; également aussi, les
inondations du fleuve, refoulant l’émissaire, pénètrent dans la
cuvette et peuvent en élever le niveau de plus de 9 mètres au-
dessus du niveau d’hiver.
Des îles nombreuses, des .îlots bas parsèment la surface
du Poyang, et la partie méridionale de ce bassin de 4 500 kilomètres
carrés n’est qu’une forêt de roseaux; mais la partie
septentrionale du lac est profonde, et les bateaux Calant six à
sept pieds pourraient atteindre Nantchang en été. Des rochers,
des collines escarpées se dressent sur les bords ; les Villes
étagent leurs maisons, leurs tours et leurs pagodes sur les
pentes boisées, les îlots et les presqu’îles du rivage ; les cités
flottantes de barques et de radeaux ancrés dans le voisinage
des ports, les jonques cinglant au large' sur les eaux, font de
cette partie du Poyang une des régions les plus pittoresques
de la Chine centrale.
Près de l’émissaire de sortie, « goulet large et profond;
bordé de falaises et de collines », se dresse une masse rocheuse,
le « Grand Rocher de l’Orphelin »; dans le Yangtze kiang
même, en face du confluent, le « Petit Rocher de l’Orphelin »,
moins large, mais plus élevé que celui du Poyang, semble en
garder l’entrée ; des volées de cormorans tourbillonnent en
nuages autour de ses parois.
Des poissons de mer et des marsouins pénètrent dans le
Poyang, et les marins qui le traversent pourraient se croire
sur un golfe de l’Océan. Parfois il êst bouleversé par les tempêtes
; aussi les barques ordinaires Se glissent-elles le long des
rivages par des chenaux sans profondeur, n’osant s’aventurer
au large. Presque toutes les marchandises légères sont confiées
à des pousseurs de brouettes qui contournent à l’ouest
les eaux du lac.