tentrionale encore, a nom Namchitou, Namchoutou ; il y a aussi
une branche méridionale, le Tchoumar ou Dretchou ; mais tout
cela n’est encore qu’imparfaitement débrouillé.
Ainsi se forme le Namtang des Chinois, le Mourui oussou
ou 1’ « Eau sinueuse » des Mongols, le Dotchou, Ditchou ou
Britchou des Tibétains, autrement dit * la Rivière de la
Vache », rivière traversée par Prjevalskiy, à l’altitude d’environ
4 000 mètres.
Le grand voyageur russe trouva à ce Dotchou une ampleur
de 225 mètres, un courant fort rapide, et l’aspect des rives lui
prouva que, lors des crues d’été, l’espace recouvert par les
eaux n’a pas moins de 1 600 mètres de bord à bord. A la hauteur
de 4 kilomètres au-dessus de l’Océan, et à plus de 5 000 kilomètres
de son embouchure, le futur Yangtze roule donc déjà
plus d’eau que mainte rivière célèbre de l’Europe occidentale.
A noter que ce même Prjevalskiy, croisant le fleuve à quelque
200 kilomètres en aval, vers le sud-est, le vit large seulement
de 100 à 120 mètres, sans doute par resserrement dans les
gorges qui le transmettent du haut plateau tibétain à sa vallée
chinoise.
C’est à peu près par ici que le fleuve Bleu se rapproche
extrêmement du fleuve Jaune, tout voisin de ses origines : il
n ’y a pas 250 kilomètres à vol d’oiseau de l’un à l’autre, du
sud-ouest au nord-est, mais une puissante barrière de monts
neigeux les sépare.
Le haut Yangtze se développe sur son plateau parallèlement
à deux rivières destinées comme lui à un long voyage : le
Mékong et, au sud du Mékong, le Salouen, tous deux portant
ici des noms divers, tibétains ou chinois, qui ne sont pas les
noms définitifs. Et tous les trois, après avoir coulé vers l’est,
tournent au midi, dans la direction de l’océan indo-chinois, golfe
de Siam et golfe du Bengale. Mais, après un millier de kilomètres
parcourus dans ce sens, alors que ses deux confrères
ont fini par rencontrer une brèche pour traverser le plateau
du Yunnan, le Yangtze se heurte contre ces hautes terres sans
pouvoir trouver une issue, et se repliant à l’est par de vastes
méandres, il passe sur un autre versant continental et se rapproche
du Hoang ho, pour aller comme lui se déverser enfin
dans la mer de Chine.
Cependant le torrent, ici désigné sous le nom de Tamg
ting ho, accélère sa pente, au sein de formidables défilés. Puis
il devient le Pechoui kiang ou fleuve de l’Eau Blanche; et du
Tibet, de la Chine feudataire, il entre dans le vrai « Milieu »,
dans la vraie Chine, dans le Yunnan, contrée qui, à vrai dire,
n’est pas la vieille et vénérable Chine, mais un pays de nouvelle
conquête.
Il arrive dans l’Empire par 2 500 mètres d’altitude, environ,
non loin de Batang, ville sise sur un affluent de gauche
à 7 kilomètres de distance. Il court vers le sud-sud-est, souvent
avec violence et interrompu de quelques rapides : d’où
peut-être son nom d’ i Eau Blanche » ; des deux côtés la montagne
le presse, le tourne et le détourne, et il n’a que 120 mètres
d’ampleur aux basses eaux, 200 à 250 aux hautes eaux, 5, 6,
7 mètres de profondeur.
Parallèlement à lui le Mékong, resté fidèle à sa recherche
du midi, serpente à 50-80 kilomètres à l’ouest. A Tsekou, à
110 kilomètres à vol d’oiseau vers le nord de Talifou, ville du
Yunnan, par 1 300 mètres environ au-dessus des mers, le Pechoui
kiang se jette au nord-est, au pied de sauvages montagnes, puis
il se porte à Test, enfin au sud-sud-ouest, décrivant ainsi, probablement,
un méandre de 300 kilomètres sans les menus
détours, avec un isthme de 60 kilomètres. Probablement,
disons-nous, car Bonin, qui a signalé le premier cet énorme
détour du Yangtze, n’a point suivi le fleuve dans son excursion,
ni personne encore après lui, le long de gorges qui
doivent être effrayantes, puisque l’immense torrent tibétain-
chinois se courbe ici devant l’obstacle d’un massif de 5 000 à
6 000 mètres de haut, et que d’un bout à l’autre de la boucle
resplendissent, à l’orient, puis au midi, puis à l’occident du
fleuve Bleu, les neiges étemelles du Lykiang-Kouaty. A 65 kilomètres
environ en droite ligne au nord-nord-est de Talifou,
le Yangtze fléchit vers le nord-est; après vers le sud-est, puis
et pour longtemps vers le nord-nord-est. Au lieu où Bonin le
traversa près de Tsekou, là où il vient de s’engager dans le
grand cingle autour du Likiang-Kouaty, le cours d eau coule
violemment, avec une vitesse de 7 à 8 kilomètres par heure en
un lit de 200 à 250 mètres de largeur.
Après de longs couloirs où les défilés ont rarement deux
kilomètres de large, le Yangtze qui, depuis le coude de Tsekou,
s’est abaissé de plus de 700 mètres, rencontre, donc à moins de
1100 mètres d’altitude, à gauche, un très puissant courant,
presque égal en volume à lui-même, le Kin ho ou * Fleuve
d’Or », dit aussi le Kincha kiang. ou « Fleuve au sable d.or »,
ou encore le Yaloung kiang.
C’est par erreur qu’on nommait tout récemment encore
Kincha kiang le courant tibétain entré en Chine près de Batang,
et c’est bien au Yaloung que revient cette désignation, ainsi