C H A P IT R E S IX IÈME
V IL L E S E T L IEU X R EMA RQUA B L E S
I . DANS LE KANSOU E T LE PAYS DES ORDOS ; DANS LE SINTSIANG. Il I I . DANS
L E CHENSI : SINGAN FOU. Il I I I . DANS L E CHAÑSI. Il IV . DANS LE HONAN.
'ANSOU, ces deux monosyllabes signifient,
nous dit-on, « le Respect volontaire » ; mais
d a n s le nom de la province est aussi considéré comme
l e k a n s o u provenant de la juxtaposition de la première
c h in o i s , syllabe du nom de deux villes : Kantcheou et
l e k a n s o u Soutcheou.
m o n g o l On estime à 325 000 kilomètres carrés la
e t l e p a y s superficie du Kansou, province frontière bornée
d e s o r d o s au nord par la Mongolie, à l’est par le Tibet, au
l e s i n t s i a n g sud par le Setchouen, à l’ouest par le Cbensi,
province dont il n’est qu’un antique démembrement.
C’est un peu plus que l’aire du Royaume-Uni de Grande-
Bretagne et d’Irlande, un peu plus du douzième de la Chine
proprement dite.
Là-dessus vivraient dix millions d’hommes, soit 30 ou
31 personnes au kilomètre carré, tandis qu’il s’y trouvait, à
ce qu’on prétend, à peu près le double de population, donc
20 millions d’habitants, de 61 à 62 individus par cent hectares,
avant la révolte des Musulmans Dounganes, qui ne dura pas
moins d’une quinzaine d’années.
Cette guerre civile ne fut point une * guerre en dentelles »,
une fronde, mais on ne peut croire qu’elle ait consommé dix
millions d’hommes, même avec les famines et épidémies consécutives
: quels qu’aient été ses ravages, les Mahométans sont
encore nombreux dans le Kansou. D’après Bonin, ce sont eux
qui ont introduit dans le pays l’industrie des tapis aux vives
couleurs et celle de la distillation du vin de roses.
La province ajuste deux régions bien différentes : Test, le
sud, le centre du pays, ensemble qui a vaguement la forme
d’un coeur, composent le Kansou chinois, qui comprend les
neuf dixièmes de la population; restent environ un million
d’hommes pour le Kansou mongol, ainsi nommé par opposition
au Kansou chinois.
Ce Kansou mongol accolé au Kansou chinois occupe le
nord-ouest de la province, sur une longueur d’au delà de
500 kilomètres, avec largeurs dé 120 à près de 250, entre les
sables de la Mongolie à Test, au nord, et les monts, plateaux
et lacs du Tibet à l’ouest et au sud.
Lorsque, sur la route de Lantcheou à Liangtcheou, on
arrive au col d’Ousou, qui s’ouvre par 3 073 mètres environ d’altitude,
dans les Montagnes Neigeuses (Nan chan) ou chaîne de
Richthofen, on reconnaît aussitôt qu’on est arrivé à la limite de
deux régions naturelles : au sud et à Test, le Kansou chinois,
c’est encore et c’est toujours la Chine, ses riches vallées, ses
eaux abondantes, ses « fils de Han » ; au nord et à l’ouest, les
cieux stériles, la terré aussi, et au lieu de l’humus nourricier
la steppe et le désert; mais pas absolument l’un ou l’autre, car
ce n’est qu’au bout de cet appendice de la province qu’on entre
dans le désert essentiel de l’Asie Centrale.
Ici, du double flanc des Montagnes Neigeuses descendent
des torrents intarissables qui déterminent, sur ces 500 kilomètres
de longueur, un isthme de terres cultivables qui n’a
jamais moins de 50 kilomètres de large. C’est donc théorique-
mentj non pas absolument, qu’on quitte la Chine chinoise au
défilé qui met en communication les deux Kansou, à côté des
débris de ce que fut le rempart de briques et d’argile dit « la
Grande Muraille ».
Les Nan chan ont à leurs créneaux des neiges éternelles.
Ces neiges seraient là de bien moindre étendue, voire
peut-être absentes, malgré les cinq et six mille mètres d’altitude
des crêtes de cette rangée, s’il ne leur arrivait plus de
nuages qu’on ne le croirait possible à première vue.
Au sud-sud-ouest de cette région du Kansou mongol, la
masse continentale est échancrée par le golfe du Bengale, dont
le demi-cercle n’a pas moins de 1 500 kilomètres de rayon.
Grâce à cette vaste nappe d’eau qui s’avance entre les deux
péninsules gangétiques, l’espace qui sépare de l’océan des
Indes les Nan chan du Kansou de Mongolie est réduit de