s’étagent en terrasses; autour du couvent, de grands arbres
ombragent un étang où flottent les larges feuilles du nelum-
bium.
Les cérémonies consistent en offrandes, en hymnes, en
prosternements et en lentes processions autour du temple,
pendant lesquels on répète constamment les syllabes 0 mi to
fo, transcription phonétique chinoise d’Amitabha, l’un des
noms hindous de Bouddha.
Les moulins à prières bouddhistes ne manquent pas en
Chine; on en use surtout dans les régions voisines du Tibet,
notamment dans le nord-ouest du Setchouen. La Mission
Lyonnaise décrit ainsi cet ustensile religieux, si répandu
chez les Tibétains, les Mongols, les Mandchoux et autres
bouddhistes : Le moulin à prières est une sorte de boîte
cylindrique dans laquelle sont enfermées les prières. Celui
qui est portatif est fixé au bout d’un manche, comme un
bilboquet; une masse pesante est attachée au cylindre et
permet de le faire tourner en agitant l’appareil. A chaque
tour, les prières sont dites. On peut s’éviter cette fatigue, en
plaçant le moulin près d’un torrent et en le faisant marcher
par une roue hydraulique. Il y a aussi les étendards,
les cordes à prières, longues et étroites bandes de toile blanche
(plutôt grise) couvertes de prières écrites en caractères
tibétains et fixées le long d’une perche verticale qui sert de
hampe. Il y a, en plus, au-dessus du mur de la cour, une
corde tendue à laquelle sont attachés de petits lambeaux d’étoffe
couverts aussi de prières. Ces cordes tendues sont très nombreuses
au-dessus des torrents ; il y en a qui traversent toute
une vallée et qui vont d’une montagne à l’autre. Chaque fois
que le vent agite ces inscriptions, on peut considérer les
prières comme dites et l’effet bienfaisant s’en répand sur toute
la vallée.
La multitude des monastères témoigne de l’influence prépondérante
qu’avait autrefois la religion de Fo; mais, de même
que les belles pagodes, la plupart des couvents de vastes proportions
datent d’un millier ou du moins de plusieurs centaines
d’années. Actuellement, presque tous ces édifices sont
à demi ruinés et des touffes d’arbustes croissent dans les
lézardes des murs et sur les toits. Le déclin de la religion
bouddhique est évident ; en mainte contrée de la Chine, elle
n’est plus qu’un rituel abandonné aux moines. On remarque
un peu partout que si les pèlerinages aux sanctuaires consacrés
sont très fréquentés encore, les hommes y prennent très
peu de part, et l’on ne rencontre plus guère, en fait de pèlerins,
que des femmes, voire que des vieilles femmes, le bâton à la
I 92 >
i*.W. . w\.
Religion des Chinois. PREMIER O
main, « et qui vont péniblement, sur leurs petits pieds, comme
si elles étaient hissées sur des échasses ». Les trois sanctuaires
bouddhistes les plus vénérés, les plus » concourus »
sont celui du mont Outaï, dans la province du Chansi, celui
de Poutou, dans l’une des îles de l’archipel des Tchousan, et
celui du mont Omi, dans la province du Setchouen, à la frontière
du Tibet.
Souvent les empereurs et les hauts fonctionnaires ont
lancé des édits, publié des circulaires pour détourner le
peuple des superstitions non prévues par le recueil des cérémonies
et le mettre en garde contre tous les prêtres, « frêlons
imposteurs qui viennent piller la ruche de l’abeille ». En effet,
le peuple se détourne de plus en plus des bonzes; mais, quoi
qu’on en dise, il n’en est pas moins toujours occupé de pratiques
religieuses. L’incrédulité qu’affichent les lettrés a fait
illusion sur les sentiments réels du pays; le soin qu’ont les
Chinois de leurs images domestiques, l’ensemble de leurs
superstitions, leurs génuflexions, leurs pèlerinages, témoignent
de la persistance de leur foi.
Bien plus, ils ne se contentent même pas d’une seule religion,
ils pratiquent les trois religions nationales. Avec Con-
fucius ils vénèrent les ancêtres ; en suivant le Tao, ils apprennent
à conjurer les génies; par la doctrine de Bouddha, ils vivent
avec les saints.
Et les trois cultes s’accordent parfaitement entre eux : le
premier s’adresse au côté moral de l’homme, le deuxième fait
appel au sentiment de la conservation ; le troisième enfin élève
le fidèle dans le monde supérieur de l'imagination .et de la
pensée. ;
Ainsi que le disent les Chinois eux-mêmes, « les trois
religions n’en font qu’une ». Lors de maintes funérailles, les
prêtres des divers cultes officient en même temps, dans un
c touchant » accord.
Mais parmi les religions qui se sont introduites
dans le Grand et Pur Empire, il en est qui
y ne s’accommodent point du partage : elles sont
l e au nombre de trois, exactement comme les relij
u d a i s m e gions nationales.
L’une d’elles est le culte de Jéhovah, qui
d’ailleurs ne compte qu’un bien petit nombre d’adhérents.
Les juifs, que l’on appelle souvent les « mahométans bleus »
parce que leurs rabbins portent un bonnet et des souliers de