ho sont-ils allés se jeter dans un estuaire communiquant par
des branches latérales avec ceux du Hoaï et du Yangtze.
On peut dire qu’en réalité les deux bassins fluviaux, comprenant
ensemble, dans le Tibet, le Koukou nor, la Mongolie
et la Chine, une superficie de 2 775 000 kilomètres carrés,
dont 1775 000 pour le Yangtze, appartiennent à un même système
hydrographique. La moitié de cet espace qui se trouve
au sud des steppes mongoles et à Test des plateaux tibétains
est devenue naturellement le domaine agricole d’une seule et
même nation.
On s’occupera plus loin de ces deux grands dispensateurs
de la vie chinoise; on en contera les bienfaits, les méfaits, les
longues aventures entre la montagne et l’océan.
Il suffira de dire ici que si le i Bleu » l’emporte sur son
rival en longueur de voyage, dire de drainage, puissance de
flot, fécondité des plaines, fourmillement des hommes; le
« Jaune » a créé la nation du * Milieu ».
C’est dans les pays du « Jaune » que les Chinois devinrent
des paysans parfaits, de vigoureux équilibre moral, de patience
pour ainsi dire éternelle.
Le i Bleu » n’influa que secondairement : la nation était
déjà faite quand la région du Yangtze se peupla des émigrants
de la contrée du Hoang ho, et la nouvelle patrie ne put que
modifier en surface une personnalité déjà arrêtée en substance :
ainsi à des armes solidement trempées on ajoute l’éclat et le
poli.
Plus riches, plus industrieux, groupés, en de plus grandes
villes, les Chinois du fleuve Bleu, originaire du fleuve Jaune,
ont acquis des qualités extérieures qui ne sont point à dédaigner;
ils sont devenus plus policés, plus fleuris, plus artistes.
Mais tout ce qu’ils ont de fort, de durable, d’inexpugnable,
c’est dans les régions du Nord que la nature le leur
a donné.
La partie méridionale de la Chine, au midi
de ces deux fleuves jumeaux qui entourent la
m vraie « Fleur du Milieu », est moins solidement
c h in e unie au reste de l’Empire. Dans cette région, les
m é r id io n a le montagnes sont plus hautes qu’au centre du
pays et se succèdent en un plus grand nombre
de chaînes, orientées parallèlement du sud-ouest au nord-est.
Le principal fleuve de la contrée, le Si kiang, n’est pas comparable
par son développement aux deux rivières maîtresses de
la Chine et ses vallées latérales n’ouvrent pas aux populations
d’aussi larges voies vers l’intérieur.
Cette partie de l’Empire, qui constitue un territoire distinct
du reste de la Chine et qui, d’autre part, se rattache aux régions
de l'Indo-Chine par les hautes vallées du fleuve Rouge et du
Mékong, contraste assez avec la région des grands fleuves par
son climat, par ses productions naturelles et par ses populations.
Les Chinois méridionaux diffèrent beaucoup des Chinois
du nord par le langage et les moeurs, et pendant le cours de
l’histoire, ils ont fréquemment fait partie d’autres agglomérations
politiques. Et ils sont encore bien loin d’y avoir complètement
assimilé les anciens possesseurs du sol, races encore
vigoureuses, nombreux clans toujours presque indépendants
dans les lieux montagneux, les cantons reculés. En réalité le
midi de la Chine est un pays dont la conquête est achevée, sauf
les cas de soulèvement, mais où la colonisation et l’assimilation
ne le sont pas encore.