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 Chine.  Elles  ont  pu  résister  aux mahométans  révoltés,  grâce  
 à  leurs  murailles,  mais  toutes  les  campagnes  environnantes  
 avaient été ravagées, et, après la victoire définitive des Chinois,  
 ce  sont  des  prisonniers  hol-hoï  qui ont dû  rebâtir les villages  
 de  la  contrée,  réparer  les  chemins  et  restaurer  les  cultures.  
 D’anciens  remparts,  soigneusement  réparés,  et  de  nouvelles  
 fortifications  défendent  ces  cités,  les  défilés  et  les  cols  de  la  
 route.  Une  grotte  des  environs  de  Pintcheou  renferme  une  
 statue  de  Bouddha  taillée  dans  la  roche  même  :  c’est  l’une  
 des plus grandes et plus fameuses  de la  Chine  centrale ; devant  
 cette  énorme  effigie,  haute  de  17  mètres,  celles  de  deux  disciples, 
   moins  élevées  de  moitié,  montrent  le  saint  aux  fidèles  
 prosternés  devant lui. 
 Dans  la  vallée  du  Weï  ho,  le  centre  principal  est  Koun-  
 tcheou,  peuplé  de  50 000  âmes  et  perdu,  pour ainsi  dire,  dans  
 une  immense  enceinte  dont  une  partie  forme  un  cimetière.  
 Plus  bas  sur  la  même  rivière  est  la  ville  administrative  de  
 Foutchang hien, près de  laquelle  un  autre Bouddha,  se  dressant  
 sur une  colline,  bénit  la  campagne  en  étendant  la main  
 droite. 
 Au  sud,  sur les bords d’un  affluent  du Weï  ho,  la grande  
 Tsingtcheou,  riche  de  160 000  habitants  (d’après  Kraitner),  
 élève  ses pagodes  et  temples  au-dessus  du  branchage des  châtaigniers  
 et  des  noyers  :  c’est  un  groupe  de  cinq  municipalités  
 ayant  un  maire  commun, mais  chacune  entourée  de  son  
 enceinte  particulière  de  hautes  murailles.  Tsingtcheou  est un  
 grand  marché  de  thé,  de  tabac,  d’indigo ;  ses  artisans  s’occupent  
 du tissage  et de la broderie des soies ainsi que de la mise  
 en oeuvre  des métaux. Un  sentier  fréquenté  s’élève  de  Tsingtcheou  
 vers un col de  1 392 mètres d’altitude, seuil de l’arête qui  
 sépare  les  bassins  du  Hoang  ho  et  du  Yangtze  kiang  et  à  
 laquelle des cartes  donnent le  nom  de Peï ling,  inconnu  dans  
 le pays. 
 Quand  on  parle  des  dix-huit  provinces  de  la  Chine,  on  
 n ’est plus dans  la  stricte  vérité  :  l’Empire du  « Milieu  »  s’est  
 officiellement taillé dans ses dépendances mongoles  et  turques  
 en  1884-1885,  une  dix-neuvième  province,  dite de  la  «  Nouvelle  
 Ligne  »,  le  Sintsiang  ou  Sinkiang,  fait  de  stériles  plateaux, à  
 l’ouest du  Kansou, jusqu’à de grands monts de l’Asie  centrale  
 qui  le  séparent  de  la  Sibérie,  de  l’Afghanistan,  de  l’Inde.  Ce  
 Sintsiang  n’est  en  plein  désert  que  le  prolongement  et  l’épanouissement  
 du Kansou mongol. 
 Énorme pays, presque égal à trois fois  la France, de par ses  
 1426 000  kilomètres  carrés,  mais  si  pauvre,  si  sec,  si  vide,  
 qu’on n’y compte  sans doute pas  plus d’un million  d’hommes,  
 et peut-être moins encore. 
 Quoique devenu partie intégrante  de la Chine  sous le  rapport  
 administratif,  il n’a réellement  aucune qualité pour figurer  
 avec les dix-huit  autres provinces. Dépendance  il  était,  dépendance  
 il  reste,  terre  mongole  et  turque,  nullement  chinoise  
 de langue,  de moeurs  et de sympathies,  et  destinée  sans doute  
 à devenir prochainement un  territoire russe.  Sa  capitale  est la  
 ville  d’Ouroumtsi,  située  en  pleine  Dzoungarie,  au  delà  du  
 Thian chan. 
 Le  Chensi,  province  frontière  touchant  au  
 a   nord  à  la  Mongolie  des  Ordos,  a  pour  autres  
 d a n s   voisins  ;  à l’ouest le Kansou,  à  l’est le Ghaîïsi et  
 l e   c h e n s i   :  le  Honan,  au sud-est  le  Houpé,  au  sud.  le  Set-  
 s in g a n   f o u !  chouen.  Le  nom  de  Chensi  signifie,  comme  dit  
 plus  haut,  »  les  Défilés  Occidentaux  ou la  frontière  
 Occidentale ». 
 Sur ses 195 000 kilomètres  carrés, aire hypothétique jusqu’à  
 mesures  précises,  ainsi  d’ailleurs  que  celles  des  autres  provinces  
 de  Chine,  donc  sur  un  espace  équivalant  aux  36  ou  
 37  centièmes  de  la  France,  le  Chensi  passe  pour  entretenir  
 8 300 000  habitants  seulement,  soit  rien  que  43  au  kilomètre  
 carré,  contre les  73  de  la  France.  Cette  densité  de  population  
 est  presque  ridicule  dans  cette  «  Fleur  du  Milieu  »,  où,  sur  
 dix-huit  provinces, il  y  en  a  neuf  avec plus  de  100  personnes  
 et jusqu’à 210 par  100  hectares ;  et justement le Chensi possède  
 une  des  maîtresses  villes  de la Chine  avec  un  million  d’âmes  
 peut-être  :  toutefois  beaucoup n’accordent  à Singan  fou  qu’un  
 nombre  d’habitants  très  inférieur. 
 A  noter  que  le  sol  n’y  est  pas  infécond ;  que  même,  au  
 nord  des  Tsing  ling,  la  région  septentrionale,  relevant  du  
 loess,  est d’une  fertilité  rare,  »  terre jaune  »  aussi propre  aux  
 céréales  que  la  «  terre  noire  »  des Russes. A noter  également  
 que,  suivant  toutes probabilités,  le  loess y  recouvre  un  bassin  
 houiller,  d’une  richesse  extraordinaire,  prolongement  occidental  
 de celui  du  Chafisi,  et que  la  région  des  Défilés  Occidentaux  
 participe  à  la  singulière  richesse  minérale  des provinces  
 chinoises  par  des  gîtes de  fer,  de  plomb,  de mercure,  
 des  lacs  souterrains  de  pétrole,  sans  doute  aussi  des veines  
 d’or, puisque maints  de  ses torrents sont aurifères ;  on y trouve 
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