Presque aucune qui sache lire couramment; encore moins
écrire.
Comme contre-partie, il est certain que la mère de famille
est respectée, aimée dans l’étroit intérieur de son petit royaume ;
qu elle jouit de 1 affection de ses fils et filles ; que la veuve est
spécialement favorisée par les lois et par la coutume, en ce
qu’elle a droit à un certain ensemble de libertés qui choqueraient
fort le code des bienséances si la mort de l’époux ne
l’avait émancipée, et en ce que l’usufruit des biens de la communauté
lui revient : « Elle peut, dit le proverbe, manger les
feuilles, mais non le tronc de l’arbre. » CH A P IT R E DOUZ IÈME
AURORE DE S TEMPS NO U V E AU X
I. LE FORMALISME ET SON ANTIDOTE.. Il II. SYNDICATS ET SOCIÉTÉS SECRÈTES.
Il III. GUERRE DES TAÏPING. Il IV. ENTRÉE EN SCÈNE DE L’EUROPE.
DANS la société polie de la Chine, tous les
actes importants de la vie, mariage, nais-
l e fo rm al ism e sance, mort, et beaucoup de menues actions (l’on
e t so n peut dire presque toutes) s’accompagnent d’in-
a n t id o t e nombrables cérémonies dont le sens symbolique
reste généralement incompris, mais qui n’en
sont pas moins considérées comme indispensables, c C’est le
ciel lui-même qui a fait la distinction des cérémonies, dit
le Chouking, et ces cérémonies sont pour nous des lois
immuables. »
L’ensemble de ces cérémonies, c’est le li, c’est le formulaire,
qui range sous son despotisme les moeurs et tout ce qui
distingue du barbare l’homme policé.
Le Chinois qui respecte la tradition a son devoir tout tracé
dans chaque fête religieuse ou civile, dans chacune de ses
visites ou de ses réceptions; il connaît le nombre de saluts ou
de génuflexions auquel il est tenu ; il mesure d’avance la longueur
de ses pas, les inclinaisons de sa tête, les battements de
sa paupière, le timbre de sa parole, la douceur de son sourire :
le formulaire a prévu tous les cas « et d’autres encore ».
Confucius, le grand Chinois qui sert de modèle à toute la
nation, n’avait pas de plus grand divertissement dans sa plus
tendre enfance que de saluer ses petits camarades avec le cérémonial
des personnages les plus graves, de les inviter à
s’asseoir en leur cédant respectueusement la première place,